Tous les clubs de Betclic Elite n’en sont pas au même niveau de structuration. Si la plupart ont gagné de l’épaisseur dans les bureaux, tous cherchent à continuer leur développement à court, moyen et long terme avec des stratégies parfois très différentes. Trois responsables arrivés ces dernières années dans l’organisation de leur club ont leur avis sur la question : le directeur sportif de la JDA Dijon, Fabien Romeyer, le directeur des opérations du Paris Basketball, Mathias Priez, et le directeur général de la Chorale de Roanne, Nicolas Reveret. Entretien croisé.
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Ils ne sont pas les plus connus du championnat de France, mais ils ont un rôle primordial au sein de leur club. Ils font partie du front office, un terme venu d’Amérique désignant grossièrement les décideurs impliqués au sein de l’organisation et l’administration, du general manager au directeur sportif en passant par le directeur exécutif, administratif, juridique ou financier ou encore le directeur des opérations sportives. En France, ces fonctions sont parfois très différentes d’un club à l’autre, de l’appellation au coeur de métier, et tous n’en sont pas au même stade dans la structuration du club. Sur ce constat-là, nous avons décidé de vous présenter trois têtes méconnues du grand public qui, à l’inverse d’anciens joueurs reconvertis après leur première carrière, n’ont pas de visage auprès du grand public. Chacun a pourtant un rôle considérable, sans pour autant avoir une très longue expérience dans le front office ou même le basket… au départ.
Parmi eux, un nom devrait parler aux Ligériens et aux fidèles de la Pro B et de la Nationale 1 : Fabien Romeyer (sur la photo à droite). Cet ancien entraîneur de 44 ans, passé par Saint-Etienne, Lille, Vichy et Aix-Maurienne, est depuis avril 2021 le directeur sportif de la JDA Dijon, en charge du secteur sportif et du bon développement du projet porté par la direction du club. Nous nous sommes également entretenus avec Mathias Priez (sur la photo au milieu), ancien chargé de mission à la Ligue Nationale de Basket (LNB) conquis par le projet du Paris Basketball dès ses débuts en 2018, jusqu’à en devenir son directeur administratif, juridique et financier puis, depuis en septembre 2020, son directeur des opérations, c’est-à-dire superviser les activités « off court » du club, et Nicolas Reveret (sur la photo à gauche), 39 ans, directeur général de la Chorale de Roanne à temps partiel… et à la double casquette de directeur du développement commercial du premier opérateur immobilier en Roannais, Opheor.
En quoi consiste votre rôle au sein du club ?
Fabien Romeyer, directeur sportif de la JDA Dijon : « Je suis arrivé en mars 2021 en tant que directeur sportif, chargé de véhiculer la vision du club auprès de tous les acteurs sportifs de la structure. Cette fonction à la JDA, telle que je l’ai définie, s’articule autour de six pôles : un pôle performance, c’est-à-dire la gestion relationnelle et du recrutement de la section sportive professionnelle, des joueurs, des coaches et du staff médical ; un pôle avenir, où je suis en responsabilité du centre de formation, ce qui est assez large à Dijon puisqu’on travaille main dans la main avec l’association, en montant notamment un projet de formation des U7 aux espoirs ; un pôle organisation : la gestion des déplacements des joueurs, en collaboration avec les team managers ; le pôle relationnel : communiquer de manière permanente avec la LNB, la FFBB, la BCL pour gérer les informations importantes comme les reports de matches par exemple ; le pôle financier : rentabiliser et négocier les signatures de contrats par rapport à la masse salariale ; et enfin le pôle innovant : toujours être en mouvement et regarder ce qui se fait ailleurs pour essayer d’avoir un coup d’avance. C’est un rôle polyvalent mais surtout en lien avec le terrain, pour coller à ce que j’avais fait avant. Je suis arrivé ici car Jean-Louis Borg (NDLR : general manager) m’a appelé en novembre 2020. Il souhaitait prendre du recul en prenant un ancien coach avec lequel la JDA aurait des affinités dans l’identité de jeu dans un rôle de directeur sportif. Je l’ai donc repris à Jean-Louis, qui avait une casquette beaucoup plus large. »
Mathias Priez, directeur des opérations du Paris Basketball : « Grosso modo, je suis le relais au quotidien de David Kahn (NDLR : PDG actuel) qui est environ deux tiers du temps aux Etats-Unis, pour gérer, décider et faire appliquer toutes les opérations qu’on peut faire de manière générale. Concrètement, c’est la gestion de l’administratif, du juridique et du financier. C’est également le management ou le suivi du marketing, de la billetterie, de la coordination des équipes. J’ai aussi un appui sur le plan sportif, non pas sur le recrutement, car c’est Jean-Christophe Prat qui s’occupe de ce domaine, mais de tout ce qui relève de l’administratif et du juridique. J’interviens par exemple en amont sur le calcul de la masse salariale, la rédaction du contrat, les négociations autour des derniers détails avec les agents… Directeur des opérations, c’est un titre qui relève vraiment de tous les secteurs du club, c’est pour ça qu’il est intitulé ainsi. »
Nicolas Reveret, directeur général de la Chorale de Roanne : « A la Chorale, le directeur général est celui qui gère le quotidien et qui, par l’intermédiaire d’un comité de pilotage, qui déploie les axes stratégiques avec les collaborateurs. Au sein de ce comité de pilotage siège le président Emmanuel Brochot et d’autres collaborateurs, qui travaillent soit dans le milieu commercial, soit le milieu sportif, soit dans le milieu associatif. On y définit notre ligne directrice. Il y a aussi les relations avec la Ligue Nationale de Basket de manière prépondérante, et la constitution du budget pour répondre à tous les objectifs possibles en matière de gestion de club. A titre personnel, je suis également directeur commercial d’un office HLM qui gère 5 000 logements uniquement sur l’arrondissement de Roanne. J’ai pour objectif de commercialiser tous les biens qui sont vacants avec un oeil commercial et technique. »
Avant d’arriver ici, quel était votre background ? Ces expériences vous aident-elles à mieux appréhender votre fonction telle qu’elle est définie dans votre club ?
Fabien Romeyer, directeur sportif de la JDA Dijon : « Depuis une bonne dizaine d’années, j’étais coach en Nationale 1, en Pro B à Saint-Etienne, Vichy, Lille et Aix Maurienne. Je ne coache plus depuis 2018. Passer de coach à directeur sportif, c’était une envie. A défaut de savoir ce que je voulais faire, je savais ce que je ne voulais plus faire. Je ne voulais plus être dans ce rythme « j’entraîne, je coache, je recrute ». Il n’y avait pas de plus pour autre chose, et je cherchais quelque chose de plus diversifié. Quand je demandais dans de précédents clubs d’avoir un regard sur les déplacements ou le centre de formation, c’était souvent chasse gardée, et très compliqué de faire bouger les lignes. On perdait de l’énergie sur des choses qu’on ne pouvait pas bouger et ça se répercutait sur l’équipe. C’est pour cela que j’ai passé un diplôme de directeur sportif qui, au final, m’a vraiment bien plu, avec des interventions de Jean-Louis Borg, Fred Sarre, Claude Bergeaud, et d’autres sports. L’idée avait déjà mûrie. Je voulais être acteur de plus de paramètres que le simple terrain, et avec l’objectif de mettre mon coach dans les dispositions dans lesquelles j’aurais aimé être quand j’étais à cette place. Avec le coach, on n’a presque pas besoin de se parler. Quand on va commencer à négocier un déplacement, je n’ai pas besoin de lui demander ce qu’il souhaite, on lui donne directement la finalité. Et il sait qu’on a tout mis en oeuvre pour que l’équipe soit dans les meilleures conditions avec les moyens que l’on a. Je me retrouve largement plus dans cette fonction que ce que je faisais il y a quelques années. C’est évident. »
Mathias Priez, directeur des opérations du Paris Basketball : « En 2017-2018, j’étais chargé de missions institutionnelles et réglementairesen alternance à la LNB. J’avais une proposition pour rester mais c’est le moment où le Paris Basketball se créait. A ce moment-là, c’était le tout début du club, son avenir n’était pas incertain, mais on se lançait dans l’inconnu. J’ai fait le choix de sauter dans ce projet. J’ai été recruté par Romuald Coustre (NDLR : devenu manager general à Gravelines), qui était directeur général opérationnel du club. J’étais en quelque sorte son adjoint sur les aspects administratifs et financiers au quotidien, au sein d’une toute petite équipe. Derrière, assez vite, je me suis occupé de l’organisation des matches, des prestataires. Romuald est parti à la fin de la première saison, j’ai repris un certain nombre de ses dossiers, dont la relation directe avec David Kahn, en tant que directeur administratif et financier. C’est le début de ce qui s’est concrétisé ensuite avec ce rôle de directeur des opérations. Et, pour revenir à la question de départ, ce que j’ai fait à la Ligue m’a évidemment beaucoup servi parce que je travaillais à la qualification et l’homologation des contrats. Forcément, ça m’a permis d’avoir des bases sur les pratiques des clubs. Je travaillais également sur le Plan Stratégique qui était en étude à l’époque et j’assistais aux réunions sur la stabilité des effectifs, le développement marketing des clubs, la visibilité du basket français… Donc j’étais immergé dans tous ces débats, et je le suis désormais du point de vue du club. »
Nicolas Reveret, directeur général de la Chorale de Roanne : « J’ai été cadre commercial avant de devenir directeur du développement commercial d’Opheor depuis 2018 et en parallèle directeur général depuis janvier 2020. Mes rapports avec le basket remontent depuis tout petit où je venais voir des matches à la Chorale de Roanne. Quand je suis rentré dans la vie active, j’ai vu que la Chorale, c’était aussi beaucoup de partenaires, et que c’était aussi beaucoup de business. C’est un axe vraiment fort que nous avons, et je sais que ce n’est pas dans tous les clubs pareils, mais pour nous, la valeur business est primordiale, indispensable, et c’est ce qu’on souhaite cultiver demain pour aller chercher encore plus de partenaires et par conséquent d’augmenter le budget et la masse salariale pour le sportif. »
« En sept-huit ans, la JDA Dijon a fait un bond incroyable. Dans les bureaux, on est passé de trois à 15 personnes. » – Fabien Romeyer, DS Dijon
Comment situez-vous la structuration de votre club parmi ceux de Betclic Elite ?
Fabien Romeyer, directeur sportif de la JDA Dijon : « En sept-huit ans, la JDA a fait un bond incroyable. Dans les bureaux, on est passé de trois à 15 personnes. Cette structuration est l’oeuvre de Jean-Louis Borg, Thierry Degorce (NDLR : président), Nathalie Voisin, qui ont fait un travail colossal dans une logique d’entreprise. Pierre après pierre, ils ont construit ce club, ils l’ont remis sur de bons rails et ils ont récolté la juste récompense de leur travail sur les 2-3 dernières saisons. Il y a eu une logique de stabilisation de l’effectif, au niveau du staff comme des joueurs. C’est un travail global. »
Mathias Priez, directeur des opérations du Paris Basketball : « On était plutôt en avance en termes de structuration en Pro B. Aujourd’hui, on est plutôt corrects en Betclic Elite mais pas encore dans le haut de tableau. Ça s’explique parce qu’il y a encore énormément de travail à faire. Imaginez-vous, on a commencé en 2018 avec aucun partenaire, aucun abonné, parce le club était totalement nouveau. Et même si on était à Paris, on n’était pas spécialement connus ni attendus. La structuration, elle se fait en même temps que l’arrivée de la nouvelle salle pour septembre 2023. Dès l’année prochaine, on va pratiquement avoir deux salles à vendre, une au quotidien, et une de 8 000 places pour l’année prochaine. Il y a beaucoup de choses à prévoir. Ce n’est pas évident parce qu’il faut avoir beaucoup de salariés mais aussi les locaux pour. Pour le moment, on a grandi assez vite, mais il faut faire attention aux proportions que cela prend. De manière plus globale sur le championnat, tous les clubs se structurent. C’est évidemment une très bonne nouvelle qu’on ait des investisseurs qui s’intéressent au basket, parce que c’est aussi ce qui a fait la force du rugby à un moment-donné, c’est d’avoir des mécènes qui ont transformé des clubs en véritable marque. Je pense qu’il faut aussi une dimension business plus affirmée, et de manière plus globale. C’est ce qui est intéressant avec les Américains, c’est qu’on se détache de cet aspect traditionnel « VIP – partenaires locaux » pour s’intéresser à des domaines où l’on est un petit peu plus faillibles. Et parfois, c’est même en contradiction avec la dimension locale. Après, les projets des Américains à Pau et à Paris sont très différents. Nous sommes sur un projet avant tout sportif, et lié à l’identité de marque, David Kahn a été general manager, il connait parfaitement le basket. Paris-Monaco et Paris-ASVEL sont des affiches car Monaco et l’ASVEL sont des marques. Il faut qu’il y ait plus de marques dans notre championnat, parfois déconnectées du seul palmarès. Il faut parler au grand public, pour chercher un public qui n’est pas de spécialiste, qui ne suit pas le basket aujourd’hui et qui n’a pas forcément envie de savoir qui a gagné 10 fois le championnat sur les 30 dernières années mais plutôt quelles sont les marques capables de l’attirer. »
Nicolas Reveret, directeur général de la Chorale de Roanne : « Quand on est arrivés avec le président Brochot, on s’était laissés un petit peu de temps pour réorganiser la structure puis la crise Covid est arrivée de plein fouet et a stoppé pas mal de nos projets. Mais on était plutôt en phase dès le départ, on s’était dit « le jour où tout redevient normal, il faudra se poser les bonnes questions au bon moment ». Et là c’est le bon moment de se poser les bonnes questions, dont celle de ma présence en tant que directeur général. Moi ou un autre, si on veut continuer de développer la Chorale de Roanne, ça passera par le recrutement d’un chef d’orchestre à plein temps. Il faut quelqu’un capable d’apporter une réponse immédiate dès qu’on en a besoin, qui puisse impulser une dynamique. A la tête de l’équipe sportive, on n’a pas ce soucis-là car on a la chance d’avoir Jean-Denys Choulet qui déborde d’énergie et d’impulsivité. Ce n’est pas pareil dans tous les secteurs du club. A la fin de la saison, je pense qu’on aura quelqu’un de permanent qui occupera le poste de directeur général de la Chorale de Roanne. Ça pourrait être moi, le président m’a posé la question. L’envie est là parce que c’est une formidable aventure qui m’est proposée. J’y réfléchis avec sérieux parce que je sais que le club en a besoin. »
« Je pense sans prétention qu’on a une belle image au niveau du centre de formation de la Chorale de Roanne, mais il faut qu’on aille encore plus loin » – Nicolas Reveret, DG Roanne
Quels seront les futurs principaux axes d’évolution et de développement au sein du club ?
Fabien Romeyer, directeur sportif de la JDA Dijon : « Notre développement part d’un postulat : l’événement match en lui-même ne permet pas d’avoir des rentrées d’argent suffisantes pour pouvoir se développer. Si on fait une belle saison, on va peut-être avoir 10-15 % de plus parce que de nouveaux partenaires arrivent, la billetterie fonctionne. Si on fait une mauvaise saison, 10-15 % de moins. Ce n’est pas ça qui va faire que la saison d’après, on va être en difficulté ou on va avoir plus de moyens. Donc le match en lui-même ne sert plus de prétexte financier. En revanche, il faut diversifier ses moyens. C’est la voie qui a été prise à Dijon. Nous, on veut diversifier nos rentrées d’argent en diversifiant notre offre. On ne veut pas être « JDA Dijon », mais « le groupe JDA Dijon », avec à la fois le côté sportif avec le basket et le hand, et le côté société immobilière, restaurant, domaine viticole, société de nettoyage, de communication, etc. Et à terme, quand il y aura une rentabilité de ces organismes, il y aura un impact sur l’équipe première. C’est une vraie logique d’entrepreneurs. Je ne crois pas me tromper en disant que Bourg a un développement avec une idée similaire, le match est un prétexte mais, avant et après le match, on vient consommer et profiter au 10 55. Chacun a son idée de développement mais nous, elle est essentiellement entrepreneuriale, et pas liée uniquement au basket. Concernant l’évolution structurelle au niveau du basket pur, il nous faut principalement une unité de lieu. Pour moi, c’est indispensable, il nous faut une salle, une infrastructure qui nous appartienne. Actuellement, on partage le Palais des Sports avec le hand masculin et féminin. Je ne sais pas si ça pourra être fait mais il nous faudrait plusieurs terrains, pour que tout le monde puisse en profiter en même temps, il nous faut un pôle médical, récupération, prépa physique, musculation et de restauration sur place. Le dossier de JDArena n’est pas fermé, devra-t-on ou pourra-t-on rénover le Palais des Sports ? Devra-t-on changer de site ? Je ne sais pas, ce ne sont que des projets, et ce n’est pas à moi de prendre ce genre de décisions, mais tels sont notre projets d’évolution. Dans le même temps, il faudra aussi limiter notre temps dans les transports pour gagner du temps de récupération et passer un cap sur notre pôle médical. »
Mathias Priez, directeur des opérations du Paris Basketball : « En termes de développement sportif, on a réussi l’objectif de monter dans les quatre ans, et donc de s’installer en Betclic Elite avant l’arrivée de l’Arena. Reste à se maintenir mais, de ce point de vue-là, on est dans les temps. Plus que ça, on a réussi à créer une identité basket basée sur les jeunes, des joueurs à long terme comme Gauthier Denis ou Dustin Sleva qui sont là depuis la première saison. En termes d’identité, je pense qu’on propose quelque chose de cohérent. Après, en termes économique, on est satisfaits des recettes de billetterie à la Halle Carpentier parce qu’on arrive désormais à la remplir quasiment tout le temps. On a réussi la première délocalisation à Bercy, on en a une deuxième en mars, ce qui prouve que le public suit quand on va dans une plus grande salle. Au niveau des partenaires, on a su les renouveler avec des montants importants, qui en plus accompagnent le club dans son développement, le clip avec Adidas en début de saison en est le meilleur exemple, et il était hors contrat. Maintenant, ce qui nous manque aujourd’hui, c’est le réseau des petits partenaires que les clubs ont mis des années à construire. Le dernier axe de structuration concerne les subventions. On avait 400 000 euros de subventions l’an dernier, nous attendons la nouvelle, mais si on sait que la situation économique de la Ville de Paris est compliquée. Toujours est-il qu’il y a plus d’un million d’euros d’écart avec ce que peuvent recevoir certains clubs de Betclic Elite. Même si ce n’est pas forcément le modèle économique que l’on souhaite développer, ce sont les deux principaux axes qu’il faut vraiment développer pour le moment. »
Nicolas Reveret, directeur général de la Chorale de Roanne : « Au niveau du sportif, il faut faire de la Chorale de Roanne un club encore plus formateur qu’il ne l’est aujourd’hui. Je pense sans prétention qu’on a une belle image au niveau du centre de formation mais il faut qu’on aille encore plus loin. J’aime bien m’inspirer de ce qui se fait le mieux. Aujourd’hui, le modèle qui fait envie, et on est régulièrement en concurrence avec eux, c’est l’ASVEL avec la Tony Parker Académie, c’est Bourg-en-Bresse avec son école des meneurs et c’est Cholet qui, historiquement, est un club formateur. Je veux que Roanne rentre dans le top 3 des clubs qui forment des joueurs pour que les jeunes se disent « je veux y aller parce que je suis certain qu’en venant à Roanne, soit je vivrai du basket, soit j’aurai un boulot à la fin de ma formation. » On a un autre objectif lié, c’est qu’aujourd’hui, on a 10 joueurs professionnels et donc une masse salariale divisée par 10. Si demain nous sommes en capacité de sortir un ou deux jeunes qui évoluent en permanence avec l’équipe professionnelle, ça veut dire que la masse salariale sera divisée en 8 ou en 9, et mathématiquement ça nous permettra de prendre des joueurs plus chers, et on ose espérer plus forts et plus expérimentés. Au niveau de la structuration juridique, ce qu’on aime bien avec le président Brochot, c’est faire un modèle « unique », qui est basé sur notre façon de penser, notre histoire et notre héritage. Aujourd’hui, on a 500 actions détenues par les actionnaires, certains en ont une, deux et jusqu’à 292 détenues par l’association Chorale de Roanne Basket. Ça signifie qu’on aura demain une structuration qui sera différente de tous les autres clubs. Parce que certains accepteront de vendre leurs actions, d’autres qui vont les conserver, d’autres qu’on ne retrouvera pas. En tout cas, je vois dans le futur un conseil de directoire et un conseil de surveillance plus structurés. »
« L’Euroleague, c’est l’objectif. Mais on n’est pas focus sur une seule compétition. On veut jouer une Coupe d’Europe, c’est important pour parler au public parisien, mais nous ne sommes fermés à aucune porte » – Mathias Priez, DO Paris
Où en est votre club financièrement ? Comment le club a-t-il traversé la pandémie ?
Fabien Romeyer, directeur sportif de la JDA Dijon : « Je ne pourrai pas vous donner une réponse précise, je ne suis pas directeur exécutif, mais je peux vous dire que le Covid a plusieurs impacts. Financier, c’est évident, par exemple d’avoir mis des jauges dans les salles, c’est une chose, mais tous les salons ou autres manifestations qu’on avait prévus fin décembre sont tombés à l’eau. Mis bout à bout, ça touche forcément, même si, au final, si on lit les rapports de la LNB, on voit que les clubs n’ont pas été si impactés que ça. Il faut dire que l’Etat a vraiment suivi. Et humain aussi. Au lieu d’être 15, il nous est arrivés d’être 4 dans les bureaux car tout le monde était en télétravail. Ça a un impact sur la vie de groupe, d’autant plus à la JDA qui est un groupe dont la volonté est de toujours rester en mouvement. »
Mathias Priez, directeur des opérations du Paris Basketball : «En trois ans et demi d’existence, on a quand même eu un an et demi de pandémie. Elle nous a fait plus de mal que dans d’autres clubs dans le développement parce que là où les autres avaient des partenaires à conserver, nous avions des objectifs très élevés d’en gagner, ce qui était quasiment impossible. Aujourd’hui, le budget est de 5 millions d’euros. Les chiffres annoncés en début de saison, notamment la masse salariale, ont été respectés et le sont toujours, y compris suite au dernier recrutement (NDLR : celui d’Axel Toupane). Il n’y a pas eu de révolution de palais de ce point de vue-là. Mais on sait qu’on ne peut pas être rentables à Carpentier. Même si on a transformé la salle, on n’a pas les loges, on n’a pas les outils… C’est insuffisant. Les objectifs fixés par David Kahn sont très élevés pour la nouvelle Arena mais on souhaite qu’on soit un modèle économique. Le budget ne sera pas en déséquilibre sur le moyen terme. Vous me parliez précédemment de l’Euroleague, c’est l’objectif. Mais vous savez, l’Euroleague, il y a des interrogations sur son modèle économique aussi. Donc nous, on n’est pas focus sur une seule compétition. On veut jouer la Coupe d’Europe à moyen terme, je pense que c’est important pour parler au public parisien, mais nous ne sommes fermés à aucune porte. C’est bien d’être ambitieux mais il faut une affaire qui marche avant tout. Donc on va avancer sans faire de choses inconsidérées. »
Nicolas Reveret, directeur général de la Chorale de Roanne : « Par rapport à d’autres clubs, on a plutôt bien traversé la pandémie, notamment parce qu’au niveau du staff, on est ultra légers par rapport à d’autres clubs. Il y a beaucoup de choses qu’on fait à une poignée et que d’autres font à beaucoup plus. Donc finalement, ce qu’on faisait hier, on a continué de le faire pendant la crise quand d’autres se posaient la question « comment on va les faire travailler, qui on va faire travailler, qui va être en chômage partiel ». Nous n’avions pas eu le temps de prendre des orientations stratégiques quand on est arrivés avec le président Brochot, donc on a continué comme ça, on a serré les fesses et ça s’est plutôt bien passé. Les économies qui ont été faites nous ont permis de passer cette crise, et finalement de mieux gérer le passage à vide comme en 2014 où le club avait enregistré plus d’un million d’euros de pertes, et les collectivités étaient venues à la rescousse. Désormais, tout redémarre, et il va falloir faire des choix pour être dans l’anticipation plutôt que de subir les décisions. »
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Ils ne sont pas les plus connus du championnat de France, mais ils ont un rôle primordial au sein de leur club. Ils font partie du front office, un terme venu d’Amérique désignant grossièrement les décideurs impliqués au sein de l’organisation et l’administration, du general manager au directeur sportif en passant par le directeur exécutif, administratif, juridique ou financier ou encore le directeur des opérations sportives. En France, ces fonctions sont parfois très différentes d’un club à l’autre, de l’appellation au coeur de métier, et tous n’en sont pas au même stade dans la structuration du club. Sur ce constat-là, nous avons décidé de vous présenter trois têtes méconnues du grand public qui, à l’inverse d’anciens joueurs reconvertis après leur première carrière, n’ont pas de visage auprès du grand public. Chacun a pourtant un rôle considérable, sans pour autant avoir une très longue expérience dans le front office ou même le basket… au départ.
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Photo d’ouverture : Nicolas Reveret (Georges Burellier / Chorale Roanne) / Mathias Priez (Paris Basketball) / Fabien Romeyer (François Pietrzak)