Ludovic Vaty a été un joueur reconnu du championnat de France, international à 9 reprises. Mais, en 2013, alors qu’il n’a que 24 ans, le ciel lui tombe sur la tête : lui est détectée une maladie cardiaque qui l’oblige à arrêter sa carrière professionnelle. Presque dix ans plus tard, le natif des Abymes, en Guadeloupe, continue à jouer au basket en NM3 avec le TOAC (Toulouse), pour son plus grand plaisir.
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Le 4 avril dernier, le TOAC (Toulouse Olympique Aérospatiale Club) recevait dans sa salle Dewoitine les Côteaux du Luy pour un match à domicile de sa poule de Nationale 3. Une occasion pour le club de fêter son accession à la Nationale 2 et la place décrochée en finale du Trophée Coupe de France.
Deux très belles performances dûes à un effectif comprenant six anciens joueurs du TBC (l’autre club de Toulouse, aujourd’hui en NM1) ayant contribué par deux fois à obtenir l’accession en NM1 d’un club alors en NM2 (accession refusée une fois pour motifs financiers), dont un Pascal Tajan qui a tourné à 10,8 points en NM1.
Plus encore, le TOAC bénéficie cette saison des services de Ludovic Vaty (2,06 m, 33 ans), pivot guadeloupéen qui s’est illustré au plus haut niveau français il y a dix ans, entre Pau-Orthez, Orléans et Gravelines-Dunkerque, obtenant 9 sélections avec l’équipe de France.
Mais, en 2013, alors qu’il était au début d’une grande carrière, le joueur des Abymes a dû interrompre sa carrière professionnelle suite à une cardiomyopathie dilatée, une maladie cardiaque qui fait que le cœur peut se boucher en cas d’effort trop violent. Après une saison sans jouer, Ludovic Vaty a repris le basket en NM2, à l’Élan Pau Nord-Est, avant de passer trois années en NM1 avec Tarbes-Lourdes puis Bordeaux et de redescendre en NM3 aux Côteaux de Luy avant de rejoindre cette année le TOAC.
Face à ses anciens coéquipiers des Côteaux de Luy, Ludovic Vaty a largement contribué au succès des siens (78-62), inscrivant 19 points. Sur le parquet, l’ancien international a été sujet à de systématiques prises à deux (voire à trois !) sous le panier, n’étant pas vraiment ménagé par ses adversaires. Ce qui ne l’a pas empêché de faire admirer sa technique et sa vision du jeu. Obligé de suivre un protocole strict pour ne pas prendre de risque avec son cœur, Ludovic n’a joué que par tranches de 4-5 minutes, tout en ne forçant pas souvent sur les courses. La domination toulousaine était telle qu’il n’y avait pas besoin pour lui d’en faire plus, d’autant que son remplaçant au poste de pivot est Élie Fedensieu, un ancien international U16 passé par le centre de formation de l’Asvel.
Décontracté, souriant, Ludovic Vaty nous a accordé une interview d’après-match où il nous explique son quotidien et ses projets.
Tout d’abord, comment allez-vous ?
Ça va très bien, je revis ! Dans le sens où je fais quelque chose que j’aime, le basket, et que je prends du plaisir.
Physiquement, vous n’avez plus de problème, donc ?
Si, le problème est toujours là, mais on est vigilants là-dessus, avec le corps médical. Je connais mes limites, je ne vais pas au-dessus. Ce qui fait qu’il n’y a aucun souci. Du fait de ma cardiomyopathie dilatée, la partie gauche de mon cœur bat moins vite que la droite, ce qui peut faire que le cœur se bouche. Je ne peux donc faire d’effort trop intense. Mais dans la vie de tous les jours, cela ne me pose pas de problème. C’est juste à surveiller. Je fais des examens tous les ans pour voir si ça va ou pas.
On a vu que vous sortiez souvent au bout de 4-5 minutes. En outre, le niveau n’est pas le même qu’en première division ?
Oui, c’est ça. C’est pas le même niveau, ni la même intensité physique. Donc, je m’adapte, et ça se passe très bien.
On a l’impression que vous si mettiez la même intensité qu’en première division, les joueurs en face se retrouveraient souvent sur les fesses ?
C’est exactement ça, donc je m’adapte à mes adversaires pour pouvoir dominer un peu mais pas trop. Après, c’est un peu délicat, surtout que les arbitres ne sifflent pas forcément les fautes sur moi.
On a vu qu’il y avait effectivement pas mal de prises à deux sur vous, que ça jouait physique en face ?
(sourire) Je m’y adapte, difficilement, mais c’est comme ça tous les week-ends alors je fais avec.
« Les joueurs adverses essayent de compenser comme ils le peuvent, de mettre des coups, de me déstabiliser. C’est le jeu. »
Entre vos adversaires et vous, il y a une différence de physique, de taille, de technique aussi ?
Oui, il y a un peu de tout ça, donc les joueurs adverses essayent de compenser comme ils le peuvent, de mettre des coups, de me déstabiliser. C’est le jeu. Même si des fois je m’énerve un peu, je sais que c’est le jeu.
Mais ce n’est pas la même intensité qu’en première division ?
Non, bien sûr. Mais pour ma part, c’est vraiment du plaisir. Je ne cherche pas la performance, mais surtout le plaisir de jouer au basket.
Pour vous, quelle est la principale différence entre Pro A et NM3 ?
La Pro A, c’est plus structuré au niveau du jeu. En NM3, ça court un peu partout, c’est plus fou fou, alors qu’en Pro A, il y a des schémas de jeu et c’est rare qu’on en sorte. En outre, les joueurs ne sont pas les mêmes et l’expérience est différente. Il y a des choses qu’on peut se permettre en NM2 ou NM3 qu’on peut pas faire en pro, sinon on se fait punir de suite par le coach.
Une grande différence aussi, c’est la vision du jeu ?
C’est vrai que des fois, je vois trop de choses et ça me perturbe (rires). Du coup, j’hésite, parfois.
Il y a une certaine osmose entre les joueurs de l’équipe, dont une bonne partie se connaît depuis longtemps. Vous le ressentez ?
Évidemment. En vrai, on est une bande de potes et c’est vraiment agréable. C’est ça qui nous permet d’avancer comme on a avancé cette année, tout le monde se connaît, il n’y a pas de personne à l’écart, c’est un bon groupe, ça aide. Ce sont des joueurs intelligents, qui ont de l’expérience. Et les jeunes progressent énormément, prennent de l’expérience. Ca me fait très plaisir. Au début de l’année, je voyais comment les jeunes jouaient, et à force, j’essaye de les conseiller, et leur jeu a changé, ça nous permet de gagner des matchs.
« Notre force, c’est que le danger peut venir de partout »
Tout le monde doit vous demander des conseils ?
Pas tant que ça. Moi, j’ose plus dans le jeu, pour dire à un joueur « là tu aurais dû faire la passe », etc. Et la fois suivante, il la fait, le jeu devient beaucoup plus fluide. Notre force, c’est que le danger peut venir de partout, mais c’est aussi parfois notre défaut, le joueur qui veut faire la passe de plus. Depuis quelques semaines, les joueurs ont pris confiance en eux, et on déroule. Depuis le match contre le HTV, fin février (NDLR : match de Trophée Coupe de France contre le Hyères-Toulon coaché par Laurent Sciarra, qui évolue en NM2), nous avons vraiment pris confiance dans notre jeu, ce qui fait que même si on se fait remonter ou mener, on ne panique pas, on remet un peu les gaz et puis voilà.
On voit tout le monde sourire sur le terrain, vous le ressentez aussi ?
C’est ça notre équipe. On est 10 joueurs qui peuvent jouer. De temps en temps, il y en a un ou deux qui vont moins jouer, mais le week-end d’après, ce sera eux qui feront la différence, qui joueront un peu plus. Les joueurs sont assez intelligents pour comprendre ça.
Vous avez toujours votre entreprise de réparation de portables à Pau ?
Je l’ai toujours, mais sur Toulouse. Après, je l’ai mise « un peu de côté », je garde mes clients de Pau qui m’envoient leur téléphone. Sur Toulouse, il y a pas mal de monde qui fait ce genre d’activité, donc il faut que je me fasse connaître, ça prend du temps, j’y vais petit à petit.
Vous comptez rester sur Toulouse ?
Je suis un peu fatigué de bouger partout. Donc, le but est de m’installer quelque part. En outre, je sais que le basket, ça n’a qu’un temps. Déjà, j’ai la chance de pouvoir jouer. Pour l’entreprise, faut voir comment ça va évoluer ou pas. Et sinon partir sur autre chose.
« Tout le monde me dit « tu dois te faire chier à ce niveau ? », mais non ! Je prends du plaisir et, déjà, j’ai la chance de pouvoir jouer. »
Vous allez donc continuer avec le TOAC ?
On doit en discuter mais normalement, oui. À la base, ma venue sur Toulouse, c’était sur un plan personnel puisque j’ai mes deux garçons qui sont ici depuis deux ans, je voulais me rapprocher d’eux. Et je n’avais plus rien qui me rattachait à Pau si ce n’est ma boîte. Et c’était aussi l’occasion de sortir de ma zone de confort, parce que j’ai vécu pas mal d’années à Pau. Le TOAC ayant su que je voulais me rapprocher de Toulouse, ils m’ont contacté. Déjà, deux ans avant, ils m’avaient appelé et ça devait se faire mais j’ai déménagé, quand je jouais à Bordeaux. Après, je suis revenu sur Pau, car c’était un peu compliqué à Bordeaux. Niveau basket, ça allait, mais au niveau des dirigeants, ça ne se passait pas bien. Moi, je n’étais pas là pour me prendre la tête, donc j’ai préféré retourner chez moi. Je n’ai plus rien à prouver. Pour moi, le basket, ça doit être du plaisir. Et je prends toujours du plaisir ! Tout le monde me dit « tu dois te faire chier à ce niveau ? », mais non ! Je prends du plaisir et, déjà, j’ai la chance de pouvoir jouer. Quel que soit le niveau, je m’adapte, je suis quelqu’un qui s’adapte facilement. J’ai beaucoup bataillé avec le corps médical pour pouvoir rejouer parce que les premiers médecins que j’ai vu étaient plutôt peureux. Depuis, on m’a dit « tant que vous respectez le protocole, il n’y a pas de problème ».
Vous bénéficiez d’entraînements adaptés ?
Au tout début, le corps médical m’a dit « pas plus de trois entraînements par semaine plus le match ». Ici, c’est ce qu’on fait, donc ça va. Après, ça peut s’adapter, il peut y avoir plus d’entraînements mais ça ne va pas être intensif, ça sera juste du shoot, de la muscu, etc.
La vie toulousaine vous convient ?
Oui, très bien. Et Toulouse, c’est pas mal comme ville. Je ne connaissais pas du tout mais c’est intéressant.
Photos : Sébastien Clavaud
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Le 4 avril dernier, le TOAC (Toulouse Olympique Aérospatiale Club) recevait dans sa salle Dewoitine les Côteaux du Luy pour son dernier match à domicile de sa poule de Nationale 3. Une occasion pour le club de fêter son accession à la Nationale 2 et la place décrochée en finale du Trophée Coupe de France.
Deux très belles performances dûes à un effectif comprenant six anciens joueurs du TBC (l’autre club de Toulouse, aujourd’hui en NM1) ayant contribué par deux fois à obtenir l’accession en NM1 d’un club alors en NM2 (accession refusée une fois pour motifs financiers), dont un Pascal Tajan qui a tourné à 10,8 points en NM1.
Plus encore, le TOAC bénéficie cette saison des services de Ludovic Vaty (2,06 m, 33 ans), pivot guadeloupéen qui s’est illustré au plus haut niveau français il y a dix ans, entre Pau-Orthez, Orléans et Gravelines-Dunkerque, obtenant 9 sélections avec l’équipe de France.
Mais, en 2013, alors qu’il était au début d’une grande carrière, le joueur des Abymes a dû interrompre sa carrière professionnelle suite à une cardiomyopathie dilatée, une maladie cardiaque qui fait que le cœur peut se boucher en cas d’effort trop violent. Après une saison sans jouer,
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