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Les jeunes Français en Australie, le saut de kangourou

Depuis quelques années, une mode est née : plusieurs jeunes talents français préfèrent s’exiler en Australie (NBL) que s’aguerrir dans l’Hexagone. Hugo Besson, Ousmane Dieng, Tom Digbeu et maintenant Rayan Rupert, annoncé au premier tour de la prochaine draft, ont notamment fait ce choix. Zoom sur c

Depuis quelques années, une mode est née : plusieurs jeunes talents français préfèrent s’exiler en Australie (NBL) que s’aguerrir dans l’Hexagone. Hugo Besson, Ousmane Dieng, Tom Digbeu et maintenant Rayan Rupert, annoncé au premier tour de la prochaine draft, ont notamment fait ce choix. Zoom sur ce phénomène dû à une stratégie audacieuse des dirigeants australiens.

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Le 23 juin dernier, au Barclays Center de Brooklyn, son nom est prononcé par Adam Silver, boss de la NBA. Ousmane Dieng vient d’être drafté en onzième position par Oklahoma City Thunder. Au moment de voir ses highlights après la traditionnelle poignée avec le patron de la Ligue, certains se sont aperçus que l’ailier de 19 ans évoluait sous un maillot rose. Ce n’est pas l’édition spéciale du BCM pour le carnaval mais celui des New Zealand Breakers. Pour se développer, l’ancien de l’INSEP n’a pas choisi la case NCAA ni Betclic Élite pour parfaire sa formation, mais il a bel et bien pris la direction de l’Océanie, et de sa National Basketball League (NBL), comme Hugo Besson… lui aussi drafté (Milwaukee Bucks, 58e). Alors, pourquoi le championnat australien attire tant les jeunes français, qui sur le papier n’est pas le plus compétitif ?

Le programme « Next Stars »

Tout commence lors de la saison 2016-2017. La NBL, composée de dix franchises, se dispute d’octobre à mai. Au sein des Adelaide 36ers figure un joueur, Terrance Ferguson. Alors qu’il avait donné son accord pour rejoindre une université cotée aux US comme Alabama ou Arizona, l’Américain s’est envolé… pour l’Australie. Ses prestations étaient alors scrutées par les scouts NBA (4,7 points, 1,2 rebond de moyenne). Puis il fut drafté à l’été 2017 par Oklahoma City (21e choix, premier tour), l’État dont il est originaire. « Comme Terrance l’a démontré, les personnes qui rêvent de NBA après le lycée et qui sont assez bons sont draftés. Nous leur donnons une chance de se développer dans une ligue de classe mondiale pour atteindre la NBA », résumait alors Larry Kestelman, le président de la NBL.

Larry Kestelman, patron de la NBL (c) The Australian

Une idée germe alors chez les dirigeants australiens. Lors de la saison 2018-2019, ils lancent le programme « Next Stars ». Son but ? Attirer les jeunes pépites du monde entier pour disputer au moins une saison en Australie avant de tenter l’aventure NBA. Le programme permet aux dix équipes d’obtenir une place supplémentaire dans leur roster réservée à un jeune prometteur (19 ans d’âge limite). Romain Leroy, membre du média Envergure, spécialisé dans l’évaluation de jeunes basketteurs à travers le monde, raconte la stratégie mise en place pour les convaincre. « C’est un programme assez simple où la Ligue australienne prend en charge le contrat d’un jeune joueur à potentiel pour pouvoir l’exposer au sein de la NBL. L’idée est de développer une valeur « marchande » car c’est le but de toute entreprise de sport professionnelle. Accroître son activité pour attirer du public, des scouts donc inévitablement des droits TV et tout ce qu’il va avec. Je trouve le modèle économique de la ligue australienne assez intelligent et ambitieux car ils ont en fait quelque chose de très novateur. »

L’effet LaMelo Ball ?

Une recette qui marche puisqu’elle possède une forte visibilité outre-Atlantique. La Ligue possède de généreux sponsors mais, surtout, elle est retransmise par ESPN. En juillet 2021, les deux parties ont signé une extension de droits de trois saisons supplémentaires pour 45 millions de dollars australiens, un record pour la Ligue (15 millions l’année). « Les retransmissions permettent de toucher plus de monde pour le joueur et pour la Ligue de trouver de l’argent. Je n’aime pas du tout ce genre de terme mais c’est gagnant-gagnant. La NBL va recevoir une manne financière importante avec ces droits et la diffusion se fait de manière correcte pour les joueurs et pour la Ligue », ajoute Romain Leroy, également assistant-coach à la SIG Strasbourg.

(c) Illawara Hawks

Comment expliquer cet engouement chez les Américains pour leurs cousins Aussies ? Tout a explosé lorsqu’un jeune de Californie a posé ses bagages chez les Wallabies. LaMelo Ball, frère de Lonzo (deuxième de la draft 2017), fils de l’extravagant LaVar Ball, quitte la Lituanie en 2019 pour s’aguerrir chez les Illawara Hawks. L’Amérique se tourne vers l’Australie et s’enflamme sur les performances du meneur. Il écrase la NBL avec 17 points, 7,6 rebonds et 6,8 offrandes de moyenne. LaMelo sera drafté troisième l’été suivant, en 2020, par les Charlotte Hornets. Tout comme R.J. Hampton opérant le même choix gagnant d’aller en Australie pour être choisi au premier tour (24e). Alors un effet LaMelo Ball a-t-il accentué le rayonnement de la NBL ? Romain Leroy estime que le meneur a eu un rôle. « Inévitablement, quand quelque chose fonctionne, cela attire du monde. Le système a marché pour LaMelo Ball alors que tout le monde se demandait ce qu’il allait foutre en Australie. Cela a fonctionné pour R.J. Hampton, pour Ousmane Dieng l’an dernier. Si les joueurs sont draftés, c’est que l’exposition correspond aux standards. »

La NBL prouve l’an d’après que ce n’est pas un one-shot. Sa pépite nationale Josh Giddey (2,03 m, 19 ans) se fait drafter encore une fois par Oklahoma City en passant par son championnat. Il confirme l’an dernier avec une formidable saison rookie (12,5 points, 7,8 rebonds, 6,4 passes). Mais que cherchent les Français là-bas ? L’assistant-coach de la SIG l’explique simplement. « L’intérêt de la démarche réside dans un projet multiple. D’une part de prouver que l’on peut s’exporter. On est toujours bon quand on est chez soi, c’est souvent plus compliqué quand on s’éloigne de la maison. Quand on part d’Europe ou des États-Unis pour l’Australie, je pense que le jeune joueur peut le démontrer. Derrière, il y a la barrière de la langue. Dans le cadre d’un apprentissage « forcé » pour certains cela permet une adaptation plus accélérée. Tous ces critères vont être évalués par les équipes NBA. L’adaptabilité, la coachabilité dans un contexte différent… toutes ces choses-là sont des arguments positifs », éclaire-t-il.

Rayan Rupert, nouveau français à tenter sa chance

Le championnat australien a donc réussi son pari. La NBL montre qu’elle est capable de développer les jeunes talents tout en ayant un retour sur investissement. Depuis 2019, chaque saison un joueur du programme « Next Stars » se fait drafter. Ousmane Dieng en est le dernier exemple. « L’Australie est un championnat à part entière mais il prend des tournures de ligue de développement malgré tout. Les salles sont pleines, de l’argent rentre et les jeunes sont draftés. En partant de là, ils ont raison de faire comme ça », souligne Romain Leroy.

Le prochain pourrait être Rayan Rupert. Annoncé au premier tour de la prochaine draft, l’international U18 a décidé de tenter sa chance chez les New Zealand Breakers en octobre malgré de nombreuses propositions en France (dont le Paris Basketball). « Dans mon rôle d’observateur, je dirais qu’il vient chercher à s’exporter, s’adapter à l’étranger dans un contexte financier où c’est un petit plus assez intéressant (le salaire négocié avec la NBL est plus important qu’en France). Il aura des responsabilités dans une organisation où l’on sait que les choses fonctionnent. Il n’y a pas de raison que cela ne marche pas comme ceux d’avant même si il ne faut pas penser que « Tiens je pars en Australie, je vais être drafté ». Si l’entourage et le joueur on fait ce choix, c’est qu’il y a des garanties humaines, sportives et dans le développement global », raconte le membre du média Envergure. Auteur d’un EuroBasket U18 discret (8 points, 3,7 rebonds de moyenne), le fils de Thierry Rupert espère réussir son été australien.

Avec un tel engouement, la NBL est une destination qui pourrait séduire beaucoup d’autres talents Français à l’avenir. « Il serait intéressant de trouver des alternatives en France pour peut-être exposer les jeunes. Je pars du principe que si l’herbe est plus verte ailleurs, tant pis, c’est le sport de haut niveau. Malgré tout je trouve ça quand même dommage d’avoir de jeunes joueurs de qualité et de ne pas pouvoir plus les exposer chez nous. Tant que ça fonctionnera, il y a un chemin pour l’Australie qui permet d’arriver en NBA ou au top niveau européen (Hugo Besson de retour en France) », regrette Romain Leroy.

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Le 23 juin dernier, au Barclays Center de Brooklyn, son nom est prononcé par Adam Silver, boss de la NBA. Ousmane Dieng vient d’être drafté en onzième position par Oklahoma City Thunder. Au moment de voir ses highlights après la traditionnelle poignée avec le patron de la Ligue, certains se sont aperçus que l’ailier de 19 ans évoluait sous un maillot rose. Ce n’est pas l’édition spéciale du BCM pour le carnaval mais celui des New Zealand Breakers. Pour se développer, l’ancien de l’INSEP n’a pas choisi la case NCAA ni Betclic Élite pour parfaire sa formation, mais il a bel et bien pris la direction de l’Océanie, et de sa National Basketball League (NBL), comme Hugo Besson… lui aussi drafté (Milwaukee Bucks, 58e). Alors, pourquoi le championnat australien attire tant les jeunes français, qui sur le papier n’est pas le plus compétitif ?

Le programme « Next Stars »

Tout commence lors de la saison 2016-2017. La NBL, composée de dix franchises, se dispute d’octobre à mai. Au sein des Adelaide 36ers figure un joueur, Terrance Ferguson…

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Photo : Hugo Besson (à gauche) et Ousmane Dieng (New Zealand Breakers)

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