Début 2022, Axel Toupane a fait son retour sur les parquets français. Médaillé de bronze avec les Bleus à la Coupe du monde en 2019 et champion NBA en 2021, il est à 30 ans un des joueurs majeurs d’un Paris Basketball européen. Mais ce n’est pas tout pour « Toups » ! Fort de son expérience américaine, il a développé son sens de l’entrepreneuriat qu’il met à profit au quotidien avec son programme « Les Prochains Leaders ».
Jusqu’à Noël, Basket Europe décerne ses trophées de la saison, avec des interviews et portraits de plusieurs personnalités de l’année 2022. Voici le trophée de « l’entrepreneur de l’année » pour Axel Toupane (Paris Basketball). Pour découvrir l’intégralité de nos trophées, mais aussi de nombreuses nouveautés en 2023, abonnez-vous.
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On connaît le joueur, mais il y aussi Axel Toupane l’entrepreneur et votre projet Les Prochains Leaders. Pouvez-vous nous parler de ce programme lancé il y a peu pour les jeunes ?
« Les Prochains Leaders est un programme d’empowerment à travers l’entrepreneuriat et le sport. Cela fait un peu plus de deux ans qu’il existe. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles j’ai lancé mon projet. Quand j’ai eu la chance de me lancer dans l’entrepreneuriat, j’ai rencontré un tas de personnes aux personnalités et parcours enrichissants, qui m’ont poussé à m’investir dans l’entrepreneuriat. J’ai voulu endosser ce même rôle avec les jeunes pour qu’ils soient prêts rapidement à affronter le monde actif, réaliser leurs projets. Si on m’avait donné ces conseils lorsque j’avais 16-18 ans, j’aurais gagné énormément de temps. Ce projet a démarré à l’aube de la crise sanitaire et des confinements. Une période qui a fait se décupler les problèmes de justice sociale. Donc mon programme a aussi pour objectif de combattre le racisme, de challenger la place de la femme dans la société et de manière générale toutes les inégalités existantes. »
Quelles sont les caractéristiques de ce programme ?
« J’ai emmené mes premières promotions, 100% féminine, dans l’écosystème entrepreneurial, je leur fais rencontrer des sportifs, des fondateurs de start-up, des médias. Au travers de ces rencontres, ces filles viennent développer un projet d’entrepreneuriat social qu’elles viennent pitcher en fin de processus devant un jury d’entrepreneurs. On fera cela au mois de janvier 2023. Ce programme dure sur une année, nous avons lancé nos deux premières promotions composées de quatre jeunes femmes de 17 à 21 ans pour chacune d’elles. On repart sur une autre période de recrutement où elles seront entre six et huit au sein de la promotion. »
Au sein de ce projet, quel est votre place et votre rôle avec vos promotions ?
« C’est clairement mon projet, je ne pourrais pas dire combien de temps cela me prend à côté du basketball. Je fais beaucoup de choses seul mais j’ai la chance d’être entouré pour les tâches dans la communication, le marketing et le social media. Sinon, je suis le gérant de l’organisation et de suivi régulier avec les filles. »
À quand remonte le moment où vous vous êtes dit « il faut que je prépare mon après-carrière » ?
« Depuis que je suis passé aux Etats-Unis, en 2016. J’ai vu pour la première fois qu’il y avait un vrai business, de vrais opportunités autour du basketball et, de manière générale, autour des sportifs. J’ai eu un sacré déclic car je n’avais jamais envisagé auparavant un projet entrepreneurial. Je n’étais focus que sur le basketball. Je découvrais un tout autre monde. À l’époque où j’étais au Toronto Raptors, j’en parlais beaucoup avec Bismack Biyombo qui avait déjà son association au Congo. Après, tu regardes tes coéquipiers, les mêmes dans d’autres équipes, tu essaies de comprendre les mécanismes et de fil en aiguille tu te lances aussi. »
Cette envie d’entreprenariat a-t-elle influencé votre choix de venir jouer à Paris ?
« Ça a compté, mais ce n’était pas la raison principale. J’étais avant tout séduit par le projet sportif. Revenir à Paris, c’était aussi l’occasion de se rapprocher de la maison, avec mes proches, ce n’est pas négligeable. Le côté business, c’était la cerise sur le gâteau ! »
« Avec Will Weaver, il y a eu besoin d’un peu de temps d’adaptation pour installer une marque forte. On va pouvoir faire mieux et être dans la course aux playoffs. »
Passons au terrain. Cette saison, le jeune Paris Basketball évolue dans deux compétitions. Comment se passe la découverte de la scène européenne ?
« Plutôt bien, on est dans les premiers de notre groupe. On répond présent, on a été à la hauteur sur des matches difficiles à l’extérieur donc c’est de bon augure pour la suite de la compétition. Une découverte très positive. »
Vous aviez déjà connu l’Eurocup, l’Euroleague, la NBA évidemment. Quel est votre rôle avec les joueurs au fort potentiel qui composent ce groupe ?
« On a la chance d’avoir des jeunes qui ont déjà beaucoup d’expériences derrière eux, avec plusieurs saisons en professionnel. J’essaie toujours d’être de bons conseils, ils font du bon boulot donc il n’y a pas besoin d’être sur leur dos 24h sur 24, de les noyer d’informations, d’anecdotes … »
Cette saison, vous avez connu l’arrivée d’un nouveau coach. Comment se déroule votre relation avec Will Weaver ?
« C’est quelqu’un de très intelligent, qui a déjà une expérience à l’international avec l’Australie. Il a fait des coupes du monde, il connait le jeu européen, international. Je ne le considère pas comme un coach rookie grâce à toute son expérience. Je ne le connaissais pas lorsqu’il est passé en NBA mais on s’était déjà croisé lors de la coupe du monde 2019. »
Son système de jeu basé sur de la défense forte et du jeu rapide vous convient-il ?
« Il me va bien mais surtout elle convient à toute l’équipe. On a une équipe plutôt jeune, athlétique et fougueuse. Avoir plus de possessions, pouvoir courir et maximiser notre côté athlétique c’est top. Par le passé, je n’ai pas souvent eu ce style de système mais c’est quelque chose que 90% des joueurs aiment de toute manière. »
C’est aussi une philosophie qui demande une phase d’apprentissage pour que cela paye. Le groupe l’a bien assimilé après ce premier tiers de saison ?
« Comme tout système, il y a besoin d’un peu de temps d’adaptation pour installer une marque forte. On n’a pas eu de chances au début avec les problèmes d’officialisation de papiers de l’entraîneur qui ne pouvait pas nous coacher. On est dans les temps et c’est encourageant pour la suite de la saison.
Les recrues se sont bien adaptées au jeu européen et au championnat de France, ce qui n’est pas facile dès le départ. J’espère que tous ensemble, on va pouvoir faire mieux et être dans la course aux playoffs. »
« Le titre avec les Bucks étaient une expérience incroyable. Grandiose, à l’américaine. Le simple fait d’aller en NBA était une victoire. »
Pouvez-vous revenir avec nous sur le titre NBA de 2021 avec les Milwaukee Bucks ?
« C’était assez fou. Cela faisait plusieurs années que les Bucks dominaient la saison régulière sans passer le cap en playoffs. Cette année-là, ils font une régulière moins bonne mais réalisent des playoffs formidables, surtout lors de la confrontation en demi-finales de conférence contre les Nets. Nous étions menés de deux matches, on avait beaucoup de mal à les accrocher. Mais à l’image de cette équipe, de son leader Giannis Antetokounmpo, nous avons fait preuve de beaucoup de résilience, sans rien lâcher et cela jusqu’au bout des Finales et d’un match 6 très serré contre les Suns. Une expérience incroyable.
L’organisation de la NBA lors d’un titre m’a aussi énormément surpris, tout est calculé. Les familles sont invitées, les tee-shirts de champions sont déjà prêts, les casquettes aussi, les bâches déjà installées quand tu arrives dans le vestiaires, les cigares… Tout est fait pour que cela pète ! Grandiose, à l’américaine … »
Lors de ces playoffs 2021, cela aurait pu passer à très peu de chose d’une élimination puis d’une défaite lors des Finales. Qu’est ce qu’il se passe dans le groupe pour aller au bout ?
« Oui c’est clair, mais tout est très intense, tu joues quasiment tous les deux jours. Tu perds deux matches, tu dois vite te remettre en question… En finale de conférence, il y a la blessure de Giannis, tu ne sais pas s’il va revenir et de quelle manière. C’est la beauté des playoffs et la finale est encore plus belle. Ça faisait 50 ans que Milwaukee n’avait pas remporté de titre, les fans étaient fous ! »
Votre expérience américaine est aussi faite de plusieurs passages en G-League, notamment à Toronto et à San Francisco. Quel regard portez-vous sur une ligue assez critiquée par beaucoup de fans de basketball ?
« C’est un championnat encore méconnu et qui n’avait pas une bonne image par le passé. Depuis maintenant une bonne dizaine d’années, lorsque les franchises NBA ont racheté les équipes de G-League, le niveau est bien supérieur. C’est l’antichambre de la NBA, il y a beaucoup de talents. Les rookies sont envoyés en G-League pour évoluer, les joueurs en conavelsence sont aussi susceptibles d’y aller pour se remettre en condition. J’ai pu m’entraîner deux-trois semaines avec Klay Thompson lors de ma dernière expérience avec les Santa Cruz Warriors. C’est un vrai outil pour la NBA.
Le niveau collectif est assez critiqué, à raison, mais en même temps ce n’est pas le même fonctionnement qu’en Europe. Il y a moins de pression, moins de temps pour se préparer en équipe. »
Puis après cette aventure outre-atlantique, il y a ce choix de revenir en Europe. Une habitude chez de plus en plus de joueurs ces derniers temps ?
« Personnellement, je trouve cela assez logique même si je considère que tous les parcours de carrière sont différents. Quand ça bloque aux USA, revenir en Europe est l’étape d’après. Dans mon cas, je n’ai pas été drafté par la NBA. Le simple fait d’y aller était une victoire. Donc revenir en Europe était assez logique pour moi. Puis il n’y a pas que ces deux continents, il y a d’autres championnats dans le monde qui se développent, qui donnent envie d’être découverts. Aujourd’hui, il ne faut pas taper sur des mecs qui reviennent en Europe après la NBA ! La NBA ce n’est que 450 places. Il y a beaucoup de joueurs qui ont la capacité technique et physique d’y jouer mais il n’y a pas assez de chaises pour tout le monde. Les mecs qui perdent leur place dans la ligue, ça ne signifie pas qu’ils sont des peintres, qu’ils ne savent plus jouer au basket. C’est là où tu te rends compte ce qu’ont réalisé des garçons comme Tony Parker, Boris Diaw ou Nicolas Batum, de réussir avec la longévité. Il faut revoir notre jugement à ce niveau-là. »
C’est un avis que vous partagez à vos coéquipiers draftés, Ismael Kamagate et Juhann Begarin ?
« Il n’y a que le grand public qui pense que c’est facile de jouer en NBA. Juhann Begarin et Ismael Kamagate ont la chance d’avoir été drafté par des franchises intelligentes. Pour eux, continuer à faire leur gamme en Europe est une bonne chose. Ils auront leur opportunité très bientôt. »
À leurs côtés, vous avez fait votre retour en Equipe de France en novembre dernier, encore une belle expérience pour vous qui peut initier une sélection au prochain mondial en 2023 ?
« Oui, c’était très bonne fenêtre à tous les niveaux. Les résultats comme l’ambiance globale dans ce jeune groupe. On a bien représenté l’équipe de France. Simple, efficace, on s’est qualifié et on a fait le travail. J’espère y retourner en février et aussi pour la Coupe du monde, porter le maillot de l’équipe de France reste toujours un objectif. Mais la France a beaucoup de bons joueurs, on verra bien à l’avenir. «
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On connaît le joueur, mais il y aussi Axel Toupane l’entrepreneur et votre projet Les Prochains Leaders. Pouvez-vous nous parler de ce programme lancé il y a peu pour les jeunes ?
« Les Prochains Leaders est un programme d’empowerment à travers l’entrepreneuriat et le sport. Cela fait un peu plus de deux ans qu’il existe. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles j’ai lancé mon projet. Quand j’ai eu la chance de me lancer dans l’entrepreneuriat, j’ai rencontré un tas de personnes aux personnalités et parcours enrichissants, qui m’ont poussé à m’investir dans l’entrepreneuriat. J’ai voulu endosser ce même rôle avec les jeunes pour qu’ils soient prêts rapidement à affronter le monde actif, réaliser leurs projets. Si on m’avait donné ces conseils lorsque j’avais 16-18 ans, j’aurais gagné énormément de temps. Ce projet a démarré à l’aube de la crise sanitaire et des confinements. Une période qui a fait se décupler les problèmes de justice sociale. Donc mon programme a aussi pour objectif de combattre le racisme, de challenger la place de la femme dans la société et de manière générale toutes les inégalités existantes. »
Quelles sont les caractéristiques de ce programme ?
« J’ai emmené mes premières promotions, 100% féminine, dans l’écosystème entrepreneurial, je leur fais rencontrer des sportifs, des fondateurs de start-up, des médias. Au travers de ces rencontres, ces filles viennent développer un projet d’entrepreneuriat social qu’elles viennent pitcher en fin de processus devant un jury d’entrepreneurs. On fera cela au mois de janvier 2023. Ce programme…
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Photo : Axel Toupane (Thomas Savoja)