Ecrit par Dominique Wendling et dessinée par Laurent Rullier, Basket In France raconte l’histoire du basket français des premiers pas en 1993 jusqu’aux Jeux Olympiques de Tokyo. Interview des deux auteurs.
Qui a eu l’idée de cet ouvrage ?
DW : Le plaisir de faire des recherches, de structurer et surtout d’écrire « Plus près des étoiles », le livre sur la SIG Strasbourg (avec Jean-Claude Frey) en 2018 m’a incité à continuer. J’ai écrit des sujets pour Basket-Rétro, et de fil en aiguille, l’idée d’une rétrospective sur le basket français a émergé. L’idée initiale était de se limiter aux 100 dates majeures. Je me suis rendu compte rapidement que c’était à la fois trop contraignant et trop subjectif. J’ai proposé à Laurent Rullier, de venir sur le projet pour la partie illustration pour apporter une touche inédite dans la forme.
LR : J’ai tout de suite dit oui mais ce projet qui tombait de la Lune correspondait tellement avec ce que je souhaitais faire que j’ai embrayé de suite sur un «Pas possible. Y a un loup quelque part. Ca va foirer à un moment ou à un autre. » Puis non. Le loup est resté planqué dans sa forêt vosgienne. Et le bouquin, il est là.
Comment l’avez-vous découpé ?
DW : Sur une idée de Laurent, nous avons structuré l’ouvrage en grandes périodes historiques qui marquent bien l’épopée souvent épique du basket en France : la Préhistoire (1893-1931), l’Antiquité (1932-1963), le Moyen-Age (1964-1981), la Renaissance (1982-1999) et les Temps Modernes (depuis 2000). A l’intérieur, des sujets sur des compétitions, des événements, des clubs, des faits, des hommes et des femmes (d’ailleurs très présentes dans l’ouvrage). Ces articles sont de taille très variable, de nature à permettre au lecteur de les parcourir selon son envie. Nous bouclons par deux chapitres annexes, le premier consacré aux équipes de France avec quelques documents comme la composition des sélections nationales dans les épreuves majeures, les palmarès, les plus capés, etc… Le second consacré à l’Europe et au championnat de France avec, notamment, deux magnifiques murs des clubs champions avec leur maillot et les fiches techniques des finales européennes disputées par les clubs français.
LR : Tout était déjà assez cadré avant mon arrivée. J’ai juste suggéré deux trois articles annexes, (les chaussures, les pubs, les tenues…). En général parce que ça me faisait faire des illustrations ou des infographies dont j’avais envie. Il a dit oui à tout. Pour les dessins on décidait après une bref débat et on tombait vite d’accord.
Plutôt que des photos, vous avez pris l’option d’illustrer avec des dessins réalisés à partir de photos et des infographies ?
DW : Nous voulions sortir des sentiers battus et réaliser un ouvrage original qui s’adresse à toutes les générations avec le parti-pris, en effet, d’être illustré de dessins. Le style vintage de Laurent, sa capacité à réaliser des infographies très visuelles et une mise en page qui valorise son travail montrent à quel point, pour nous, la forme était aussi importante que le fond.
LR : Le fond et la forme. Dans les deux cas, il fallait éviter le jeunisme « Trop fort Bro le tomar de Mous. » ou le boomerisme « Jean Degros, ça c’était un meneur de jeu, un vrai, pas un de ces combotrucs qui pensent qu’à leur pomme . » Pareil pour les dessins et la maquette. Séduire tout le monde dans le fond et la forme. Pas simple mais passionnant.
Vous avez inclus un poster dans le livre ?
DW : Le poster représentant des illustrations du livre est offert aux lecteurs qui achètent l’ouvrage chez l’éditeur, I.D. L’Edition.
LR : Attention, les punaises entrent comme dans du beurre dans le placo de la chambre de fiston ou fifille mais s’écrasent sur les parpaing du garage de papa.
Le livre fait 300 pages et pèse son poids. Combien de temps a été nécessaire à sa réalisation ?
DW : J’ai contacté Laurent en août 2020 avec une première trame en tête. Nous avons bouclé 95% du livre en juin 2021. Personnellement, j’ai passé le plus clair de mes journées sur le projet. C’était passionnant et fluide, avec une bonne complémentarité entre nos deux sensibilités.
LR : C’était du fractionné et je n’ai pas noté les heures. Mais il y en a eu beaucoup… Beaucoup.
A la fin, vous évoquez les Jeux Olympiques et le contre de Nicolas Batum contre la Slovénie. Le livre a donc été terminé cet été ?
DW : Nous tenions à coller au plus près de l’actualité 2021. Nous avons donc laissé des pages ouvertes, destinées à l’EuroBasket féminin et aux JO de Tokyo qui couvrent une dizaine de pages dont, en effet, le magnifique contre de Batum que Laurent a eu l’idée de statufier…
LR : La dernière modif’ avant le coup de tampon du B.A.T a été la signature de Collet aux Mets. Sinon on guettait la moindre actu pour voir si une correction ou un ajout était nécessaire. J’ai rhabillé Fournier notamment. Il était en Celtic, vite on lui a enfilé un maillot des Knicks.
Isabelle Fijalkowski a préfacé le livre avec un hommage à Gérard Bosc. C’est lui qui vous a inspiré ce livre ?
DW : Oui, travail absolument colossal réalisé en son temps par Gérard Bosc (« Une histoire du basket français ») a inspiré notre projet en le revisitant et le prolongeant. Nous lui dédions le livre. A travers le Musée, il a ensuite eu le goût de la transmission ce qui est également le cas d’Isabelle Fijalkowski. Je pense qu’il est essentiel de savoir d’où on vient pour apprécier où on va…
LR : Pour Isabelle, nous tenions a être préfacés par une représentante du basket au féminin.
A partir de quelle documentation avez-vous travaillé ?
DW : Les sources sont multiples : les anciens journaux, presse quotidienne ou magazines, livres, archives télé, le site de la FFBB et d’autres sites spécialisés, mes archives personnelles.
LR : On a eu un petit souci concernant les doc photos les plus anciennes. Quelle couleur le maillot ? Le short ? Rouge ? Bleu ? Vert ?… Alors on a décidé de faire la » préhistoire » en sépia et « l’Antiquité » en noir et blanc avec cette petite nuance bleutée qui caractérisait certains journaux d’époque.
Est-il facile de trouver un éditeur pour un livre historique sur le basket français ?
DW : C’est un petit éditeur indépendant, I.D. L’Edition qui s’est piqué au jeu. C’est déjà lui qui avait édité « Plus près des étoiles ». Avec, pour nous, l’avantage d’une très grande liberté dans le travail, mais aussi l’inconvénient d’avoir moins de moyens dans la promotion et la distribution du livre. C’est pourquoi nous comptons sur le bouche-à-oreille pour arriver à élargir la cible des lecteurs de « Basket in France ». Un livre qui s’adresse à toutes les générations, du nostalgique au jeune débutant en passant par les pratiquants et fans désireux d’en savoir un peu plus sur l’évolution incroyable d’un jeu devenu un des sports majeurs dans le monde.
LR : En tout cas ça été un vrai bonheur de bosser en petite équipe. J’ai travaillé par le passé avec de gros éditeurs, entre les auteurs que je ne rencontrais jamais et les instructions venues « d’en haut », ça change. Là nous c’était un garage band. Bernard le boss, qui bat le rythme en arrière plan, Christelle la maquettiste, discrète et talentueuse, qui observe du coin de l’œil goguenard les deux totos qui s’agitent en avant-scène. Le guitariste excentrique qui fait sa star, moi, et Dom en chanteur-auteur-compositeur-leader. Nous étions un groupe de rock. Je suis le Keith Richard de la littérature basket et Dom son Mick Jagger.
Basket In France par Dominique Wendling et Laurent Rullier. Format 34×30, 304 pages. Prix public: 38€. I.D. L’Edition 67210 Bernardswiller. Disponible directement chez l’éditeur, en librairie ou market place.