Avec son petit budget, Le Portel doit saison après saison reconstruire. Avec un effectif renouvelé à 80 % et recruté principalement en Pro B, le club du Pas-de-Calais risque d’encore souffrir pour conserver sa place en Betclic Élite.
Année après année, Le Portel se bat, résiste et se maintient en première division malgré des moyens limités (17e budget et 16e masse salariale en 2022-23). Et ce même si le club stelliste vacille en coulisses avec un précédent exercice bouclé avec un déficit estimé à environ 600 000 euros. Il n'a pu repartir en Betclic Élite que grâce à une aide exceptionnelle des collectivités, ce qui ne pourra pas être le cas chaque saison. Autant dire que l’ESSM réussit des miracles avec des bouts de ficelle, pour exagérer un peu.
Et l’exercice écoulé tient réellement du miracle : après 11 journées, l’équipe avait enregistré 9 défaites, dont 6 pour débuter la saison ! Mais Éric Girard et ses hommes ont su redresser la barre, terminant par 6 victoires sur les 10 derniers matches, pour un maintien finalement aisé, avec un bilan global de 15 victoires pour 19 défaites et une 12e place finale.
La saignée puis un (bon) recrutement en Pro B
Le souci, c’est que de l’équipe qui a réussi ce finalement beau parcours, ne subsistent que l’éternel Benoît Mangin - 13e saison au club ! - et l’arrière-ailier ivoirien Charles-Noé Abouo. En plus d’Emmanuel Nzekwesi, le petit intérieur meilleure évaluation de l’équipe, qui a cédé à l’appel de Cholet, Le Portel a eu la désagréable surprise de voir son meilleur marqueur, Nadir Hifi, pourtant sous contrat jusqu’en 2024, pousser pour un départ, vers le Paris Basketball. Outre Nzekwesi – et en excluant Charles-Noé Abouo –, l’ensemble du contingent étranger est allé découvrir de nouveaux horizons, alors que les jeunes Kenny Kasiama et Yvann Mbaya vont aller gagner en expérience en Pro B.
Toujours limité dans ses moyens, l’ESSM s’est orienté vers la Pro B pour recruter ses JFL, en faisant venir trois des joueurs les plus prometteurs de la division : Digué Diawara, Ivan Février et Bastien Vautier. Quant aux étrangers, Le Portel a fait son marché dans des championnats peu cotés : Portugal, Chypre ou Pologne.
Trois descentes ? Pas de stress
Les premiers matches de préparation, disputés sans Charles-Noé Abouo, occupé par la Coupe du monde avec la Côte-d’Ivoire, ont montré que Bastien Vautier était déjà à son aise dans l’élite (12,5 points à 64 %, 6,5 rebonds), que David Diléo serait un leader offensif (22,0 points à 10/18 à trois-points), que Phlandrous Fleming s’annonce comme un très fort passeur (10,0 de moyenne sur deux matchs), que Benoît Mangin faisait du Benoît Mangin, comme d’habitude (8,0 points à 60 %, 5,5 passes). Pour Brison Gresham (7,0 rebonds mais 43 % aux tirs), Digué Diawara (5,0 points à 40 % à deux-points et 25 % à trois-points), Anthony Roberts (9,0 points à 50 % à deux-points mais 0/2 à trois-points) et Ivan Février (36 % à deux-points, 20 % à trois-points), l’adaptation reste encore à effectuer.
Éric Girard va devoir faire preuve de son habituel talent à tirer le meilleur, voire plus, de son effectif pour assurer un nouveau maintien de l’ESSM, d’autant que cette saison à trois descentes risque d’être pénible pour nombre d’équipes menacées de relégation. Il ne faudra sans doute pas démarrer la saison de la même manière que l’an dernier pour ne pas se faire peur. Et en même temps... Le Portel n'abdiquera jamais, quelle que soit la situation.
Les résultats des cinq dernières saisons
| Saison | Niveau | Bilan | Rang | Playoffs | Top scoreur | Budget | |
| 2018-19 | Jeep Élite | 10-24 | 16e | - | Darrell Williams (13,3) | 3,55 M€ | |
| 2019-20 | Jeep Élite | 4-20 | 18e | (Annulée) | D’Angelo Harrison (15,9) | 3,95 M€ | |
| 2020-21 | Jeep Élite | 13-21 | 13e | - | Mikyle McIntosh (12,1) | 3,58 M€ | |
| 2021-22 | Betclic Élite | 13-21 | 14e | - | Devin Davis (12,3) | 3,40 M€ | |
| 2022-23 | Betclic Élite | 15-19 | 12e | - | Nadir Hifi (16,8) | 3,50 M€ |
Les changements de l’intersaison
Sous contrat : Benoit Mangin (2024), Charles-Noé Abouo (2024), Cameron Valcy (premier contrat pro), Éric Girard (coach, 2024)
Arrivées : Ivan Février (Vichy-Clermont/Pro B, 2024), Bastien Vautier (Lille/Pro B, 2025), Digue Diawara (Quimper/Pro B, 2024), Anthony Roberts (Vitoria/Portugal, 2024), Phlandrous Fleming Jr (Vitoria/Portugal, 2024), Brison Gresham (Petrolina AEK/Chypre, 2024), David Diléo (Czarni Slupsk/Pologne, 2024)
Départs : Nadir Hifi (Paris), Emmanuel Nzekwesi (Cholet), Zoran Nikolic (Igokea/ABA League), Kenny Kasiama (2025, prêté à Evreux), Ryan Mikesell (Ironi Kiryat/Israël), Yoan Granvorka (Rouen/Pro B), Yvann Mbaya (Gries-Souffel/Pro B), Ronald Curry (Sporting Lisbonne/Portugal), Terry Allen (Trévise/Italie), Rudy Demahis-Ballou
Effectif 2023-2024 : Benoit Mangin, Anthony Roberts, Phlandrous Fleming Jr, Charles-Noé Abouo, Cameron Valcy, Digue Diawara, David Diléo, Ivan Février, Brison Gresham, Bastien Vautier
Staff sportif
Coach : Éric Girard (59 ans)
Assistants : Arnaud Ricoux (54 ans), Karim Diop (44 ans)
Préparateur physique : Pierre Bourdon
Front office
Président : Yann Rivoal (59 ans)
Salle : Le Chaudron (3 533 places)
Les joueurs
Le cinq majeur
Benoît Mangin
Le taulier, « the brain ». Le parfait relais du coach sur le parquet. Adroit (44,2 % à trois-points), organisateur hors pair, le natif de Clamart voit ses statistiques quelque peu baisser - ce qui est loin d'être anormal à 35 ans -, notamment à la passe, mais il perd moins de balles. Et son impact sur l’équipe va bien au-delà des chiffres. Il a commencé au Portel en 2011, il va donc entamer sa 13e saison au club ! Inutile de dire que celui qui a son effigie à l’entrée du stade est le joueur le plus fidèle de France à son club. Double All-Star (2018-19 et 2019-20), il a également été champion d’Europe U18, en 2006.
Anthony Roberts
Après la NCAA, où il a fréquenté trois équipes en quatre ans, il a démarré sa carrière professionnelle la saison dernière au Portugal, au Vitoria. Où le combo-guard a réalisé des cartons, tournant à 22,8 points à 33,5 % à trois-points (meilleur marqueur du championnat portugais). Ne refusant jamais un shoot, il voit en conséquence son adresse fluctuer. Capable d’évoluer sur les deux postes arrières, le natif de Detroit possède de grosses qualités athlétiques. Encore en phase d’adaptation à la Betclic Élite, il bénéficiera de la présence dans l’effectif de Phlandrous Fleming, son coéquipier à Vitoria la saison dernière.
Charles-Noé Abouo
Depuis 2016, l’Ivoirien fait partie du paysage du basket français. En Pro B, il a connu Denain, Fos et Blois avant de poser ses sneakers au Portel, d’abord comme simple partenaire d’entraînement puis, rapidement, comme membre d’un effectif où il va entamer sa quatrième saison. Un joueur de l’ombre, qui ne se préoccupe pas de ses statistiques, même s’il est plutôt adroit. Très physique, il compense par son travail défensif et sa motivation permanente. Très apprécié au club pour sa capacité de travail et sa capacité à transmettre son savoir aux jeunes. L'international ivoirien, qui a remporté la médaille d’argent à l’AfroBasket 2009, sort d'une Coupe du monde intéressante malgré la 27e place des Éléphants.
David Diléo
Le natif d’Iowa City peut évoluer au poste 4 ou, son positionnement préféré, sur le poste 3, grâce à un bon physique et à une belle mobilité. Après quatre années de NCAA aux Chippewa de Central Michigan, il a démarré sa carrière professionnelle à Murcie, en Espagne. Une marche sans doute un peu trop haute pour une première. Il est ensuite passé par le PAOK Salonique grec, en s’y montrant un peu plus convaincant, avant de passer une bonne dernière saison au Czami Slusk (Pologne) en tant que joueur majeur. Presque plus adroit à trois-points qu’à deux, il est réputé pour son intelligence de jeu. Très convaincant en début de préparation (22,0 points à 10/18 à trois-points, de loin le meilleur marqueur portelois).
Bastien Vautier
En voilà un qui a montré en Pro B, avec Lille, qu’il ne devrait pas connaître trop de problèmes à s’adapter à la première division. Meilleure évaluation la saison dernière, élu dans le cinq majeur du championnat, il n’avait plus rien à prouver à cet échelon. Formé à Nancy, où il avait montré de belles prédispositions en Pro B à ses 21 ans, il a ensuite confirmé à Quimper en 2021-22 avant de tout écraser sur son passage la saison dernière. Un joueur physique, adroit de près, qui ne tire jamais à trois-points, fort rebondeur et désormais adroit aux lancers-francs. Sans compter une belle marge de progression. S’est déjà montré très à son aise sur les deux premiers matches de préparation, avec une moyenne de 16,0 d’évaluation.
Les remplaçants
Phlandrous Fleming Jr
Pour sa première saison professionnelle, « Flan », son surnom, a joué aux côtés d’Anthony Roberts au Portugal, à Vitoria. Considéré comme un arrière-ailier, sa polyvalence lui permet également de s’emparer de la mène, au besoin. Parfois avec bonheur : contre Lille, en préparation, il a distillé 12 passes. Complet, capable de prendre beaucoup de rebonds pour sa petite taille (1,92 m), il pèche en revanche au niveau de l’adresse de loin : 28,6 % à trois-points la saison passée, une seule année NCAA à plus de 33 %. Il se rattrape de l’autre côté du parquet : il a été élu deux fois meilleur défenseur de sa conférence NCAA. Dispose d’une bonne marge de progression.
Cameron Valcy
Premier contrat pro pour le petit arrière-ailier (1,90 m) formé en partie à Boulazac puis au Portel. L’an passé, il n’a joué que 30 secondes en Betclic Élite, pour une feuille de stats vierge. Avec les Espoirs de la Côte-d’Opale, le joueur de 19 ans s’est montré plutôt performant, avec ses 14,6 points, son adresse correcte, son sens du rebond (5,1 par match). Il fera office de 10e homme – il n’a joué que 3 minutes pour les deux premiers matches de préparation de l’équipe. N’a pas joué lors de la saison 2020-21.
Digué Diawara
L’ancien espoir de l'ASVEL, de Hyères-Toulon puis de Pau-Lacq-Orthez, vu à l’époque comme un prospect NBA, n’a jamais confirmé en première division. Doté d’immenses qualités athlétiques et bon défenseur, il a commencé à se cantonner à un rôle de « 3&D », autrement dit de défenseur et d’ailier planté derrière la ligne à trois-points, avec une réussite moyenne. En descendant en Pro B à Quimper, il a su redresser la barre, terminant meilleur joueur de l’équipe la saison passée, même s’il n’a pu empêcher sa relégation. Un exercice où il a montré une belle constance (seulement cinq matches sur 34 sous les 10 d’évaluation, deux pointes à 29 dans le même secteur). Il sera intéressant de voir s’il arrivera à confirmer ses progrès à l’étage supérieur. Une potentielle très bonne pioche pour Le Portel.
Ivan Février
Comme Digue Diawara, Ivan Février semble être un « late bloomer », ces joueurs qui mettent du temps à éclore. N’ayant pas su s’imposer dans l’élite avec Levallois puis Nanterre, il est descendu en 2020 à l’échelon inférieur avec Blois, sans se montrer beaucoup plus convaincant, avec notamment un effrayant 16,0 % à trois-points. L’année suivante à Boulazac a été le signe d’une belle progression, confirmée l’an passé avec Vichy-Clermont. Pas très athlétique, il peut compenser par son envie et son adresse. Pour ses deux premiers matches de préparation, il a montré qu’il y avait encore du travail pour se hisser au niveau de l’élite : 7,5 points, 5,5 d’évaluation en 22,5 minutes de moyenne.
Brison Gresham
Le Louisianais va occuper la raquette porteloise aux côtés de David Diléo ou de Bastien Vautier, capable qu’il est de jouer sur les deux postes intérieurs, même s’il s’écarte rarement de la peinture. Pas très grand (2,03 m), il compense par un physique conséquent (109 kg) et par son énergie des deux côtés du parquet. Gros rebondeur (2e du championnat chypriote la saison dernière), il excelle également au contre et fait preuve d’une belle adresse près du panier. Devenu adroit aux lancers francs (83,7 % la saison dernière au Petrolina AEK), ce qui n’était pas gagné vu sa faiblesse dans l’exercice à ses débuts en NCAA (deux saisons à 44,4 % et 26,9 % dans l’exercice !). Il a commencé doucement en préparation, le temps de l'adaptation sans doute.
Le coach
Éric Girard
Un fidèle du club, où il est arrivé en 2012. Passé directeur sportif en 2021, l'entraîneur de 59 ans a repris les commandes du vaisseau portelois début 2022 et a conservé les rênes. Admiré par beaucoup, à juste titre, pour avoir vaincu par deux fois un cancer du larynx, le Choletais de naissance a démarré sa carrière sur le banc à Cholet, évidemment, avant de coacher Le Havre et Limoges puis de se poser en Côte-d’Opale. Un joli palmarès : champion de France 2005 avec Strasbourg, un titre de meilleur entraîneur de l’année à la clé, double vainqueur de la coupe de France avec Cholet (1998 et 1999), vainqueur des playoffs de Pro B en 2016 avec Le Portel.
Photo : Benoît Mangin (Tuan Nguyen)
