Il n’est pas forcément évident de se donner un rôle majeur dans une genèse mais c’est pourtant la réalité : c’est l’auteur de ses lignes qui est à l’origine de la création d’un référendum qui détermine chaque saison les meilleures joueuses du championnat de France.
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Pour les garçons, tout a commencé dans les années soixante avec une association entre l’USJSF (L’Union Syndicale des Journalistes Sportifs Français) et la marque de… vermouth aromatisé, Dubonnet. Il ne reste malheureusement que des traces éparses du palmarès. C’est lors de la saison 1982-83 que le mensuel Maxi-Basket, qui était sorti des rotatives en septembre, repris ce référendum à son compte.
Ce type de référendum a l’immense mérite de donner une hiérarchie individuelle dans le championnat national et nous avions décidé de faire voter les joueurs et les coaches. C’est ce principe qui fut repris un an plus tard pour la Nationale 1 féminine (l’ancien nom de la Ligue Féminine). Dans la discrétion. Pas de trophées et a fortiori pas de remise. Juste une double page dans le numéro 19 de mai 1984 de Maxi. Traiter du basket féminin était à l’époque une sorte de sacerdoce. Il était en France au creux de la vague aussi bien au niveau de l’équipe nationale que des clubs. Les joueuses n’étaient pas pros. Une des meilleures internationales nous avait confié être payée pour moitié en dessous-de-table. Et pas cher. Il n’y avait pas de stats, pas de ligue et il faut le dire peu de considération générale. Ce référendum, c’était tout de même une grande première !
Le même règlement fut appliquée que pour les garçons. Joueuses et coaches devaient établir un top 10 décroissant et sans avoir le droit de voter pour une joueuse de leur club. Une liste des joueuses éligibles étaient constituée pour faciliter les réponses. Les bulletins et documents étaient évidemment envoyés par La Poste. Des relances étaient effectuées auprès des coaches par téléphone qui étaient tous fixes. Ce n’était pas une sinécure de les joindre ! Les premières années, le taux de retour chez les filles était largement supérieur à celui des garçons. A la fin des années quatre-vingt-dix, curieusement c’est le phénomène inverse qui fut observé.
Pour la première année, seul un classement pour les Françaises fut établi. Le trio de tête concernait trois générations différentes : Irène Guidotti, née en 1950 de Versailles, Cathy Malfois née en 1955 de Montferrand et Paoline Ekambi née en 1962 du Stade Français. Irène Guidotti avait été longtemps l’alter ego de Jacky Chazalon au Clermont Université Club et à la fin de la saison suivante, elle préféra se retirer afin de ne pas « devenir la grand-mère du basket français ». 41 joueuses avaient reçu des voix.
C’est en 1986 qu’apparu un référendum pour les étrangères -avec la championne olympique Denise Curry comme lauréate- et en 1990 un autre pour les espoirs. Il est bon de rappeler qu’Odile Santaniello remporta sous le maillot de Aix-en-Provence un record de 9 titres dont 8 consécutifs et que la dernière année, elle partagea la première place avec sa coéquipière à Bourges Yannick Souvré. Le règlement ne prévoyait pas une manière de les départager. Un partenariat fut noué avec la Ligue Féminine en 2001. Après la fin de parution de Maxi-Basket, Basket Hebdo pris le relais durant trois saisons. La LFB est depuis 2016 seule maîtresse à bord.
Une soirée commune LNB-LFB
Ces dernières années, seuls les capitaines, les coaches et un panel de médias étaient sollicités. L’an dernier, il y avait eu 30 votes exprimés sur un potentiel de 40 votants. Un bon chiffre. Cette année, toutes les joueuses avaient de nouveau le droit au vote en plus des coaches et des journalistes sachant que les joueuses votent pour les joueuses et les espoirs, les coaches pour les coaches, et les médias pour les trois catégories. Les nouvelles technologies sont venues à la rescousse des organisateurs. Fini le temps du papier, des enveloppes et des timbres. Avec Google Forms, il n’y a plus d’intermédiaires. Surtout le Syndicat des Basketteurs (SNB), qui a pris en main le sort des basketteuses, a offert ses services et possède un relais dans chaque club qui peut facilement relancer celles et ceux qui n’ont pas encore effectuer leur devoir. Bilan : près de 90% de suffrages recueillis.
Autre grande nouveauté. Jusque-là, les filles n’avaient pas leur soirée dédiée avec petits fours, champagne et remise des trophées. La Ligue Nationale de Basket a accepté d’associer la Ligue Féminine de Basket à la sienne. La soirée aura lieu ce soir salle Gaveau, un lieu parisien prestigieux. Afin d’uniformiser les règles, la LFB a mis fin à une tradition et ne différencie plus les Françaises et les Etrangères. Il y a désormais cinq nominées dans chaque catégorie comme chez les garçons.
C’est donc en direct que nous serons qui de Valériane Ayayi (Bourges), Amel Bouderra (Charleville), Marine Johannès (Bourges), Michelle Plouffe (Tarbes) et Nayo Raincock-Ekunwe (Nantes-Rezé) va décrocher le pompon.
C’est une formidable avancée, un symbole de la parité. Que de chemin parcouru en trente-quatre ans. A l’image de ce qu’ont fait les joueuses sur le terrain où leurs résultats que ce soit en équipe nationale et en club sont depuis un quart-de-siècle supérieurs à ceux des garçons. Elles sont désormais toutes professionnelles et les salaires sont corrects. En tous les cas, en moyenne, plus élevés que dans le foot, rugby, hand et volley. Ne nous méprenons pas néanmoins, il y a encore du chemin à faire. Des sondages auprès des lecteurs de Maxi-Basket sur différentes décennies avaient démontré que si un quart des sondés estimaient qu’il n’y avait pas assez d’articles consacrés aux filles -soit environ 20% du magazine-, la moitié répondait que c’était la bonne mesure et un dernier quart n’était absolument pas intéressé par tout ce qui concerne les filles et la balle orange. Il faut aussi préciser que dans les lecteurs se disant fans de basket féminin, il y avait beaucoup d’hommes. Le corolaire, c’est que le pourcentage de lectrices, que ce soit des magazines ou des sites spécialisés en sport en général et en basket en particulier, est encore bien faible. Ce qui explique que pour des raisons purement commerciales -ce ne sont pas des services publics mais des entreprises privées contraintes à la rentabilité économique- et donc d’appétence de leurs lecteurs, ceux-ci hésitent à mettre les exploits des joueuses en avant notamment en couverture.
Allez, on en reparlera dans trente-quatre ans.
PS : Vous pouvez consulter ici le palmarès du référendum LFB.
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Pour les garçons, tout a commencé dans les années soixante avec une association entre l’USJSF (L’Union Syndicale des Journalistes Sportifs Français) et la marque de… vermouth aromatisé, Dubonnet. Il ne reste malheureusement que des traces éparses du palmarès. C’est lors de la saison 1982-83 que le mensuel Maxi-Basket, qui était sorti des rotatives en septembre, repris ce référendum à son compte.
Ce type de référendum a l’immense mérite de donner une hiérarchie individuelle dans le championnat national et nous avions décidé de faire voter les joueurs et les coaches. C’est ce principe qui fut repris un an plus tard pour la Nationale 1 féminine. Dans la discrétion. Pas de trophées et a fortiori pas de remise. Juste une double page dans le numéro 19 de mai 1984 de Maxi. Traiter du basket féminin était à l’époque une sorte de sacerdoce. Il était en France au creux de la vague aussi bien au niveau de l’équipe nationale que des clubs. Les joueuses n’étaient pas pros. Une des meilleures internationales nous avaient confié être payée pour moitié en dessous-de-table. Et pas cher. Il n’y avait pas de stats, pas de ligue et il faut le dire peu de considération générale. C’était tout de même une grande première !
Le même règlement fut appliquée que pour les garçons. Joueuses et coaches devaient établir un top 10 décroissant et sans avoir le droit de voter pour une joueuse de leur club.
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Photo: Amel Bouderra, MVP Française en 2016 et 2017 (FIBA)