La suite et la fin de l’interview de Jean-François Reymond, le directeur du syndicat des joueurs.
Le SNB veut assurer la promotion de ses joueurs
« Je pense qu’on va avoir un grand championnat de Pro B. Il y a eu des recrutements cohérents. Sylvain (Ndlr : Maynier, ancien joueur professionnel désormais au SNB) a été à Boulazac et il m’a dit que ça lui avait donné envie de rester dans le vestiaire et de remettre un short. A titre perso, j’aimerais que Strasbourg gagne un titre à cause de la restructuration du club mise en place, du choix de Henrik Dettmann à la place de Vincent Collet comme entraîneur. On peut aussi découvrir des joueurs que personne ne connaît car c’est ça aussi la spécialité du championnat français, quelqu’un qui arrive de D-League ou de troisième division chinoise et qui s’avère un très bon joueur de basket.
On va aussi avoir plus de visibilité à la télé, avec plus de matches, les vendredi, samedi et dimanche. Il faut que le grand public arrive à reconnaître les joueurs. On a eu des Ricardo Greer, des Ali Traoré, des gens qui sont suivis sur les réseaux sociaux. Au syndicat, on a notre carte à jouer à ce niveau.On a décidé de prendre l’initiative d’alerter les gens lorsqu’un joueur atteint une barre de statistiques importante, comme par exemple 1 000 points ou 2 000 rebonds en carrière. On sort de notre champ de compétence traditionnelle mais ça fait partie pour nous de la promotion des joueurs. On travaille avec Benoît Dujardin qui a monté Proballers. Proballers va permettre à tous les joueurs qui sont avec nous d’avoir accès à leur page perso et il y aura des photos et des vidéos d’eux, ce qui permettra d’avoir un vrai profil de basketteur. Cela permettra d’attirer le chaland si le joueur cherche un travail et ça ira en complément de notre liste des chômeurs. Déjà aujourd’hui cette liste renvoie sur le site (snbasket.com) et permet d’avoir accès aux stats individuelles des joueurs sur les saisons précédentes et aussi sur ses matches un par un et parfois à des vidéos. Tous les gars auront droit à ça, au fur et à mesure. On a créé un algorithme qui permet de mettre des barrières statistiques précises. On sera alerté une ou deux semaines en amont et on préparera un petit message que l’on rendra publique le soir du match. On veut sortir de la performance du simple match. Ça sera visible sur notre site, le twitter et le facebook. Notre vocation au SNB est de mettre les joueurs en valeur. Comme la ligue ne le fait pas, on a pris la décision de prendre ça en mains. Cela fait partie de notre stratégie de communication que l’on a mis en place depuis six mois.
« J’ai envie de voir Julien Espinosa faire de bons résultats »
Les souhaits de Jean-François Reymond
Pour le media day, on a pris plein de JFL. Malheureusement ça ne représente pas la réalité du championnat. Je connais des joueurs qui disent que c’est du foutage de gueule et que si tu veux que ton media day reflète ton championnat, il faut prendre dix étrangers. Assumons ! Un des joueurs convoqués m’a dit « Jeff, qu’est-ce qu’on fait ? Refuse t-on d’aller au media day ? » C’est triste d’en arriver là car c’est hyper important qu’il y ait des Français qui soient à ce media day et qui puissent promouvoir leur championnat.
Je suis sûr qu’il y aura des choses positives, on va voir des talents émerger. J’espère que Petr Cornelie (Le Mans) fera une super saison, pareil pour Moustapha Fall (Chalon). J’espère que ce sera aussi le cas pour Edouard Choquet qui a eu des hauts et des bas à l’ASVEL et qui pendant l’année s’est demandé « qu’est-ce que je fous là ? Je ne suis pas fait pour la Pro A. » Il va avoir des responsabilités à Châlons-Reims. Une équipe qui vit bien, bien équilibrée, des étrangers qui connaissent le championnat. J’ai envie de voir Julien Espinosa faire de bons résultats, c’est un jeune coach qui a fait remonter Antibes, qui a amené Timothé Luwawu au niveau où il est, drafté en NBA. C’est un vrai coach formateur. Timoté Luwawu a commencé la saison avec 5 minutes, il l’a fini avec 25 et aujourd’hui il est en NBA. Ce sont ces choses là qu’il faut mettre en avant. J’espère que Isaia Cordinier (Antibes) va faire une super saison ce qui était déjà le cas en Pro B. J’ai envie que les gens découvrent Le Portel. C’est un peu l’aberration de notre Pro A mais c’est ça aussi qui fait la beauté de notre sport. On sait que l’on n’est pas un sport de grandes villes ! Ca sera toujours comme ça. On a des Boulazac, des Gravelines et peut-être jamais Toulouse et Bordeaux et Nantes au niveau qu’on l’espère.
Il pourrait y avoir en NBA un lockout qui commence le 1er juillet de l’année prochaine
Des Américains s’impliquent dans le syndicat
L’année dernière, malgré quelques ratés, à Limoges, le championnat a été de qualité avec des équipes qui étaient cohérentes avec 5 JFL et 5 JNFL. C’eut été bien de rester comme ça. On va voir si l’on peut conserver cette cohérence avec ce nouveau fonctionnement. Ce n’est pas un moment facile pour le basket, et pas qu’en France. J’ai plein de contacts partout y compris avec le football US et chacun considère que ce n’est pas exclu qu’il y ait un lockout en NBA même s’ils ont signé un gros contrat TV. Ils peuvent dénoncer leur accord collectif le 15 décembre, ce qui veut dire qu’il pourrait y avoir un lockout qui commence le 1er juillet de l’année prochaine. C’est une donnée économique à prendre en compte y compris dans la guerre FIBA-Euroleague. Je suis persuadé que le CSKA Moscou peut offrir 3 millions de dollars à LeBron James pour faire la saison et pour lui ça serait un nouveau marché, alors pourquoi refuserait-il ? En NBA, ce sont de super basketteurs mais aussi des hommes d’affaires. Il y a aussi 27-28% de joueurs qui sont étrangers et pour le syndicat des joueurs américains, c’est très compliqué à gérer. Pour ces joueurs européens ce n’est pas forcément une priorité d’être solidaires avec des joueurs américains qui font grève. Ils sont capables de retrouver un contrat dans leur pays d’origine ou ailleurs. Walter Palmer, que je connais très bien, a travaillé six mois au syndicat de la NBA après avoir été débauché du syndicat international. Il a été en charge des relations internationales et du marketing. Lui est sensible à cette problématique mais pas tous les Américains. En 2011, Tony (Parker), Nico (Batum), Boris (Diaw), Ronny (Turiaf) étaient revenus ici et on imagine que s’il y avait un nouveau lock out la ligue les accueillera à bras ouverts même si c’est au contrat minimum. Ils viendraient s’entraîner, jouer, sans participer aux négociations et ça c’est très pénalisants pour le syndicat de la NBA.
« L’année dernière en Pro A-Pro B, on avait 88% des joueurs adhérents et il y avait 50% d’étrangers »
L’année dernière en Pro A-Pro B, on avait 88% des joueurs adhérents et il y avait 50% d’étrangers. Par exemple, dans une équipe tous les joueurs étaient adhérents sauf un Français. Au quotidien, 70% de notre travail concerne des joueurs étrangers. Quand Sylvain (Maynier) va dans un club, c’est hyper simple : il sort sa machine à carte bleue et il prend les adhésions. Les joueurs ont compris combien c’est important. Je n’ai jamais rencontré un mec en or comme Coleman Collins (ex-Roanne et Gravelines) et je suis juste triste qu’il prenne sa retraite pour faire autre chose. On a fait un guide pour les joueurs étrangers et c’est lui qui l’a initié. On a bossé ensemble là-dessus. On a des Américains à notre comité directeur. Kyle McAlarney et Marcellus Sommerville (Orléans) sont brillants, impliqués, en France depuis longtemps. Ces gars là ont des histoires de vie extraordinaires à raconter. Ronnie Taylor (Orchies) est allé jouer en Irak ! Ce n’est pas du tout ce qu’on lui avait vendu. On a même des femmes de joueur qui nous appellent. C’est pour ça que j’ai du mal à entendre quand on dit de nous que l’on est le syndicat nationaliste du basket français ! »