Du lac d’Annecy aux gratte-ciels de Hong Kong, c’est en Asie que Steven Guinchard a décidé de lancer sa carrière de basketteur professionnel. Formé en France puis aux États-Unis, le jeune haut-savoyard de 23 ans exerce aujourd’hui son métier dans l’une des villes les plus excitantes de la planète. Ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997, Hong Kong compte entre 18 000 et 20 000 Français et parmi eux Steven Guinchard. Au sein de cette mégalopole internationale, l’ancien joueur d’Aix-Maurienne joue au basket mais vit également une expérience humaine unique au cœur de cet éden asiatique. Embarquement immédiat pour Hong Kong !
– En quelques mots, qui es-tu ?
Je m’appelle Steven Guinchard, j’ai 23 ans et je suis né à Annecy en Haute-Savoie. Je suis basketteur, poste 2/3 pour l’équipe des Hong Kong Eastern Long Lions.
– Quel est ton parcours de basketteur ?
J’ai commencé le basket au basket club du Pays d’Alby puis ensuite à Cran Pringy puis l’UCAB puis à partir de cadet deuxième année, j’ai joué à l’AMSB. Une fois mon bac en poche, je suis parti en Prep School en Floride puis après un an de Prep School j’ai fait un an à Pensacola Christian College puis j’ai ensuite fini mes trois dernières années universitaire à Emmanuel College. Maintenant, je joue à Hong Kong après être passé par Taïwan durant quelques mois.
– Tu joues à Hong Kong, cela n’est pas commun, tu es le premier français à jouer là-bas ?
Il me semble oui. Il faudrait vérifier mais à ma connaissance je suis le premier basketteur français à jouer à Hong Kong.
– Pourquoi ce choix d’aller à Hong Kong après l’Université ?
J’ai toujours aimé voyager, découvrir de nouvelles cultures, rencontrer de nouvelles personnes, évoluer dans un nouvel environnement … De plus ma maman étant Taïwanaise je dispose d’un passeport taïwanais. Cela me permet d’être moitié local ce qui aide beaucoup pour pouvoir jouer en Asie. Donc pour moi ce choix était comme une évidence.
– Quelle est la place du basket à Hong Kong ?
Ici les gens adorent le basket ! Chaque année, l’engouement pour ce sport grandit. Le basket prend de plus en plus de place. On constate qu’il y a de plus en plus de monde dans les tribunes, une meilleure communication autour des matchs, de l’équipe et la page Facebook du club est super actualisée. Cela fait plaisir à voir. Au niveau de la place du basket ici vis à vis des autres sports, il y a le badminton qui arrive en premier et qui domine avec le football puis le running. Le basket doit arriver en quatrième ou cinquième position je pense.
– Comment sont les salles, l’ambiance, les déplacements ?
Les salles sont superbes et l’ambiance aussi. Les déplacements sont géniaux. On voyage sur une bonne partie du continent asiatique et les déplacements se font en avion pour couvrir les grandes distances. En Asie, globalement, les salles sont plutôt pas mal. Elles peuvent être minuscules avec quelques centaines de places comme géantes avec plusieurs dizaines de milliers de spectateurs, des véritables aréna dignes de ce qui se fait de mieux en Europe ou en Amérique du Nord. Par exemple, les Philippines ont le plus de fans parce que le basket est le sport numéro 1 là bas. Les salles sont grandes, pleines, tout le monde adore le basket. Du coup les matchs deviennent vite chauds quand on rencontre leurs équipes. On sent que c’est vraiment un pays de basket et qu’ils sont fous de ce sport.
– Présente-nous ton équipe des Hong Kong Eastern Long Lions ?
L’équipe est composée majoritairement de joueurs HongKongais. Il y a deux joueurs américains, un Franco-taiwanais (moi) et un Américano-thaïlandais. L’entraineur principal est espagnol et s’appelle Eduard Torres et le président est un Canadien (Lukas Peng). Je parle français et anglais et la communication avec l’équipe se fait en anglais. On joue dans une salle de 2 000 places environ. Le club en lui même est plutôt sympa, le mélange des cultures rend la vie fun et l’ambiance entre nous est vraiment géniale !
– Quelle compétition joues-tu ? Quel est le niveau ?
Je joue en ASEAN basketball League (ABL). Une ligue qui est composée d’équipes de Malaisie, Taïwan, Singapour, Viêtnam et Philippine. Au sein de cette compétition on retrouve des joueurs bien connus en France comme Chris Oliver (Nanterre, Strasbourg, Cholet, Boulazac, Vichy-Clermont) qui joue pour l’équipe taïwanaise de Kaohsiung Truth ou encore l’éphémère joueur du Mans Herbert Hill (Saigon Heat). C’est notre première année. Au niveau du calendrier la saison débute au mois de novembre et se termine fin mars puis il y a les playoffs en avril. Je suis particulièrement content de notre saison puisque nous sommes premier avec 15 victoires pour 2 défaites et donc en route pour les playoffs ! Je tourne à 8,9 points à 56,2% de réussite aux tirs (33,3% à 3-points), 4,8 rebonds et 1,2 passe pour 8,7 d’évaluation en 22 minutes sur 17 matchs. Mon record est de 13 points, 3 rebonds et 4 passes pour 16 d’évaluation en 33 minutes lors de la victoire 97-95 contre Singapore le 7 décembre dernier. C’est mon premier contrat pro.
– Financièrement autour de combien tourne les salaires à Hong Kong ?
Chaque joueur a un salaire différent selon son expérience, son standing. Je ne souhaite rentrer dans les détails mais les meilleurs joueurs gagnent plus que la moyenne en Pro A.
– Comment est la vie à Hong Kong ?
La vie ici est géniale. La ville est très internationale et il y a un paquet de choses à faire ! La nourriture est aussi très bonne puisque l’on a accès à une multitude de cultures juste en sortant de chez soi. C’est une ville-monde. Ça bouge H24, tout va très vite. Il y a toujours quelque chose à faire, à voir, c’est épuisant et passionnant à la fois. Les gens sont toujours actifs, dynamiques et en mouvements. Ce que j’aime par dessus tout c’est qu’ici tu peux trouver ce que tu veux quand tu veux, bref ça c’est Hong-Kong.
– Quel est pour toi une journée type ?
Entrainement de 9h du matin à midi puis musculation vers 13h et ensuite repos l’après-midi.
– Comment la France et les Français sont perçus à Hong Kong ?
Les Français sont bien accueillis ici. La France a une image d’élégance et de luxe. Hong Kong attire de nombreux Français en quête d’une expérience professionnelle à des milliers de kilomètres de l’Hexagone. Le contact est facile ici puisque les jeunes Hongkongais parlent souvent plusieurs langues.
– As-tu un plan de carrière pour ton futur ?
J’essaye de me concentrer sur les choses que je peux contrôler. Voyager, découvrir de nouveaux pays tout en jouant au basket c’est vraiment une chance de pouvoir combiner les deux. J’essaye vraiment de profiter de chaque instant au maximum. Je n’ai pas vraiment de plan de carrière. Je profite du moment présent et savoure ce que j’ai. A l’heure actuelle la seule chose que je sais est que je suis en contrat avec les Hong-Kong Eastern Long Lions jusqu’en octobre prochain.
– Continues-tu de suivre la Pro A, la Pro B et la NM1 ?
Oui avec Internet principalement. Je regarde qui est le club leader du championnat, qui sont les bons joueurs … Il y a le décalage horaire mais j’essaye de me tenir au maximum au courant de ce qui se passe en France sur la planète basket.
– Souhaites-tu rajouter quelque chose ?
Merci à vous de m’avoir sollicité et si jamais vous êtes sur Hong Kong faites moi signe ! (Rire).
Crédit photos: 東方龍獅籃球隊 Eastern Long Lions Basketball Team