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Limoges renverse Le Mans avec seulement cinq joueurs

Le match dans le match, c’était celui entre deux intérieurs. Deux all-stars. Ousmane Camara du côté limougeaud, élu par les fans grâce à un fort courant venu de sa ville mais qui méritait quoiqu’il en soit largement sa place pour la grande kermesse annuelle. Et dans le camp manceau, Wilfried Yeguete

Le match dans le match, c’était celui entre deux intérieurs. Deux all-stars. Ousmane Camara du côté limougeaud, élu par les fans grâce à un fort courant venu de sa ville mais qui méritait quoiqu’il en soit largement sa place pour la grande kermesse annuelle. Et dans le camp manceau, Wilfried Yeguete, joueur du mois de novembre et plus généralement meilleur Français de ce début de saison.

Un signe : Camara réussit d’entrée un tir en crochet sur Yeguete pour placer le CSP sur ce qui s’avéra être les rails du succès. La suite sera de la même veine. Deuxième duel à l’intérieur, faute de Yeguete, Camara aux lancers. Plus tard, le Manceau manque un dunk surpuissant, chute avec son équipier Ryan Pearson, et sur la contre-attaque, profitant de l’aubaine, Ousmane Camara se retrouve seul et dunke.

En moins de cinq minutes, Limoges a pris dix points d’avance. Les Manceaux sont sans rythme, comme s’ils étaient toujours en transit dans un aéroport ukrainien. Yeguete fait un airball mais cette fois récupère la balle pour scorer et limiter les dégâts car à la fin du premier quart, le score est très favorable aux visiteurs : 12-27.

« On n’était pas trop concentrés, on a cru que ça serait facile comme les trois derniers matches », avoua Mouph Yarou faisant référence aux larges victoires sur Orléans, Nancy et en Basketball Champions League, face au Khimi, en Ukraine. « Ce soir on a oublié que l’on doit toujours jouer la défense même quand on rate les shoots. On les a laissés faire ce qu’ils voulaient en début de match. Il faut que l’on retourne à l’entraînement en se disant, c’est quoi notre identité ? Comme le coach le dit, c’est la discipline en défense, être dur, les bousculer. »

Le lièvre et la tortue

A priori, Le Mans avait le vent en poupe alors que Limoges était vitupéré pour s’être fait marcher sur les pieds à Beaublanc par Le Portel. Parfois le CSP donnait peine à voir. Pour se faire pardonner, l’ordre de mission était de gagner au moins deux des trois matches avant la trêve. Et de fait, les rôles étaient inversés. Ce sont les Limougeauds qui évoluaient en totale confiance face à des Manceaux qui allaient jouer le remake du Lièvre et de la Tortue.

« Parfois après l’enchaînement des matches la concentration n’est pas toujours à 100% », analysait le coach du MSB Erman Kunter. « On a donné des tirs ouverts, on était trop soft en défense et en attaque. Il faut jouer avec plus d’intensité des deux côtés du terrain. On a battu Nancy et les Ukrainiens qui ne jouent pas avec beaucoup d’intensité et les joueurs reviennent sur les mêmes bases comme face aux équipes que l’on vient de jouer. Lentement, pas de création, pas d’attaque, pas de pression en défense. Quand vous courez toujours derrière le score vous commencez à prendre des risques, la panique commence car on se dit « on va perdre ». On donne peut-être beaucoup d’énergie mais elle n’est pas lucide. Je ne pense pas que l’on ait des problèmes physiquement, que l’on soit fatigué, mais mentalement on est un peu perturbé car on joue des matches et des matches. Limoges a eu plus de possibilités de préparer ce match. »

Le meilleur de DaShaun Wood

Sur le terrain, le patron portait un bandeau blanc et il s’est fait applaudir plus que les autres Limougeauds à la présentation des équipes car il est de la lignée des grands meneurs de jeu à avoir porté le maillot du MSB. C’était le meilleur de DaShaun Wood (19 points, 3/3 à trois-points, 5 passes, 4 rebonds et 2 interceptions) ce samedi soir, lui qui était déjà venu gagner à Antarès avec Cholet. Le meneur américain joua tout en finesse, avec malice, prenant totalement le dessus sur son rival d’en face, Giordan Watson.

A la fin, Mickaël Gelabale, l’ancien Limougeaud, était remonté comme un coucou suisse, mais deux actions consécutives prouveront que le CSP ne pouvait pas perdre : Ousmane Camara évite d’une contorsion la défense agressive de ce même Gelable pour conclure et ensuite DaShaun Wood inflige un in your face à Lahou Konaté et score à trois-points. C’est encore Wood et toujours d’un tir primé qui un peu plus tard climatisera la salle alors que la bête mancelle était en train de se réveiller.

« Nous avons perdu deux matches à la suite et nous avions besoin d’une grosse victoire comme celle-ci (77-71) », dira l’Américain. « Les deux derniers matches nous n’avions pas bien démarré et aujourd’hui nous voulions être sûrs de bien le faire et après nous avons eu deux ou trois gars venant du banc qui ont apporté de l’aide et c’est parfait. »

En fait, le coach Dule Vujosevic s’est très essentiellement appuyé sur son cinq de base. Wood, Klemen Prepelic, un parfait William Bufford (20 points, 9 rebonds), C.J. Fair et Ousmane Camara ont joué chacun entre 31 et 37 minutes. Ce sont eux qui ont mis les 77 points du CSP. Les autres n’ont tenté que trois shoots, tous ratés. Une stratégie qui ne fonctionne que lorsqu’on ne joue qu’une fois par semaine et qui ne peut perdurer.

Ousmane Camara a fait don de son corps

C’est bien là tout le mérite d’Ousmane Camara car le trop frustre Fréjus Zerbo ne l’a secondé que neuf minutes, le temps de faire trois fautes et de perdre deux balles. Camara a contraint Wilfried Yeguete à sa plus faible évaluation (5) de la saison. Il s’est aussi coltiné Mouphtaou Yarou (14 points, 10 rebonds) qui en récupérant son intégrité physique est redevenu l’un des deux ou trois meilleurs pivots de Pro A. Au-delà de ses 14 points et 4 rebonds, le capitaine limougeaud a fait don plusieurs fois de son corps, notamment en fin de match sur Yeguete –toujours lui- et pour empêcher Philippe Amagou de conclure un lauyp. L’assistant Jim Bilba doit apprécier son style qui ressemble tant au sien.

La qualité de l’axe 1-5 est vital au basket. Ousmane Camara a fait le travail de l’ombre alors que DaShaun Wood a géré le match avec un énorme sang-froid.

« Je suis très heureux et satisfait parce que ça été un moment très solide pour nous », a commenté Dule Vujosevic. « Nous avons eu un leader extrêmement positif, DaShaun Wood. Mais c’est un effort de toute l’équipe. Nous avions bien préparé ce match avec Jim Bilba. Il y a eu un maximum de discipline, un maximum de désir de gagner. Les joueurs ont réellement changé chaque chose après la sérieuse conversation que nous avons eu ensemble. »

C’est la quatrième fois de suite que le CSP s’impose à Antarès et seul Monaco a réussi cette saison pareil exploit. Tout n’a pas été rose pour autant. Le banc a donc fait le service minimum. Ernest Scott n’a joué que cinq minutes, Zamal Nixon sept. Le CSP a besoin de se renforcer (Erazem Lorbek doit venir à l’essai) pour que ce qu’il a montré au Mans, son premier succès à l’extérieur depuis le 1er octobre, soit sont ordinaire.

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