A 65 ans, Alain Weisz, qui était à la retraite dans sa bonne ville de Marseille, a replongé. Non comme coach mais comme vice-président en charge du sportif des Levallois Metropolitans. L’ancien coach de l’équipe de France nous explique dans cette interview ce qui l’a poussé à redevenir un acteur du basket pro et le projet du déménagement à Boulogne avec la construction d’une aréna de 5 000 places.
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Après Nancy, avez-vous envisagé de rebondir ailleurs pour finir votre carrière sur une note positive ?
Non. Les entraîneurs qui mènent une carrière longue ne traversent pas que des périodes idylliques. Selon les périodes plus ou moins fastes, ils peuvent être affublés de toutes les qualités ou de tous les défauts. Sans vraiment de nuances. Les coaches se doivent de rester très lucides sur leur valeur et ne pas se laisser griser ou abattre en fonction des circonstances. Cela demande un gros travail sur soi-même afin de mettre une distance entre les résultats et les évaluations quels qu’ils soient et l’estime que l’on se porte. Alors que signifie bien finir une carrière, sachant qu’il est rare qu’un coach s’arrête de lui-même. Un contrat non renouvelé, un limogeage ou une séparation dite à l’amiable sont autant de douleurs pour un coach. Mais afin de ne pas aller jusqu’à la souffrance, il faut bien savoir qu’en grande majorité, les départs des coaches où ils exercent se passent mal. Et à 63 ans j’étais quand même averti.
Quand vous parlez à votre propos d’une carrière de coach de trente ans, vous incluez le PUC féminin ?
Non. En fait, j’ai toujours entraîné de par mon métier puisque j’étais responsable d’une section sport-études depuis l’âge de 24 ans. Après, il y a eu les filles du PUC, de Sceaux, Chatou, Sceaux, etc. Quand on a passé autant de temps, on ne se centre pas sur le fait de finir bien ou pas. Ça fait partie des péripéties d’une carrière. C’est une période de la carrière où on est très apaisé. Il y a eu des période où j’ai eu besoin, envie, de montrer que j’existais. Et là c’est un besoin qui ne m’est jamais passé par la tête de reprendre le coaching. J’avais complètement arrêté le basket. J’étais à Marseille et je n’avais aucune velléité de me remettre dans un club ni comme coach, ni en tant qu’autre chose.
N’avez-vous pas eu la frustration de ne pas avoir eu une fois une équipe dimensionnée pour le titre, pour l’Europe ?
J’ai eu des opportunités, je ne l’ai jamais cherché. J’ai toujours privilégié le fait d’être dans un confort avec des gens que je sentais bien, que j’aimais bien. J’ai été souvent champion de France au niveau où j’entrainais, jamais en Pro A, mais ça ne me pose vraiment aucun problème. Il m’est arrivé de refuser des équipes de premier plan car je ne sentais pas le truc. L’aventure humaine était pour moi plus importante que le fait de chercher à avoir un titre. Ça n’a jamais été une obsession pour moi.
Etes-vous fier d’avoir été le mentor de Vincent Collet ?
(Rires) Ce n’est pas de la fierté. Je suis content de l’avoir rencontré, d’avoir entretenu avec lui de très bonnes relations et elles perdurent. De voir tout le chemin qu’il a fait par rapport à ce premier jour où on était rassemblé chez Christian Baltzer (NDLR : président du MSB de l’époque), dans sa salle à manger avec son épouse, et où il m’avait dit « dis-moi à qui tu penses pour être ton assistant et je te dirai à qui je pense. » On avait tous les deux le même nom. Je suis content pour Vincent mais je ne me suis jamais positionné comme un mentor. On a travaillé ensemble quelques années puisqu’il a été aussi mon assistant en équipe de France. Vincent a toute sa science, il n’a pas fait du Alain Weisz derrière. Il a fait du Vincent Collet avec un positionnement qui correspond à sa personnalité et à ses connaissances. Je faisais partie du jury du Brevet d’Etat et je l’ai noté à la « démonstration commentée ». On était deux et on lui a mis 20/20.
Il avait été Major de la Promotion ?
Oui. A cette époque-là, il n’était pas du tout mon assistant. C’était l’époque où il passait ses diplômes. Vincent n’aurait pas eu besoin de moi pour réussir mais c’est une grande rencontre pour moi. J’avais un positionnement au-dessus de lui puisqu’il a été mon assistant à deux reprises mais je ne l’ai jamais vécu comme ça. On était tous les deux passionnés du jeu et même après s’être séparés, pendant des années, on s’est téléphoné, en se disant « tu as vu, untel a fait ça ? Tu as vu ce qu’a fait telle équipe ? » Par amour du basket.
https://www.youtube.com/watch?v=aJlPq0f7sXI
« Aux JO de Munich, j’ai eu des places pour tous les matches sauf la finale »
Vous avez longtemps donné des cours à Marseille. Vous avez repris après Nancy ?
Lorsque je suis allé à Nancy, j’ai démissionné de l’Education Nationale. A mon retour, on a fait appel à moi pour donner des cours mais je n’étais plus en poste à la fac. C’était uniquement en tant que vacataire. Jusqu’à Nancy, et à partir de 2004, j’avais comme spécialités la communication du sport de haut niveau et l’Histoire du sport. Quand on fait l’Histoire du sport, il y a tout un aspect théorique à traiter mais j’ai grandi avec la lecture de L’Equipe, tous les résultats des clubs et des sélections nationales. Il n’y en avait pas beaucoup dans les années 60, 70 !
Vous êtes allés à 19 ans aux Jeux Olympiques de Munich en 1972 ?
C’était une aventure. On était cinq et on était parti en 4L sans aucune organisation, en camping, et après c’était la démerde pour avoir des places.
Avez-vous assisté à la finale du basket, à la mémorable victoire de l’URSS sur les Etats-Unis ?
Non. Je n’ai pas pu car je n’ai pas eu de places. J’ai eu des places pour tout jusqu’à la demi-finale et la finale, je l’ai vu à la télévision au camping dans une caravane avec des Américains. C’est inoubliable ! Entre le moment où les Etats-Unis croient avoir gagné et où on remet en jeu avec le panier d’Alexandre Belov et le changement de vainqueur, il s’est passé du temps avec des émotions extraordinaires dans cette caravane d’Américains. Et moi j’étais pour les Russes ! Pas pour des raisons politiques mais les Américains avaient toujours gagné et ils étaient un peu arrogants. Ils étaient arrivés avec le grand (Tom) Burleson qui mesurait 2,23m… Les Russes avaient des joueurs extraordinaires avec Sergüei Belov, (Modestas) Paulauskas, (Ivan) Edechko, qui fait la fameuse passe à Alexandre Belov (NDLR : L’URSS a remporté la finale 51-50. Les « trois dernières secondes » du match ont été rejouées trois fois avant que Edechko lance la balle de derrière son panneau jusqu’à l’autre bout du terrain, que Alexandre Belov la récupère entre deux joueurs américains et marque le panier de la victoire). Je n’ai jamais eu d’idole mais pour moi c’était un rêve de cette compétition à dix-neuf ans. On était parti sans fric mais les places étaient données à cette époque-là. Pour assister à toute une journée d’un match de basket, on payait 5 Marks. C’est-à-dire 7,50F.
Vous aviez assisté à d’autres sports ?
A l’athlétisme, à un match magnifique de volleyball entre l’Allemagne de l’Ouest et l’Allemagne de l’Est. A un grand match de handball avec la Roumanie de (Ghorghe) Gruia, qui était le grand champion de l’époque. C’était la première fois que le handball apparaissait aux Jeux Olympiques. Je m’intéressais à tous les sports et je connaissais plus que maintenant les sportifs de haut niveau, tout me parlait.
« Comme le dit souvent Baguet, il y a un alignement des planètes qui fait qu’il se sent aujourd’hui avoir les épaules assez larges pour créer un palais des sports et entretenir une équipe de basket professionnel »
C’est le maire de Boulogne Billancourt, Pierre-Christophe Baguet, qui vous a décidé de venir ici à Levallois ?
Oui. Je le connais depuis l’âge de vingt ans, depuis que j’ai rencontré ma femme puisque la sienne et la mienne allaient à l’école ensemble en Primaire. Chaque fois que l’on était ensemble il me parlait de basket car à l’origine, il est basketteur. Et partout où je suis allé, ils sont toujours venus voir des matches, à Strasbourg, au Mans, partout, ou quand je passais à Paris. En plaisantant, je lui disais, qu’attends-tu pour faire une équipe à Boulogne ? Quand il a été maire, ça a été encore plus ça. Et puis en 2017, il m’appelle et il me dit, « on y va ! ». J’ai dit, « on va où ? » Il me répond, « je monte une équipe de basket !… Mais je la monte que si tu viens avec moi. » Les choses se sont enchaînées comme ça et depuis maintenant quinze mois, on n’arrête pas pour faire en sorte que Boulogne travaille avec Levallois et prenne le relai à terme. Je ne sais pas quand ça va exactement se faire mais je dirai que c’est éminent.
Son plan c’était une association avec Levallois ?
Prendre une équipe amateur, c’était possible mais j’ai connu ça. On l’a fait avec Sceaux. Avec une réussite formidable et une organisation extraordinaire, on est passé de l’Excellence Régionale et on est monté en Pro A en quinze ans. Même avec beaucoup d’argent c’est très aléatoire. Pierre-Christophe Baguet avait dans l’idée de faire la promotion du club de Vanves et à un moment donné, il y a eu un coup de fil entre lui et Jean-Pierre Aubry (NDLR : président des Métropolitans) et les choses ont démarré comme ça avec un alignement des planètes. Au départ, je voulais bien l’aider sur Vanves et je m’étais occupé de l’arrivée de deux joueurs mais sans avoir l’intention le moins du monde de vouloir quitter Marseille. C’était juste par sympathie. L’opportunité Levallois s’est greffée très vite. Je pense que Jean-Pierre a eu vent que Boulogne et Baguet voulaient se mettre dans le basket. Il y a eu les premiers échanges entre eux et comme je connaissais Jean-Pierre depuis des lustres, j’ai été dans le tour de table à chaque fois.
Parallèlement, il y a eu l’ambition de construire une aréna ?
L’Aréna, pour lui c’est en premier. Je construis une aréna et il faut que j’y mette une équipe de basket. Boulogne est une ville qui fonctionne super bien, qui a un passé sportif avec l’ACBB qui remonte à très longtemps. Ils ont eu des champions olympiques, des sections qui marchaient très bien. Mais les choses ont changé et il voulait s’inscrire dans le sport professionnel. Ce n’est pas qu’une obsession de basketteur, c’est un projet de maire de construire un palais des sports à Boulogne.
Un palais des sports multifonctionnel ?
Il ne savait pas. Il se trouve que ce sera un palais des sports basket.
Qui devait être construit sur l’Ile Seguin mais ça ne sera pas le cas…
Non. Il se fait dans un endroit qui s’appelle Le Triangle. Ça ne sera pas périphérique, c’est dans Boulogne.
C’est à combien de temps d’ici (NDLR : l’entretien s’est déroulé à Levallois dans les bureaux des Métropolitans, au palais des sports Marcel-Cerdan) ?
Je mets huit minutes, c’est à six kilomètres en passant par le périph. C’est à côté de TF1, RMC… Boulogne, c’est 120 000 habitants et 12 000 sièges d’entreprises. C’est la ville de 100 000 habitants la mieux gérée. Ils ont eu le label cette année. Ils ont une demande immobilière colossale. Les gens quittent Paris pour venir habiter Boulogne. Comme le dit souvent Baguet, il y a un alignement des planètes qui fait qu’il se sent aujourd’hui avoir les épaules assez larges pour créer un palais des sports et entretenir une équipe de basket professionnel.
La capacité sera de 5 000 places ?
Oui avec 300 places de loges. Il y aura restaurations et des surfaces commerciales.
L’échéance ?
- C’est rapide…
Vous êtes rentré en même temps au Directoire du club ?
C’est une demande de Jean-Pierre qui m’a demandé d’intégrer le Directoire et de m’occuper du secteur sportif de l’équipe pro, de travailler avec les coaches, avec Freddy (Fauthoux), du recrutement que j’ai pris en cours de route et il y avait beaucoup de choses qui étaient faites. J’ai intégré le club à partir du juin et je suis attaché à l’équipe première.
Vous vivez encore partiellement à Marseille ?
Oui. Ma femme est toujours à Marseille et on n’était pas organisé pour en partir. J’ai un pied à terre ici mais j’ai ma maison personnelle à Marseille. Je suis là les 4/5e du temps et le week-end en déplacement. Je ne vais pas m’installer définitivement mais le temps de monter l’opération.
Dans votre idée, votre fonction prendra fin à l’arrivée dans la salle ?
On verra… C’est une mission du côté de Boulogne et de Levallois.
Le club, c’est une entité Levallois-Boulogne même s’il ne porte que le nom de Levallois ?
Oui mais prochainement ça sera Métropolitans Levallois-Boulogne. Metropolitans pour que ça soit aussi Paris.
Le rôle de Directeur sportif est relativement nouveau en France. Il demande que les attributions entre lui et le coach soient claires ?
Oui. Ça demande une très bonne entente par obligation. Je suis là pour aider et pas pour marquer mon territoire en disant, « j’ai fait ci, j’ai fait ça. » C’est fini. Les coaches sont en première ligne, Freddy (Fauthoux) est en première ligne et je suis là pour faire en sorte que son travail soit facilité. Ça se voit surtout au moment du recrutement et des changements de joueurs car il y en a beaucoup en cours d’année, trop même !
C’est vous qui avez les rapports permanents avec les agents ?
Oui. Je les connais bien, ils savent comment je travaille. Il y a un prix, je ne négocie pas et ça simplifie les choses. Lorsque je m’occupais du recrutement de mes équipes, j’ai toujours travaillé comme ça. J’avais un budget et je ne négociais pas. Si c’est trop cher, on passe à quelqu’un d’autre. Je me suis toujours refusé à jouer les marchands de tapis pour recruter des basketteurs.
« On n’a jamais parlé de l’Euroleague. 5 000 places, c’est déjà considérable pour la région parisienne »
L’un de vos objectifs est de développer le centre de formation et profiter du vivier de l’Ile de France ?
C’est fondamental. Si il y a un axe directeur donné par Pierre-Christophe Baguet -et je sais que Jean-Pierre (Aubry) en est tout à fait d’accord- c’est la formation. Faire en sorte d’utiliser ce vivier parisien dans lequel tout le monde vient se servir et qui est gigantesque. Il y a énormément de jeunes joueurs qui ont des capacités athlétiques formidables. Le basket parisien n’est pas ridicule. Il y a des entraîneurs, des jeunes minimes qui sont des pépites en perspective. Je découvre le club cette année mais je pense qu’il n’a pas assez utilisé ce vivier. Pour une équipe professionnelle, le premier axe de travail c’est de gagner des matches mais après il faut absolument que la formation du club utilise au maximum le vivier parisien.
C’est important d’avoir dans l’équipe des gens du 92 comme Maxime Roos et Cyrille Elietzer-Vanerot ?
On peut faire encore plus. Il faut que le centre de formation soit reconnu pour faire en sorte que les jeunes joueurs parisiens se disent « tiens, là c’est bien. » On peut y aller. Ce qu’a réussi à faire Le Mans, Cholet, Dijon et Pau à une époque.
Le fait d’avoir des joueurs parisiens peut-il plus facilement amener du public ?
Je n’y crois pas une seconde. Paris a toujours connu ce problème du public. Il y a eu une seule année avec du public, celle de la saison avec (Hervé) Dubuisson, (Dragan) Kicanovic et (Ratko) Radovanovic (NDLR : 1983-84 au Stade Français). C’était plein à Coubertin toute l’année. Parce que c’était beau. Ce n’est pas original ce que je dis mais à Paris il y a tellement de choses à faire que les gens sont là pour voir un spectacle de qualité. La notion de supporter une équipe comme on peut la trouver à Cholet, au Portel ou à Bourg-en-Bresse n’existe pas ici. Par contre en proposant un beau spectacle, je suis sûr que l’on remplit un palais des sports même sans être en Euroleague. En championnat de France et dans une coupe d’Europe que jouent les clubs français aujourd’hui. Après cette fameuse année avec Dubuisson, Kicanovic et Radovanovic, Coubertin a été sporadiquement rempli notamment avec le Paris champion de France de Laurent Sciarra et de Canal. Mais c’était pour les playoffs ou un match particulier. Avoir un public fidélisé véritablement par le nom du club, je n’ai jamais vu à Paris.
Vous viserez un public généraliste parisien plutôt qu’un public autour de Boulogne ?
Généraliste parisien, tout à fait. Ça sera Boulogne et Levallois mais dans notre esprit ça sera Paris. Ce n’est pas un problème d’aller voir un match de basket à Boulogne. On peut y venir de Paris en métro. Boulogne, c’est Paris.
Comment considérez-vous la concurrence avec Nanterre qui est dans le 92 comme vous et avec le Paris Basketball ?
Franchement, pour ce qui me concerne, c’est le cadet de mes soucis. Paris c’est 12 millions d’habitants. Ne peut-il pas y avoir deux équipes de basket en Jeep Elite et même trois ? Il faudra du temps pour ça, que Paris Basketball monte en Jeep Elite. Il peut se passer des tas de choses, les clubs ne sont pas éternels. Ce n’est pas un problème puisque les publics ne se chevauchent pas. Nanterre ne pique aucun spectateur à Levallois qui n’en pique aucun à Nanterre ainsi de suite jusqu’au Paris Basketball.
Avec une capacité de 5 000 places, vous ne serez pas candidat à l’Euroleague ?
Je ne sais pas. On ne s’est pas posé ce problème-là, on n’a jamais parlé de l’Euroleague. 5 000 places, c’est déjà considérable pour la région parisienne. Il faut savoir qu’il n’existe rien à Paris sinon Bercy mais personne n’y joue. Je crois qu’il ne faut pas être trop exigeant et se dire « L’Euroleague, l’Euroleague, l’Euroleague… » Il faut y aller step by step (NDLR : pas à pas). Faire en sorte que dans trois ans le basket se développe dans ce nouveau palais des sports et après on verra. Je sais que David Khan (NDLR : le président du Paris Basketball) a dit que son objectif est de gagner l’Euroleague. Que ce soit avec Jean-Pierre Aubry ou avec Pierre-Christophe Baguet, on en a jamais parlé. Jamais. On a vu que Jordi Bertomeu (NDLR : le directeur de l’Euroleague) disait que s’il y avait deux équipes françaises ça serait l’ASVEL et puis une équipe de Paris, on a souri car pour moi elle n’existe pas cette équipe de Paris. Honnêtement, la concurrence parisienne ne me pose aucun problème.
Mais il existe un derby des Hauts-de-Seine avec Nanterre à l’instar du derby Chalon-Dijon ou Gravelines-Le Portel ?
Il y a une histoire de voisinage comme il existait dans les années 90 un derby entre Sceaux et Levallois. Ça c’est bien, c’est sain. Et vingt ans plus tard après ce derby, je suis à Levallois (rires).
Le fait que ce soit Paris a-t-il joué dans le recrutement de Roko Ukic et Julian Wright?
C’est clair. Ils se sont renseignés sur le club et le club a une très bonne image auprès des agents. Il a toujours été réglo, un club familial sans problème de retards de paiement. Et puis Paris. Ce qui a été déterminant c’est l’école internationale pour les enfants. C’est à Neuilly, c’est à 4-600m, ils y vont à pieds. Tous les cours sont en anglais. Roko Ukic est passé dans plusieurs pays et le fil rouge c’est l’anglais même s’ils ont l’oreille pour l’italien et peut-être d’autres langues.
Julian Wright a-t-il failli partir en fin d’année* ?
C’est faux. C’est moi qui a fait le contrat. Il fallait que le club qui l’accueille joue en Euroleague et qu’il paye un buyout de 150 000 dollars. Il avait donc effectivement une porte de sortie qui nous aurait permis de nous retourner s’il était parti mais il ne l’a jamais utilisé. Il n’a pas eu de demandes. Ses agents l’ont fait savoir qu’il avait une porte de sortie mais le niveau de l’Euroleague c’est très haut et il n’y a pas toujours joué. Personne n’a fait de folies sur Julian Wright, ce qui nous sert bien car on est content de l’avoir.
Vous avez fait confiance à Mouph Yarou en estimant qu’il ne risquait pas une rechute de ses problèmes physiques ?
La garantie, c’était la saison qu’il a fait avec Antibes. Il y a fait une bonne saison en étant le meilleur rebondeur de la ligue. Je suis en contact permanent avec Julien Espinosa qui savait très bien qu’il ne le garderait pas. Il m’a dit « top ! » sans aucun bémol. Mouph n’a pas raté un entraînement, n’est pas sorti dix minutes pour soigner un bobo depuis le 15 août.
C’est une opportunité d’avoir un joueur calibré comme Nobel Boungou-colo en pleine saison. Il s’entraînait avec le Paris Basketball ?
Oui. Nobel a mené sa barque toute l’année en essayant d’aller ailleurs et finalement il s’est retrouvé sans équipe et c’est pour ça qu’on l’a sollicité. Pour le moment il fait une pige de deux mois et après on verra ce qu’on peut faire avec Nobel car on souhaite le garder. Mais je ne sais pas si ça sera possible. Pour l’instant il est en pigiste médical.
- L’interview a eu lieu juste avant le départ de Julian Wright, la rupture du Tendon d’Achille de Mouphtaou Yarou, sur le carreau toute la saison, l’entorse à la cheville de Roko Ukic qui sera indisponible deux à trois semaines, et l’annonce que Nobel Boungou-colo va quitter le club pour Badalone après la Leaders Cup.
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Après Nancy, avez-vous envisagé de rebondir ailleurs pour finir votre carrière sur une note positive ?
Non. Les entraîneurs qui mènent une carrière longue ne traversent pas que des périodes idylliques. Selon les périodes plus ou moins fastes, ils peuvent être affublés de toutes les qualités ou de tous les défauts. Sans vraiment de nuances. Les coaches se doivent de rester très lucides sur leur valeur et ne pas se laisser griser ou abattre en fonction des circonstances. Cela demande un gros travail sur soi-même afin de mettre une distance entre les résultats et les évaluations quels qu’ils soient et l’estime que l’on se porte. Alors que signifie bien finir une carrière, sachant qu’il est rare qu’un coach s’arrête de lui-même. Un contrat non renouvelé, un limogeage ou une séparation dite à l’amiable sont autant de douleurs pour un coach. Mais afin de ne pas aller jusqu’à la souffrance, il faut bien savoir qu’en grande majorité, les départs des coaches où ils exercent se passent mal. Et à 63 ans j’étais quand même averti.
Quand vous parlez à votre propos d’une carrière de coach de trente ans, vous incluez le PUC féminin ?
Non. En fait, j’ai toujours entraîné de par mon métier puisque j’étais responsable d’une section sport-études depuis l’âge de 24 ans. Après, il y a eu les filles du PUC, de Sceaux, Chatou, Sceaux, etc. Quand on a passé autant de temps, on ne se centre pas sur le fait de finir bien ou pas. Ça fait partie des péripéties d’une carrière. C’est une période de la carrière où on est très apaisé. Il y a eu des période où j’ai eu besoin, envie, de montrer que j’existais. Et là c’est un besoin qui ne m’est jamais passé par la tête de reprendre le coaching. J’avais complètement arrêté le basket. J’étais à Marseille et je n’avais aucune velléité de me remettre dans un club ni comme coach, ni en tant qu’autre chose.
N’avez-vous pas eu la frustration de ne pas avoir eu une fois une équipe dimensionnée pour le titre, pour l’Europe ?
J’ai eu des opportunités, je ne l’ai jamais cherché. J’ai toujours privilégié le fait d’être dans un confort avec des gens que je sentais bien, que j’aimais bien. J’ai été souvent champion de France au niveau où j’entrainais, jamais en Pro A, mais ça ne me pose vraiment aucun problème. Il m’est arrivé de refuser des équipes de premier plan car je ne sentais pas le truc. L’aventure humaine était pour moi plus importante que le fait de chercher à avoir un titre. Ça n’a jamais été une obsession pour moi.
Etes-vous fier d’avoir été le mentor de Vincent Collet ?
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Mercredi: Freddy et Marine Fauthoux
Photo: Karen Mandau, Metropolitans