Gigantes del Basket a publié une interview de l’ancienne superstar argentine, Luis Scola, le faisant revenir notamment sur sa médaille d’or aux Jeux Olympiques d’Athènes en 2004 et sur son extraordinaire longévité.
Le journaliste le fait réagir à une phrase de Manu Ginóbili, qui a déclaré : « L’équipe nationale est mieux sans moi que sans Scola ».
« Eh bien, d’emblée, je dirai que c’est exagéré, que je ne suis pas d’accord avec cette affirmation. Je l’analyse d’un point de vue technique, à partir des positions. Manu avait un remplaçant, par exemple Carlitos Delfino, qui est toujours dans l’équipe nationale. Cette position était plus couverte. Mais en tout cas, je répète que je ne suis pas d’accord : je suis ultra fan de Delfino, Chapu, Prigioni, tout le monde… mais Manu c’est un autre niveau. »
A la comparaison de la médaille d’or de 2004 à Athènes avec le fait d’avoir été le porte-drapeau de la délégation de son pays à Rio en 2016, il répond :
« Ce sont deux choses parallèles. L’une représente la réalisation sportive maximale qui peut être atteinte et l’autre qui va au-delà du sport. En tant que basketteur, vous pouvez réussir dans votre sport, mais les Jeux Olympiques brisent ces barrières, ces plafonds… Les Jeux sont ce moment où vous êtes dans un endroit bien plus grand que le basket. Mais à leur tour, les Jeux brisent aussi d’autres barrières en tant que phénomène social, culturel, historique… Un événement qui va au-delà du sport. Représenter l’ensemble du sport de votre pays dans un événement d’une telle dimension a une autre valeur. Sans aucun doute, ce sont les deux temps forts de ma carrière, mais j’ai du mal à les valoriser l’un au-dessus de l’autre. Ce qui est clair, c’est que sans l’un l’autre n’aurait pas été. »
L’interview livre une anecdote : Luis Scola a été ramasseur de balles lors du championnat du monde de 1990, qui s’est tenu à Buenos-Aires. Il avait 10 ans.
« Oui, il y a une photo de la finale où je suis accroupi dans un coin… Une belle opportunité. Pendant le championnat j’étais avec un appareil photo, un des anciens avec pellicule. Et quand je l’ai ouvert pour sortir le rouleau, je l’ai voilé ! Seules trois ou quatre photos ont été enregistrées : celle du Brésilien Oscar Schmidt, qui était celle qu’il voulait, du Brésilien Pipoca, de l’Américain Randall et rien d’autre. Oui, c’était un autre monde. «
Il faut aussi un intéressant commentaire sur son extraordinaire longévité -il a joué au plus haut niveau jusqu’à 40 ans- et les sacrifices que cela requiert.
« Il n’y a pas de secret. On sait tous exactement comment, quoi faire pour mieux jouer, pour moins se blesser, pour avoir plus d’énergie… Le truc c’est que c’est difficile. Dans le cas particulier d’un athlète professionnel, il y a un moment où nous sommes ce qui se rapproche le plus d’un être invincible et tout-puissant. L’athlète, à son apogée, est presque un super-héros. Mentalement, il n’y a rien qui vous semble inaccessible. Et son corps réagit à tout : un jour tu dors moins bien, mais tu joues très bien ; un autre vous mangez mal et continuez à performer. Le problème c’est que très vite, ce pouvoir s’en va. Il est difficile de comprendre à quel point il est important de faire toutes ces choses pour prendre soin de soi. Lorsqu’un athlète est dans la force de l’âge, bien ou mal manger ne fait pas beaucoup de différence. Bien dormir ou mal dormir n’est pas une si grande différence. C’est donc difficile à voir. Mais très vite, tu frappes ce mur qu’est le post-prime, quand tu commences à chuter, et adopter les bonnes habitudes à ce moment-là est beaucoup plus difficile car tout est un processus qui prend du temps. C’est là que beaucoup de carrières meurent. Tout est étudié et connu. Le problème est qu’il est difficile de comprendre qu’il faut le faire et il est difficile de le faire. Nous le savons tous : si vous mangez, vous entraînez et vous reposez bien, vous aurez une carrière plus longue. »
Photo : FIBA