Au lendemain de la défaite en demi-finale de l’Euroleague, Yakuba Ouattara garde un profond sentiment de frustration. Le capitaine de la Roca Team est revenu sur le revers contre l’Olympiakos, sur le match pour la troisième place contre le FC Barcelone (ce dimanche, 16h heure française) et sur les ambitions de titre de champion de France, le "principal objectif du club".
Peut-on préparer un match pour la troisième place sans penser aux playoffs de Betclic Elite ?
« Oui, c’est ce qu’on a fait aujourd’hui. Il n’y a pas de choix à faire au vu de la prestation d’hier. Pour moi, c’est important de repartir d’ici en ayant retrouvé de la confiance.
Etes-vous inquiet par rapport au risque de blessures ?
Dans ce genre de match, le piège est souvent d’éviter un faux-rythme. On essaie de ne pas trop penser aux blessures. Le risque est présent à tout moment, y compris à l’entraînement. Il faut y aller et jouer à fond, pour que les muscles soient chauds. Ça reste une troisième place, c’est quelque chose à prendre.
Quelle importance a cette troisième place pour Monaco ?
C’est une place de prestige, c’est toujours mieux de finir troisième que quatrième. Pour nous, il y a aussi une question d’honneur et de fierté dans un sens où on a mal joué hier. Notre prestation n’était vraiment pas à l’image du niveau qu’on peut produire. C’est une chance de montrer un autre visage.
« L’Olympiakos était une équipe à notre portée. On a cette sensation d’avoir donné le match. Il y a vraiment ce sentiment de regret et de frustration »
Au lendemain de la défaite, en avez-vous discuté entre vous pour extérioriser la déception ?
Juste avant l’entraînement, on a discuté ensemble pendant la vidéo pour analyser ce qui s’était passé, aussi remettre les choses dans le contexte en se disant que ce qu’on a vécu reste exceptionnel. Mais il y a vraiment ce sentiment de regret et de frustration. Même en faisant des bonnes saisons, ce n’est pas dit qu’on ait une autre opportunité de revenir au Final Four dans le futur. Au final, on aurait pu gagner, l’Olympiakos était une équipe à notre portée. On a cette sensation d’avoir donné le match.
Un peu moins à chaud, comment analysez-vous ce revers ?
Je ne le mettrais pas sur le compte de l’expérience. Expérience ou pas, on avait le niveau pour les battre. Pendant 20 minutes, on a montré qu’on jouait un beau basket et qu’on était meilleurs qu’eux. Le souci, c’est qu’on s’est arrêtés de jouer ce bon basket, on s’est mis à jouer trop individuellement, le ballon n’a plus circulé. On ne marque que deux points dans le troisième quart-temps, défensivement on encaisse des paniers… On ne revient pas de ce genre d’erreurs. Ce genre de matches-là, ils se jouent sur des détails. C’était comme un coup de massue qui nous a fait arrêter de jouer. C’était un manque de rigueur, de concentration, de dureté. On s’est fait percer sur les pick-and-roll, et l’aide de l’aide n’était pas prête. Derrière, ce sont des joueurs extraordinaires. Quand Larentzakis met un shoot avec la planche, un backdoor, deux backdoor… c’est l’image parfaite. Derrière, leur confiance était boostée.
L’année dernière, l’équipe a radicalement changé au moment des playoffs de Betclic Elite, vous avez failli être éliminés et vous retrouverez d’ailleurs le même adversaire, la SIG Strasbourg, dès mercredi en quart de finale. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Oui, on a l’expérience de l’année dernière mais je dirais qu’on n’a pas les mêmes mentalités. Les gars savent que l’objectif principal de la saison est devant. Ce qu’on a fait en Euroleague, ça reste très bien mais on a toujours cet objectif-là, de gagner le titre de champion de France. On a encore la chance de pouvoir se battre pour ça et on va se donner à fond. Le plus important reste à venir.
N’avez-vous pas peur de la démobilisation qui avait pu se produire l’an dernier ?
Non, ça ne va pas se reproduire. Si ça devait arriver, on aurait de sérieuses discussions (sourires)…
« Fabien Causeur est un joueur dont je me suis beaucoup inspiré »
Ce dimanche, on retrouvera des Français en finale, dont Fabien Causeur (Real Madrid) et Moustapha Fall (Olympiakos). Quel est votre regard sur ces deux joueurs ?
Ce sont deux super joueurs, des tops joueurs français. Fabien Causeur est un joueur dont je me suis beaucoup inspiré dans sa façon d’aborder les matches, dans son impact pour son équipe. Il peut ne pas jouer pendant plusieurs matches et, quand son coach veut l’utiliser, il est toujours performant et il arrive à aider son équipe. C’est très fort. Ca m’a beaucoup inspiré en tant que joueur, j’ai essayé de comprendre comment un joueur a autant pu répondre présent, et comment il gère sa frustration. Ce qu’il a fait l’année dernière en demi-finale, ça m’a beaucoup marqué. Personne ne s’attendait à ça, il a vraiment sonné la révolte pour son équipe et ça a été un grand leader pour Madrid.
Et Moustapha Fall ?
(Respiration) Mous, c’est notre bourreau (sourire). C’est un joueur qui a un impact juste fou pour l’Olympiakos. Hier, personne n’a pu l’arrêter... L’Olympiakos a énormément de chance de l’avoir. »
La phrase de Chus Mateo, coach du Real Madrid, avant d’affronter l’Olympiakos : « Moustapha Fall est sans aucun doute l’un des meilleurs joueurs en Europe. Son duel contre Walter Tavares demain en finale sera magnifique. »
À Kaunas.
https://www.basketeurope.com/livenews-fr/668628/moustapha-fall-olympiakos-en-finale-de-leuroleague-27-2-dans-le-troisieme-quart-je-navais-jamais-vecu-ca/
Photo : Yakuba Ouattara (AS Monaco)