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Interview croisée : le bilan d’Obi Emegano et Amin Stevens (Rouen, ProB)

L’été dernier, l’arrière Obi Emegano (25 ans, 1,90m) et l’intérieur Amin Stevens (28 ans, 2,03m) sont arrivés en Pro B quasiment inconnus au bataillon, au Rouen Métropole Basket. Le premier sortait d’une première saison compliquée à Casale (D2 italienne) puis à Kutno (D1 polonaise) tandis que le sec

L’été dernier, l’arrière Obi Emegano (25 ans, 1,90m) et l’intérieur Amin Stevens (28 ans, 2,03m) sont arrivés en Pro B quasiment inconnus au bataillon, au Rouen Métropole Basket. Le premier sortait d’une première saison compliquée à Casale (D2 italienne) puis à Kutno (D1 polonaise) tandis que le second suivait la filière initiée la saison précédente par Haukur Palsson en arrivant d’Islande, avec un titre de MVP du championnat en poche.

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A l’issue de la saison régulière et après une campagne de Playoffs remarquable du RMB (battu 2-0 en demi-finale) les deux « stars » du club rouennais sont désormais connues de tous dans la division et même au delà. Obi Emegano a terminé la saison en tant que 2e meilleur scoreur de Pro B (17,5 pts par match) et possède désormais le record du plus gros carton en Playoffs dans l’histoire de la division avec 47 points lors du match aller à Orléans en quarts de finale. Amin Stevens a fait tout aussi fort puisqu’il a dominé la saison régulière, terminant meilleur marqueur (17,9 pts par match), meilleur rebondeur (8,9) et meilleure évaluation (21,4) du championnat, et ses deux paniers victorieux quasi identiques dans les victoires contre Orléans resteront, eux aussi, dans les mémoires.

Alors qu’ils s’apprêtent à relever d’autres défis la saison prochaine, l’un peut-être en Jeep ELITE, et l’autre du côté de Bruxelles sous les ordres de Serge Crevecoeur, les deux futurs ex-coéquipiers ont accepté de dresser le bilan de cette belle saison sous les couleurs du RMB.

Obi, ça ne vous dérange pas si je vous appelle Kobi après votre match à 47 points en Playoffs à Orléans ? C’était peut-être un de vos joueurs préférés étant plus jeune ?

Ahahah, non ça ne me dérange pas, tu peux m’appeler Kobi. C’était clairement l’un de mes joueurs préférés quand j’étais plus jeune, avec LeBon James et Dwyane Wade aussi.

Amin, je n’ai pas trouvé de surnom pour vous. Le seul joueur qui m’est venu en tête en regardant vos matchs à plus de 20 points et 15 rebonds cette saison, c’est Tim Duncan, mais est-ce que ça colle vraiment ?

Je n’ai pas vraiment de surnom… Pour le coup, je vais te laisser choisir pour moi. Quand j’étais petit je regardais beaucoup Tracy McGrady et puis lorsque j’ai grandi j’ai commencé à beaucoup regarder Kevin Durant. C’est mon joueur préféré, et ça l’est encore aujourd’hui. Mais bon, rien de comparable !

Quel était votre objectif en arrivant l’été dernier à Rouen ?

Obi Emegano : Contrairement à ce qu’on pouvait penser au vu du statut de l’équipe, mon objectif a toujours été d’essayer d’accrocher une place en Playoffs.

Amin Stevens : Je ne sais pas trop ce que l’équipe attendait de moi en début de saison. Il y avait un petit doute sur mes capacités parce que je venais d’Islande, et même si j’avais été bon là-bas, ils ne savaient pas trop si j’allais pouvoir être aussi efficace ici. Le niveau en France et en Pro B est tellement différent. Donc ils ont un peu douté je crois. Ce qui est sûr, c’est que j’ai été meilleur que ce qu’ils avaient imaginé. Mais moi, je savais de quoi j’étais capable, je n’ai jamais douté. Et honnêtement, tout ce qui m’est arrivé cette année, ça ne m’a pas vraiment étonné. Je m’y attendais.

Obi, Avez-vous rencontré des difficultés lors de vos premières expériences en Europe sur votre première année en Italie et ensuite en Pologne ?

Obi Emegano : Oui, ma première expérience en Italie n’a pas été facile. Je me suis retrouvé dans la même situation que beaucoup de joueurs arrivants des USA. C’était la première fois que je débarquais en Europe, je découvrais aussi le basket Fiba. La façon de jouer reste différente comparé à ce qui se pratique aux Etats-Unis même si c’est le même sport. Ça m’a pris un peu de temps pour m’adapter. En dehors du terrain non plus, ça n’a pas été facile, car comme je l’ai dit, c’était ma première fois en Europe, et m’adapter à la façon de vivre ici a été un peu difficile. Ça va beaucoup mieux depuis de ce côté là. Je me suis adapté à la façon de vivre et après avoir passé une saison entière en France, je peux dire que maintenant, j’adore l’Europe.

En ce qui vous concerne Amin, vous avez plus connu de victoires que de défaites au cours de votre carrière, entre la Slovaquie, l’Autriche, l’Allemagne et enfin l’Islande. Où situez-vous cette saison avec Rouen ?

Amin Stevens : C’est clairement l’un des meilleurs championnats dans lesquels j’ai joué jusqu’à présent en Europe. J’ai été MVP l’an dernier en Islande, mais le niveau n’était pas le même qu’ici. En Autriche lors de ma deuxième année aussi j’ai été MVP, en première division. J’avais passé une super année, on avait gagné le championnat. Plutôt que de dire que c’était ma meilleure année ici à Rouen, je dirais plutôt que c’était la plus intense en terme de compétition. Sur mes trois premières années, j’ai gagné deux titres, et ma troisième année en Autriche, on termine premier avant de se faire sortir en Playoffs. Donc oui, globalement j’ai eu beaucoup de bonnes expériences. La plus dure a peut-être été lorsque je suis allé en Allemagne, après l’Autriche. Je ne jouais pas vraiment à mon poste, ça a été dur de m’adapter au départ, je n’avais pas les minutes que j’estimais mériter. Cette année-là n’a pas été facile, mais ça a été la seule expérience compliquée même si j’ai fait de bons matchs. Toutes les autres on été plutôt positives.

Comment ça vous ne jouiez pas à votre poste ?

Amin Stevens : Je jouais plutôt ailier-fort avant et j’ai débuté ma carrière en tant qu’ailier. En Allemagne, ils me faisaient jouer pivot. Ça a a été compliqué ensuite de jouer à un autre poste une fois que j’ai commencé à jouer au poste 5. Je n’avais jamais joué à ce poste avant d’arriver en Allemagne. C’était dur parce que j’étais plus petit que les autres. C’était dur d’être efficace pour l’équipe, même au final, ça m’a rendu meilleur et ça a contribué à faire de moi un joueur plus complet.

Y-a-t’il eu un moment au cours de la saison où vous avez pensé que vous aviez les moyens de faire quelque chose de grand cette année ?

Obi Emegano : Pas vraiment, on ne s’est jamais dit qu’on pouvait faire « quelque chose de grand ». On n’était pas focalisé là-dessus, mais plutôt sur la façon dont on pouvait être meilleur jour après jour, match après match. On a développé cette réputation d’équipe qui ne lâche rien au fil de la saison, principalement parce qu’il y avait des joueurs avec beaucoup de caractère dans l’équipe. Des gars qui ont cet esprit de compétition et qui a fait qu’on n’a jamais lâché jusqu’à la dernière seconde.

Amin Stevens : Notre meneur Ovi (Ovidijus Varanauskas) a manqué plusieurs matchs en début de saison. Sans lui, on a commencé la saison par quatre défaites en cinq matchs. Et soudainement, lorsqu’il est revenu, on a enchaîné cinq victoires en six matchs. A la fin de la phase aller, on était à 10v-7d. Après son retour, on n’avait perdu que trois matchs sur la phase aller. À ce moment-là, j’ai su qu’on pouvait faire quelque chose de spécial. Ensuite, on est retombé dans nos travers en manquant de constance et dans notre approche mentale. Et on a attaqué la deuxième phase un peu trop doucement, par six défaites de suite.

On a renoué avec la victoire ensuite, mais on a aussi perdu sur des matchs serrés à l’extérieur, parfois d’un point comme à Lille (70-69) ou Saint-Chamond (81-80). De mon point de vue, c’était dû à un manque de concentration, de QI basket. J’ai eu l’impression que ça nous a coûté cher parfois. Et que dès nous avons corrigé cet aspect là en développant un mental très fort, en jouant plus intelligemment, de la façon dont on était capable, on est devenu une équipe très dure à battre. (…) On savait qu’on avait du talent, même si tout le monde doutait de nous. Mais on n’a pas laissé la pression nous perturber. On avait rien à perdre. Tout ce qu’on devait faire, c’était aller sur le parquet et jouer. Lorsqu’on jouait sans pression, plus relâché, tout pouvait arriver.

Personnellement, comment analysez-vous votre première saison en France ?

Obi Emegano : Quand je regarde en arrière et que je retrace notre parcours sur l’ensemble de la saison, je réalise à quel point l’année a été longue. Ça a commencé tout doucement. A cause de pas mal de paramètres, et notamment moi, il fallait que je m’adapte à la façon de jouer, que j’ajuste mon jeu avec celui de mes coéquipiers. Mais lorsque je me suis senti à l’aise, j’ai été capable de jouer mon jeu et je suis devenu le joueur que je suis capable d’être.

« On était la plus petite masse salariale de la division, personne n’attendait de nous que nous fassions les Playoffs… Pour nous, de gagner contre Orléans, le grand favori pour remporter ces Playoffs, c’était déjà exceptionnel »

Amin, comment avez-vous gardé la même efficacité alors que les équipes ont appris à vous connaître au fil de la saison ?

Amin Stevens : Je ne sais pas trop. Il y a eu beaucoup de matchs où je trouvais que je manquais de rythme. J’avais l’impression d’être incapable de mettre un jump shot, ou des choses de ce genre. Le plus important pour moi, c’est de pouvoir amener mon énergie. Et quand j’y arrive, ça change tout. L’énergie te fait prendre des rebonds, te permet d’avoir le bon timing pour aller chercher une claquette, arracher un rebond offensif. Ce sont des petites choses qui paraissent simples. L’énergie ça t’aide aussi en défense, dans plein de choses en fait. Même quand je n’étais pas en rythme, je donnais un maximum d’énergie pour aider l’équipe à gagner.

Vous avez quitté ces Playoffs sans regrets ?

Obi Emegano : Ces Playoffs, ça restera comme une expérience incroyable. Non, je n’ai aucun regret après notre défaite en demi-finale, car on a perdu contre une équipe qui était tout simplement meilleure que la nôtre. Ça arrive parfois, il faut savoir l’accepter. On a donné tout ce qu’on pouvait donner et je suis vraiment très fier de mon équipe pour ça, pour s’être battue de cette façon jusqu’au bout.
Amin Stevens : Clairement, je n’ai aucun regret. Comme je l’ai dit auparavant, on était la plus petite masse salariale de la division, personne n’attendait de nous que nous fassions les Playoffs… Pour nous, de gagner contre Orléans, le grand favori pour remporter ces Playoffs, c’était déjà exceptionnel. Je crois qu’on a accompli plus que ce qu’on attendait de nous et de loin en réalisant ça. Donc c’est impossible de ressentir quelconque regret, même si on perd 2-0 contre Fos-sur-Mer derrière.

Quel souvenir garderez-vous de ces Playoffs ?

Amin Stevens : Le meilleur souvenir pour moi, c’est ce tir de la victoire dans le match retour contre Orléans à la maison. On perdait de 15 points, et de revenir pour finalement de gagner comme ça, c’était vraiment beau. C’était un super sentiment, meilleur encore que de remporter la série après le match 3 là-bas. Après notre qualification pour la demi-finale, c’était fort, mais ce n’était pas la même émotion, du fait notamment qu’on ne jouait pas devant notre public. Il y a aussi ce dernier match à la maison (demi-finale retour contre Fos). Quand on pense à l’affluence de la salle au début de l’année et sur ce match, c’était complètement l’opposé. Je crois qu’on a établi un record ce soir là (4 472 spectateurs). Difficile d’avoir des regrets quand tu réalises ce genre de choses aussi spéciales.

Il y a aussi cette dernière action dans le match 3 et le système qu’Alexandre Ménard a imaginé le matin du match, c’est ça ?

Amin Stevens : Oui, c’était dingue parce qu’il nous a parlé de ce système après l’entraînement du matin. On a répété l’action… Je me suis dit « OK, c’est une bonne idée d’avoir un plan que personne n’avait encore vu pour la dernière seconde, en cas de besoin ». Et quand c’est arrivé, que la balle est sortie… Le coach nous a dit : « Vous savez quel système on va jouer ? ». J’ai répondu « Oui, celui qu’on a vu ce matin ». Et quand on est revenu sur le terrain, je me suis dit que ça allait marcher. Ovi m’avait prévenu, en disant que lorsqu’il allait me donner la balle, ce serait une passe à terre. Et ça a marché à merveille. Ovi ne m’a même pas regardé, il savait que j’allais être là. Il m’a fait une bonne passe, j’ai pu attraper la balle, et le reste fait désormais partie de l’histoire.

« Dans ma tête, Obi était déjà à 35 points, ce qui était déjà dingue. Et là je vois Desmond (Williams) venir vers moi et me dire : « Amin, Obi va mettre 50 points, il en est déjà à 43 ! »

Parlons du match à 47 points d’Obi à Orléans dans le premier match. Obi, vous avez marqué l’histoire de la Pro B ce soir là…

Obi Emegano : Oui, sur ce point aussi je ressens de la fierté. Mais le sentiment principal que je garderai de ce match, c’est mon dernier tir, celui que je manque et qui aurait pu nous aider à remporter ce premier match.

Amin Stevens : C’était complètement fou. Il rentrait tous les tirs qu’il prenait ! Je me disais : « Waouh, ce mec ne rate rien! » Et j’ai su dès la fin de notre premier entraînement avec toute l’équipe en début de saison, qu’on tenait un joueur spécial. J’ai vu que c’était un bon scoreur, sans doute l’un des meilleurs scoreurs avec qui j’ai joué. Donc, ce n’était pas vraiment une surprise, parce que je l’avais déjà vu faire de belles choses toute l’année. Sur ce match, je me souviens être revenu quelques secondes sur le banc pendant le 4e quart-temps. Dans ma tête, Obi était déjà à 35 points, ce qui était déjà dingue. Et là je vois Desmond (Williams) venir vers moi et me dire : « Amin, Obi va mettre 50 points, il en est déjà à 43 ! » Wow, ça semblait fou, en plus venant d’un joueur comme lui, qui n’a que quelques années pros en Europe dans les jambes.

A-t-on une chance de vous voir encore en France la saison prochaine ?

Obi Emegano : Oui, j’ai plusieurs offres venant de clubs français, on est encore en discussion avec mes agents sur la meilleure opportunité pour la saison prochaine. Le but c’est de continuer à progresser, à évoluer. Je crois qu’il y a de bonnes chances pour que je reste en France. Mais rien n’est encore fait. Je vous ferai savoir quand ça aura évolué !

Amin, la Belgique est votre prochaine destination ?

Amin Stevens : Oui, je vais jouer à Bruxelles l’année prochaine. J’ai été en contact avec le coach (Serge Crevecoeur) depuis les deux derniers mois de la saison environ. Que ce soit sur un plan business, tactique, ou championnat, je sentais que l’opportunité pouvait être intéressante pour moi. Plusieurs clubs de Jeep Elite ont manifesté leur intérêt. Mais je n’ai pas senti le même engagement, je n’avais pas les mêmes garanties sur l’équipe, la façon dont j’allais jouer. Avec le coach de Bruxelles, on a eu un très bon contact, une bonne relation. Tout a été mis sur la table, on a pu parler de tout, ça m’a facilité la tâche dans ma décision finale.

Vous savez à quel poste vous allez jouer ?

Amin Stevens : Oui, je vais retrouver le poste 4.

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A l’issue de la saison régulière et après une campagne de Playoffs remarquable du RMB (battu 2-0 en demi-finale) les deux « stars » du club rouennais sont désormais connues de tous dans la division et même au delà. Obi Emegano a terminé la saison en tant que 2e meilleur scoreur de Pro B (17,5 pts par match) et possède désormais le record du plus gros carton en Playoffs dans l’histoire de la division avec 47 points lors du match aller à Orléans en quarts de finale. Amin Stevens a fait tout aussi fort puisqu’il a dominé la saison régulière, terminant meilleur marqueur (17,9 pts par match), meilleur rebondeur (8,9) et meilleure évaluation (21,4) du championnat, et ses deux paniers victorieux quasi identiques dans les victoires contre Orléans resteront, eux aussi, dans les mémoires.

Alors qu’ils s’apprêtent à relever d’autres défis la saison prochaine, l’un peut-être en Jeep ELITE, et l’autre du côté de Bruxelles sous les ordres de Serge Crevecoeur, les deux futurs ex-coéquipiers ont accepté de dresser le bilan de cette belle saison sous les couleurs du RMB.

Obi, ça ne vous dérange pas si je vous appelle Kobi après votre match à 47 points en Playoffs à Orléans ? C’était peut-être un de vos joueurs préférés étant plus jeune ?

Ahahah, non ça ne me dérange pas, tu peux m’appeler Kobi. C’était clairement l’un de mes joueurs préférés quand j’étais plus jeune, avec LeBon James et Dwyane Wade aussi.

Amin, je n’ai pas trouvé de surnom pour vous. Le seul joueur qui m’est venu en tête en regardant vos matchs à plus de 20 points et 15 rebonds cette saison, c’est Tim Duncan, mais est-ce que ça colle vraiment ?

Je n’ai pas vraiment de surnom… Pour le coup, je vais te laisser choisir pour moi. Quand j’étais petit je regardais beaucoup Tracy McGrady et puis lorsque j’ai grandi j’ai commencé à beaucoup regarder Kevin Durant. C’est mon joueur préféré, et ça l’est encore aujourd’hui. Mais bon, rien de comparable !

Quel était votre objectif en arrivant l’été dernier à Rouen ?

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Crédit Photos: Ann Dee LAMOUR / RMB

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