L’annonce faite hier par l’Euroleague de son calendrier pour la saison 2018-19, qui va frontalement au clash avec les fenêtres de qualifications des équipes nationales pour la coupe du monde 2019, incite pour mieux comprendre cette situation épineuse à revenir en arrière sur l’historique du conflit mené par ECA contre le basket européen.
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2011
Le processus de réflexion autour d’un nouveau format des compétitions internationales débute par une consultation en profondeur des ligues, des fédérations et des autres acteurs du basket international sur toute la planète.
2014
Le FIBA World Congress approuve le nouveau calendrier à l’unanimité pour un calendrier unique pour tous les continents.
2015
Les dates précises des fenêtres de qualification pour les équipes nationales sont confirmées et publiées en août 2015, pour laisser à tous les acteurs du basket mondial le temps nécessaire de s’ajuster. En Europe, toutes les ligues nationales incorporent les fenêtres dans leur calendrier sous le patronage de l’Union Européenne des Ligues de Basket (ULEB).
2016
Euroleague Commercial Assets (ECA), l’entreprise privée qui gère l’Euroleague et l’EuroCup confirme dans un courrier signé du 10 novembre 2016 que « les règlements ECA n’empêchent pas ni ne limitent de quelque façon que ce soit la mise à disposition des joueurs pour les compétitions des équipes nationales. »
2017
Le 6 juillet 2017, ECA annonce son calendrier 2017-18 pour l’Euroleague qui ne prévoit aucune pause pour les fenêtres de qualifications des équipes nationales pour novembre 2017 et février 2018. ECA ne reconnait pas ces fenêtres.
Le 25 septembre 2017, la FIBA envoie un courrier à ECA avec une proposition pour sortir le basket européen de l’impasse. La solution propose est la suivante : au cours des fenêtres de novembre et février, la FIBA accepte de déplacer tous les matches européens (8 matches) du jeudi au vendredi, pour permettre aux joueurs d’Euroleague de jouer pour leurs clubs avant de rejoindre leurs sélections nationales.
Le 3 octobre 2017, le comité exécutif de la FIBA, sans attendre de réponse positive de l’Euroleague, déplace tous les matches de qualifications pour l’Europe, pour les fenêtres de novembre 2017 et février 2018, du jeudi au vendredi.
En retour, ECA a simplement besoin de déplacer 8 matches par fenêtres de son côté, ceux joués du jeudi/vendredi vers le mardi. Au cours de la saison précédente, ECA avait déjà pris une décision similaire, avec la réception de Madrid par Milan le mardi 13 mars au lieu du vendredi 16 mars comme le prévoyait au départ le calendrier. Ce genre d’aménagements est donc possible. La sortie de crise semblait alors assez simple. Mais ECA a refusé. Les décisions prises par la suite par l’entreprise vont confirmer ce refus de trouver une solution.
Novembre 2017, 31 membres du parlement européen demandent à la commission européenne de fournir une solution immédiate au problème. « Le calendrier de l’Euroleague ne respecte pas le calendrier des qualifications des équipes nationales de novembre 2017 et février 2018 pour la coupe du monde 2019 et sert donc au final à empêcher les joueurs d’Euroleague de rejoindre leurs sélections. De ce fait, il s’agit donc d’une violation des Articles 101 et 102 du traité de fonctionnement de l’Union Européenne en créant une approche monopolistique de la part d’ECA en empêchant les meilleurs joueurs européens de rejoindre leurs sélections. Il s’agit donc d’un boycott des équipes nationales. »
2018
En juillet 2018, la FIBA annonce le calendrier du deuxième tour des qualifications pour la coupe du monde. Les dates étaient connues depuis 2015, la FIBA a simplement indiqué l’ordre des matches pour les fenêtres à partir des résultats qualificatifs des trois premières fenêtres sur la saison 2017-18.
Dix jours après cette annonce du calendrier FIBA, ECA publie son calendrier pour la saison 2018-19 et il semble que ECA ait choisi le clash frontal avec le calendrier des équipes nationales. Le choix de certaines affiches sur les jours de matches des sélections ne laisse aucun doute sur le caractère délibéré de la stratégie d’affrontement brutal choisie par ECA. Trois équipes turques jouent en effet des équipes espagnoles le jour où la Turquie joue l’Espagne. Zalgiris Kaunas, le club lituanien joue également contre Armani Milan, le même jour que le match entre l’Italie et la Lituanie.
Difficile d’y voir autre chose que la volonté cynique de saboter les équipes nationales. Aujourd’hui, le problème va donc au-delà de la simple question de la mise à disposition des joueurs et à la qualité du spectacle proposé. Cela tient d’une volonté politique de casser la stratégie de la FIBA de mettre en avant les équipes nationales comme l’élément central pour permettre la croissance et l’intérêt du grand public sportif autour du basket, en Europe et dans le monde.
ECA vient de rater une nouvelle fois une opportunité de résoudre le problème du basket européen et de trouver une sortie par le haut pour les joueurs, les clubs, les sélections et les fans. Cette entreprise privée ne prend en compte que les intérêts particuliers d’un très petit nombre de clubs, au détriment de tout le basket européen. Un ajustement mineur de calendrier, comme celui opéré par la FIBA permettait de régler l’affaire. Au final, l’intransigeance des dirigeants d’ECA pour un calendrier annoncé dès 2015 pousse le problème un peu plus loin encore.
Pour rappel
- Le nouveau système des fenêtres de qualification a pour principal objectif de faire jouer les équipes nationales à domicile chaque année pour des matches à enjeu. De plus, en accord avec les joueurs et notamment la NBA, le nouveau système offre un été de repos sans compétition tous les quatre ans.
- Le choix de calendrier de l’Euroleague créé des tensions entre les clubs et les fédérations. De plus, placer les joueurs devant le choix injuste de jouer pour le club qui les paye à l’année ou pour leur équipe nationale fait porter sur eux une pression inutile. Les joueurs devraient être en mesure de choisir librement et de pouvoir jouer au meilleur de leurs capacités pour leur club et leur sélection.
- Les clubs qui participent à l’Euroleague sont tous affiliés à des ligues nationales et à des fédérations. Ce sont des membres de la famille FIBA. L’Euroleague est une ligue internationale européenne qui implique des clubs dont l’existence première passe par les ligues nationales et qui sont liés aux instances dirigeantes du basket de chaque pays où existent des règles. L’Euroleague est né et vit dans un environnement FIBA.
- L’exception NBA. A l’inverse, la NBA est unique. Il s’agit d’une ligue privée créé sur un désert en 1946, et en dehors de l’environnement FIBA. La ligue américaine possède ses propres règles, un calendrier en place depuis 1960 et elle opère sur le marché américain unique en son genre. Aujourd’hui, cette entreprise affiche un chiffre d’affaire de 7,5 milliards de dollars par an, soit plus que l’UEFA et sa ligue des champions en football.
La FIBA a développé aujourd’hui une relation privilégiée avec la NBA, qui partage son point de vue sur le développement du basket international. Le numéro 2 de la ligue, Mark Tatum a d’ailleurs plusieurs fois apporté son soutien public au nouveau format des compétitions international, défini main dans la main avec la NBA sur les points suivants :
- Moins de matches et de temps de mobilisation pour les joueurs
- Un été sans compétition tous les quatre ans (2018, 2022, etc)
- De meilleurs chances d’avoir les joueurs NBA sur les compétitions majeures puisque ces dernières, notamment l’EuroBasket était de plus en plus déserté par les joueurs NBA.
- Possibilité pour les joueurs NBA de participer aux fenêtres de juin et septembre
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2011
Le processus de réflexion autour d’un nouveau format des compétitions internationales débute par une consultation en profondeur des ligues, des fédérations et des autres acteurs du basket international sur toute la planète.
2014
Le FIBA World Congress approuve le nouveau calendrier à l’unanimité pour un calendrier unique pour tous les continents.
2015
Les dates précises des fenêtres de qualification pour les équipes nationales sont confirmées et publiées en août 2015, pour laisser à tous les acteurs du basket mondial le temps nécessaire de s’ajuster. En Europe, toutes les ligues nationales incorporent les fenêtres dans leur calendrier sous le patronage de l’Union Européenne des Ligues de Basket (ULEB).
2016
Euroleague Commercial Assets (ECA), l’entreprise privée qui gère l’Euroleague et l’EuroCup confirme dans un courrier signé du 10 novembre 2016 que « les règlements ECA n’empêchent pas ni ne limitent de quelque façon que ce soit la mise à disposition des joueurs pour les compétitions des équipes nationales. »
2017
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Photo: La salle de Krasnodar pour Russie-France (FIBA)
