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[REDIFF] Michael Ruzgis – L’incroyable histoire du premier Américain qui a révolutionné le basket français (2/4)

Michael Ruzgis a connu une destinée incroyable. Américain d’origine lituanienne, il a été champion d’Europe en 1939 et en avec la Lituanie et fut élu MVP de la compétition. Après la Seconde Guerre mondiale, il fut sinon le premier du moins l’un des premiers joueurs américains du championnat de Franc

Michael Ruzgis a connu une destinée incroyable. Américain d’origine lituanienne, il a été champion d’Europe en 1939 et en avec la Lituanie et fut élu MVP de la compétition. Après la Seconde Guerre mondiale, il fut sinon le premier du moins l’un des premiers joueurs américains du championnat de France, puis entraîneur de l’équipe de France, le seul étranger à ce poste, révolutionnant par ses méthodes la technique et la tactique alors très primaires, puis celui de l’équipe d’Espagne. Il eut plusieurs enfants, en Lituanie et en France, et un jour s’échappa sans jamais revenir…

L’enquête est en quatre parties. La première partie est ICI, la deuxième ICI, la troisième ICI, et la quatrième ICI.

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De retour à New York, Michael Ruzgis fut employé à la New York Life Insurance avant de servir dans l’armée américaine à partir de fin octobre 1942. L’Américano-Lituanien fut affecté à la 89e division d’infanterie, qui faisait partie de la 9e armée. Il passa plusieurs semaines avec ses frères d’armes à préparer les hostilités et fut de retour en Europe avec sa division le 21 janvier 1945 après 11 jours de traversée.

Michael Ruzgis a franchi le Rhin avec la 89e division, qui s’est enfoncée dans les profondeurs de l’Allemagne jusqu’à la capitulation des nazis. Il a été impliqué dans la campagne de Belgique et fit partie des libérateurs des camps de concentration de Ohrdruf et Buchenwald, réalisant, paraît-il, quelques clichés saisissants. Il est demeuré sur la liste active de l’armée US jusqu’au 28 février 1946 et il a été décoré trois fois.

Joueur-entraîneur au Stade Français Paris

Le championnat d’Europe de 1939 en Lituanie avait constitué un choc culturel violent pour la délégation française, qui s’était aperçue à ses dépens que ses préceptes étaient complètement dépassés. Une idée faisait depuis son chemin : pour se mettre au goût du jour, il fallait recourir à un entraîneur américain. Dans L’Auto, le journaliste Robert Perrier écrivit : « La leçon de Kaunas, à ce sens, doit porter des fruits précieux. Mais l’étude est longue. Ce n’est pas en regardant sept matches des Lituaniens que l’on peut comprendre les finesses de la défense de zone, l’astucieuse combinaison -dans les moments difficiles – de cette défense de zone et du marquage d’homme à homme, l’utilisation complète du pivot, l’art de shooter au panier sans l’aide du panneau, etc. Il manque un entraîneur américain. Les joueurs français sont merveilleux. Ils ont toutes les qualités pour briller dans les compétitions internationales. L’équipe de France est un merveilleux instrument. C’est, hélas !, un Stradivarius dans les mains d’un joueur d’ocarina. »

Les dirigeants s’étaient fait la même réflexion et, dans un autre article de L’Auto, daté du 2 juin, on apprenait que Gaston Vrolix, le président de l’US Métro, un club parisien alors en haut de l’affiche, s’était mis en tête de débaucher un entraîneur américain, alors que le président de la fédération, Marie-Eugène Bouge, qui lui s’était rendu sur place, avait la même intention. « D’après les renseignements que M. Vrolix a recueilli du récent Championnat d’Europe, le Lituanien-Américain Ruzgys serait le plus qualifié pour cette fonction. Et sans trop perdre de temps il allait lui faire des propositions. Des efforts groupés de la FFBB et des clubs doivent permettre de disposer enfin d’un grand technicien du basket. »

Seulement, trois mois plus tard, le gouvernement de la IIIe République sonnait la mobilisation générale, la Seconde Guerre mondiale était lancée pour de bon, et les projets de l’US Métro et de la FFBB forcément enterrés. Il fallut attendre six longues années et la fin du conflit pour que la piste Ruzgis fut ouverte à nouveau. Dans Le Courrier du Patronage, l’international Henri Lesmayoux livra un peu plus tard un témoignage capital. « C’est au cours d’un match amical à Rouen que j’ai retrouvé Mickaël (sic) Ruzgis après la Libération. J’avais fait sa connaissance en 1939. Nous avons bavardé, je lui ai donné mon adresse. Il est venu à Paris avec Fabrikant (NDLR : Wladimir Fabrikant, international du Stade Français) à quelque temps de là. L’Américain fut recruté par le Stade Français où il a joué puis assuré rapidement son prestige. Son ascension l’a conduit au poste de conseiller technique puis d’entraîneur de l’équipe de France (et sélectionneur). Au niveau de la technique individuelle, je l’avais connu excellent joueur. Sa tactique n’était pas pour autant défaillante. C’était un très bon technicien. Evidemment, avec la guerre, ses qualités s’étaient émoussées. Il ne retrouva jamais la condition qu’il avait affichée en 1939. Comme entraîneur de la sélection nationale, il était écouté, suivi, parce qu’il était très amoureux du jeu moderne. Techniquement et tactiquement parlant, sa notoriété lui suffisait. Il laisse un bon souvenir de son passage. Mais celui-ci ne pouvait être que provisoire. Il s’agissait d’une transition, cela se conçoit. Ruzgis le savait lui-même. »

Après six ans sans compétition, et probablement très peu d’activité sportive, et alors qu’il était dans la force de l’âge, Michael Ruzgis prit ainsi, au milieu de la saison 1945-46, une licence de joueur au Stade Français Paris, l’équipe de Wladimir Fabrikant, qui lui servit d’interprète avant qu’il apprenne le français. Impossible d’affirmer qu’il fut le premier Américain d’une très, très longue liste mais il fut assurément le plus prestigieux de l’époque. Michael Ruzgis prit donc également au Stade Français les fonctions d’entraîneur. On était dans un monde « amateur » mais cela ne l’empêcha pas, selon Ce soir, d’être rémunéré 50 000 Francs, un « traitement mensuel coquet ». Probablement envieux de son rival parisien, le Racing fit venir à son tour un « technicien américain », James Daley, ainsi qu’un certain Kane, mais les deux retournèrent très vite aux Etats-Unis. Dans le petit milieu du basket parisien, la présence de Michael Ruzgis fit jaser et, plus tard, il dût démentir qu’il quittait le Stade pour le Racing ou encore qu’un séjour à Bruxelles n’était pas l’occasion d’un rapprochement avec le Racing Club local.

Le grand jour fut le jeudi 21 février 1946. Dans Ce soir, le journaliste Roger Cornet nous apprend que c’est à Nantes, face à l’Hermine, que Michael Ruzgis fit ses grands débuts dans le championnat de France. « Le Messie est-il arrivé hier soir dans la capitale pour les basketteurs en la personne du joueur américain Ruzgis débarqué de Belgique où il vient de se faire démobiliser ? Toujours est-il que ce monsieur est très attendu depuis deux mois. D’abord par les joueurs du Stade Français avec lesquels il jouera tout en leur servant d’entraîneur. Ensuite par les pontifs fédéraux qui lui ont accordé le titre d’entraîneur national. »

Pas question d’avoir sa moyenne de points, à fortiori des statistiques complètes – nous sommes en 1946 ! -, aussi impossible d’avoir une idée précise de l’impact de Michael Ruzgis au Stade Français. On sait seulement qu’il n’avait évidemment plus le jus qui était le sien avant la guerre. En revanche, pas de doute, il fut un entraîneur très apprécié. Futur vice-champion olympique à Londres en 1948, Pierre Thiolon déclara à Miroir Sprint à cette époque : « Tout ce que je sais, je le dois en partie à Ruzgis. C’est maintenant qu’il n’est plus avec nous que nous apprécions le travail du grand Américain. »

Photo : Musée du Basket
Photo : Musée du Basket
Michael Ruzgis apparait à la 25e minute de la vidéo

Interdiction de boire du vin à table !

Dans 100 ans de basket en France, un documentaire réalisé par Gérard et Jacques Bosc, on peut voir Michael Ruzgis à l’œuvre. Pas comme joueur, mais comme entraîneur, pédagogue, initiateur. Cet extrait est en fait issu d’un film tourné à l’Institut National des Sports en juillet 1946, lors d’un stage qui avait regroupé des internationaux français. « La fédération avait organisé un certain nombre de stages dans lesquels Ruzgis n’avait encore aucun rôle officiel mais, en fait, c’est lui qui dirigeait ces stages qui ont certainement été à l’origine d’une très grande évolution du basket français… Il était très fort sur le plan technique et sur le plan de la pédagogie », y témoigna Wladimir Fabrikant. « Il m’a beaucoup marqué comme entraîneur », révéla André Buffière, qui peut être considéré comme le coach le plus important du basket français du XXe siècle.

Jusque-là, les Français étaient célèbres pour leurs courses désordonnées et leur improvisation, et ce style sans stratégie fut qualifié de Ripopo par les journalistes Robert Perrier et Gilbert Bideaux. Il est difficile d’imaginer la profondeur du gouffre qui séparait en matière de basket-ball les Etats-Unis d’un côté et le reste du monde de l’autre, à commencer par la France. Michael Ruzgis n’a laissé aucune trace dans l’histoire du basket américain mais en France, il était considéré comme un extra-terrestre qui possédait des pouvoirs mystérieux. Il fit simplement travailler les fondamentaux : tir à une main, travail des appuis, recours aux premiers écrans. Le b.a.-ba du basketball made-in-USA. « Ruzgis n’est pas vraiment un manager spectaculaire, mais il est génial, ce qui est mieux, » peut-on lire dans un numéro de l’époque de la revue fédérale Basketball.

Le stage de juillet 1946 à l’INS concerna 33 joueurs potentiellement internationaux dont 17 provinciaux durant 15 jours. Michael Ruzgis fut secondé par Wladimir Fabrikant, qui lui servit là-aussi d’interprète et par Emile Frezot. Avec la bénédiction du médecin de l’équipe de France, un certain Chuch, l’Américain prit la décision d’interdire le vin à table pendant trois jours ! Le début de la diététique. « Ruzgis insiste plus particulièrement sur l’art des feintes et du « blocage », et démontre lumineusement à nos internationaux et sélectionnés que le déroulement d’une combinaison ne nécessite pas seulement la participation simultanée de deux ou trois hommes, mais celle des cinq joueurs de l’équipe, » écrivit Miroir Sprint.

« Tout cela va amener un bouleversement total dans la façon de faire le basket et un engouement absolu partout, et là, je dis bien PARTOUT », explique Gérard Bosc dans un podcast de la FFBB Formation. « Pourquoi ? Parce que des Américains, il y en a partout à cette époque. On ne déplace pas des milliers de soldats en deux coups de cuillères à pot ! En attendant de les rapatrier, ils sont dans des casernements et ils attendent, ils jouent au basket. Il y en a partout : dans des bases, des sanatoriums, des hôpitaux et on y joue avec les règles américaines, qui ne sont pas encore devenues les règles internationales ! On ne supporte plus de jouer n’importe comment et là, on est content de pouvoir jouer avec des règles américaines. »

Ce stage de l’INS servit de point de départ à la formation des cadres avec la création d’une Commission fédérale et d’une amicale d’entraîneurs. L’un des observateurs attentifs fut Joe Jaunay, qui avait alors 27 ans, qui se forma ainsi comme joueur et entraîneur. Il fut ensuite DTN, entraîneur de l’équipe de France masculine, de l’équipe de France féminine et de la prestigieuse équipe du Clermont Université Club.

Robert Busnel, alors à l’Eveil Sportif de Sainte-Marie la Guillotière de Lyon, championne de France, fut nommé moniteur fédéral adjoint de la FFBB, et bénéficia aussi très largement du savoir-faire de l’Américain. Si les Tricolores remportèrent une inattendue médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Londres en 1948, c’était pour beaucoup grâce aux leçons du professeur Ruzgis.

Après le stage de l’INS, Busnel avait pris la plume dans la revue fédérale Basketball afin de complimenter l’Américain : « Pendant quinze jours à Joinville, je l’ai écouté parler en son français si imagé, ce français qu’il a tenu à apprendre pour traduire mieux sa pensée et aussi pour être plus près de ses élèves. Tous les jours j’ai vu à travers lui un sport que je croyais connaître et qu’il m’a révélé si différent qu’aujourd’hui encore, j’en reste étonné. Mais aussi nous avons découvert en lui autre chose qu’un technicien: Ruzgis, sous son apparence bon enfant, est un fin psychologue qui a su créer dans son équipe composé d’éléments divers, une âme, un moral indispensable au succès. »

Pourtant, deux ans auparavant, dans un billet franchouillard et un tantinet réactionnaire, ce même Busnel avait mis en doute les méthodes de rationalisation de l’Américain : « D’abord, nous ne tenons pas assez compte de la différence de tempérament. L’Américain se plie avec facilité à une discipline absolue mais notre caractère, lui, ne s’y pliera jamais. Dans notre histoire, notre esprit d’indépendance, rebelle à toute contrainte, notre sens de l’improvisation, ont toujours été une force plutôt qu’une faiblesse. Pourquoi vouloir supprimer du jour au lendemain ce qui reste du trait dominant de notre race ? »

Une frustrante 5e place à l’Euro

Michael Ruzgis succéda à André Tondeur et Paul Geist, mais dans les faits, il était le premier entraîneur véritable de l’équipe de France. Il y a en a eu ensuite 14 autres y compris Vincent Collet, aucun n’était étranger. Il servit de « manager » d’une sélection de Paris (PUC, Stade Français, Hirondelles, Championnet), qui au Vel’ d’Hiv’ joua contre une équipe de Moscou qui pour la première fois faisait une tournée en France, dans neuf villes. Autre anecdote, que l’on peut qualifier de savoureuse mais qui démontre que la France avait du mal à se relever des effets dévastateurs de la guerre : alors que pour un stage de l’équipe de France de novembre 46 à l’INS, Michael Ruzgis avait exigé un internat intégral pour les 20 joueurs convoqués, les Parisiens furent invités à demeurer chez eux car il n’y avait que 10 lits disponibles. Ruzgis qualifié de flegmatique, « veille aux ébats de tous ces grands garçons parfois bien indisciplinés. Le long Ruzgis pousse même la conscience professionnelle jusqu’à initier ses poulains à ses combinaisons les plus secrètes et Dieu sait s’il en possède » croyait savoir Miroir Sprint.

C’est à l’Euro de 1947 à Prague, à la Salle des Sokols Vinohredy, que Michael Ruzgis officia pour la première et dernière fois à la tête de l’équipe de France dans une compétition officielle. Les Français s’étaient classés 4e au championnat d’Europe, l’année précédente à Genève, et beaucoup d’espoirs étaient associés à la présence de l’entraîneur américain.

Michael Ruzgis avait un statut de star internationale dans la capitale de la Tchécoslovaquie et lui-même en a parlé à la radio Voice of America en 1968. C’est d’ailleurs le seul enregistrement que le journaliste-enquêteur de la LRT a retrouvé. « Quand j’étais à un banquet organisé pendant le championnat, l’entraîneur bulgare était assis à ma gauche et l’entraîneur russe à ma droite. Tout le monde savait. Partout où je suis allé, les journaux et la radio ont dit que j’étais un Lituanien-Américain qui, avec l’équipe lituanienne, avait remporté les championnats d’Europe de basket-ball à Kaunas », y commenta-t-il. De plus, à Prague, Ruzgis a pu rencontrer quatre compatriotes lituaniens qui représentaient l’Union soviétique, Steponas Butautas, Vytautas Kulakauskas, Justinas Lagunavičius et Kazys Petkevičius. L’URSS allait dominer l’Europe et le monde, à l’exception des Etats-Unis, jusqu’à l’avènement de la Yougoslavie. « La Russie a repris l’équipement et les tactiques lituaniennes. La dernière fois que je les ai vus, c’était avec l’équipe de France à Prague. Je voulais pleurer de joie, car il y avait quatre Lituaniens dans l’équipe et un était le capitaine de leur équipe. J’ai parlé plusieurs fois à ces joueurs lituaniens, mais pour des raisons évidentes, ensuite nous ne pouvions plus communiquer », s’est souvenu Ruzgis.

Lors de la phase de groupe, l’équipe de France a battu l’Autriche avec un écart de 94 points (100 à 6) qui est le plus important de toute son histoire, puis la Bulgarie avec aisance (67-32). Mais une défaite surprise face aux Belges (26-27) due semble t-il à une erreur de la table de marque, allait mettre au pilori ses espoirs de médaille. Elle se contenta de la 5e place. Selon Gérard Bosc dans Une Histoire du Basket Français, deux clans s’étaient constitués au sein de l’équipe nationale avec d’un côté les « amateurs » (PUC et Championnet) et de l’autre, les « professionnels »(la Guillotière), et des primes n’auraient pas été versées, ce qui fit grogner certains.

Ruzgis passa trois mois plus tard la main à Busnel après avoir quitté sans prévenir un stage préparatoire à un match face à la Belgique en août 1947. Difficile de dire s’il y avait un rapport de cause à effet ou si l’Américain en avait ras-la-casquette des magouilles fédérales.

Photo : Avec le numéro 3, lors du « All Star Game »

Une saison à Monaco

En même temps, Michael Ruzgis quitta le Stade Français pour l’AS Monaco où, toujours en tant que joueur-entraîneur, il fut demi-finaliste du championnat de France avec comme équipier l’international Yvan Quenin, qui fut ensuite président du club. « Mike a complètement transformé l’équipe monégasque, » lit-on dans But et Club de décembre 1947, qui précise : « Mike réunit ses camarades trois fois par semaine, le matin. A la base de l’entraînement, culture physique et footing. Au cours des première et troisième séances : deux fois cinq minutes. Pendant la seconde, deux fois un quart d’heure. Ainsi le souffle des basketteurs de l’AS Monaco s’est considérablement amélioré (…) Aujourd’hui, les Monégasques jouent en formation organisée, consciente de sa valeur. Michael Ruzgis, le « sorcier » du basket, est passé par là. » Amusant de constater que les Monégasques affrontèrent lors d’un tournoi la Virtus Bologne et ses cinq internationaux, un rival qu’ils retrouvent aujourd’hui en Eurocup ; ils perdirent le match 25-34.

Son passage à Monaco fut également pour Michael Ruzgis l’occasion d’écrire un manuel avec l’international Raymond Offner, intitulé tout simplement Le Basket Ball, sorti en 1948. « Il s’agit d’une publication moderne, richement illustrée de photographies, dans laquelle M. Ruzgys lui-même décrit comment exécuter correctement des éléments individuels du basket-ball, présente les grands principes de l’attaque et de la défense et examine les combinaisons de basket-ball ».

Basket Magazine le décrit comme « un étranger dont les feintes et l’adresse sont supérieures à tous les joueurs existants ». L’Américano-Lituanien est le meilleur marqueur du relevé Tournoi de Nice. Il participa par ailleurs à un match de gala France-Etrangers de France, l’ancêtre du All-Star Game de la LNB. Pour l’anecdote, l’équipe d’étrangers était composée de Nemeth, Racz (Marseille), Varkala, Swara, Ruzgis (Monaco), Rebay et Lapienis (Roanne), Kateluis et Andriulis (Menton), Goglia (Auboué), et Fiorin (Hirondelles des Coutures)… On donnait rarement les prénoms à l’époque dans les publications et pas forcément les nationalités. Miroir Sprint révéla que Michael Ruzgis y était apparu sous un mauvais jour et sentencieux écrivit : « En résumé, une mauvaise affaire pour la FFBB, qui a probablement perdu de l’argent et une belle occasion de s’abstenir d’organiser un match ne pouvant avoir aucune signification véritable. » Il n’est pas toujours bon d’être en avance sur son temps.

A suivre.

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De retour à New York, Michael Ruzgis fut employé à la New York Life Insurance avant de servir dans l’armée américaine à partir de fin octobre 1942. L’Américano-Lituanien fut affecté à la 89e division d’infanterie, qui faisait partie de la 9e armée. Il passa plusieurs semaines avec ses frères d’armes à préparer les hostilités et fut de retour en Europe avec sa division le 21 janvier 1945 après 11 jours de traversée.

Michael Ruzgis a franchi le Rhin avec la 89e division, qui s’est enfoncée dans les profondeurs de l’Allemagne jusqu’à la capitulation des nazis. Il a été impliqué dans la campagne de Belgique et fit partie des libérateurs des camps de concentration de Ohrdruf et Buchenwald, réalisant, paraît-il, quelques clichés saisissants. Il est demeuré sur la liste active de l’armée US jusqu’au 28 février 1946 et il a été décoré trois fois.

Joueur-entraîneur au Stade Français Paris

Le championnat d’Europe de 1939 en Lituanie avait constitué un choc culturel violent pour la délégation française, qui s’était aperçue à ses dépens que ses préceptes étaient complètement dépassés. Une idée faisait depuis son chemin : pour se mettre au goût du jour, il fallait recourir à un entraîneur américain. Dans L’Auto, le journaliste Robert Perrier écrivit : « La leçon de Kaunas, à ce sens, doit porter des fruits précieux. Mais l’étude est longue. Ce n’est pas en regardant sept matches des Lituaniens que l’on peut comprendre les finesses de la défense de zone, l’astucieuse combinaison -dans les moments difficiles – de cette défense de zone et du marquage d’homme à homme, l’utilisation complète du pivot, l’art de shooter au panier sans l’aide du panneau, etc. Il manque un entraîneur américain. Les joueurs français sont merveilleux. Ils ont toutes les qualités pour briller dans les compétitions internationales. L’équipe de France est un merveilleux instrument. C’est, hélas !, un Stradivarius dans les mains d’un joueur d’ocarina. »

Les dirigeants s’étaient fait la même réflexion et, dans un autre article de L’Auto, daté du 2 juin, on apprenait que Gaston Vrolix, le président de l’US Métro, un club parisien alors en haut de l’affiche, s’était mis en tête de débaucher un entraîneur américain, alors que le président de la fédération, Marie-Eugène Bouge, qui lui s’était rendu sur place, avait la même intention. « D’après les renseignements que M. Vrolix a recueilli du récent Championnat d’Europe, le Lituanien-Américain Ruzgys serait le plus qualifié pour cette fonction. Et sans trop perdre de temps il allait lui faire des propositions. Des efforts groupés de la FFBB et des clubs doivent permettre de disposer enfin d’un grand technicien du basket. »

Seulement, trois mois plus tard, le gouvernement de la IIIe République sonnait la mobilisation générale, la Seconde Guerre Mondiale était lancée pour de bon, et les projets de l’US Métro et de la FFBB forcément enterrés. Il fallut attendre sept longues années et la fin du conflit pour que la piste Ruzgis fut ouverte à nouveau. Dans Le Courrier du Patronage, l’international Henri Lesmayoux livra un peu plus tard un témoignage capital. « C’est au cours d’un match amical à Rouen que j’ai retrouvé Mickaël (sic) Ruzgis après la Libération. J’avais fait sa connaissance en 1939. Nous avons bavardé, je lui ai donné mon adresse. Il est venu à Paris avec Fabrikant (NDLR : Wladimir Fabrikant, international du Stade Français) à quelque temps de là. L’Américain fut recruté par le Stade Français où il a joué puis assuré rapidement son prestige. Son ascension l’a conduit au poste de conseiller technique puis d’entraîneur de l’équipe de France (et sélectionneur). Au niveau

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Photo d’ouverure: Musée du Basket

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