Arrivé dans les bagages du président Sergey Dyadechko il y a sept ans, Oleksiy Yefimov est l’homme qui gère la Roca Team. Pour Basket Europe, l’Ukrainien est revenu sur la qualification de Monaco en demi-finale de l’Eurocup, la fin de saison de Jeep Elite ou encore sa relation avec le coach Zvezdan Mitrovic. Entretien.
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Quel sentiment prédomine après la qualification en demi-finale ?
Sans aucun doute, c’est un accomplissement historique pour nous. Je suis fier de l’équipe car, l’an dernier, nous étions aussi qualifiés pour les quarts de finale mais malheureusement, la saison a été annulée. Vous savez, il est très difficile de rester au même niveau lorsque vous changez d’entraîneur et que vous changez l’équipe du tout au tout. Et puis, nous avons beaucoup réduit notre budget. Obtenir de meilleurs résultats avec moins d’argent, c’est juste génial. Si quelqu’un nous avait dit en début de saison qu’une équipe avec seulement quatre étrangers serait qualifiée pour les demi-finales, on aurait probablement dit que c’était impossible. Pour le club, c’est vraiment historique. La seule chose que nous regrettons, c’est que nous ne pouvons pas partager ces émotions avec nos fans. Je rêve du jour où nous pourrons leur ouvrir nos portes.
Cette demi-finale, c’est la meilleure façon d’aller en Euroleague, et vous en êtes très proche…
Bien sûr, c’est ce que nous visons et ce que nous souhaitons accomplir. Nous avons passé les quarts mais battre Gran Canaria sera moins facile. Ils sont dans un très bon rythme actuellement. Nous avons une chance de jouer l’Euroleague et bien sûr, nous allons essayer de la saisir. Nous ne sommes probablement pas favoris, je ne sais pas quelle sera l’issue, mais je suis sûr que notre équipe et nos joueurs donneront leur cœur sur le terrain, comme ils l’ont fait mercredi et vendredi dernier.
Et si l’Euroleague n’était pas pour cette année ?
Je crois que l’Euroleague était et reste notre objectif. Si on ne s’était pas fixé ce genre d’objectifs, ce n’aurait pas été la peine de commencer un projet comme celui-ci à Monaco. Bien sûr, en raison du Covid, nous avons un petit peu ralenti notre progression car c’est difficile de parler de gros investissements en ce moment. Mais nous avons un plan stratégique à long-terme et nous essayons de rester concentrés là-dessus.
Si vous disputez l’Euroleague à l’avenir, cela changera beaucoup de choses pour la Roca Team. Planifiez-vous de jouer à l’Azur Arena d’Antibes par exemple ?
Cette saison, nous avons joué à huis clos. Donc je pense que pour l’Euroleague, le problème se situe davantage dans la diffusion TV que dans la capacité de la salle. Je pense que la situation est différente de ce qu’elle était avant. Mais je pense qu’il est trop tôt pour en discuter. Nous devons rester concentrés sur notre jeu et ensuite nous trouverons un moyen.
Et… le budget peut-il poser problème* ?
Notre budget est plus petit que ceux des clubs d’Euroleague, probablement même que tous les demi-finalistes de l’Eurocup. Mais, d’une manière ou d’une autre, nous essayons chaque année de constituer une bonne équipe sans avoir les plus grandes capacités financières. Donc, de toute façon, nous devrons être intelligents sur le marché. L’année dernière, nous avons réduit le budget et nous n’avons commencé le recrutement qu’à la fin du mois de juillet. Tout le monde pensait alors que Monaco n’était pas en course pour constituer une équipe compétitive. Donc, bien sûr, c’est une question d’argent, mais nous savons quels sont nos moyens. Nous devons être intelligents et patients dans notre recrutement en essayant de ne pas surestimer les joueurs. C’est tout.
À propos de la fin du championnat de Jeep Elite : « Il n’y a presque plus aucune option pour un plan B. Voilà la situation« .
Cette saison, vous êtes premiers en Jeep Elite. Monaco n’a jamais remporté le titre de France même si vous êtes souvent en tête à l’issue de la saison régulière ces dernières années…
Bien sûr, nous rêvons aussi de remporter la Jeep Elite. Deux fois, nous avons échoué au cinquième match de la finale (NDLR: en 2018, défaite 3-2 contre Le Mans, en 2019, défaite 3-2 contre l’Asvel). Notre objectif est donc de gravir une marche en plus, ce qui signifie le titre. Ce ne sera pas facile mais, encore une fois, nous avons toujours dit que nous avions des objectifs élevés.
Y a-t-il à Monaco une envie de concurrencer l’ASVEL ?
De ce que je sais, l’Asvel est de loin le plus grand club français en termes de budget et en termes d’effectif. Mais cela ne garantit rien. Nous essayons toujours de recruter des joueurs affamés qui n’ont pas peur d’être considérés comme des underdogs.
A propos du calendrier serré de la fin de saison, et notamment la polémique Cholet-Boulazac, vous avez dit : « Ce qui s’est passé à Cholet soulève plusieurs problèmes. Cela illustre pourquoi nous disons, depuis le début, qu’il fallait absolument jouer. Aujourd’hui, vu la densité du calendrier, je ne vois même pas où nous pourrions recaser ces matchs reportés. Ensuite, les équipes vont se mettre à voyager de plus en plus, ce qui va augmenter considérablement les risques de contamination. Enfin, le pire, à mon sens est qu’aujourd’hui, quels que soient les cas de figure, le doute va s’insinuer dans les esprits. Les gens pourront imaginer que certains préfèrent, en fonction de leur classement, ne pas jouer. Ce n’est pas sain. » Êtes-vous satisfait du redémarrage de la saison de la Jeep Elite?
Vous savez, notre idée a toujours été de jouer. Nous pensions qu’après la saison précédente, nous devions faire de gros efforts pour continuer à jouer. Toute l’Europe jouait, la ligue française était la seule à s’arrêter. Dans cette interview, j’ai dit qu’il serait extrêmement difficile de terminer la saison de la bonne manière. Et maintenant, nous avons les demi-finales de l’Eurocup à jouer, ce qui signifie que nous devrons reporter des matchs en Jeep Elite. Strasbourg, qui est susceptible de qualifier pour le Final 8 de la BCL, devra repousser des matchs aussi. Et puis, quand vous voyez notre rythme, cela signifie que beaucoup d’équipes vont commencer à voyager comme nous ne l’avons jamais fait jusqu’à présent. Il existe un risque plus élevé de contracter le Covid. Ce que je voulais dire quand j’ai dit cela, c’était que si nous avions recommencé à jouer plus tôt, alors il aurait été plus facile de terminer la saison. Désormais, en cas de force majeur, il n’y a presque plus aucune option pour le plan B. Voilà la situation.
Que pensez-vous de la nouvelle donne en matière de diffusion télévisée en France et l’absence de contrat payant ?
Nous disputions les playoffs ces dernières années et nous avons reçu des prize money, que nous n’avons plus aujourd’hui. Mais nous devons comprendre que la situation est difficile pour tout le monde, nous devons donc nous adapter. Je ne peux pas me plaindre et je pense que LNB a pris la bonne décision en se donnant une chance d’augmenter l’audience à la télévision. J’espère et je crois que LNB a de très bons produits et contrats que nous pourrons monétiser à l’avenir.
Quelles sont vos relations avec le gouvernement monégasque, comment vous soutient-il financièrement ?
Oui, un tiers du club appartient au gouvernement. Nous nous sentons énormément soutenus, à la fois du gouvernement et son Altesse le prince lui-même, nous sommes donc très reconnaissants envers la Principauté de Monaco et ses autorités car elles apportent un énorme soutien au projet. Leur engagement nous aide à être stables.
Vous faites un très bon recrutement chaque année depuis que vous êtes ici. Quelle est votre particularité en matière de recrutement ?
Il n’y a pas de secret. La seule chose à dire est que nous n’avons pas peur d’accepter nos erreurs. Et si nous voyons qu’il y a une erreur, nous essayons de la réparer. Une autre chose probablement, c’est que nous avons assez de patience, nous ne nous précipitons pas, nous ne forçons pas.
Au fil des années, pensez-vous que, en tant que personne et en tant qu’équipe, vous êtes accepté par le basket français ?
Je vous répondrai comme ceci : avant le match d’hier (NDLR : la belle contre Podgorica), j’ai reçu des messages encourageants de la part de représentants de presque tous les clubs de Jeep Elite. J’espère et j’ai l’impression que nous sommes considérés comme partie intégrante du basket et de la société française. Nous essayons aussi de promouvoir le basket français. Alors, je pense que oui.
À propos du président Dyadechko : « Je n’ai jamais vu un président aussi dévoué au basketball«
Comment avez-vous connu le président Dyadechko avant de travailler avec lui à Donetsk en 2011 ?
Je travaillais pour le BC Kiev et pour l’équipe nationale ukrainienne. À Kiev, je travaillais avec Sasa Obradovic (NDLR : coach lors de la saison 2008-2009). Ensuite, j’ai été présenté au président Dyadechko lorsque j’ai organisé le premier événement international d’entraîneurs en Ukraine. D’ailleurs, deux des nos invités étaient Sasa Obradovic et Zvezdan Mitrovic. Et puis, lorsque Sasa Obradovic a pris les rênes de Donetsk (NDLR : coach entre 2010 et 2012), il s’est présenté au président Dyadechko et lui a dit qu’il pensait que je pouvais être utile au projet. C’est comme ça que notre relation a commencé.
Quelles sont les motivations du président Dyadechko ?
Je n’ai jamais vu un président aussi dévoué au basketball. Je veux dire, il a un amour propre et une véritable passion pour le basketball. Telles sont ses motivations, c’est aussi un compétiteur. Je ne peux pas dire qu’il est un « fan » de basket car il est très occupé par ses activités principales, mais il est incroyablement dédié au basket et je crois que son succès en tant que président d’un club de basket-ball, à Donetsk et à Monaco, est avant tout dû à cette passion.
Quelle est votre relation avec le coach Zvezdan Mitrovic ?
Je crois que nous nous entendons vraiment bien, pas seulement dans notre relation, mais nous partageons la même vision du basket. C’était une bonne chose pour lui comme pour le club d’être à nouveau réunis car, lorsque vous changez d’entraîneur après une saison très réussie avec Sasa Obradovic et que vous réduisez le budget, vous devez diminuer les risques potentiels de mauvais résultats. Comment peut-on faire ça ? En obtenant un bon entraîneur et aussi un homme qui connaît le club de l’intérieur. C’est toujours plus facile de travailler comme ça. Pour Zvezdan aussi, je pense qu’il a été honnête quand il a dit qu’il sentait que Monaco était sa deuxième maison.
Pour finir, parlons de vous. Parlez-vous français maintenant?
Je ne parle pas, mais je comprends. Je le dirais comme ça (rires).
Après presque 7 ans à Monaco, vous et votre famille vous êtes-vous adaptés à vivre ici ? L’Ukraine vous manque-t-elle ?
L’avantage de vivre à Monaco, c’est qu’il s’agit d’un lieu tellement international que vous ne vous sentez pas comme un étranger. Alors que si vous allez ailleurs, vous pouvez sentir comme tel. C’est un immense privilège et c’est pourquoi nous nous sommes très vite adaptés à cette vie. Concernant l’Ukraine, dans cette période, nous ne pouvons pas retourner dans notre pays natal en raison des restrictions de Covid, le plus difficile dans cette situation, c’est de ne pas pouvoir voir nos parents. Mais nous espérons que la situation reviendra à la normale, nous devons être patients.
*Le budget annoncé de l’AS Monaco cette saison est de 7,539 M €. Celui actualisé de 2019-20 était de 9,056 M €.
Photo : Rob Gray (Eurocupbasketball)
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Quel sentiment prédomine après la qualification en demi-finale ?
Sans aucun doute, c’est un accomplissement historique pour nous. Je suis fier de l’équipe car, l’an dernier, nous étions aussi qualifiés pour les quarts de finale mais malheureusement, la saison a été annulée. Vous savez, il est très difficile de rester au même niveau lorsque vous changez d’entraîneur et que vous changez l’équipe du tout au tout. Et puis, nous avons beaucoup réduit notre budget. Obtenir de meilleurs résultats avec moins d’argent, c’est juste génial. Si quelqu’un nous avait dit en début de saison qu’une équipe avec seulement quatre étrangers serait qualifiée pour les demi-finales, on aurait probablement dit que c’était impossible. Pour le club, c’est vraiment historique. La seule chose que nous regrettons, c’est que nous ne pouvons pas partager ces émotions avec nos fans. Je rêve du jour où nous pourrons leur ouvrir nos portes.
Cette demi-finale, c’est la meilleure façon d’aller en Euroleague, et vous en êtes très proche…
Bien sûr, c’est ce que nous visons et ce que nous souhaitons accomplir. Nous avons passé les quarts mais battre Gran Canaria sera moins facile. Ils sont dans un très bon rythme actuellement. Nous avons une chance de jouer l’Euroleague et bien sûr, nous allons essayer de la saisir. Nous ne sommes probablement pas favoris, je ne sais pas quelle sera l’issue, mais je suis sûr que notre équipe et nos joueurs donneront leur cœur sur le terrain, comme ils l’ont fait mercredi et vendredi dernier.
Et si l’Euroleague n’était pas pour cette année ?
Je crois que l’Euroleague était et reste notre objectif. Si on ne s’était pas fixé ce genre d’objectifs, ce n’aurait pas été la peine de commencer un projet comme celui-ci à Monaco. Bien sûr, en raison du Covid, nous avons un petit peu ralenti notre progression car c’est difficile de parler de gros investissements en ce moment. Mais nous avons un plan stratégique à long-terme et…
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