Les Levallois Metropolitans furent l’une des équipes en vue du dernier trimestre 2018. Cela s’est gâté par la suite avant que la défection de Julian Wright et la grave blessure de Mouphatou Yarou survenue au Mans les obligent à recomposer toute leur ligne d’intérieurs.
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Après deux minutes de jeu, Mouphtaou Yarou s’est tenu la cheville des deux mains et s’est affalé sur le sol de tout son poids. Il a été reconduit sur le banc par ses équipiers avant qu’une civière vienne l’évacuer sous les applaudissements du public manceau d’autant plus attristé que le pivot béninois a passé trois saisons sous les couleurs du MSB. Mouph est revenu dans la salle au cours du deuxième quart-temps en s’appuyant sur des béquilles et le verdict que l’on craignait est tombé : rupture totale du tendon d’Achille du pied droit. Opération programmée dès lundi. Saison terminée pour celui qui est sous contrat jusqu’en juin 2020. Mouphtaou Yarou, c’était une puissance rassurante dans la peinture, des qualités exceptionnelles de rebondeur.
Juste auparavant, on avait appris que l’autre intérieur titulaire des Metropolitans, Julian Wright était aux abonnés absents. Le club allait nous confirmer dans la soirée la rumeur qui courait sur la table de presse : l’Américain a un contentieux administratif et fiscal avec lui. Conclusion : il est très improbable que l’on revoit à l’œuvre sous le maillot levalloisien celui qui possède une dextérité phénoménale pour un intérieur, capable de faire face à l’ASVEL un dribble dans le dos en pleine contre-attaque et qui apportait à l’équipe la meilleure évaluation (19,5) avec 13,5 points et 8,4 rebonds.
Faut-il rappeler que le club est déjà privé depuis quelque temps de l’arrière Rasheed Sulaimon (cuisse) et de l’ailier Jaron Johnson (ischios-jambiers). Si Neal Sako, intérieur de 2,10m, appelé au front au Mans pour la première fois à 19 ans, portait un masque de protection, c’est qu’il avait été victime dans la semaine d’une fracture du nez suite à un coup de coude.
« Les coaches m’avaient prévenu d’être prêt puisque Julian Wright n’était pas présent ce soir. Dans ma tête, je l’étais. Quand tu rentres sur le terrain, il faut passer à l’action. Avec la blessure de Mouph, je voulais, entre guillemets, jouer pour lui car ce qui lui est arrivé ce n’est pas facile. Le voir comme ça, ça m’a motivé », a-t-il commenté.
Ajoutons que le maître à jouer croate Roko Ukic s’est fait mal à la cheville gauche en cours de match. Comme disait l’ancien président de la République, Jacques Chirac :
« Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille. »
Levallois n’abandonne jamais
Neal Sako est entré dès le premier quart pour se retrouver face à face avec le vétéran Richard Hendrix et il s’est plutôt bien sorti d’affaire durant les onze minutes passées sur le terrain. Le coach Freddy Fauthoux a aussi fait appel à Ivan Février (2,04m et tout juste 20 ans) pour faire équipe avec Ekene Ibekwe à l’intérieur. Dans ce contexte, on comprend pourquoi Levallois a décroché pour se retrouver mené 10-19 après dix minutes. Le 0/10 aux tirs de la paire David Michineau/Nobel Boungou-colo n’arrangeait pas ses affaires. Un écart maximal à treize points (19-32) était noté dans le deuxième quart-temps. Mais Le Mans, en mal alors de finisseur (2/9 pour Cameron Clark) n’est pas parvenu à faire une vraie différence.
« Pour une équipe qui est privée d’un joueur majeur, c’est pénalisant mais d’un autre côté, ça la ressert toujours un peu, ça donne du temps de jeu aux autres », analysait le coach manceau Eric Bartecheky. « Quand j’ai appris ça, je n’étais pas forcément rassuré. Après, ils ont encore eu de la malchance avec Yarou qui se blesse au début du match. Le match aurait été différent quand on connait la difficulté de le contenir. On l’avait vu au match aller, que ce soit sur les post up, le rebond. C’est l’une des équipes du championnat qui utilisent le plus les post up avec Ukic qui est grand, Boungou-colo en 3, Yarou quand il est là. Vu leur situation, ils ont multiplié les défenses en en faisant où ils changeaient sur tout. Ça, on a l’habitude. Par contre, ils ont fait de la zone, 2-3, 3-2 beaucoup et ça on ne le rencontre pas souvent. On a trouvé des solutions mais ça nous a fait un peu déjouer. »
L’Américano-nigérian Ikene Ibekwe a longtemps sauvé les meubles (10 des 27 points de son équipe à la mi-temps) avant que les Metropolitans, avec un cinq expérimenté, retrouve le fil du match après ce moment de flottement compréhensible. Roko Ukic a alors prouvé qu’il est un meneur de grande classe. Ses paniers à trois-points sans bavure ont fait trembler Antarès. Levallois a égalisé à 59 mais comme souvent, revenir au score est une chose, passer devant son adversaire en est une autre. Le MSB a pu compter sur un Juice Thompson (24 points avec un 5/7 à trois-points) qui a retrouvé depuis quelques semaines toutes ses sensations offensives et… ça change tout. C’est sur la ligne que les Manceaux ont repoussé les derniers assauts levalloisien (80-69) parvenant même à égaliser au point-average sur l’ensemble des deux matches.
« Quand on a eu de l’avance, ils sont revenus. On est bien content de le prendre », a avoué Eric Bartecheky. « Ce sont toujours des matches particuliers. Levallois a cette capacité à ne jamais abandonner. A l’ASVEL, ils étaient à -25 et ils perdent de six. Quand ils ont perdu chez eux contre Boulazac ça s’est joué à rien. C’est ce que j’ai dit quand on était à +8, à l’entame du dernier quart-temps : on est loin d’être rassuré. On n’a pas trouvé de solutions en attaque pendant un moment et Ukic a mis à trois-points si bien qu’ils sont vite revenus dans la partie. »
Au cours de sa courte apparition en conférence d’après-match, Freddy Fauthoux était évidemment dépité.
« C’est rare mais… Ça fait très mal. Les mecs ont été super. On s’est battu avec nos armes. Wright était déjà pas là. Malheureusement on perd Mouph après trois minutes. A un moment donné, il faut des soldats. On aurait même pu le gagner. On a un tir ouvert à trois-points à 64 partout. On le marque, peut-être que ça pouvait mettre le doute à cette équipe-là. Je veux retenir la combattivité et l’abnégation de mon équipe… C’est compliqué car il faut que l’on se mette à la recherche de deux joueurs en février… »
10 pros sans Coupe d’Europe
Tout avait démarré en septembre comme sur des roulettes avec une victoire à Marcel-Cerdan sur… Le Mans, champion de France en titre. Les Métropolitans avaient débuté sur le terrain avec succès leur association en coulisses avec la ville de Boulogne en intégrant, au Directoire et comme vice-président en charge du sportif, l’ancien coach de l’équipe de France, Alain Weisz. Une augmentation de la masse salariale -la septième de Jeep Elite, juste devant celle de leurs rivaux de Nanterre- leur avait permis de constituer une bien belle équipe.
« Ça a permis de faire une équipe qui, dans un premier temps, va se maintenir sans frayeur. Je ne fais pas du Guy Rouy ! On ne sait jamais ce qui va se passer », nous disait Alain Weisz dans la semaine faisant preuve d’une prudence prémonitoire. « Ça, c’est le premier objectif. Après, si on peut tirer un bilan de ce qui s’est passé cette année, on a réussi à recruter trois joueurs qui ont été distingués comme All-Stars : Mouph Yarou, Julian Wright et Roko Ukic. Même si ce n’est pas le seul critère d’évaluation qui soit valable, ça veut dire qu’il y a des joueurs de qualité qui sont arrivés. Sur le plan collectif, l’équipe après un très bon départ s’est qualifiée pour la Leaders Cup, ce qui n’est pas évident. Et après il y aura ce qui est le juge de paix de la saison, les playoffs. Ce n’est pas acquis. Jusqu’au 12e les équipes sont toutes concernées par les playoffs et peuvent toutes être secondes. C’est tellement serré. »
Si Alain Weisz n’était pas euphorique, c’est qu’avant les coups du sort de cette fin de semaine, son équipe avait montré récemment des signes de faiblesses.
« L’équipe marque le pas puisqu’on était à 7 victoires sur les 10 premiers matches et que l’on est à 3 sur 9 (avant Le Mans). On est passé de 70 à 30% de victoires. Y a-t-il des explications ? On le verra mais les faits sont là. Ce n’est pas une chute libre. L’équipe n’est pas du tout démembrée. Le dixième match où l’on est à 7-3, il y a la blessure de Rasheed Sulaimon, qui n’a pas fait un début de saison formidable mais l’équipe avait une forme d’équilibre avec lui. Il n’y a pas de problèmes de blessures véritablement. Il y a eu des performances moins bonnes. L’équipe avait été tirée par le haut par Ukic, Wright et Yarou mais les trois joueurs ont marqué le pas depuis la dixième journée. »
Quand Alain Weisz avait pris en charge le MSB dans la deuxième moitié des années quatre-vingt dix, il avait obtenu d’excellents résultats en tirant le maximum d’un effectif minimaliste. Certains de ses cadres jouaient même parfois les quarante minutes disponibles. Les temps ont changé. Les joueurs s’entraînent plus souvent et plus durement et le championnat de France est extrêmement athlétique. Chacun laisse de la gomme et les risques de blessures se sont démultipliées. Il suffit de constater en la matière les avatars subits par les trois plus gros budgets, Villeurbanne, Strasbourg et Monaco. Levallois avait a priori pris ses précautions en embauchant 10 joueurs alors qu’il n’était pas qualifié pour une coupe d’Europe.
« Pour faire les deux compétitions, il faut aujourd’hui douze pros », estime Alain Weisz. « Et encore en Euroleague c’est quinze ou seize. Le coût athlétique de ce métier aujourd’hui a augmenté de façon gigantesque. Sans avoir de la malchance aujourd’hui, tu as des blessés. On ne va pas comparer au rugby où ils se blessent comme jamais car leurs corps sont des armes, au basket ce n’est pas la même chose, mais les joueurs sont tellement athlétiques, ça va beaucoup plus vite. Je ne dis pas que des joueurs comme Delaney Rudd, David Rivers ou Josh Grant n’auraient pas pu jouer mais les équipes sont plus athlétiques. Cette identité du basket français dont tout le monde se glorifie fait que la charge athlétique est de plus en plus grande à supporter. »
La scoumoune continue
Sommes-nous le chat noir des Métropolitans ? En tous les cas, mercredi dernier, dans l’antre de Marcel-Cerdan, nous avons notamment évoqué deux sujets d’actualité avec Freddy Fauhoux : la fragilité de son équipe à domicile et… le fait que la scoumoune s’est abattue sur son équipe ces dernières années.
« Je ne parle même pas de Châlons-Reims là-bas mais si on gagne les deux matches face à Fos et Boulazac -même si ils ont été très bons-, on est second. Je ne suis pas trop du genre à stresser quand on peut sentir le côté négatif. Ça me donne plutôt de l’espoir, de chercher des solutions, de savoir ce qui manque pour passer ce petit palier. Malheureusement, cette année comme l’année dernière, on perd beaucoup de matches à domicile. J’essaye de savoir pourquoi. A part Antibes et Fos on est l’équipe qui perd le plus à domicile et de très loin. Les blessures c’est pareil pour tous les clubs. Il faudrait que l’on ait tous les bilans statistiques de la ligue. Tous les clubs ont des préparateurs physiques, le nôtre travaille très bien et je me demande s’il ne travaille pas trop bien. Les mecs sont toujours à la limite physique d’être au taquet et le moindre relâchement, clac. Ce sont des athlètes. Tous les ans ici on n’est pas gâté. Il y a des joueurs qui s’arrêtent longtemps. La première année, Giovan Oniangue qui se pète les ligaments croisés sur le premier match de la saison. Cyrille Elitzer, c’est une fracture de fatigue au pied en fin de saison et ça avait duré huit mois. Louis Labeyrie, qui la première année loupe les trois ou quatre premiers matches parce que il n’y avait pas le truc bleu de protection derrière le panneau, il a failli s’arracher l’index. Etc. On n’a pas de chance ! »
La chance… C’est un facteur incontestablement nécessaire pour performer. Eric Bartecheky compatissait avec son confrère malheureux :
« Effectivement, l’équilibre d’une équipe est fragile, ça ne tient à rien. Quand il faut remplacer un joueur majeur à ce moment-là de l’année, c’est loin d’être évident. On le voit tous les ans. Le côté négatif ou parfois positif quand une équipe ajoute un joueur de qualité à un moment donné. Même si on dit qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, parfois un joueur de plus au bon poste ça transforme une équipe. On l’a vu avec l’ASVEL quand ils ont rajouté leur meneur de jeu Casper Ware et qu’ils sont devenus champions. »
Alors que Le Mans est entré dans le top 8 de la Jeep Elite à la faveur de sa victoire de samedi soir, Levallois en est sorti. Mais c’est lui qui va disputer la Leaders Cup en fin de semaine. Très diminué. Il faudra que la paire Freddy Fauthoux-Alain Weisz ait le nez creux pour dénicher des successeurs dignes sportivement de Mouph Yarou et Julian Wright. Et comme le dit le coach, ce n’est pas la bonne période pour recruter.
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Après deux minutes de jeu, Mouphtaou Yarou s’est tenu la cheville des deux mains et s’est affalé sur le sol de tout son poids. Il a été reconduit sur le banc par ses équipiers avant qu’une civière vienne l’évacuer sous les applaudissements du public manceau d’autant plus attristé que le pivot béninois a passé trois saisons sous les couleurs du MSB. Mouph est revenu dans la salle au cours du deuxième quart-temps en s’appuyant sur des béquilles et le verdict que l’on craignait est tombé : rupture totale du tendon d’Achille du pied droit. Opération programmée dès lundi. Saison terminée pour celui qui est sous contrat jusqu’en juin 2020. Mouphtaou Yarou, c’était une puissance rassurante dans la peinture, des qualités exceptionnelles de rebondeur.
Juste auparavant, on avait appris que l’autre intérieur titulaire des Metropolitans, Julian Wright était aux abonnés absents. Le club allait nous confirmer dans la soirée la rumeur qui courait sur la table de presse : l’Américain a un contentieux administratif et fiscal avec lui. Conclusion : il est très improbable que l’on revoit à l’œuvre sous le maillot levalloisien celui qui possède une dextérité phénoménale pour un intérieur, capable de faire face à l’ASVEL un dribble dans le dos en pleine contre-attaque et qui apportait à l’équipe la meilleure évaluation (19,5) avec 13,5 points et 8,4 rebonds.
Faut-il rappeler que le club est déjà privé depuis quelque temps de l’arrière Rasheed Sulaimon (cuisse) et de l’ailier Jaron Johnson (ischios-jambiers). Si Neal Sako, intérieur de 2,10m, appelé au front au Mans pour la première fois à 19 ans, portait un masque de protection, c’est qu’il avait été victime dans la semaine d’une fracture du nez suite à un coup de coude.
« Les coaches m’avaient prévenu d’être prêt puisque Julian Wright n’était pas présent ce soir. Dans ma tête, je l’étais. Quand tu rentres sur le terrain, il faut passer à l’action. Avec la blessure de Mouph, je voulais, entre guillemets, jouer pour lui car ce qui lui est arrivé ce n’est pas facile. Le voir comme ça, ça m’a motivé », a-t-il commenté.
Ajoutons que le maître à jouer croate Roko Ukic s’est fait mal à la cheville gauche en cours de match. Comme disait l’ancien président de la République, Jacques Chirac :
« Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille. »
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Photos: Cyrille Elitzer-Vanerot, Mouph Yarou et Julian Wright, David Michineau (Karen Mandau), Jaron Johnson (Hervé Bellenger, LNB)
Mardi : Interview Alain Weisz