À presque 45 ans, Laurent Legname a vécu en mai dernier le premier licenciement de sa carrière après une seule saison à Bourg-en-Bresse. Le nouveau consultant de Skweek, plateforme de diffusion en France de l’Euroleague, a fait son auto-critique et se projette sur son futur poste sur les bancs français ou étrangers, qu’il espère retrouver très prochainement.
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À l’intersaison 2021, Laurent Legname fait le choix de quitter Dijon, où il a brillé pendant six saisons, pour un bail de trois ans à Bourg-en-Bresse. Dans l’Ain, tout ne se passe pas comme prévu : l’entraîneur est remercié après seulement une saison et contraint de vivre une rentrée loin des parquets pour la première fois, à 45 ans. Une douloureuse expérience, vécue par nombre de coaches dans une carrière, et de laquelle il entend se nourrir à l’avenir.
En attendant de retrouver un poste, en France ou à l’étranger – si le marché européen veut bien s’ouvrir aux tacticiens français -, le Varois, revenu s’installer en Bourgogne, a monté sa société de conseil autour du management sportif. Et on l’entend tous les jeudis et vendredis soirs sur Skweek, plateforme de diffusion en France de l’Euroleague, où il analyse les matches de l’ASVEL et de Monaco. Entre temps, il s’accorde quelques visites dans les clubs comme celle mi-octobre à Boulogne-Levallois dans les coulisses de l’équipe de Vincent Collet. Dans un entretien exclusif accordé à Basket Europe, Laurent Legname fait le point sur ses nouveaux projets et aspirations futures.
Beaucoup de personnes qui sont au chômage vivent mal cette période. Est-ce votre cas ou considérez-vous que c’est inhérent à votre métier de coach ?
« Ce qui est sûr, c’est que ce n’est jamais agréable quand ça arrive. Quel que soit le corps de métier, un licenciement est toujours désagréable à supporter. Dans mon cas, c’était mon premier, à presque 45 ans. Le premier sentiment, c’est d’abord un gros sentiment d’injustice. Quand tout s’arrête du jour au lendemain sans crier gare, ça fait mal parce qu’on donne tout au quotidien pour son équipe, pour son club. Néanmoins, on sait que c’est inhérent à ce métier, ça peut arriver à un moment ou un autre. Que ce soit dans le basket, le foot, le rugby ou le hand, la majorité des coaches se trouvent confrontés à cette situation au moins une fois dans une carrière, qui est la plupart du temps assez longue. »
Qu’avez-vous appris de cette expérience ?
« C’est une remise en question, il faut faire son auto-analyse. Avec beaucoup de recul, j’ai analysé la situation dans sa globalité en essayant de cibler ce qui avait ou n’avait pas fonctionné, les erreurs que j’ai pu faire – qui ne vont pas au point de se faire virer, bien sûr -, pour essayer de progresser. On apprend de chaque situation. On apprend beaucoup sur nous-mêmes, on a apprend aussi beaucoup sur les gens de manière générale. Et peut-être qu’on en ressort avec beaucoup plus d’armes pour ne pas refaire les mêmes erreurs quand on retrouve un poste. J’ai souvent appris des victoires pendant neuf ans, je dois aussi apprendre des difficultés. Maintenant, quelques mois ont passé et je n’ai qu’une envie, c’est de retrouver un nouveau projet pour rebondir et mettre à profit cette expérience. »
Vous êtes-vous rapproché d’autres coaches qui vivent ou ont vécu cette situation ? Lesquels ? Que vous ont-ils dit ?
« J’ai eu la chance de partager cette expérience avec d’autres coaches de basket mais aussi de foot et de rugby. Quelle que soit la discipline, les discours sont semblables, à savoir que c’est inhérent au métier de coach. L’entraîneur est souvent la personne fusible. Quand ça ne va pas, c’est le coach qui trinque. Dans le basket, j’ai pu en discuter longuement avec Vincent Collet, à qui il était arrivé une situation similaire à Villeurbanne notamment. Ces échanges ont été très intéressants de part et d’autre. Dans le foot, j’ai pu discuter avec Olivier Dall’Oglio, qui avait vécu cette situation avant qu’il ne se fasse de nouveau limoger par Montpellier (NDLR : en octobre dernier). Dans le rugby, j’ai pu discuter avec des coachs de Pro D2. J’ai évidemment pu en discuter avec mon agent, mais aussi avec des amis qui ne sont pas dans le milieu du basket. Chacun m’a apporté des visions différentes dont je me suis nourri. »
Quand on est coach sans emploi, peu importe le bagage qui précède, est-ce qu’on s’imagine que l’opportunité ne viendra plus, qu’on puisse changer de branche ?
« Ça ne m’a jamais traversé l’esprit. Ça va faire 35 ans que je suis dans le milieu du basket, entre ma formation chez les jeunes, ma carrière de joueur professionnel puis mon cursus d’entraîneur, d’abord chez les jeunes puis comme assistant et coach principal… Ce n’est pas comme si je n’avais que quelques années derrière moi et que je devais tout remettre en question. Je n’ai jamais pensé à faire autre chose parce que c’est ma vie, parce que j’ai toujours fait ça et voulu faire ça. Et puis, je n’ai jamais douté de mes qualités et de mes compétences de coach. Cela dépend sûrement du caractère de chacun mais j’estime avoir la chance d’avoir un caractère et un mental assez fort, malgré mes périodes de moins bien, pour rebondir. Vous savez, un licenciement dépend de tant de choses au sein d’un environnement : d’un contexte, d’un groupe, d’un club… C’est souvent le coach qui prend la responsabilité, on est le fusible parfait. Alors, quand on prend du recul et qu’on analyse le pourquoi du comment, c’est beaucoup plus facile de ne pas douter. »
« Tous mes jeudis et vendredis sont consacrés à Skweek. Comme je veux faire les choses bien, je prépare mes rencontres comme si j’étais coach. Il y a moins de pression, je gagne quelques mois d’expérience de vie »
Certains coachs comme Mehdy Mary profitent de leur période sans contrat pour aller étudier d’autres styles de jeu, de coaching, à l’étranger. Vous l’avez notamment fait en France aux côtés de Vincent Collet à Boulogne-Levallois à la mi-octobre. Racontez-nous cette expérience, en retrait…
« Pour l’instant, nous ne sommes que début novembre, je n’ai pas encore entrepris d’aller voir ce qui se faisait à l’étranger mais ça pourrait sans doute se faire. En ce qui concerne ma semaine à Boulogne-Levallois, j’ai pu échanger avec Vincent (Collet) et son staff, notamment avec ses assistants Sacha Giffa et Jean-Paul Besson. Le club, et en particulier Vincent, m’a vraiment ouvert ses portes. On a échangé sur ce qu’on mettait en place quand on jouait l’un contre l’autre, et même si on s’est déjà affronté à de multiples reprises ces dernières années, et que l’on connait très bien la philosophie de l’autre sur le plan du basket, c’était très instructif. Il m’a par ailleurs laissé l’accès à ses vidéos. On a échangé sur le plan du basket mais aussi sur tout ce qui est gestion de groupe, notamment cette année avec Victor (Wembanyama), mais aussi le parcours de l’équipe de France vécu de l’intérieur cet été à l’EuroBasket. Vincent est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. On a des similitudes sur l’approche collective, parfois sur le côté basket aussi, sur des formes de jeu ou de la stratégie. J’ai pu assister aux entraînements, voir ce qui se passait avant, c’était une bonne expérience. »
Quel est votre regard sur Victor Wembanyama ? Comment l’avez-vous trouvé au-delà de l’aspect purement sportif ?
« Je le connaissais déjà un peu depuis un échange il y a un an. C’est évidemment quelqu’un atypique. Sa taille combinée à sa coordination et sa motricité, c’est du jamais vu. Hormis ses qualités basket que tout le monde connait, ce que j’ai énormément apprécié, c’est sa maturité, sa compréhension, son intelligence et sa connaissance basket pour quelqu’un de 18 ans. Il a déjà du répondant, et c’est très rare à cet âge-là. Certains, à 35 ans, ils n’en ont toujours pas (rires). C’est quelqu’un de bien dans sa tête, il sait où il veut aller et je pense que ce qu’il apporte sera bénéfique pour le basket français. »
Un coach vit dans l’adrénaline permanente. Que faites-vous pour « compenser » ce manque ?
« L’adrénaline, c’est ce qui manque le plus, c’est sûr. Chaque cas est différent mais, dans le mien, ça faisait 35 ans que j’étais sur les terrains entre ma carrière de joueur et de coach sans jamais avoir fait de coupure. C’est sûr que ça fait bizarre, il y a un manque énorme au niveau de la vie de groupe, du vestiaire, des joueurs. Selon les cas, cette coupure peut faire du bien, mais ce n’est pas mon cas, le seul point positif est que je peux m’occuper un peu plus de ma famille. Je reste quelqu’un qui travaille tout le temps et qui aime rester actif. Je n’allais pas me lever tous les matins à 9h, boire mon café, lire la presse et me demander ce que j’allais faire de ma journée. Alors, en attendant de retrouver un poste, j’ai créé ma société de conseils pour intervenir sur tout ce qui se rapporte au management, notamment la passerelle entre monde professionnel et monde de l’entreprise parce que c’est un univers que je connais bien depuis que je suis tout petit et que je pense qu’il y a des similarités énormes. Dans les clubs où je suis passé, on m’avait déjà sollicité pour faire des interventions et je me suis demandé si je ne pouvais pas continuer à faire ça, parce que c’est quelque chose qui me plait. J’ai plusieurs interventions de prévues dans les prochaines semaines. Et en parallèle, j’ai eu la chance d’être sollicité par David (Cozette) et Cyril Méjane pour devenir consultant sur cette nouvelle plateforme, Skweek (NDLR : qui diffuse tous les matches d’Euroleague et les équipes françaises en Euroleague féminine et Eurocup), une opportunité qui n’a été possible que parce que je n’ai pas de poste. »
Que vous apporte cette expérience de consultant ?
« C’est très enrichissant. Ça me permet de rester dans le milieu tout en faisant quelque chose de très intéressant, et je les remercie parce que ça m’aide en attendant de retrouver un nouveau projet. C’est d’autant plus intéressant que le fait d’analyser avant, à la mi-temps et après le match me permet de continuer de suivre les matches au plus près. Tous mes jeudis et vendredis sont consacrés à Skweek. Comme je veux faire les choses bien, je prépare mes rencontres comme si j’étais coach. Il y a moins de pression, je gagne quelques mois d’expérience de vie (rires). »
Quel est exactement votre rôle au sein de Skweek ?
« Skweek voulait être une vraie plateforme qualitative, avec pas uniquement de la retransmission de matches. Sur les rencontres de Monaco et de l’ASVEL en Euroleague, ils ont voulu faire un plateau, un peu dans le style d’un Canal Football Club sur Canal+ pour la Ligue 1, avec une prise d’antenne 40 minutes avant le coup d’envoi. Avec David Cozette, et Stephen Brun ou Ali Traoré selon les rencontres, on débat d’un ou de plusieurs sujets en rapport avec le match. On débriefe à la pause et surtout à la fin du match, pendant 30 minutes. On m’a demandé d’apporter mon oeil de coach : clés du match, ajustements tactiques, choix payant ou non… C’est un rôle de consultant, c’est-à-dire que je suis là pour analyser et non pour commenter. »
« À mon sens, la BCL est aujourd’hui passée devant l’Eurocup »
Quel est votre regard sur le début de saison de l’ASVEL et de Monaco ?
« Monaco est coleader après six journées (entretien réalisé en amont de la défaite à Valence). Les Monégasques développent un basket de qualité à la fois sur le plan offensif et défensif. Ils ont cette dimension athlétique que peu d’équipes ont. Pour l’instant, ils sont très bien en place, le ballon est assez bien partagé, ils alternent bien entre le jeu extérieur et intérieur tout en arrivant à laisser suffisamment de liberté à Mike James. Ses coéquipiers semblent en tout cas l’accepter, donc c’est un très bon début de saison. Quant à Villeurbanne, ils n’ont pas été épargnés par les blessures (NDLR : Lauvergne, Jackson-Cartwright), beaucoup de joueurs découvrent ce niveau-là comme Retin Obasohan, Jonah Mathews, Yves Pons, etc. Maintenant, ils sont sur une pente ascendante. Ils vont un peu mieux ces derniers temps, notamment en championnat. Le plus dur était de redresser la barre. Ce mois de novembre est très important pour eux car ils vont jouer des équipes de leur niveau en Euroleague. Ça va être déterminant pour savoir s’ils seront en mesure de se battre pour les playoffs ou pas. »
Vous avez disputé l’Eurocup la saison dernière avec la JL Bourg, dont Skweek dispose des droits de diffusion. Le niveau est-il plus faible cette saison par rapport à la saison dernière selon vous ?
« Clairement, oui. Il n’y a qu’à comparer les équipes qui composaient le groupe de Bourg l’année dernière et celui de cette saison. N’importe quelle personne objective dira la même chose que moi, tout simplement. L’année dernière, il y avait Valence et la Virtus Bologne, deux équipes qui vont certainement se battre pour les playoffs d’Euroleague cette saison, il y avait Gran Canaria avec Dylan Ennis, Andrew (Albicy) et plusieurs anciens d’Euroleague, il y avait Ljubljana qui avait un roster d’un autre calibre, avec notamment Jaka Blazic et Zoran Dragic, Buducnost avec Justin Cobbs et ses internationaux monténégrins, Ulm avec Semaj Christon, Jaron Blossomgame, Cristiano Felicio à l’intérieur, Bursaspor qui a fini par aller en finale, Venise… Le niveau général a clairement baissé cette saison, c’est une certitude. »
La BCL est-elle désormais à un niveau supérieur à l’Eurocup selon vous ?
« Comme je le dis depuis un certain temps, je pense que la BCL progresse d’année en année. Et avec l’exclusion des clubs russes, qui a propulsé les meilleures équipes d’Eurocup en Euroleague, et le départ de certaines équipes d’Eurocup vers la BCL, cela induit que la BCL est aujourd’hui passée devant l’Eurocup à mon sens. Mais ça reste deux belles compétitions bien organisées. Que ce soit l’une ou l’autre, ça reste intéressant pour un coach comme pour un joueur d’y participer. »
Si on se focalise uniquement sur le terrain, comment qualifieriez-vous le début de saison de Bourg, qui est la seule équipe encore invaincue, en Eurocup ?
« Bien, forcément bien. Ils sont à 4-0 donc ça ne peut être qu’un bon début. Gagner à Brescia et à Venise n’est pas une mince affaire, ce n’est pas facile. C’est un début idyllique, bravo à eux. »
Avez-vous des nouvelles d’Axel Julien ?
« Avec Axel, vous savez qu’il n’y a pas besoin de s’appeler. Ça va faire 12-15 ans qu’on se connait, je le connais par coeur, donc je le laisse tranquille dans son championnat, dans sa nouvelle équipe. On ne s’est pas vu depuis le mois d’août. Il sait très bien que je serai toujours là pour lui, c’est une certitude parce que ce n’est un secret pour personne : notre relation n’est pas qu’une relation basket, c’est avant tout une relation humaine. Je ne veux pas l’embêter, être derrière lui. Il a sa vie, il vient d’être papa, il a plus de 30 ans, c’est un grand garçon (sourires). »
« Soyons clairs : les general manager (étrangers) ont une mauvaise image des coachs français »
Depuis votre licenciement, avez-vous déjà refusé des offres ?
« J’en ai refusé une fin mai. Je venais tout juste de me faire virer, je ne voulais pas me précipiter et c’était encore trop flou dans mon esprit. Que ce soit en France ou à l’étranger, je suis pour le moment dans l’attente. C’est encore tôt dans la saison, et encore plus tôt à l’étranger puisque certains championnats ont commencé plusieurs semaines après la Betclic Elite cette année. Pour être honnête, je n’ai pas eu d’offres dernièrement. Mais je reste ouvert à toute expérience et proposition. Je croise les doigts. »
Comment se passe cette période avec ses agents, est-ce différent que pour les joueurs, qui attendent les offres ?
« Dans mon cas personnel, je me suis fait virer fin mai. Pour les coachs, c’est déjà très tard sur le marché, qui s’ouvre généralement avant celui des joueurs. C’était un mauvais timing. D’autant plus que cet été, il y a eu très peu de mouvement chez les coachs en France. Et à l’étranger, je me suis aperçu que ce n’était pas si simple que ça d’y aller, et pour plusieurs raisons que j’ai découvert surtout cet été, notamment après avoir discuté avec beaucoup de personnes – GM, scouts turcs, israéliens, espagnols – à la NBA Summer League à laquelle j’ai participé à Las Vegas. Donc, on est en quelque sorte dans l’attente d’un coup de téléphone et qu’il apporte une bonne nouvelle. Mais avec avec mon agent (NDLR : Bouna Ndiaye, Comsport), on ne parle pas que des offres, on parle du marché, de mes erreurs, de ma façon de rebondir, de faire mon auto-analyse. Ces échanges sont importants pour à la fois rester à l’affut et montrer qu’on est toujours motivé pour faire ce métier. »
Quels sont ces freins que vous évoquiez quand on est coach français et qu’on voudrait s’exporter à l’étranger ?
« (Longue respiration) Soyons clairs : les general manager ont une mauvaise image des coachs français, en général. Premièrement, il n’y a pas de recul : aucun coach français ne s’est exporté jusqu’à présent, ou du moins a réussi, mis à part des cas isolés comme Greg Beugnot il y a longtemps (NDLR : de 2001 à 2003 à Varèse). Deuxièmement, les GM considèrent le championnat de France comme un championnat atypique, à savoir que les qualités physiques et athlétiques sont privilégiées, où ça court beaucoup, et où la stratégie et la rigueur sont mises de côté. L’idée reçue est que le coach français est faible tactiquement. Troisièmement, ils considèrent que les coaches français manquent de poigne, n’ont pas d’autorité sur leur groupe, c’est-à-dire que ce sont les joueurs qui dirigent. Dernièrement, il faut savoir que deux tiers des propriétaires et des présidents, notamment en Espagne, veulent un coach autochtone, ce qui me semble normal. Donc si un GM étranger prend le risque de choisir un coach étranger, en l’occurence français, et que ça ne marche pas en ayant connaissance des points cités précédemment, alors le coach se fait virer mais le GM aussi ! Alors qu’en France, c’est un cas de figure rare, c’est surtout l’entraîneur qui trinque. Par rapport à ces éléments mis bout à bout, c’est dur de s’exporter. Cela dit, ces GM connaissent tout, ils ont une grande connaissance. »
Qu’avez-vous à répondre aux personnes qui tiendraient ce discours à l’avenir ?
« Je garderai pour moi ce qu’on m’a dit sur mon cas personnel. Mais, de manière générale, et en regardant beaucoup de championnats étrangers, notamment d’Euroleague, je reste persuadé que, nous les coachs français, nous n’avons rien à envier aux coaches étrangers, c’est une certitude. On n’est sûrement pas moins forts ni plus forts que les autres. Mettons en avant les qualités de nos coaches français, parce qu’il y a de la qualité, et cela n’est pas toujours mis en avant. »
Prendre en mains l’équipe de France, c’est quelque chose qui vous tenterait à l’avenir ?
« Oui, bien sûr que j’ai cette ambition. On m’avait déjà posé cette question lorsque j’étais encore en poste, il n’y a pas plus tard que six mois quand j’étais à Bourg-en-Bresse, quand on avait remporté la Leaders Cup ou quand on avait atteint la finale du championnat de France avec Dijon. Et je répondrai la même chose aujourd’hui. Ce n’est pas parce qu’il m’est arrivé ce qu’il m’est arrivé qu’il faut revoir ses ambitions à la baisse ou douter. Je ne déroge pas à ce que je vous avais dit il y a un an, après sept saisons sur huit exceptionnelles en termes de résultats : je ne suis pas devenu ni meilleur ni moins bon parce que j’ai été viré. Au contraire, cette expérience m’a permis de prendre du recul, de faire mon auto-critique et, je l’espère, de continuer à progresser pour à la fois aider mon prochain club et bien sûr, pourquoi pas, prendre en mains les Bleus si l’occasion se présente. L’équipe de France, c’est le très très haut niveau. Si ça se fait, j’en serai le plus heureux. Si ça ne se fait pas, ça sera la vie et il faudra l’accepter aussi. »
* La semaine prochaine, retrouvez notre dossier sur les coaches sans emploi.
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À l’intersaison 2021, Laurent Legname fait le choix de quitter Dijon, où il a brillé pendant six saisons, pour un bail de trois ans à Bourg-en-Bresse. Dans l’Ain, tout ne se passe pas comme prévu : l’entraîneur est remercié après seulement une saison et contraint de vivre une rentrée loin des parquets pour la première fois, à 45 ans. Une douloureuse expérience, vécue par nombre de coaches dans une carrière, et de laquelle il entend se nourrir à l’avenir.
En attendant de retrouver un poste, en France ou à l’étranger – si le marché européen veut bien s’ouvrir aux tacticiens français -, le Varois, revenu s’installer en Bourgogne, a monté sa société de conseil autour du management sportif. Et on l’entend tous les jeudis et vendredis soirs sur Skweek, plateforme de diffusion en France de l’Euroleague, où il analyse les matches de l’ASVEL et de Monaco. Entre temps, il s’accorde quelques visites dans les clubs comme celle mi-octobre à Boulogne-Levallois dans les coulisses de l’équipe de Vincent Collet. Dans un entretien exclusif accordé à Basket Europe, Laurent Legname fait le point sur ses nouveaux projets et aspirations futures.
Beaucoup de personnes qui sont au chômage vivent mal cette période. Est-ce votre cas ou considérez-vous que c’est inhérent à votre métier de coach ?
« Ce qui est sûr, c’est que ce n’est jamais agréable quand ça arrive. Quel que soit le corps de métier, un licenciement est toujours désagréable à supporter. Dans mon cas, c’était mon premier, à presque 45 ans. Le premier sentiment, c’est d’abord un gros sentiment d’injustice. Quand tout s’arrête du jour au lendemain sans crier gare, ça fait mal parce qu’on…
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Photos : Laurent Legname (Jacques Cormarèche)