Les mille et une vies d’Edwige Lawson-Wade

Après avoir connu une carrière de joueuse exceptionnelle avec trois Euroleague gagnées avec Valenciennes et le CSKA Samara, une place en finale WNBA avec les San Antonio Stars, un titre de champion d’Europe en 2001 et une médaille d’argent olympique en 2012, Edwige Lawson mène désormais une carrière professionnelle qui donne le tourbillon. Après plusieurs expériences, la voici aujourd’hui Directrice sportive de Lattes-Montpellier.

Si l’interview s’est effectuée par le biais de Messenger, c’est que Edwige est actuellement à Ekaterinbourg où son mari, James Wade, est assistant-coach. Et l’été elle l’accompagne dans le Minnesota pour la saison WNBA. De quoi faire un entretien en deux parties surtout quand on évoque sa copine Becky Hammon, un autre étendard de la réussite des basketteuses sur et en dehors du terrain.

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Vous partagez votre temps entre Montpellier, Ekaterinbourg et le Minnesota ?

C’est ça. Ce n’est pas simple mais ce sont des opportunités professionnelles qui sont tellement exceptionnelles pour mon mari qu’il n’allait pas les refuser et moi, je n’allais pas lui demander d’en refuser une pour mon confort de vie. J’ai été ambitieuse et passionnée de basket, je sais ce que c’est, et lui il est maintenant dans son nouveau métier d’entraîneur. Quand le meilleur club d’Europe et le meilleur club des Etats-Unis t’appellent, c’est difficile de dire non. On sait que pendant quelques années on va voyager beaucoup, on a les valises qui sont toujours prêtes avec le petit (NDLR : les Wade ont un garçon de deux ans). Je devais être manager de l’équipe de Montpellier quand il a pris ce poste d’assistant-coach à Ekaterinbourg, j’ai dû y renoncer mais depuis quelques mois, j’ai trouvé un compromis avec le nouveau président, Franck Manna, pour que je fasse partie de l’aventure du BLMA. On a une maison à Montpellier et on y revient régulièrement. Au final, je jongle avec ces trois villes.

Il y a cinq ans, vous preniez votre retraite sportive après l’Euro 2013. Aviez-vous déjà planifié ce que vous alliez faire ?

Je m’étais inscrite à la formation du Master de manager général de clubs sportifs du CDES de Limoges. Donc je savais que je voulais rester dans le milieu du sport, du basket, faire partie du monde des dirigeants. En plus, quand j’ai pris ma retraite, je suis entrée au Comité Directeur de la Fédération et je suis devenue vice-présidente de la Ligue Féminine. C’est quelque chose qui me plaisait.

Vous avez été consultante sur BeIN SPORT et blogueuse sur Yahoo?

Quand j’ai arrêté ma carrière de basketteuse, c’est vrai que j’ai eu beaucoup d’opportunités et je disais oui pratiquement à tout car tout m’intéressait. J’adore commenter les matches à la télé, tout le monde sait que j’aime beaucoup la NBA. J’ai commenté aussi les matches d’Euroleague car le basket féminin mais aussi le basket en général m’intéressent. Le blog sur Yahoo était sur la NBA. C’est vrai que j’ai pris mon pied avec ça. Ça a duré un an, un an et demi.

Vous avez été élue au comité directeur de la fédération puis vice-présidente de la Ligue Féminine de Basket. Vous vouliez faire profiter de votre expérience de joueuses ?

Oui, pour faire avancer le basket féminin. Ce qui intéressait Jean-Pierre Siutat, c’était mon expérience au plus haut niveau, le fait d’être passé dans les gros clubs européens et américains. Comme c’est un président de fédération très moderne et qui aime faire avancer le basket, je pense que c’est pour ça qu’il m’avait demandé d’occuper ces postes et c’est pour ça que j’avais accepté parce que, oui, je pensais que partager mon expérience pouvait être intéressant.

Vous avez présenté durant un an avec Patrice Dumont, aujourd’hui Directeur Général à Bourges, une émission sur le basket féminin, Dans le Cercle. Ça vous a plu ?

C’était une bonne façon de faire découvrir notre ligue et les clubs de la ligue à travers une émission sur Internet que tout le monde pouvait regarder sur le téléphone, sur la tablette. On était à deux avec Patrice à définir le contenu, c’était nouveau et intéressant. L’émission avait pas mal de vues, de messages, d’échanges avec des fans sur twitter.

Pourquoi a t-elle arrêté ?

C’est bien d’avoir des idées nouvelles et Irène Otenhoff, la directrice de la ligue, a mis en place d’autres programmes internet.

Vous avez fait le Centre de Droit et d’Economie du Sport à Limoges. Qui était dans votre promotion ?

Je l’ai eu, je suis diplômée (rires). Il y avait Alexis Rambur, Audrey Sauret qui est aujourd’hui à Charleville, Aymeric Jeanneau qui est à Strasbourg. Il y avait Edouard Cissé, Bruno Cheyrou, pas mal de footballeurs, aussi des rugbymen, des volleyeurs, un petit peu de tout. C’est une formation que je recommande, qui est hyper intéressante avec des intervenants qui sont dans les plus grands clubs sportifs notamment Arsène Wenger de Arsenal qui a fait une intervention très enrichissante. On est allé à la FIFA. Après, on est vraiment paré, en plus on a une solidarité entre les gens de la formation, ce qui fait qu’on s’entre-aide.

Il y a deux types d’étudiants, les sportifs de haut niveau et M. tout le monde ?

Oui et la formation que j’ai faite était uniquement pour les sportifs de haut niveau avec d’anciens joueurs ou joueuses de sports collectifs. Ça dure deux ans, c’est trois ou quatre jours par mois à Limoges avec quatre dossiers à rendre. A la fin on a un examen oral, des présentations à faire sur un projet.

Vous étiez aussi responsable du haut niveau au BLMA ?

En fait, quand je faisais la formation, j’avais déjà intégré le club, le bureau. Le président m’avait demandé de venir à ses côtés. Mon objectif était, à la fin de cette formation, d’avoir le poste de manager général du BLMA. Poste que je n’ai pas eu car il pensait que le budget était trop juste. J’ai dû m’orienter vers autre chose et c’est là où j’ai eu une proposition de la société Comsport pour être agent de joueuses. Demeurer dans le monde du basket, conseiller les joueuses, c’était intéressant et j’avais accepté. Mais en acceptant ça, j’étais obligée de couper totalement ce qui était dans le monde des dirigeants car c’était un conflit d’intérêts, illégal. J’ai donc dû démissionner de tous mes autres postes.

Ce fut assez bref ?

Oui. Je n’ai jamais démarré officiellement car je suis tombée enceinte avec un premier trimestre assez difficile de grossesse. On s’était dit que j’allais attendre pour voir et finalement une fois que j’ai accouché, j’ai eu une proposition pour être manager général à Montpellier, ce qui était plutôt mon premier souhait et ce qui correspondait plus à la vie d’une nouvelle maman.

« Le club de Ekaterinbourg fait de très longs déplacements, il y a les trêves internationales, la trêve de Noël. Ce qui fait que je suis plus souvent en France qu’en Russie »

Début février, vous avez été nommé Directrice Sportive du club de Lattes-Montpellier. Quand le club vous a proposé ce poste, il savait que vous étiez sujette à vous déplacer au bout du monde ?

En fait, je devais être manager général, on avait même commencé à bosser ensemble. Sauf que lorsque mon mari a été nommé entraîneur à Ekaterinbourg, j’ai dit à mon président que ce n’était plus possible: « Je suis en Russie, je ne peux pas être manager général d’un club si je ne vis pas à Montpellier ». Une fois que les calendriers sont sortis et que la saison a démarré, on s’est rendu compte que j’étais très souvent à Montpellier. Le club de Ekaterinbourg fait de très longs déplacements, il y a les trêves internationales, la trêve de Noël. Ce qui fait que je suis plus souvent en France qu’en Russie. Le président avait besoin de quelqu’un d’expérience car lui démarre dans le monde du sport de haut niveau, du basket. Il avait envie de m’avoir à ses côtés même si ce n’était pas en tant que manager général mais néanmoins pour superviser ce que font les joueuses, les coaches, le conseiller, structurer le club pour qu’il soit le plus performant possible. On a discuté de ce que je pouvais apporter et on s’est rendu compte que c’était possible à distance.

C’est donc un rôle sportif sans l’aspect financier qui incombe aussi au manager général ?

C’est ça exactement.

C’est vous qui faites le recrutement, des coaches, des joueuses ?

Oui et non. Je m’occupe du recrutement mais avec le coach. Je ne vais jamais signer de joueuses si le coach n’en veut pas. Pour moi c’est lui qui a le dernier mot. Pareil pour les assistants, c’est le coach qui les choisit même si je supervise. Je ne sais pas comment ça peut arriver, mais si un jour le coach veut absolument une joueuse et que moi j’estime que ce n’est pas possible, qu’elle n’est pas bien pour notre équipe, peut-être que là j’aurai le dernier mot. Mais avec Rachid Méziane, on a toujours été d’accord sur ce que l’on faisait. C’est une discussion à deux et même à trois avec le président. Je propose des joueuses, je suis en contact avec les agents, je négocie les contrats mais c’est un travail d’équipe. Même le salaire des joueuses, je vais en discuter avec l’entraîneur et le président.

Le club a dû repartir à zéro avec un nouveau président et un nouveau coach. Valéry Demory et son adjoint Guy Prat étaient demeurés longtemps à Lattes ?

Le président est arrivé au mois de juillet quand l’équipe avait été faite, l’entraîneur avait été signé. Ça a été une transition de président un peu compliqué et trop tardive pour que lui ait vraiment la main sur le club. C’est pour ça qu’on l’appelle l’année de transition. Il y avait trop de changements pour que ça soit la saison idéale. On a maintenant le temps de travailler, de structurer le club et ça va aller de mieux en mieux.

Giorgia Sottana

« C’est Fenerbahçe qui a appelé pour racheter le contrat de Giorgia Sottana. La joueuse a été parler à l’entraîneur avec les larmes aux yeux car c’était l’opportunité d’une vie d’aller à Fenerbahçe qui joue sa place pour le final four »

Le parcours en Euroleague a été très difficile (1 seule victoire en 14 matches). C’est justement dû au fait que l’équipe n’était pas prête pour ça ?

C’était une équipe qui n’était pas prête à être engagée en Euroleague. En plus, il y a eu beaucoup de blessures, des changements de joueuses. Je pense que le club s’est engagé en Euroleague parce qu’il y avait des partenaires mais il était conscient que ça allait être très compliqué. L’Euroleague, c’est une très grosse compétition européenne, n’importe qui ne peut pas y jouer.

Vous évoquiez les blessures et il y a aussi les changements de joueuses en cours de saison. Vous aviez l’Italienne Giorgia Sottana qui a rejoint Fenerbahçe en janvier. C’est un phénomène nouveau dans le basket féminin ?

C’est nouveau et rare. Quand on regarde les autres clubs de ligue, il n’y a pas eu. C’est ce que j’explique au président, je n’ai jamais vécu ça et lui aura pris beaucoup pris d’expérience en un an. C’est rare que les très gros clubs rachètent des joueuses dans le championnat de France. C’est Fenerbahçe qui a appelé pour racheter le contrat de Giorgia Sottana. La joueuse a été parler à l’entraîneur avec les larmes aux yeux car c’était l’opportunité d’une vie d’aller à Fenerbahçe qui joue sa place pour le final four. C’est compliqué pour le club de dire « tu restes ici ! ». Dans quel état va-t-elle être ? Va-t-elle être à 200% dans le projet d’équipe alors qu’elle aura peut-être la tête ailleurs ? Ce sont des situations très, très rares.

Vous n’avez pas peur que cette situation se développe ?

Pas du tout. Déjà tout le monde sait que dans le championnat de France on n’a pas les grosses stars mondiales mais c’est très homogène, très bon. Ce n’est pas un championnat où les filles viennent scorer 21, 22, 23 points par match. Ce n’est pas là où les gros clubs vont toujours venir piocher leurs joueuses.

Et le phénomène des blessures s’est-il développé vis-à-vis de votre génération ?

Je ne me rends pas trop compte. D’habitude Montpellier n’est pas touché tant que ça par les blessures. Ça dépend des saisons, des équipes mais je ne sais pas si c’est un phénomène nouveau ou pas. Honnêtement, je ne m’en étais pas fait la réflexion.

Il y a bien un projet de nouvelle salle à Montpellier ?

Oui. Il serait partagé entre l’équipe de hand masculin, qui a beaucoup de titres, et l’équipe de basket féminine. Ça sera concret quand la première pierre sera posée, je n’en sais pas plus.

A suivre

[armelse]

Vous partagez votre temps entre Montpellier, Ekaterinbourg et le Minnesota ?

Il y a cinq ans, vous preniez votre retraite sportive après l’Euro 2013. Aviez-vous déjà planifié ce que vous alliez faire ?

Vous avez été consultante sur BeINsport et blogueuse sur Yahoo?

Quand j’ai arrêté ma carrière de basketteuse, c’est vrai que j’ai eu beaucoup d’opportunités et je disais oui pratiquement à tout car tout m’intéressait. J’adore commenter les matches à la télé, tout le monde sait que j’aime beaucoup la NBA. J’ai commenté aussi les matches d’Euroleague car le basket féminin mais aussi le basket en général m’intéressent. Le blog de Yahoo était sur la NBA. C’est vrai que j’ai pris mon pied avec ça. Ça a duré un an, un an et demi.

Vous avez été élue au comité directeur de la fédération puis vice-présidente de la Ligue Féminine de Basket. Vous vouliez faire profiter de votre expérience de joueuses ?

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