Ce lundi 25 décembre 2023 restera à jamais marqué par la perte de Sportica, la mythique salle du BCM Gravelines-Dunkerque, construite en 1986 et théâtre d'innombrables parties. Nous avons recueilli des dizaines de réactions du microcosme du basket français, dont celles de Jonathan Rousselle, Larry Lawrence, Olivier Bourgain, Frédéric Sarre, Laurent Legname, Lucas Bourhis, Jean-Denys Choulet, Claude Bergeaud, Arnaud Marius, Julie Dumélié, Nicolas Bourreau, Serge Crevecoeur, Julien Mahé, Eric Girard…
Jonathan Rousselle, formé au BCM, quatre saisons en pro entre 2008 et 2014 : “Sportica, ça me rappelle mes années en centre de formation. Ce sont des années marquantes dans le parcours d’un jeune joueur et d'un jeune homme. C’est énormément d’heures passées à se construire, à rêver d'une carrière et à concrétiser des objectifs. C’était mon point de départ. Sportica, c’est la première salle que j’ai idéalisée. C’était toujours un sentiment particulier de rentrer sur ce terrain-là parce que c’était l’endroit où j’ai vu mes premiers matches pro quand j’avais 10 ans. Voir des Danny Strong, des Ali Bouziane, ça m’a marqué à vie. Tu te mets à rêver du même parcours. Sportica, c’était le théâtre de tout ça. C’était un endroit particulier pour moi et pour bien d’autres. C’était une salle qui sentait le basket, avec une histoire. C’était une bonne salle du Nord, bien chaleureuse, avec des briques et un public proche du terrain. Elle manquera à beaucoup de monde, moi le premier. Ça me peine énormément de la voir disparaître comme ça.”
Larry Lawrence, ancien joueur du BCM de 1985 à 1988 et de 1991 à 1992 : « Quand j’ai débarqué à Gravelines, on jouait à la salle Norbert Merlen et à Grand-Fort Philippe, et c’est lors de la deuxième année où j’étais là que c’était la première année du Sportica. J’ai appris sa destruction via le mail d’une amie qui habite là-bas (NDLR : Larry Lawrence vit à New York). C’était une partie extrêmement importante de ma vie. Quand j’ai débarqué là-bas, je ne connaissais rien de l’Europe, rien de la France, comme tous les Américains. J’étais plutôt naïf. Les gens m’ont super accueilli et ont toujours été fidèles. Les gens du Nord ont l’habitude d’être déconsidérés. On dit que c’est laid, c’est moche, il pleut toujours…. Et ils sont toujours en train de lutter pour être fiers de quelque chose. Moi-même j’en ai profité en grande partie car via le basket j’ai eu l’opportunité de donner à cette Région quelque chose par lequel ils pouvaient être fiers. On est les meilleurs de France en basket ! Et Sportica c’était un symbole de ça. C’est Monsieur Albert Denvers qui a construit l’édifice et les gens ont considéré ça comme le symbole de bonnes choses qui existent là-bas. Le meilleur basket du Nord de la France, à part les filles à Orchies, c’était à Gravelines. Et moi j’ai participé à l’ascension du basket dans le Nord. Plein de monde est passé là, comme le père de Tony Parker, Jean Galle bien sûr. Sportica était vraiment pour moi le symbole de toute une région. Et même avec cet incendie, cet esprit de combat, de fierté, restera toujours. C’est pour ça que je suis moins triste car cet esprit n’est pas mort et il va obliger les gens à reconstruire quelque chose de bien, de plus grand, de plus moderne. La chose qui me rend le plus triste en fait, c’est que je sais que Sportica c’était le rêve de Monsieur Denvers…. Sportica mérite qu’on ne l’oublie pas. Comme je l’ai dit à Arlène (sa femme) ce matin, je suis un peu triste -mon maillot a brûlé aussi (il était suspendu à Sportica)- mais dans la vie, on a toujours des moments comme ça, et je sais que ça va être rétabli. »