Né à Monroe (Louisiane) le 7 novembre 1957, Skeeter Jackson a laissé une belle trace dans l’histoire du basket français. Arrivé en 1979 sur le territoire hexagonal pour défendre les couleurs de Saint-Denis (Nationale 4), l’ailier fort de 2,04m est passé par une courte escale de deux ans en Argentine, de 1980 à 1982 (à Resistencia, au nord du pays) avant de revenir goûter aux joies du championnat de France, en Nationale 3 à Asnières (82-84) puis à Charenton (84-85).
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C’est ensuite au Racing Paris que sa carrière prendra une nouvelle dimension, en 1ère division française. Skeeter Jackson y restera trois ans avec en point culminant la saison 1987-1988 où il cumulera à 16,7 points et 7,7 rebonds en moyenne par match, et sera sélectionné pour le All Star Game. Naturalisé français, il portera aussi le maillot de l’Equipe de France à 41 reprises, participant au championnat d’Europe 1989 en Yougoslavie (les Bleus termineront 6e). Son aventure se poursuivra à Pau-Orthez (1988-1990), puis Lyon (1990-1994) et Besançon (1994-1997), permettant au Jet et au BBCD de passer de la Pro B à la Pro A.
Revenu à Lyon pour terminera sa carrière en Nationale 2 (1997-1998) avant d’en entamer une autre de formateur à l’Asvel jusqu’à l’été dernier, Skeeter Jackson, aujourd’hui à la recherche d’un nouveau projet autour d’un club ou d’un centre de formation dans la région lyonnaise, avait placé la barre à un haut niveau. Mais son fils Edwin, 28 ans, a déjà réussi à dépasser le paternel, comme en témoignent ses 48 sélections en Bleu où son palmarès déjà bien fourni, à titre personnel (meilleur marqueur de N1 en 2007, de Pro A en 2014 ou de la Liga ACB en 2017) ou collectif (Vainqueur de la Coupe de France en 2008, médaillé de bronze avec l’Equipe de France à la Coupe du Monde 2014).
Dans le cadre de la série d’entretiens, « papa de basketteur », BasketEurope a logiquement réservé une place toute particulière à Skeeter Jackson (entretien réalisé à l’issue de la pige d’Edwin en Chine).
Skeeter Jackson, pouvez-vous rappeler dans quel contexte s’est déroulé la naissance de votre fils Edwin ?
Edwin est né le 18 septembre 1989 à Pau. J’étais encore joueur professionnel, j’entrais dans ma deuxième année avec Pau-Orthez. Je garde de beaux souvenirs de cette époque et sportivement aussi, j’étais toujours l’un des joueurs majeurs de l’équipe. C’était de belles années.
Quand avez-vous commencé à jouer au basket avec lui ?
Je dirais… à partir du moment où il a commencé à marcher ! Quand j’allais à la salle pour participer aux entraînements ou même pour shooter tout seul, il était toujours là. On avait un panier à la maison, on jouait beaucoup dehors, on travaillait déjà le maniement du ballon… Depuis qu’il est né, il était soit sur le terrain avec moi, soit sur mes genoux à regarder du basket.
Quels souvenirs gardez-vous de ses premiers pas de basketteur ?
Depuis qu’il a commencé à jouer, il évoluait toujours une catégorie au dessus. Quand il était en baby basket, il jouait avec les poussins, puis quand il est passé poussin il jouait avec les benjamins et ainsi de suite. Sinon il a connu un cursus normal, même s’il a toujours joué un niveau un peu au dessus. Ses premières « étincelles » remontent à ses années en cadets, lorsqu’il jouait à l’Asvel.
A partir de quel âge avez-vous pensé que votre fils pourrait faire une carrière pro ?
Je dirais presque que c’est venu sur le tard, lors de sa première année en Pro à l’Asvel (2007-2008). J’étais coach des cadets et assistant chez les espoirs tandis que lui jouait chez les espoirs et en pro. Il a commencé à comprendre ce que ce métier demandait, en terme de travail supplémentaire, de sacrifice, il s’est vraiment mis dedans. Il a fait deux bonnes saisons en prêt à Nanterre (Pro B) et Rouen (Pro A) en apprenant les ficelles du métier, à être consistant à chaque match et le plus complet possible. Et lorsqu’il est revenu à l’Asvel, il était déterminé à se faire une place et à grandir dans son club de cœur. C’est là qu’il a vraiment explosé. Je garde notamment en mémoire les matchs de Playoffs contre Châlon (30 points, 36 d’évaluation lors de la belle remportée au Colisée) puis Nancy, l’année où le club était arrivé en demi-finale (défaite en trois manches) et qui lui ont permis de grandir, de devenir un joueur assez complet.
Y-a-t-il eu des événements dans votre carrière de joueur qui ont pu l’affecter ou le motiver ?
Pas vraiment, on ne discutait pas beaucoup de mes matchs ou de ma carrière. J’étais un poste 4 et lui joue au poste 2, donc nos regards pouvaient être différents. Tout ce que je luis disais, c’est de faire mieux que moi. J’essayais de le pousser à franchir les mêmes paliers, à entrer en Equipe de France par exemple et à avoir plus de sélections. A gagner plus de matchs, plus de titres… Plutôt que de parler de mon parcours, on échangeait sur la façon dont lui devait faire le sien.
Edwin Jackson au dernier Eurobasket
Quel genre de papa étiez-vous au bord du terrain ?
J’étais plutôt discret. Quand on rentrait à la maison, surtout lorsqu’il avait perdu un match, il avait envie de parler. A ce moment là on parlait du match. Je lui disais ce qu’il pouvait faire de mon point de vue pour s’améliorer ou éviter de refaire les mêmes erreurs. Mais d’un point de vue global, j’étais plutôt discret. Vu que je suis coach, je me voyais mal intervenir sur le coaching de ses entraîneurs ou sur quelconque forme de jeu. Contrairement à certains parents qui n’ont jamais joué un match de basket de leur vie mais qui passent leur temps à critiquer les coachs de leurs enfants. En ce qui me concerne, je répondais uniquement aux questions venant de lui.
A partir de quand reconnaissait-on plus votre fils que vous-même ?
Quand il était à l’Insep, qu’il a fini meilleur marqueur. Il a fait quelques cartons là-bas, et on commençait à parler d’Edwin Jackson. Ce n’était plus « le fils de Skeeter ».
Êtes-vous intervenu au début de sa carrière pour l’encourager ou le perfectionner ?
Non, c’est lui qui devait faire son chemin, de faire les choses correctement et de prendre ses décisions. Si je suis intervenu, ce n’est certainement pas pour appeler certains coachs, mais plutôt pour refuser des coups de fils d’agents qui voulaient le contacter. On a toujours travaillé en accord avec ses coachs, pour planifier le travail. En dehors de petits concours de shoots entre nous ou de petites séances de travail, il n’y avait rien de plus, ou peut-être les stages de perfectionnement l’été où je l’amenais toujours avec moi. Mais Edwin a grandi sur un terrain de basket, et il s’est très vite pris en main. Il allait notamment au parc le matin pour courir et travailler son endurance. Et il a eu la chance de toujours pouvoir aller à la salle. Lorsque j’entraînais à Bron, il avait la possibilité de venir. Il était en première année cadets et il venait s’entraîner avec les Seniors. Ensuite à son retour de l’Insep, il avait toujours à disposition une salle et un préparateur physique.
Est-ce que vous discutez de ses principaux choix de carrière ?
On discute bien sûr, mais je lui laisse faire ses choix. Je donne mon avis s’il me questionne, mais c’est lui qui prend la décision finale. C’est à Edwin de vivre ses propres aventures, il m’en parle, mais le dernier mot lui revient toujours et c’est tout à fait normal comme ça.
Edwin Jackson a retrouvé Barcelone fin janvier
Quel bilan tirez vous de son expérience en Chine ?
Comme toute expérience, ça dépend de ce que tu en tires. En l’occurrence, ça peut être très positif pour lui. Il a pas mal joué au poste de meneur car le meneur titulaire de son équipe était souvent blessé. Ça a renforcé sa façon de jouer, de voir le jeu, en tant que distributeur et dans plein d’autres aspects. Il voulait voir ce que donnait ce championnat, il a vu. Ses dirigeants n’ont pas été contents de lui. Ce n’est peut-être pas un basket qui lui plaît au final. Un basket de stats à outrance, où si tu ne marques pas plus de 30 points, tu n’es pas bon !
Avez-vous suivi son aventure de près ?
Disons que sur les 22-23 matchs qu’Edwin a pu faire là-bas, j’en ai regardé plus de la moitié. Attention, il y a de bons basketteurs là bas. Yi Jianlian qui fait 2,13m et qui a déjà joué en NBA par exemple (NDLR: Bucks, Nets, Wizards et Mavs de 2007 à 2012), c’est un très bon joueur de basket. Il y avait aussi deux internationaux chinois dans son équipe. Mais je vous invite à regarder comment ça joue. C’est vraiment un autre basket, poussé à l’extrême vers le scoring. C’est peu de dire qu’il n’y a pas beaucoup de défense. Et on regarde beaucoup les meilleurs marqueurs qui sont dans la lumière, dans une configuration où il y a un ou deux joueurs par équipe qui flambent à marquer plus de 40 points. Un joueur qui score plus de 40 points dans une équipe qui ne fait que perdre sera bien considéré. Le spectacle y est plus important que tout, le jeu d’équipe, la défense bien sûr, et même le classement de l’équipe.
Le dernier gros match d’Edwin Jackson aux Guangdong Southern Tigers, ici face à Jimmer Fredette
Est-ce que vous pensiez que votre fils pouvait atteindre son niveau actuel ?
Personnellement non, mais je fais peut-être partie de ces anciens parents qui ont joué en Pro A ou à un bon niveau qui ne voyaient pas leur gamin meilleur que ce qu’il n’était, même si j’étais souvent derrière lui. J’ai du mal à situer le déclic, le moment qui l’a fait basculer entre le bon basketteur qu’il était jusque là puis le meilleur marqueur de Pro A puis en Espagne. Il a pris une autre dimension, et j’ai l’impression qu’il n’y a pas de limites dans ce qu’il peut accomplir.
Est ce que vous avez un avis sur le phénomène LaVar Ball, papa omniprésent pour ses fils ?
Comme je l’ai dit avant, ce ne sont pas les parents ou les gens derrière qui doivent faire la carrière d’un joueur. De ce que je lis, je trouve ça dommage, j’ai l’impression que le sport est devenu un spectacle plus que tout autre chose. Je ne veux pas vraiment donner davantage mon point de vue sur la question.
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C’est ensuite au Racing Paris que sa carrière prendra une nouvelle dimension, en 1ère division française. Skeeter Jackson y restera trois ans avec en point culminant la saison 1987-1988 où il cumulera à 16,7 points et 7,7 rebonds en moyenne par match, et sera sélectionné pour le All Star Game. Naturalisé français, il portera aussi le maillot de l’Equipe de France à 41 reprises, participant au championnat d’Europe 1989 en Yougoslavie (les Bleus termineront 6e). Son aventure se poursuivra à Pau-Orthez (1988-1990), puis Lyon (1990-1994) et Besançon (1994-1997), permettant au Jet et au BBCD de passer de la Pro B à la Pro A.
Revenu à Lyon pour terminera sa carrière en Nationale 2 (1997-1998) avant d’en entamer une autre de formateur à l’Asvel jusqu’à l’été dernier, Skeeter Jackson, aujourd’hui à la recherche d’un nouveau projet autour d’un club ou d’un centre de formation dans la région lyonnaise, avait placé la barre à un haut niveau. Mais son fils Edwin, 28 ans, a déjà réussi à dépasser le paternel, comme en témoignent ses 48 sélections en Bleu où son palmarès déjà bien fourni, à titre personnel (meilleur marqueur de N1 en 2007, de Pro A en 2014 ou de la Liga ACB en 2017) ou collectif (Vainqueur de la Coupe de France en 2008, médaillé de bronze avec l’Equipe de France à la Coupe du Monde 2014).
Dans le cadre de la série d’entretiens, « papa de basketteur », BasketEurope a logiquement réservé une place toute particulière à Skeeter Jackson (entretien réalisé à l’issue de la pige d’Edwin en Chine).
Skeeter Jackson, pouvez-vous rappeler dans quel contexte s’est déroulé la naissance de votre fils Edwin ?
Edwin est né le 18 septembre 1989 à Pau. J’étais encore joueur professionnel, j’entrais dans ma deuxième année avec Pau-Orthez. Je garde de beaux souvenirs de cette époque et sportivement aussi, j’étais toujours l’un des joueurs majeurs de l’équipe. C’était de belles années.
Quand avez-vous commencé à jouer au basket avec lui ?
Je dirais… à partir du moment où il a commencé à marcher ! Quand j’allais à la salle pour participer aux entraînements ou même pour shooter tout seul, il était toujours là. On avait un panier à la maison, on jouait beaucoup dehors, on travaillait déjà le maniement du ballon…
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