Plus encore que la très médiatisée Marine Johannès, Olivia Epoupa (1,64m, 22 ans) fut aux Jeux de Rio la pièce centrale de l’équipe de France et une révélation grand public au niveau mondial. Elle a clôturé la quinzaine olympique en se positionnant comme la numéro 1 des Bleus à l’évaluation (13,6), aux passes (4,8), aux interceptions (2,9), la numéro 2 aux points (9,5) et accessoirement, malgré sa petite taille, la numéro 3 aux rebonds (4,0). D’autant plus remarquable que la Parisienne de naissance a dût enfiler au pied levé le costume de meneuse titulaire après le forfait à J-2 de Céline Dumerc.
Je ne connais pas très bien Olivia pour l’instant, » nous disait début septembre son nouveau coach à Villeneuve d’Ascq, Frédéric Dusart, « mais je l’ai eu plusieurs fois au téléphone et ce que j’ai perçu c’est que c’est une fille qui en veut vraiment. Je ne suis pas très surpris de la manière dont s’est passé son remplacement de Céline Dumerc. Sa détermination était au-dessus de la pression qu’elle pouvait avoir. Et comme cela s’est passé au dernier moment, l’avant- veille du premier match, elle n’a pas eu je pense le temps de réaliser.
C’est le style d’Olivia qui a pu épater les téléspectateurs de la planète qui l’ont découvert à l’occasion de ces JO. La néo-Villeneuvoise n’est absolument pas handicapée par sa petite taille et joue à rebrousse-poil des idées reçues. N’était-elle pas la saison dernière la meilleure rebondeuse offensive de Toulouse ?
Sa taille ne l’empêche pas de driver, d’aller au panier. Elle a une telle vitesse… », commente Fred Dusart. « Tous les rebonds qu’elle prend ce n’est pas parce qu’elle saute plus haut que les autres, c’est parce qu’elle va plus vite. Ce n’est pas évident de faire les écrans de retard sur elle. Toutes les équipes qui jouaient Toulouse devaient préparer le rebond défensif sur Olivia.
Son ancien coach au Toulouse Métropole Basket, Jérôme Fournier, notait que pendant que les autres joueuses se reposent quelques dixièmes, la Parisienne est en mouvement et que son sens de l’anticipation et de sa détermination sont hors du commun.
Ceux qui sont attentifs au basket féminin savent qu’Olivia Epoupa ne sort pas de nulle part. Le revers de son veston est orné de tout un assortiment de médailles récoltées en jeune. Elle fut élue MVP des championnats d’Europe U16 (2010), U18 (2012) et U20 (2014), tout en étant introduite dans le meilleur cinq d’un championnat du monde U19 (2013) et en obtenant à vingt ans un deuxième rang au référendum LFB/Basket Hebdo pour l’élection en 2015 de la meilleure joueuse française de Ligue Féminine.
Son éclosion cet été au plus haut niveau mondial n’est-elle pas une suite logique à un parcours dans les catégories de jeune qui n’a pas d’équivalent en France, Tony Parker compris ?
C’est peu surprenant étant donné son vécu en compétitions de jeune mais ça l’est quand même par rapport à son âge… Le fait de briller en jeune ne garantit pas de le faire en seniors », nuance Fred Dusart. « Souvent quand une jeune entre en seniors il y a une génération encore présente et il faut un peu de temps pour qu’elle s’en aille… Je pense que si on prend tous les rosters des JO, il n’y a aucune joueuse de 23 ans qui a joué autant et qui a autant d’impact sur son équipe. Surtout que l’on dit que l’on a besoin de prendre de l’âge pour être performante au poste de meneuse où l’on explose normalement vers 26, 27 ans. Elle a « profité » de la blessure de Celine Dumerc. Si Céline avait été là elle n’aurait forcément pas eu le même rôle. »
Le coach de l’ESBVA se frotte les mains d’avoir recruté ce prodige en profitant d’un timing idéal.
« Elle cherchait un club d’Euroleague. Bourges avait déjà recruté sa meneuse serbe. A Montpellier c’était fermé puisqu’il y avait déjà Anaël Lardy. Nous on a Virginie Brémont mais on cherchait plus ou moins à remplacer Camille Aubert. Son agent nous a appelés. Olivia avait des touches à l’étranger mais elle préférait rester en France et si possible en Euroleague. Ça ne se refuse pas ! J’aime bien aussi prendre des joueuses qui ont vécu des saisons compliquées, des joueuses revanchardes. C’était le cas avec Olivia qui avait eu des pépins physiques toute la saison, notamment au pouce, et qui n’a pas pu empêcher Toulouse de descendre. Au premier coup de fil c’était acquis qu’elle vienne chez nous et qu’elle apporte beaucoup de détermination. »
Villeneuve d’Ascq a fait signer deux ans fermes Olivia Epoupa et aussi Valériane Ayayi (1,85m, 22 ans), qui a terminé la saison en club en boulet de canon avec Montpellier. Avec Aby Gaye (1,95m, 21 ans), qui s’annonce comme l’héritière d’Isabelle Yacoubou au poste de pivot, les Nordistes ont ainsi à disposition un trident tout à fait exceptionnel.
Avec le président notre volonté était de rajeunir l’équipe et de prendre les futures joueuses de l’équipe de France post-JO. On a aussi gardé Marielle Amant. C’est la première année que l’on a autant d’internationales à Villeneuve d’Ascq. On a aussi voulu recruter Marine Johannès mais elle a signé trois ans à Bourges.
Villeneuve d’Ascq pourra-t-il conserver Olivia Epoupa et Valériane Ayayi jusqu’au terme de leurs contrats ? La question se pose dès aujourd’hui.
Elles vont être exposées en Euroleague. A nous de voir si on peut les garder plus longtemps mais je pense qu’avec le pouvoir financier des turques et des russes ça risque d’être compliqué. Il n’y a un buyout que pour Valériane, mais ils sont capables aussi de racheter le contrat d’Olivia. Quand je vois qu’Emma Meessman gagne dix fois plus à Ekaterinbourg que chez nous !
Avec de tels renforts, l’ESBVA ne peut plus se cacher. « On n’a encore rien gagné ! » Ce rappel de Fred Dusart ne vaut que pour le national puisqu’en 2015 Villeneuve a triomphé en Eurocup.
Quand j’entends Pierre Fosset (président de Bourges) dire qu’il veut absolument reconquérir le titre et la coupe, Montpellier qui veut confirmer, ce que je comprends, nous on ne peut pas avoir la prétention de dire qu’on va faire doublé. Mais c’est vrai qu’on a construit une équipe pour essayer de bousculer la hiérarchie. On a réussi à aller en finale du championnat il y a deux ans. Depuis 4-5 ans on est en train de monter, monter. On a gagné l’Eurocup il y a deux ans, on a été finaliste l’an dernier, et on aimerait bien maintenant aller chercher quelque chose au niveau national.