Après Limoges (1982, 83, 88, 93 et 2000), Orthez (1984), Nancy (2002), Nanterre (2015 et 17) et Monaco (2021), Paris est à 40 minutes de s’inscrire comme étant le sixième club français vainqueur d’une Coupe d’Europe.
Le match s'est résumé à sa première mi-temps au cours de laquelle le Paris Basketball a mis son adversaire dans les cordes. T.J. Shorts (15 points et 20 d'évaluation au final) a été une fois encore l'architecte de la victoire parisienne mais c'est le fait que chaque élément s'emboîte parfaitement aux autres qui a été frappant et épatant et l'intensité parisienne ne s'éteint (presque) jamais. La JL a concédé 19 balles perdues, a loupé 20 de ses 24 shoots derrière l'arc et si, par exemple, Zaccharie Risacher s'en sort avec 11 points, c'est en grande partie un total - le meilleur de son équipe - constitué quand les cierges étaient éteints.
Si elle veut toujours croire à la possibilité de graver son nom sur le trophée, la JL Bourg doit prendre sa revanche le 12 avril à Ekinox avant de disputer une belle, le 15 avril, dans la capitale. C’est loin d’être mission impossible. Le 16 décembre, les Bressans y sont parvenus en championnat, 83-81.
À fond des deux côtés du terrain
L’Eurocup n’est plus réellement la C2 et partage pour le moins l’appellation avec la Basketball Champions League. Le niveau de la compétition a baissé du fait de l’éjection des clubs russes des compétitions internationales et conjointement de la montée à l’étage supérieur de ses derniers vainqueurs, Valence, Monaco et la Virtus Bologne ; Gran Canaria ayant refusé l’année dernière de s’engouffrer dans la coûteuse Euroleague. On peut remarquer aussi que l’actuel co-leader du championnat espagnol, Unicaja Malaga, est engagé en BCL.
Tout a déjà été écrit sur l’ascension vertigineuse du Paris Basketball parti d’une feuille blanche en 2018 sous le guidage de deux investisseurs américains, Eric Schwartz et David Kahn. L’équipe a dû sa présence en Eurocup à une invitation, a un moment tangué avant d’être propulsé au sommet grâce aux méthodes audacieuses du coach finlandais Tuomas Iisalo et la présence de six joueurs (Sebastian Herrera, Michael Kessens, Leon Kratzer, Collin Malcolm, TJ Shorts, et Tyson Ward) venus directement du Telekom Bonn, vainqueur de la BCL en 2023, et qui ont formé ainsi une solide fondation. Le Paris Basketball joue un run and gun ébouriffant (98,4 points de moyenne en Eurocup avant cette finale), une défense tout aussi intense, avec des rotations incessantes. Jamais la patte d’un coach ne s’est faite autant ressentir au sein d’une équipe française depuis celle de Bozidar Maljkovic à Limoges, il y a trente ans.
« Oui, c'est notre style de basket : courir, jouer avec intensité et choquer les équipes adverses » confirme Nadir Hifi. « Mais c'est notre façon de jouer au basket. Nous ne comptons pas les statistiques ni les points qu'ils ont marqués contre nous. Nous voulons juste gagner chaque match. »
Comme l’a démontré notre enquête, le Paris Basketball n’a pas été construit avec des millions de dollars. L’ensemble de ses joueurs est à moins de 150 000 euros la saison, à l’exception de T.J. Shorts (340 000 euros), MVP de l’Eurocup, et du néo-international Nadir Hifi (175 000 euros), qui a été inclus dans le deuxième cinq all-stars de la compétition, qui sont loin d’être surpayés étant donné leur rendement. Quant à Tuomas Iisalo, il n’apparait que 4e dans la hiérarchie des coaches les mieux rémunérés de l’élite derrière ceux d’Euroleague, Sasa Obradovic, Gianmarco Pozzecco et TJ Parker. C’est pourquoi le Finlandais déclare que tout le monde a laissé de l’argent sur la table en rejoignant le Paris Basketball.
Le club de la capitale n’a concédé que 8 défaites dans les 53 matchs joués toutes compétitions confondues avec un 21 sur 22 en Eurocup (une défaite de cinq points face à Besiktas à la fin novembre) et il est maintenant sur une série de 18 victoires d’affilée. Seul Monaco, troisième équipe dans la hiérarchie européenne à ce jour, a réussi réellement à le dompter (84-62 et 85-92).
+25 à la 20e minute
C’est dans une Adidas Arena à guichets fermés forte de 8 000 spectateurs que s’est joué ce Match 1 alors que les tarifs les plus bas étaient modérés, 19, 25 et 36 euros. Une magnifique enceinte digne d’un tel évènement même si on peut regretter qu’elle soit d’une capacité aussi limitée. L’ambiance est assurée à la fois par une sono et un cube central niveau NBA et le groupe de fans jeunes et dynamiques des Parisii. Le public parisien qui découvre peu à peu l’arena et son équipe n’est pas -encore - le plus aiguisé d’Europe - ce n'est pas la Stark Arena de Belgrade - mais il se prend au jeu. Les quelques dizaines de supporters venus de l’Ain ont été noyés dans le Capharnaüm.
T.J. Shorts faisait apprécier tout de suite à Zaccharie Risacher sa capacité à armer un tir imparable à distance intermédiaire et à tous celle à maîtriser le tempo offensif parisien et son moteur inépuisable. A peu près tout passe par lui. Kevin Kokila ramassait deux fautes en trois minutes et face à la défense turbulente des Parisiens, la JL avait du mal à ajuster ses shoots (3/11 pour commencer). La situation au score des Burgiens se dégradait peu à peu. 7-3, 15-7, 21-9 (8e) et 23-11 à la fin du premier quart-temps.
A 25-11, deux trois-points consécutifs de JeQuan Lewis ont rallumé l’espoir de la JL. Une accalmie de courte durée. Les Burgiens butaient sur un bunker et Paris remettait le turbo : 33-17 sur un panier à trois-points de Nadir Hifi. Les équipiers d’Axel Julien n’avaient souvent pas d’autres choix que de faire faute. D’ailleurs coach Freddy Fauthoux récoltait une technique. Un moyen comme un autre pour provoquer un électrochoc. Qui ne venait pas même si Zaccharie Risacher montrait par éclairs ses compétences près du panier. Mais quand T.J. Shorts était sur le banc pour un peu se reposer, Mehdy Ngouama faisait le job à la mène et c’est via un trois-points de sa part que l’écart était monté à +20 (45-25).
TJ Shorts pénétrait dans la défense de la Jeu comme couteau de cuisine dans du beurre ramolli. Quand il faisait passer le score à 52-29 sur un 2+1, les Parisii hurlaient « MVP… MVP… », ce qui est juste la réalité. Les Burgiens étaient en plein désarroi. Isiaha Mike bafouillait deux fois sur son dribble et le ballon filait dans les décors. Puis c’était au tour de Zaccharie Risacher de perdre les pédales. Un pic était observé à 54-29 avant que la mi-temps soit clôturée à 54-31.
20 minutes de garbage time
Tout avait été dit en première mi-temps. Le but de la Jeu était de limiter la casse pour ne pas retourner dans l'Ain avec le moral dans les chaussettes. On notait davantage de scories dans le jeu parisien et le fait que la balle circulait mieux à Bourg mais aussi que la finition laissait toujours à désirer. Le temps filait et la JL faisait un peu baisser la note, de 60-33 à 65-43 (30e).
Un relâchement du Paris Basketball ? C'est interdit dans les tables de la lois de Tuomas Iisalo. Chaque action des Burgiens était systématiquement contestée. Zaccharie Risacher claquait un dunk surpuissant, laissait s'échapper sa frustration en criant de toutes ses forces, mais une fois sur la ligne, il avait droit à des tranchants "surcoté, surcoté" de la part du kop parisien, qui sait très bien appuyer là où ça fait mal.
Les Burgiens verront peut-être un motif d'espoir d'avoir infligé à leurs rivaux un run de 0-8 à un moment du dernier quart-temps (71-46 à 71-54), puis un 3-15. Ils ont réussi à éviter un trop gros débours sur la feuille de marque, mais c'était après vingt minutes de garbage time ou quelque chose de la sorte.
Les Parisii ont cherché à ce que chacun reprenne le "qui ne saute pas n'est pas Pari-sien..." Malgré leurs efforts, il y a eu des défections dans les rangs, mais pour un un jeune public parisien - très gâté -, c'était déjà pas si mal.
La boxscore est ICI.
A Paris.