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Luol Deng (Soudan du Sud) : "Nous ne pouvions pas être aussi agressifs qu'eux"

Défait par la Serbie, le Soudan du Sud a vu son admirable parcours se terminer pour sa première participation aux Jeux Olympiques. Mais au-delà de la fierté ressentie, l'ancien NBAer et président de la fédération sud-soudanaise Luol Deng ne décolère pas au sujet de l'arbitrage.

Wenyen Gabriel © FIBA

Tombé malgré une belle résistance contre une solide équipe de Serbie (96-85), le Soudan du Sud ne verra finalement pas les quarts de finales des Jeux Olympiques 2024. En effet, malgré sa victoire contre Porto Rico, la sélection africaine ne fait pas partie des deux meilleurs troisièmes de ce premier tour. Alors que les Sud-Soudanais avaient toutes les raisons de se satisfaire de leur première apparition à ce niveau malgré l'élimination, un sujet est revenu sur la table après le match : le traitement qui leur a été réservé par l'arbitrage contre les Serbes.

Il est vrai que la différence entre les deux équipes au nombre de lancers-francs accordés est frappante : la Serbie s'est rendue 31 fois sur la ligne, contre seulement 6 fois pour son adversaire. Et ce, alors que les joueurs de la sélection africaine développent un jeu porté sur l'agressivité - notamment vers le cercle - depuis le début de la compétition. Figure du basketball national, désormais président de la fédération sud-soudanaise, Luol Deng a donc tapé du poing sur la table à ce sujet après le match :

"Aujourd’hui, nous ne pouvions pas être aussi agressifs qu’eux. Je sais que la Serbie est reconnue dans le basketball. Ils sont excellents depuis de nombreuses années. La façon dont les arrières jouent, c'est presque comme si les arbitres les connaissaient. Il est donc juste qu'ils les laissent jouer à leur manière. Mais quand nos gars jouent avec leur propre style, ils nous pénalisent toujours. C’est comme s’il y avait une stigmatisation sur l’agressivité des joueurs africains [...] Alors, que sommes-nous censés faire ? Je ne cherche aucune excuse. Nos gars ont joué dur. Oui, on peut dire que la Serbie est une meilleure équipe que nous. Ils sont mieux classés que nous. Je leur donne tout le respect, mais si ce match est équitable, nous avons de meilleures chances d'y parvenir. Et je ne vais pas me retenir parce que je ne suis pas content de ça. Je ne suis pas ici pour trouver des excuses. Nous allons continuer à travailler et je vous garantis que nous reviendrons et que nous serons meilleurs."
"Si nous voulons représenter notre continent, nous devons être pleinement représentés"

Selon l'ancien joueur NBA, sa sélection souffre d'un certain manque de reconnaissance au plus haut niveau. Un constat qu'il applique plus globalement à tout le basket africain, en reprenant l'exemple de l'arbitrage :

"Je ne sais pas pourquoi il n’y a pas d’arbitres africains aux Jeux olympiques. Nous sommes en 2024, je ne sais pas quelle est la raison. Vous pouvez dire tout ce que vous voulez. Mais si nous voulons représenter notre continent, nous devons être pleinement représentés. Et c’est un aspect sur lequel nous devons continuer à travailler. Si ces arbitres ne connaissent pas notre jeu ou notre style, alors je ne sais pas ce que sont la Coupe du monde ou les Jeux olympiques. S’agit-il simplement d’un style de basketball européen ? Et n’avons-nous pas le droit d’être agressifs ?"

Mais cette déception finale ne doit pas éclipser la formidable progression du Soudan du Sud, passé du néant il y a trois ans à un statut de nation montante du basket africain, mais aussi mondial. Cette fois, ça n'est pas passé. Mais nul doute que l'équipe menée par Royal Ivey fera à nouveau parler d'elle lors des prochaines compétitions internationales.

Propos recueillis à Villeneuve d'Ascq,

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