Nick Calathes, le faiseur de jeu de Barcelone

Passé cet été du Panathinaikos au FC Barcelone, le Gréco-Américain Nick Calathes (1,98m, 31 ans) est un formidable playmaker, un passeur d’exception.

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Nicholas William Calathes possède des origines grecques par le biais de ses grands-parents, qui ont émigré en Floride. Signe du destin, calathès signifie… panier en grec. C’est ainsi qu’il a obtenu en sus de l’américain un passeport grec tout comme son frère aîné Pat, plus grand (2,08m) mais un peu moins talentueux, qui est passé deux fois par le Panathinaikos.

Sa vie américaine est classique : il a fréquenté un lycée de Floride, remporté deux fois le trophée de Florida Mr. Basketball, et il est resté fidèle à son Etat en acceptant une bourse de l’université de Florida. Il y a joué meneur de jeu, arrière mais aussi ailier et il y a battu des records de passes décisives. Son art de l’assist ne date donc pas de la dernière tournée d’ouzo.

Retraite internationale en 2021

Nick Calathes est vite venu en repérage sur la terre de ses ancêtres puisqu’il était en équipe nationale grecque des moins de 20 ans pour le championnat d’Europe dès 2008. Il y récolta 11,2 points, 3,5 rebonds et 3,7 passes en 22 minutes par match. Un an plus tard, il accédait à l’équipe senior avec à la clé une médaille de bronze à l’Euro 2009. Il n’avait alors qu’un rôle de second couteau mais il a tout de même terminé 5e du tournoi aux interceptions, avec 1,6 par match. Il a ensuite enchaîné le championnat du monde en 2010, l’Euro de 2011, le TQO de 2012, la Coupe du monde de 2014, l’Euro de 2015, le TQO de 2016, l’Euro 2017 et la Coupe du Monde 2019. Son investissement avec l’équipe nationale est donc à saluer et il a bonifié son rendement au fil des années mais plus jamais avec une médaille en récompense. Il a annoncé qu’il prendra sa retraite internationale avec le TQO 2021 et les JO de Tokyo, si tout se passe bien.

Meilleur passeur que Magic Johnson ?

Ce qui caractérise le jeu de Nick Calathes, c’est son QI basket, son leadership, sa polyvalence, son ardeur défensive, y compris face à des meneurs plus rapides et plus petits – sachant que c’est un guard de haute taille avec son 1,98m -, sa capacité à exécuter parfaitement le pick-n-roll et, bien sûr, sa science de la passe. Son coach au Panathinaikos, Rick Pitino, osera même ce compliment ultime : “J’ai coaché contre Magic Johnson, Larry Bird et Isaiah Thomas. Nick Calathes est le meilleur passeur que j’ai jamais vu de ma vie. Tous ses adversaires ont tellement peur de ses passes que, quand il part en pénétration, ils retournent tous vers les joueurs sur lesquels ils défendent pour empêcher un panier facile. Du coup, il s’ouvre le chemin du panier grâce à ses capacités de passeur. »

Le joueur parfait ? Non. L’Américano-Grec est tout sauf un shooteur. Sa réussite à trois-points en carrière en Euroleague est très modeste : 28,1 %. Et, surtout, celle aux lancers-francs est épouvantable : 55,8 % en 228 matches. Lui le meneur de jeu, il côtoie ainsi les pires cancres du domaine, qui sont généralement tous des intérieurs. Il fait à peine mieux que Shaquille O’Neal (52,7 %) et Wilt Chamberlain (51,1 %), qui souffraient le martyre lorsqu’ils se présentaient sur la ligne de réparation. Étrange.

20 matches de suspension en NBA

On peut résumer le parcours européen de Nick Calathes en plusieurs épisodes :

Avril 2009

Nick Calathes signe un accord de trois ans avec le Panathinakos pour, selon des sources, un revenu net de 2,4 millions d’euros avec maison, voiture et quelques autres avantages. Un package total de l’ordre de ce que touche alors un rookie en NBA. Il est malgré tout sélectionné au 2^e tour de la draft par les Minnesota Timberwolves puis échangé avec les Dallas Mavericks. « Je suis ici avec mon frère (Pat). Nous traînons beaucoup. Mon frère est venu ici avant moi donc ça aide beaucoup d’avoir quelqu’un qui est déjà ici depuis un an, » explique-t-il peu après son arrivée. « Je vis dans une belle région, appelée Pefki. Ils (Panathinaikos) m’ont trouvé une belle maison. J’ai un chien nommé Tyson, comme Mike Tyson. Ils m’ont acheté une voiture sponsorisée par Sang Yong pour que je puisse sortir avec les gars. Habituellement, si je sors, c’est après les matchs. Si nous remportons une grosse victoire, tous les gars (de l’équipe) sortent ensemble. Sinon, je dois garder mon esprit sur le jeu. Les gars de l’équipe sont super avec moi, ils m’ont vraiment accepté. J’adore le style de vie ici en Grèce. Je passe aussi beaucoup de temps à la salle, à travailler sur mon jeu. Je ne peux pas demander plus à la Grèce. Les gens sont formidables. C’est une expérience formidable jusqu’à présent. »

2010-11

Au cours des playoffs de l’Euroleague face au Barça, le Gréco-Américain se distingue lors du mach 4 avec 12 points. « Diamantidis était le MVP de la série, mais Calathes était le joueur clé », estime le coach barcelonais Xavi Pascual. Son coéquipier, Ian Vougioukas, fait le même type de compliment « Calathes a joué quatre matchs exceptionnels, notamment en défense, et a été une clé pour nous. »

2013

Nick Calathes se retrouve au Lokomotiv Kuban et dans l’élection du MVP de la saison, les fans en font le numéro 1 de la VTB League avec 37 % des voix devant Chuck Edson (23 %) et Earl Rowland (16 %). Mieux encore : il est élu MVP de l’Eurocup après avoir établi une moyenne statistique de 14,7 points, 6,5 rebonds et 6,5 passes décisives par match.

Août 2013

Calathes répond à l’appel de la NBA. Non pas à Dallas mais aux Memphis Grizzlies, qui ont obtenu les droits sur lui. En 129 matches dans la ligue américaine, il cumule 4,6 points et 2,7 passes en 16’ de temps de jeu moyen.

Avril 2014

La ligue annonce que Nick Calathes est suspendu 20 matches pour avoir enfreint sa politique anti-drogue, le privant des playoffs. Il a été testé positif au tamoxifène. Yahoo ! Sports indique que la substance interdite a été trouvée dans un complément alimentaire pris par le joueur. Le tamoxifène est couramment utilisé dans le traitement du cancer du sein chez la femme. Dans le même temps, le médicament, en plus de la NBA, est également interdit d’utilisation par la Major League Baseball et le Comité international olympique, car il réduit les effets secondaires de l’utilisation de stéroïdes et augmente la production de testostérone.

Son avocat David Cornwell le défend bec et ongles : « Nos tests ont identifié le tamoxifène dans un supplément que Nick a utilisé pour une situation médicale légitime et nos tests ont confirmé que Nick n’avait pas de testostérone ou de tout autre PED dans son corps – réfutant ainsi la présomption qu’il a utilisé le tamoxifène pour compenser les effets secondaires de utilisation de la testostérone. Malgré ces preuves scientifiques objectives et irréfutables, la réponse de la NBA a été: » Well (Eh bien) « . C’est indéfendable car aucun but légitime n’est servi en suspendant un homme dont la NBA sait qu’il ne triche pas. » Le directeur exécutif du syndicat des joueurs, Ron Klempner porte le même jugement : « La disqualification de Calathes est une erreur et une injustice. »

2e joueur à réaliser un triple double en Euroleague

Juillet 2015

Nick Calathes retourne au Panathinaikos avec un salaire revu à la hausse : 7 millions de dollars sur 3 ans.

Juin 2018

Les deux parties renouvellent le contrat pour la même durée et 6,5 millions d’euros mais sans option pour un retour en NBA. Nick Calathes a choisi de rester au Pana alors que le Khimki Moscou lui avait fait une offre supérieure. Selon Eurohoops, avec 2,55 millions de dollars annuels, il se retrouve le joueur le mieux payé d’Euroleague derrière Alexey Shved (Khimki, 4M$) et Nando De Colo (CSKA Moscou, 2,78M$)

Avril 2019

Avec 11 points, 18 passes et 12 rebonds en 37 minutes face à Buducnost, Nick Calathes devient l’auteur du troisième triple double de l’histoire de l’Euroleague. Le Croate du Maccabi Tel-Aviv Nikola Vujicic avait réalisé les deux premiers en 2005 et 2006. « C’est génial. Je suis juste heureux d’avoir pu le faire, en particulier pour un grand match comme les playoffs. De plus, j’ai pu le faire grâce à mes coéquipiers, qui m’ont beaucoup aidé. C’est un grand honneur d’être aux côtés d’un gars comme Nikola Vujcic, un joueur légendaire. «

Juillet 2019

Nick Calathes a un fort impact dans le championnat grec et le voici élu MVP pour la troisième année consécutive. Un plébiscite. Il a reçu 57,6 % des voix des capitaines et entraîneurs des équipes de la ligue, 68 % de ceux des journalistes et 61,9 % des fans. Il a sensiblement augmenté son rendement en playoffs (14,0 points, 7,2 passes et 3,3 rebonds) vis-à-vis de la saison régulière (8,6 points, 7,2 passes et 3,3 rebonds). Son efficacité de l’autre côté du terrain s’est traduite par trois trophées de Meilleur Défenseur.

Le succès est aussi collectif car le Pana remporte son troisième titre d’affilée de champion de Grèce. Le sixième pour Calathès, qui a également fait partie de l’équipe vainqueur de l’Euroleague en 2011.

Le Gréco-Américain en profite pour remercier son coach Rick Pitino : « Il vous donne beaucoup de confiance en tant que joueur. Il est venu et m’a donné du soutien et de la confiance. Il ne m’a pas dit » tu ne tires pas « , » tu ne passes pas » ou des choses comme ça. Il a cru en chaque joueur et lui a donné une grande confiance et c’est ce que vous voulez du point de vue des joueurs, pouvoir avoir un entraîneur qui croit en vous. Cela nous a aidés à grandir en équipe et à nous améliorer. «

Janvier 2020

L’Euroleague révèle les résultats de l’enquête réalisée auprès des directeurs généraux des 18 équipes qui font toujours de Nick Calathes le meilleur passeur de la compétition. Sans discussion puisque l’international grec reçoit 61,1 % des suffrages.

En 212 matches d’Euroleague, Nick Calathes tient une moyenne de 5,9 passes. Il a égalé son record sur un match (18) face au CSKA Moscou, le 3 janvier dernier.

Été 2020

Alors que le sulfureux millionnaire Giannis Giannakopoulos se retire des affaires du club, qui est un gouffre financier, le Panathinaikos ne peut plus honorer les émoluments de Nick Calathes et le Zenit Saint-Petersbourg, nourri par Gazprom, se jette sur la proie. Il lui offre 8,1 millions sur 3 ans, mais le Gréco-Américain ne cède pas à la tentation. Il est au centre du marché de l’inter-saison et c’est le FC Barcelone qui le convainc de signer pour une somme plus modeste (5,5 millions de dollars sur 3 ans) mais des ambitions sportives plus élevées et aussi un climat plus clément. Le Barça complète ainsi un dispositif déjà très bien pourvu en scoreurs avec un meneur capable de donner le ballon à d’autres stars au bon moment et au bon endroit.

« Je suis si heureux d’être ici. Si vous demandez à n’importe quel joueur, le Barça est l’une des meilleures équipes où vous voulez jouer en Europe. Après huit ans de présence en Grèce, c’était bien de commencer une étape ailleurs. Et le but est de gagner; gagner l’Euroleague est le principal, mais aussi gagner tous les titres possibles, » commente le Gréco-Américain, ajoutant en ce qui concerne son coach: « Sarunas Jasikevicius et moi sommes amis depuis longtemps, mais maintenant c’est différent parce que la relation est celle d’un duo joueur-entraîneur et que nous la respectons tous les deux. Dorénavant, je dois suivre ses indications sur le terrain et les systèmes qu’il met en place. Il a la même énergie et la même passion pour le jeu, à la fois pour s’entraîner et diriger les matchs, c’est pourquoi je pense qu’il est un si bon entraîneur. »

Octobre 2020

C’est une photo a priori banale d’un père et d’une mère avec leur enfant à la terrasse d’un restaurant. Seulement, celle que publie La Vangardia représente Nick Calathes et sa famille alors que les joueurs du Barça sont censés être confinés chez eux en raison de trois cas de coronavirus au sein de l’équipe. Mini-Scandale. Pourtant habitué aux médias grecs, Calathes apprend à ses dépens qu’il est une star en Catalogne et que sortir dans les rues ne peut pas être synonyme de tranquillité.

Novembre 2020

Le 5 novembre, le Barça n’a pas eu de mal à se débarrasser de l’Alba Berlin, pulvérisé en Allemagne 67-103. De plus, Sarunas Jasikevicius a pu faire tourner ses 12 joueurs en les faisant tous jouer au moins 10 minutes et celui qui a eu droit au plus gros de temps de jeu (Thomas Heurtel) a passé 22 minutes sur le terrain.

Dans ce contexte, Nik Calathes s’est mis en évidence. Il n’a contribué que pour 2 points au tableau d’affichage de son équipe mais a distribué 12 passes. Calathes a égalé ainsi le record dans la compétition du Barça détenu par Thomas Heurtel lors d’un match contre le CSKA en octobre 2018.

La performance de Calathes est d’autant plus remarquable qu’elle a été obtenue en 18 minutes de jeu. S’il avait eu droit à davantage de temps, il aurait sûrement battu son record personnel de 18 passes.

Décembre 2020

Face à Milan, Nick Calathes a de nouveau battu le record de passes décisives du club sur un match : 14. Il tourne à 7,9 points et 7,2 passes cette saison. Sondés, les GM de l’Euroleague le considèrent toujours à 61,1 % comme le meilleur passeur de la compétition.

Sarunas Jasikevicius, qui l’a eu comme équipier, l’apprécie énormément. La preuve : il en a fait son général, reléguant peu à peu Thomas Heurtel à un rôle subalterne avant de le laisser moisir sur le banc, lui reprochant de mal défendre, tout le contraire de Calathes. Le Français a ensuite été banni du club par la direction pour avoir cherché à se rendre au Real Madrid. Comme tous les joueurs du Barça, Nick Calathes a souhaité que Thomas Heurtel demeure dans l’effectif mais il n’y avait visiblement pas la place pour deux meneurs à la forte personnalité au sein de la même équipe.

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