Cette saison 2020-21 est révolutionnaire et pas seulement en raison des conditions sanitaires. C’est un quart-de-siècle plus tard le véritable retour en force du basket en clair, sur deux chaînes, celle de L’Equipe et Sport en France. Parallèlement, LNB.TV a considérablement enrichi son offre. Voici un point général sur le basket et la télé avec Michel Mimran, le Directeur Général de la Ligue Nationale de Basket.
Voici la deuxième partie de l’interview.
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C’est une opportunité énorme pour une deuxième division comme la Pro B d’avoir des matches retransmis en clair à travers la Leaders Cup ? Il n’est pas certain que ça existe dans d’autres pays ?
Je peux affirmer que la Pro B a totalement compris l’événement que ça représentait pour elle. Des clubs comme Blois et Fos ont eux-mêmes investi dans la production télé pour que la diffusion de leurs matches – et notamment la Leaders Cup Pro B – soit encore de meilleure qualité. Oui, les clubs de Pro B ont totalement conscience de l’impact que peut avoir le fait que leurs matches soient télévisés sur de la télé gratuite. Sport en France est une télé qui grimpe. Elle commence à programmer pas mal de basket avec la Pro B et les affiches de Jeep Elite. Ce sont des contingents de téléspectateurs qu’il va falloir dénombrer et qui compteront. En période de confinement, quand on est une deuxième division, passer à la télé ce n’est pas rien. La finale de la Leaders Cup Pro B dimanche est sur L’Equipe ! C’est un effort conséquent qui est fait pour la Pro B et qu’elle-même accompagne du mieux qu’elle peut avec des productions qui sont maintenant d’un bon niveau.
Sport en France devait avoir ses premiers résultats d’audience en novembre. Où en est-on ?
Je ne les ai pas. J’attends ces résultats car je ne suis pas certain qu’ils seront par cases horaires. Je pense que l’on aura un résultat global sur l’audience, la notoriété de la chaîne, ce qui donnera une indication car on peut dire que l’on est plutôt sur de bons horaires avec un programme de qualité, en direct, un sport collectif de premier niveau. Je pense que lorsqu’on aura les résultats globaux de Sport en France, on pourra se dire que l’on fait partie des locomotives de cette audience. J’attends ces résultats pour les analyser et on les communiquera, évidemment.
Le basket français a beaucoup souffert des changements perpétuels de diffuseurs depuis le début des années 90. Est-ce la volonté de La Chaîne L’Equipe, de Sport en France et de la LNB, de poursuivre cette collaboration plusieurs années ?
La volonté qui est certaine, c’est qu’on ne peut pas venir en clair et se dire « on fait du on and off, on repart tout en crypté dès qu’on en aura l’opportunité ». Avant même que les négociations soient conclues, dès le début de l’année 2020, on avait affirmé qu’il y avait une volonté de la ligue d’être en clair. Ce n’est pas maintenant qu’on y est que l’on va se dire que l’on est prêt à partir. On est très satisfait du clair et on ne peut pas faire un tel cadeau aux fans pour leur enlever la saison d’après. Evidemment si un jour on a un contrat du type que Mediapro a au foot, on réfléchira, en prenant des garanties (sourire). Mais trêve de plaisanterie, pour nous le modèle le plus efficace c’est que l’on arrive à adjoindre une recette de télé payante tout en conservant des affiches en clair. Ce n’est pas un modèle impossible, ce n’est qu’une question de négociation. Ce qui se paye finalement c’est l’exclusivité. A partir du moment où vous négociez cette exclusivité, le prix de vos droits peut effectivement diminuer mais en revanche vous conservez les droits et vous pouvez continuer à diffuser en clair et sur votre plateforme digitale. C’est à ça que l’on doit arriver.
Le plus étonnant, c’est que vous avez déclaré à Basket Le Mag que vous étiez également en passe de contracter avec France 4 pour diffuser d’autres matches mais que c’est un changement de direction qui a fait capoter le projet ?
Effectivement, on était en discussion avec France Télévisions et c’est toujours le cas. C’était France 4 qui était la chaîne la plus intéressée, la plus adéquate, et il y a eu des changements chez France Télévisions, ce que je comprends, qui ont fait que ce projet, qui était en bonne voie pour que quelques affiches se retrouvent sur le service public national, a… pas totalement capoté. Aujourd’hui, il se passe des choses à la fois dans le basket et les télévisions avec cette période de confinement qui font que les dossiers s’ouvrent, se ferment, s’ouvrent, se ferment… Je ne perds pas du tout espoir, quand le public reviendra dans les salles, que les discussions avec France 4 aboutissent sur un évènement qui serait le retour de quelques matches de basket sur le service public. Ça rappelle d’excellents souvenirs à tout le monde. Les gens avec qui je discute à France 4 sont apparemment eux-mêmes amoureux de basket. Donc, c’est vrai que l’on a caressé en septembre l’espoir d’annoncer en plus de L’Equipe et Sport en France, quelques évènements sur France Télé. Cela aurait été des épisodes, pas du tout la régularité de L’Equipe et de Sports en France, mais cela aurait été une très belle cerise sur le gâteau. On sait que l’on renonce pour cette saison à la commercialisation des droits, aussi autant augmenter la diffusion et la visibilité.
Vous êtes toujours en pourparlers pour des décrochages régionaux ?
Oui. On est totalement favorable à ça et certaines régions de France 3 le sont également. J’espère que dès que les matches vont reprendre on arrivera à inaugurer ça. Il y a des derbies qui intéressent beaucoup des chaînes régionales dans des régions très actives en basket. Il y a des exclusivités pour les matches qui sont sur La Chaîne L’Equipe mais en revanche un match qui ne serait diffusé que sur la plateforme OTT, voire sur Sport en France pourrait faire l’objet d’une co-diffusion sur France Télévisions.
Autant les dernières tentatives sur France 3 nationale avaient été des échecs d’audience, autant des décrochages régionaux, Limoges-Poitiers, Cholet-Le Mans, Nancy-Strasbourg, en Normandie, ont cartonné sur les territoires concernés ?
Ça ne m’étonne pas. Ils connaissent l’histoire et ils veulent prendre des affiches avec un impact régional assez fort. En plus, aujourd’hui, les chaînes régionales ne sont plus diffusées que sur leur région mais avec un box ou sur Internet, on peut tout regarder. Quand on fera les premiers décrochages régionaux, je ne serai pas étonné que les audiences soient très encourageantes avec de très belles productions car le service public ne fera pas les choses à moitié.
« Faire que le basket reste visible est important pour tout le monde et pas que pour les partenaires. C’est important pour la discipline elle-même »
Le COVID-19 remet-il en question la possibilité pour la ligue d’accroître ses partenariats et ainsi de minimiser la perte des droits TV ?
On ne va pas dire que le COVID facilite les négociations. On a au moins cet argument important de dire que l’on est en clair. Le COVID plus une absence de visibilité ferait que ce serait très, très difficile de parler à d’éventuels partenaires. Là, tout le monde, y compris les partenaires, est victime du COVID et conscient que c’est à la fois compliqué et temporaire. Il y a de bonnes nouvelles qui sont en train de tomber sur le plan scientifique et si cette saison-là est compliqué, tout le monde se dit que l’on prépare la saison prochaine. Expliquer aujourd’hui à un partenaire que pour la saison 20-21, voilà ce que nous voudrions, c’est un discours qui ne peut tenir qu’à partir du moment où on va reprendre les matches et qu’il y aura des jauges mais de toutes façons la saison sera bien avancée. Nous souhaitons tous que toutes les discussions que nous avons aujourd’hui avec nos partenaires, elles concernent si possible la saison 20-21 mais aussi les saisons à partir de 21-22, qui, on l’espère tous, seront des saisons normales. Bien sûr que ces discussions sont affectées par le COVID mais nos matches continuent d’être télévisés et quand on cherche des partenaires nationaux pour la ligue, la visibilité en télévision est un argument majeur. En revanche, pour les clubs et leurs partenaires locaux, pour qui généralement la lisibilité en salle, la relation hospitalité, VIP, est très importante, le confinement pose effectivement un grave problème. Mais le fait de pouvoir offrir de la visibilité à la télé est quand même un très bon argument de compensation. On a d’une certaine façon cette chance dans cette crise indescriptible d’avoir inauguré notre stratégie de visibilité maximale, que ce soit sur l’OTT, sur laquelle beaucoup de clubs notamment de Pro B sont très volontaires pour communiquer pour que leurs partenaires soient visibles, et également sur la télévision.
C’est pour cela que vous voulez maintenir ce lien jusqu’au retour des spectateurs ?
Elle est très importante mais ce n’est pas la seule raison. La privation de basket depuis le mois de mars devient insupportable, elle met en danger la discipline. OK, ce n’est pas l’élément économique qui est le plus important dans les contrats avec les diffuseurs, mais quand on lance une stratégie en clair ça serait dommage au bout d’un mois de compétition d’arrêter, il y a des partenaires. Tout ça combiné fait qu’on a tout intérêt à rester visible, comme la plupart des sports. Nous, on ne le fait pas pour des questions de droits télé mais faire que le basket reste visible est important pour tout le monde et pas que pour les partenaires. C’est important pour la discipline elle-même.
« Il faut trouver le cercle vertueux qui fait que parce que le basket est visible, même les chaînes payantes y ont intérêt »
Avez-vous eu des retours d’autres ligues françaises ou de ligues de basket en Europe sur ces diffusions en clair et l’OTT ? Ils doivent être étonnés, non ?
En Europe, les gens ont été très intéressés par notre OTT. Je ne suis pas là pour que la ligue se lance elle-même des fleurs mais tout le monde reconnaît un niveau de technique très satisfaisant avec une amélioration des images, le fait qu’il y ait du commentaire, que rien ne buge. Je le répète, on a lancé ça dans des conditions accélérées et pas des plus simples avec des gens qui étaient souvent en télétravail. Il y a des chaînes de sport qui m’ont contacté spontanément pour me dire tout le bien qu’elles en pensaient. Oui, il y a aujourd’hui beaucoup de confrères européens qui regardent ça en se disant, « wow ! Voilà une solution qui a de la gueule ! » Pour le passage en clair, on n’a rien inventé. Si vous prenez l’exemple de la ligue italienne, elle se partage entre Discovery et la RAI* et donc à la fois sur du clair et du payant. Maintenir du clair quand on est un sport comme le basket, qui a besoin de visibilité parce qu’il n’a pas la puissance économique du football ou de certains autres sports, c’est très important. Si l’on exclue celui du football avec Mediapro, comme les montants des contrats ont une tendance baissière après la frénésie de chaînes de sport que l’on a vécu en France, que l’on voit que les choses sont en train de se modifier, de se concentrer, il n’y a plus autant de candidats qu’avant, il faut se dire : attention, il ne faut pas vouloir se reposer que sur les droits TV car globalement les montants ne sont pas en train de monter.
La ligue espagnole diffuse ses matches à l’étranger notamment en Argentine et au Mexique, deux pays de langue hispanique, est-ce envisageable pour la LNB ?
On diffuse déjà des matches dans des pays où nos droits ont été vendus, dans les Balkans, certaines chaînes américaines, Israël s’est positionné. Ces pays diffusent un ou deux matches par journée. C’est la première fois que nous diffusons à l’étranger. Une fois de plus, pour l’instant, les négociations sur d’autres territoires sont au point mort mais on a bien l’intention que ça continue. Ce ne sont pas des montants extravagants mais ça montre un intérêt, tout le monde reconnaît la qualité du basket français. C’est pour ça que l’OTT ne peut pas se permettre d’être trop accessible de l’étranger car sinon on ne peut pas vendre de droits. Attention, on n’est pas entré dans une logique dans laquelle on pense que nos droits n’ont plus de valeur. On est en train de leur donner une valeur différente grâce à une meilleure exposition.
En résumé, la gratuité de cette saison ne remet pas en cause une valeur financière pour les saisons futures ?
Bien sûr que non. La vraie question, très complexe : quelle est la valeur de nos droits ? On peut se poser cette question quand on est dans le basket comme quand on est dans le football. Ce n’est pas parce qu’il y a un prix qui vous est proposé que c’est ça la valeur. En passant en clair, on n’a pas considéré que nos droits n’avaient pas de valeur, mais d’une certaine façon le fait d’être sur des chaînes payantes faisait que la base d’audience faiblissait, faiblissait, et que même si pendant un certain temps ça a pu faire monter le prix facial, ça faisait baisser la valeur. Et on l’a vu quand on est entré en négociation, tout d’un coup la valeur avait chuté. Notre stratégie est que la valeur remonte et pour ça il faut que le basket soit encore plus populaire. Et ça ne veut pas dire qu’une fois que l’on aura atteint cette valeur on fermera le robinet du clair. Non, il faut trouver le cercle vertueux qui fait que parce que le basket est visible, même les chaînes payantes y ont intérêt.
*Les 7 premiers matches en clair de la saison sur la RAI ont une moyenne de 72 000 téléspectateurs. Soit environ trois fois moins que sur La Chaîne L’Equipe pour la Jeep Elite.
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C’est une opportunité énorme pour une deuxième division comme la Pro B d’avoir des matches retransmis en clair à travers la Leaders Cup ? Il n’est pas certain que ça existe dans d’autres pays ?
Je peux affirmer que la Pro B a totalement compris l’événement que ça représentait pour elle. Des clubs comme Blois et Fos ont eux-mêmes investi dans la production télé pour que la diffusion de leurs matches – et notamment la Leaders Cup Pro B – soit encore de meilleure qualité. Oui, les clubs de Pro B ont totalement conscience de l’impact que peut avoir le fait que leurs matches soient télévisés sur de la télé gratuite. Sport en France est une télé qui grimpe. Elle commence à programmer pas mal de basket avec la Pro B et les affiches de Jeep Elite. Ce sont des contingents de téléspectateurs qu’il va falloir dénombrer et qui compteront. En période de confinement, quand on est une deuxième division, passer à la télé ce n’est pas rien. La finale de la Leaders Cup Pro B dimanche est sur L’Equipe ! C’est un effort conséquent qui est fait pour la Pro B et qu’elle-même accompagne du mieux qu’elle peut avec des productions qui sont maintenant d’un bon niveau.
Sport en France devait avoir ses premiers résultats d’audience en novembre. Où en est-ce ?
Je ne les ai pas. J’attends ces résultats car je ne suis pas certain qu’ils seront par cases horaires. Je pense que l’on aura un résultat global sur l’audience, la notoriété de la chaîne, ce qui donnera une indication car on peut dire que l’on est plutôt sur de bons horaires avec un programme de qualité, en direct, un sport collectif de premier niveau. Je pense que lorsqu’on aura les résultats globaux de Sport en France, on pourra se dire que l’on fait partie des locomotives de cette audience. J’attends ces résultats pour les analyser et on les communiquera, évidemment.
Le basket français a beaucoup souffert des changements perpétuels de diffuseurs depuis le début des années 90. Est-ce la volonté de La Chaîne L’Equipe, de Sport en France et de la LNB, de poursuivre cette collaboration plusieurs années ?
La volonté qui est certaine, c’est qu’on ne peut pas venir en clair et se dire on fait du on and off, on repart tout en crypté dès qu’on en aura l’opportunité. Avant même que les négociations soient conclues, dès le début de l’année 2020, on avait affirmé qu’il y avait une volonté de la ligue d’être en clair. Ce n’est pas maintenant qu’on y est que l’on va se dire que l’on est prêt à partir. On est très satisfait du clair et on ne peut pas faire un tel cadeau aux fans pour leur enlever la saison d’après. Evidemment si un jour on a un contrat du type que Mediapro a au foot, on réfléchira, en prenant des garanties (sourire). Mais trêve de plaisanterie, pour nous le modèle le plus efficace c’est que l’on arrive à adjoindre une recette de télé payante tout en conservant des affiches en clair. Ce n’est pas un modèle impossible, ce n’est qu’une question de négociation. Ce qui se paye finalement c’est l’exclusivité. A partir du moment où vous négociez cette exclusivité, le prix de vos droits peut effectivement diminuer mais en revanche vous conservez les droits et vous pouvez continuer à diffuser en clair et sur votre plateforme digitale. C’est à ça que l’on doit arriver.
Le plus étonnant, c’est que vous avez déclaré à Basket Le Mag que vous étiez également en passe de contracter avec France 4 pour diffuser d’autres matches mais que c’est un changement de direction qui a fait capoter le projet ?
Effectivement, on était en discussion avec France Télévisions et c’est toujours le cas. C’était France 4 qui était la chaîne la plus intéressée, la plus adéquate, et il y a eu
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Photo d’ouverture: Cholet Basket (FIBA)