Leader spirituel de l’ASVEL durant les trois jours de compétition et encore en finale (20 points à 7/11 aux tirs, 4 rebonds, 3 passes), Nando De Colo (1,95 m, 35 ans) a logiquement été élu MVP de la Leaders Cup. Le Nordiste peut savourer son premier titre sous les couleurs villeurbannaises.
L’ASVEL a tenu son rang de leader durant cette Leaders Cup…
« Un rôle de leader, c’est un grand mot, je pense. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de personnes qui nous voyaient aller jusqu’au bout. On savait que c’était une compétition à part. Comme dit plus tôt par T.J., on a eu un début de saison très difficile mais on ne lâche pas. Pour ma part, j’essaie de montrer l’exemple chaque jour, d’être au contact de mes coéquipiers et du coaching staff pour que l’équipe s’améliorer de jour en jour. On s’était bien dit les choses avant cette compétition. On avait déjà eu un petit avant goût avec Roanne en Coupe de France. Ça n’avait rien à voir avec la Leaders Cup mais ça nous a mis dans le rythme des matches à élimination directe. Derrière, on était concentrés sur l’objectif qu’on voulait atteindre. Tout le monde veut faire des efforts pour le collectif, et c’est le plus important. »
Est-ce la première fois que vous ressentez une alchimie au sein de cet effectif villeurbannais ?
« On a déjà eu une alchimie cette saison, par moments. Mais on savait qu’il fallait de la consistance pour aller au bout de cette Leaders Cup et, surtout, qu’il fallait compter sur tous les joueurs. On sait à quel point c’est compliqué d’enchainer les matches. On a vraiment fait les efforts pour être concentrés du début à la fin et c’est ce qui a fait la différence. »
Quel parallèle pouvez-vous faire avec la semaine des As que vous avez remporté en 2008 avec Cholet, en étant élu MVP ?
« C’était un peu dans le même style, après un mois de janvier très compliqué à l’époque. Et sur une Semaine des As, on s’était vraiment retrouvé un collectif qui nous avait permis de finir la saison beaucoup mieux qu’elle n’avait commencé. Et de gagner la compétition bien sûr. Aujourd’hui, je ressens un peu la même chose avec l’ASVEL. La seule différence, c’est que j’étais reparti avec une médaille autour du cou… (rires) »
« Tous les titres que j’ai pu avoir dans ma carrière, je ne les prends pas pour acquis »
Et vous repartez avec ce trophée de MVP…
« C’est très bien, mais c’est vraiment un détail pour moi, sans mettre de côté l’importance de ce titre. Tous les titres que j’ai pu avoir dans ma carrière, je ne les prends pas pour acquis. Mais ce qu’il faut retenir sur cette compétition, c’est à quel point on a été costauds collectivement des deux côtés du terrain. Chacun a fait sa part du boulot. »
En quoi la dureté de l’Euroleague peut-elle faire la différence dans une finale comme celle-ci ?
« Je pense que c’est plus en fonction de l’expérience des uns et des autres plutôt que le fait de jouer l’Euroleague. Aujourd’hui, on a des joueurs comme Dee Bost, David (Lighty) ou Charles (Kahudi), qui ont plus d’expérience que d’autres. En début de saison, on était sur un groupe très jeune. On n’a pas changé beaucoup de joueurs mais on a su rééquilibrer un peu notre effectif. Sur cette compétition, tous les joueurs ont su faire ce qui était important pour faire gagner l’équipe. C’est sur ces détails qu’on voit l’expérience. »
L’arrivée de Dee Bost a-t-elle changé l’équipe ?
« Je suis tout à fait d’accord. Sans manquer de respect à personne, on était partis avec des joueurs très inexpérimentés. On en était tous conscients. On a essayé de faire les efforts. Sur certains, ça commence à fonctionner. Sur d’autres, ça a été beaucoup plus compliqué et on a dû réorganiser l’équipe. Et Dee Bost, c’est certes un joueur qui n’avait pas beaucoup joué en Euroleague mais qui avait plusieurs expériences à l’international donc c’est évidemment un plus. Dès le premier jour, on a su bien communiquer ensemble pour se dire clairement les choses et avancer dans le droit chemin. »
À titre personnel, avez-vous dû réajuster votre rôle ?
« Pas spécialement. J’étais toujours là pour dire aux gars quand il fallait bosser. Dans une saison, il faut être le plus constant possible. Ce n’est pas parce qu’on fait une série de cinq victoires qu’on a le droit de se relâcher le jour d’après. C’est comme ce soir, il faut en profiter mais dès le prochain entraînement, il faudra être prêt pour la suite. Quant à mon rôle, je le connais et je sais ce qu’on attend de moi. »
Regagner devant le public français, est-ce important pour vous ?
« Je le répète à chaque fois. Avant tout, mes premières pensées vont à ma femme et mes filles. Ce sont mes premières supportrices. Il y avait mes parents dans la salle, en plus. Et je suis très content que notre groupe de fans ait pu faire le déplacement, même si on était pas loin de Lyon. C’est important de le souligner. En tout cas, je me concentre sur l’équipe. La victoire est belle et elle est méritée. »
Vous qui aviez vécu ça d’un oeil extérieur avant ce titre, comment situez-vous la domination de l’ASVEL depuis quelques années ?
« Ce que l’ASVEL fait sur le terrain national, c’est quelque chose qu’aucune équipe n’a pu faire. C’est presque à moi de vous poser la question : est-ce que vous trouvez ça impressionnant, vous ? Ce qui est important, c’est que les joueurs viennent à l’ASVEL parce qu’ils connaissent le palmarès. Moi, je suis venu parce que je sais ce que j’ai envie. Et derrière, il faut être capable d’assumer ces responsabilités. »
Votre président Tony (Parker) a été très proche de l’équipe ces derniers jours. Ça pèse auprès du groupe ?
« C’est une question qu’il faut poser aux autres joueurs, je pense. Est-ce que ça pèse ? Oui, sans doute. Je me vois arriver dans les couloirs de l’Astroballe où je vois sur le mur "ce qui me motive, c’est les titres", signé Tony Parker. Et je le vois avant chaque match. Moi, c’est dans ma mentalité. Si je suis là 1h30 avant chaque entraînement, c’est parce que j’ai envie de faire le maximum pour l’équipe et d’aller chercher le plus de titres possibles. Après, on sait à quel point c’est difficile donc il faut respecter chaque victoire, prendre conscience de ce qu’on a fait et continuer d’avancer. Après, ce qui se passe à côté… On est assez sereins entre nous pour se dire les choses et se remettre en place quand il y a besoin. »
Cette compétition peut-elle vous permettre d’inverser la tendance avec Monaco sur la suite de la compétition ?
« Chaque chose en son temps. Il faut prendre les choses les unes après les autres. Aujourd’hui, c’est profiter du moment. Ensuite, c’est se remettre en route après quelques jours off. Et puis il faudra se concentrer sur les prochaines échéances. On sait que Monaco a une équipe très complète avec des individualités très fortes. Quand ce sera le moment de les jouer, on essaiera de faire le maximum pour inverser la tendance (quatre défaites en quatre matches) ».
À Saint-Chamond.
Les MVP de la Leaders Cup - Palmarès
2013 : Ludovic Vaty (Gravelines-Dunkerque)
2014 : J.P. Batista (Le Mans)
2015 : Antoine Diot (Strasbourg)
2016 : Jamal Shuler (Monaco)
2017 : Sergiy Gladyr (Monaco)
2018 : D.J. Cooper (Monaco)
2019 : Jarell Eddie (Strasbourg)
2020 : Rasheed Sulaimon (Dijon)
2023 : Nando De Colo (ASVEL)
https://www.basketeurope.com/livenews-fr/653299/lasvel-savoure-sa-premiere-leaders-cup-t-j-parker-cest-le-seul-titre-qui-nous-manquait/
Photo : Nando De Colo (Hervé Bellenger - LNB)