Quand il sort des salles pour prendre possession de stades le basket-ball peut engendrer de spectaculaires records de spectateurs.
L’organisation du match Nanterre-Villeurbanne ce dimanche à l’U Arena est l’occasion de se souvenir de ceux qui ont été établis en France et en Europe. Quelques-uns donnent le tournis. Ils étaient ainsi 80 000 Grecs au Kallimarmaro d’Athènes pour voir l’AEK en finale de la Coupe des Coupes contre le Slavia de Prague en 1968.
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Nanterre 92 s’est tout d’abord attaqué au record de spectateurs pour un match de saison régulière de basket-ball en France.
A quelle hauteur était-il ? Il faut faire un choix entre les estimations, les légendes et les chiffres précis.
A une époque, les organisateurs minimisaient parfois les affluences de peur d’être tancés par la préfecture. C’est que les conditions de sécurité n’étaient pas toujours respectées. On mettait du monde partout, debout, accroché dans le moindre recoin. C’était avant que l’effondrement d’une tribune à Bastia lors d’un match de foot transforme le folklore en tragédie.
Bref, au Palais des Sports de Gerland à Lyon, on organisa pas mal de matchs à grands spectacles. Des derbies ASVEL-Stade Auto Lyonnais, des ASVEL-Berck, des ASVEL-Le Mans dans les années soixante-dix. La réception de Limoges dans les années quatre-vingts. Et puis un extraordinaire ASVEL-Kaunas en février 85. Les Villeurbannais échouèrent d’un point pour la conquête d’un billet pour la finale de la Coupe des Coupes. Terrible.
Alors, combien de spectateurs ? 9 000 comme indiqué dans les compte-rendus d’époque ? Depuis, quelques langues se sont déliées avouant, sur le ton de la confidence, que l’on était bien au-delà. Un chiffre ! En fait, personne n’en sait rien. Sans doute dans les douze milles. La recette pour ce ASVEL-Kaunas avait dû être mignonette quand on sait que le prix des places s’échelonnait de 50 à 220F. Depuis le Palais des Sports a été remodelé, relooké, et sa capacité considérablement réduite.
Reste le Palais des Sports de Bercy rebaptisé depuis AccorHôtels Arena. Au milieu des années quatre-vingts, c’était juré, craché, un grand club parisien allait s’y épanouir. De fait, le Stade Français y fut mis en lumière avec un certain succès populaire à la clé. Le 19 janvier 1985, les Parisiens échouaient au POPB devant les Manceaux d’Eric Beugnot et des gradins bien garnis. Nombre de spectateurs ? 8/9 000. Estimation évidemment à la fiabilité non garantie. Un peu plus tard, on délivra 9 045 billets, invitations comprises, à l’occasion de la venue de Limoges. Ce sont plus de 8 000 spectateurs qui firent effectivement le déplacement. Et… Le Stade retourna bien vite à Coubertin.
Un chiffre officiel existe avalisé par la Ligue Nationale de Basket et il constituait jusqu’ici le record de spectateurs pour un match de basket de saison régulière en France. Le 12 mars 1994, au Palais des Sports de Gerland qui n’avait pas encore été réaménagé, 9 905 spectateurs assistèrent au match ASVEL-Limoges. Ce fut une large victoire du CSP, 85-63.
« Une équipe de Limoges au top-niveau, un palais des sports comble, ce fut une belle fête », se félicita tout de même le président Marc Lefèbvre dans le quotidien L’Equipe.
Dépasser cette marque ne suffisait pas aux Nanterriens. Ce qu’il voulait c’est battre le record de spectateurs pour un match de sports collectifs que détenait le handball et ils vont le faire. Il appartenait depuis le jeudi 22 décembre 2016 au HBC Nantes, qui avait réuni 11 019 spectateurs (après en avoir dénombré 9 357 en 2013 et 10 753 l’année suivante) pour la venue du PSG dans le Hall XXL. Une structure en bois/métal longue de 135m et large de 95m… que la FIBA considéra inapte à l’Euro 2015 et c’est pourquoi la FFBB organisa le premier tour à Montpellier.
En fait, on joue sur les appellations. Le record pour un match de basket des clubs a été battu pour la finale des playoffs de Pro A 2009. 14 665 spectateurs assistèrent à ASVEL-Orléans. Ce n’est pas pour autant la meilleure affluence de la LNB. Celle-ci a été établie lors des deux derniers All Star Game à l’AccorHôtels Arena sachant que celle-ci a gagné quelques sièges depuis qu’elle a été refaite. Les chiffres officiels sont de 15 802 pour l’édition de 2016 et de 15 905 pour celle de 2017.
Ce Nanterre-ASVEL de 2018 ne pourra que l’approcher puisque la capacité de l’U Arena dans la configuration souhaitée est légèrement inférieure. Ce n’est probablement que partie remise.
L’Euro à Lille à pulvérisé tous les records
Et le record pour un match de basket toutes catégories confondues ?
Longtemps, il y eut ce chiffre de 16 000 spectateurs pour la venue des Harlem Globetrotters en 1951 au Vélodrome d’Hiver mais cette estimation des chroniqueurs de l’époque paraît fantaisiste. Plus sûrement, le record appartenait ces dernières années à un match d’exhibition de NBA entre les Charlotte Hornets et les Golden State Warriors : 15 324 spectateurs en 1994 au POPB. Ce qui est bien avec les Américains, c’est qu’il calcule tout à l’unité et qu’il répertorie les chiffres dans leurs archives.
Mais cette marque a été pulvérisée. Le record de France et d’Europe pour un match de basket dans une salle est revenu à l’Aréna Paul-Mauroy de Villeneuve d’Ascq à l’occasion de l’EuroBasket 2015. Dès le huitième de finale France-Turquie, avec 26 135 spectateurs, le record de 24 232 spectateurs établit à la Kombank Arena de Belgrade passait à la trappe.
« « Grandiose. » C’est le qualificatif qui vient instantanément à l’esprit en découvrant pleine l’Aréna de Lille avec son architecture intérieure si différente des enceintes traditionnelles en Europe comme aux Etats-Unis », écrivions-nous alors pour Basket Hebdo. « Tout est XXL, les quatre niveaux de spectateurs, le grand rideau noir pour cacher la demi-portion du stade de foot plongé dans le noir, les trois écrans géants plus le tableau d’affichage central, le spectacle son et lumière. Le décorum rappelle un NBA All-Star Game avec aussi le « kiss cam » -une caméra repère un couple dans les tribunes, qui se retrouve projeté sur les écrans et il lui est demandé de s’embrasser en public-, l’appel au public à faire le plus de bruit possible –le nombre de décibels ainsi enregistré est affiché sur les écrans. Les annonces en français et les esthétiques lituaniennes de la troupe des Red Foxes, toutes uniformément blondes, soulignent toutefois qu’il s’agit bien d’un magnifique show européen. Ce sont les fans français qui assurent l’essentiel de l’ambiance. A l’entrée des Bleus, ils hurlent leur bonheur et agitent des milliers de drapeaux, chacun s’époumone pour chanter La Marseillaise, reprise plusieurs fois a capella en plein match. Les Français sont aussi rancuniers. Leur désamour avec la selección masculina de baloncesto de España, qui date de l’attentat de Rudy Fernandez sur Tony Parker à l’Euro 2011, n’est pas un feu de paille. Alors, quand une jeune femme apparaît sur les écrans géants avec le maillot de Nikola Mirotic, ils grondent. Et quand Pau Gasol et ses équipiers pénètrent sur le parquet, ils se font copieusement huer. Durant le match, des « Pologne ! Pologne ! » tombent des gradins. C’est dans ce type de réaction que l’on reconnaît un public de connaisseurs ! »
20 550. Ce fut l’affluence moyenne pour les matchs à Lille et une pointe fut observée pour la finale Espagne-Lituanie. 27 372. Du jamais vu à un Euro depuis que le basket-ball se joue en salle.
« L’hymne national, c’était quand même beaucoup de frissons », commenta Tony Parker. « Ce n’est pas tous les jours que tu joues devant 27 000 personnes. En NBA, ma première année, j’ai joué devant 38 000 personnes, à l’Alamodome. C’était exactement pareil, un stade de foot, avec le rideau. C’était impressionnant, et tous les matchs c’était comme ça dans ma première année NBA. Mais c’est vrai que là, c’est différent, parce que là, tu joues pour ton pays. Ça n’a rien à voir. »
https://www.youtube.com/watch?v=k_RkaLlJtNQ
Un reportage sur Georgios Amerikanos avec quelques vues extraordinaires du Stade de Marbre.
80 000 spectateurs à l’intérieur, 40 000 à l’extérieur
Le record mondial d’affluence est détenu par les Etats-Unis. Forcément. Et par le Texas, ce qui n’est pas surprenant car là-bas tout est plus grand que la vie !
C’était déjà une ville du Texas, Houston, qui détenait le record pour un match du All-Star Game. 44 735 spectateurs à l’Astrodome en 1989.
En 2010, Mark Cuban, propriétaire des Mavericks, s’était entendu avec Jerry Jones, son homologue des Cowboys, la franchise de NFL de la ville, pour faire beaucoup, beaucoup mieux. Ils profitèrent du Cowboys Stadium de Arlington, l’aménagèrent, chaque centimètre devait être utilisé pour garantir un record pour l’éternité. Ou presque.
Les deux compères annoncèrent l’affluence dans le rond central durant le break entre le troisième et quatrième quart-temps : 108 713 spectateurs. Un chiffre astronomique et certain que sans les écrans gigantesques, la plupart des fans n’auraient absolument rien vu ce jour-là du match. Mais l’important, c’était d’y être !
« Est-ce que Dallas, Texas, sait comment on organise une fête? », hurla Mark Cuban au public en transes.
Par la même, cette affluence battait le record mondial officiel détenu par un match de NCAA, Michigan State-Kentucky, au Detroit Ford Field en décembre 2003. 78 129 spectateurs.
Mais en Europe aussi, on sait faire dans la démesure.
Longtemps, le chiffre qui fit fantasmer les Européens est l’affluence obtenue en 1951 au stade olympique de Berlin pour la démonstration des Harlem Globettrotters. Environ 75 000 spectateurs. Le match fut interrompu pendant un quart d’heure pour laisser la place à une standing ovation pour le héros des Jeux de 1936 dans le même stade, Jesse Owens.
Est-ce toujours le record d’Europe ? Pas sûr. Une démesure sans précédent et jamais égalée fut observée au Kallimarmaro d’Athènes, le fameux stade de marbre qui fut édifié pour les premiers Jeux Olympiques de l’ère moderne, en 1896.
C’est l’AEK qui fut l’hôte de plusieurs rencontres de Coupe d’Europe entrées dans la légende du basket-ball. L’équipe pris du volume avec la venue de Georgios Amerikanos –un drôle de nom pour un Grec qui laissa planer le doute sur ses origines. Il emmena l’AEK a six titres nationaux entre 1963 et 1970 et le basket entra dans la troisième dimension en participant à la Coupe des Coupes.
Très tolérante, la FIBA autorisa les clubs à recevoir leurs adversaires au grand air. Et c’est ainsi que deux clubs français, Vichy et Antibes, eurent la joie, l’honneur et l’avantage de jouer dans une atmosphère irréelle dans ce Kallimarmaro planté en plein cœur de la capitale grecque. Un stade majestueux, sans toit, et pourvu d’une piste qui semble avoir été tracée pour les exploits de Ben Hur et des chars romains. Comme on le voit sur le document en tête de page, on y avait installé, au milieu, un terrain de basket en goudron et quelques loupiotes pour éclairer la nuit noire athénienne.
Alors, combien de spectateurs pouvait-on y rassembler ? Pour la finale de la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe, entre l’AEK et le Slavia de Prague de 1968, les textes officiels de la FIBA parlent de 70 000 personnes. D’autres évoquent le chiffre de 80 000. Contrairement aux Américains, les Européens comptabilisent souvent les affluences à la louche. Tout spécialement les Grecs. C’était de la folie furieuse car c’était le premier trophée gagné par les Grecs dans un sport collectif.
« Le match rassembla tous les Athéniens, tous les Grecs, » commenta un jour Georgios Amerikanos, qui rappela qu’ils étaient aussi 40 000 aux alentours du stade ! « Un groupe de fans a soulevé ma voiture. Il y avait six personnes et le trophée à l’intérieur et ils ont fait ainsi tout le chemin entre la Place Omonia et Victoria Square, soit près de deux kilomètres ! »
Quand Jacques Cachemire a provoqué la marée humaine
Le 26 mars 1970, à la tombée de la nuit, la JA Vichy se présenta au Kallimarmaro pour défendre face à l’AEK un avantage de 18 points obtenu à l’aller dans l’Allier. Le journal La Montagne du lendemain tabla sur 70 000 fanatiques, précisant :
« Beaucoup garderont par ailleurs un mauvais souvenir de leur soirée, car il est à peu près certain que près de 50 000 spectateurs n’ont fait qu’entrevoir les acteurs du haut de leur tribune. »
Paul Besson, capitaine de la JAV, interrogé par Maxi-Basket plus de trente ans plus tard, était formel :
« Ils étaient 80 000. Ce n’est pas une impression mais une certitude. Pour nous rendre aux vestiaires, on passait tout le monde en revue dans les gradins. Les tribunes étaient pleines à craquer. »
Appelé à témoigner, son coach Djordje Andrisajevic avait été également sûr de lui :
« Il y avait réellement 80 000 personnes. Le stade olympique fait 75 000 places, et tous les escaliers étaient pleins. C’était le jour de la fête nationale. »
La Montagne nous révéla qu’une cinquantaine de supporters français avait osé s’aventurer au milieu de cette marée humaine. Courageux.
« Quand on est sorti du car, ça nous a fait un drôle de choc. Tous ces gens dans la nuit. Ils avaient allumé des briquets, et ils nous jetaient des bouteilles en plastique. Des soldats avec des mitraillettes entouraient le terrain. On avait tous un peu peur. Pendant tout le match, j’ai eu un œil sur le jeu et un autre dans les tribunes », nous raconta l’Américain Rudy Bennett.
« Il y avait 3 000 flics autour du terrain mais, bon, à part une bronca et des bouteilles en plastique de jus d’orange, qui étaient balancées, c’est resté correct », compléta Paul Besson, qui se souvenait d’une coupure de courant (une habitude ancestrale en Grèce) sans conséquence.
Dans les tribunes, on n’en menait pas large. Joseph Leal du Figaro dira :
« Comment oublier ces trois dernières minutes explosives alors que les spectateurs déferlaient des gradins débordant le service d’ordre. L’AEK n’avait plus qu’un seul point de retard. Les moins inquiets n’étaient certainement pas les deux arbitres, un Allemand de l’Ouest et un Tchèque. »
Les Vichyssois limitèrent la casse à 11 points et se qualifièrent pour la finale de la Coupe des Coupes. Joli coup. Rudy Bennett, 19 points, avait été tout simplement héroïque. Il jouait avec une attelle pour protéger l’os scaphoïdal de sa main gauche cassée !
« C’était un handicap mais aussi un avantage. J’étais encore plus concentré, encore plus motivé. »
Un an plus tard, ce fut à l’Olympique d’Antibes de plonger dans la fournaise.
« Là, ce fut vraiment inimaginable » nous conta Jacques Cachemire, une dizaine d’années plus tard. « Les journaux grecs avaient proféré des menaces de mort à mon égard. Et moi, pas bien malin, lorsque nous sommes rentrés dans le stade de Marbre, je n’ai pas trouvé mieux que de lever le bras en faisant un signe de victoire. 80 000 personnes (décidemment, c’est le bon chiffre !) se sont mises à me huer. Ça fait tout drôle. A un moment du match, il y a eu une panne de courant (encore !). Le commissaire de la FIBA a eu un réflexe étonnant. Il s’est précipité sur la feuille de match, et il l’a caché dans sa poche. »
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Nanterre 92 s’est tout d’abord attaqué au record de spectateurs pour un match de saison régulière de basket-ball en France.
A quelle hauteur était-il ? Il faut faire un choix entre les estimations, les légendes et les chiffres précis.
A une époque, les organisateurs minimisaient parfois les affluences de peur d’être tancés par la préfecture. C’est que les conditions de sécurité n’étaient pas toujours respectées. On mettait du monde partout, debout, accroché dans le moindre recoin. C’était avant que l’effondrement d’une tribune à Bastia lors d’un match de foot transforme le folklore en tragédie.
Bref, au Palais des Sports de Gerland à Lyon, on organisa pas mal de matchs à grands spectacles. Des derbies ASVEL-Stade Auto Lyonnais, des ASVEL-Berck, des ASVEL-Le Mans dans les années soixante-dix. La réception de Limoges dans les années quatre-vingts. Et puis un extraordinaire ASVEL-Kaunas en février 85. Les Villeurbannais échouèrent d’un point pour la conquête d’un billet pour la finale de la Coupe des Coupes. Terrible.
Alors, combien de spectateurs ? 9 000 comme indiqué dans les compte-rendu d’époque ? Depuis, quelques langues se sont déliées avouant, sur le ton de la confidence, que l’on était bien au-delà. Un chiffre ! En fait, personne n’en sait rien. Sans doute dans les douze milles. La recette pour ce ASVEL-Kaunas avait dû être mignonette quand on sait que le prix des places s’étalaient de 50 à 220F. Depuis le Palais des Sports a été remodelé, relooké, et sa capacité considérablement réduite.
Reste le Palais des Sports de Bercy rebaptisé depuis AccorHôtels Arena. Au milieu des années quatre-vingts, c’était juré, craché, un grand club parisien allait s’y épanouir. De fait, le Stade Français y fut mis en lumière avec un certain succès populaire à la clé. Le 19 janvier 1985, les Parisiens échouaient au POPB devant les Manceaux d’Eric Beugnot et des gradins bien garnis. Nombre de spectateurs ? 8/9 000. Estimation évidemment à la fiabilité non garantie. Un peu plus tard, on délivra 9 045 billets, invitations comprises, à l’occasion de la venue de Limoges. Ce sont plus de 8 000 spectateurs qui firent effectivement le déplacement. Et… Le Stade retourna bien vite à Coubertin.
Un chiffre officiel existe avalisé par la Ligue Nationale de Basket
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