Avant même la demi-finale face à Monaco, on peut écrire que la saison du Limoges CSP est réussie. Après deux ans de disette, le club a retrouvé les playoffs en finissant quatrième de la saison régulière, avec de nouveaux joueurs, un nouveau coach et en encaissant tant bien que mal le choc du décès de son président Frédéric Forte.
Le Nordiste Olivier Bourgain était aussi un novice dans la place la plus chaude du basket français et comme directeur sportif en charge du recrutement, il jouait gros. Là aussi le pari est gagnant. Dans cette interview en deux parties, il nous emmène au cœur du CSP et aussi faire un retour sur sa carrière de joueur à Gravelines, à l’étranger, et puis comme coach et dirigeant il a été avec le SOM Boulogne le grand rival de l’ESSM Le Portel. L’homme n’use pas de la langue de bois.
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Commençons en revenant sur deux faits importants vous concernant. Vous êtes devenu célèbre à une époque où les matchs de Pro A étaient diffusés sur Antenne 2 suite à un duel avec Antoine Rigaudeau qui jouait à Cholet alors que vous, vous portiez le maillot de Gravelines. Il avait marqué 47 points et vous 35. C’était en janvier 1993. Le match avait donné lieu à deux prolongations… et la diffusion du match avait été interrompue avant la fin. Un scandale. Vous en avez certainement conservé quelques souvenirs* ?
Comme j’étais scoreur, j’avais fait quelques cartons, 20, 30 points. C’était un match de fou mais s’il n’est pas télévisé, il n’y a pas autant d’ampleur. C’était sur le service public et il y a beaucoup de gens qui ont vu ça de leurs yeux. En plus, c’est un match de grande qualité avec un finish extraordinaire. C’est le premier élément déclencheur à ma carrière. Derrière, les gens m’ont regardé différemment, ça a contribué à faire de moi un autre joueur. Pour la petite anecdote, il y avait dans les tribunes Albert Denvers qui était le président du BCM et le maire de Gravelines. Et il y avait son fils Alain, qui était le directeur de l’information (NDLR : de A2 et FR3). J’ai regardé la K7 VHF pour voir la totalité du match, et ce qui a été coupé pour mettre Les Simpson à l’antenne. Les journalistes, Patrick Chêne et Bernard Père, je crois, disent « les gars, ils ont coupé le match ! ». Et Chêne dit : « vite appelez Alain Denvers ! ». Et on voit Alain Denvers quitter son siège pour faire le tour et constater que le match a été coupé. Et en voyant ça, il est mort ! (sourire).
Il faut savoir aussi que vous avez été un des pionniers en jouant à l’étranger, en A2 italienne, en Allemagne, à une époque où ça ne se faisait pas, juste après l’arrêt Bosman, et que vous avez failli être le premier Français à jouer en CBA, qui était l’équivalent de la G-League d’aujourd’hui ?
J’ai été pris pour faire l’équipe des Yakima Sun Kings. C’était la première fois qu’un Français faisait ça et d’ailleurs j’ai fait la Une de L’Equipe. Ce qui s’est passé c’est que je sortais d’une très grosse saison en France, j’étais en équipe de France et je me suis retrouvé au chômage parce qu’on demandait beaucoup d’argent par rapport à ma saison et mon nouveau statut et au mois d’août, je n’avais pas signé. J’avais Paco Belasen comme agent qui habitait Phoenix. Il m’a dit « c’est un scandale, tu n’as qu’à venir aux États-Unis. » Avec l’aide de Ernie Signars (ex-joueur et coach de Pro A), il m’a trouvé un camp avec une centaine de personnes et ils en prenaient quatre pour faire le veteran camp des Yakima Sun Kings. J’ai été plutôt bon puisque j’ai fait le veteran camp. Je fais ensuite l’équipe. Paco Belasen voulait que je fasse les entraînements avec les Phoenix Suns. Je suis resté un mois là-bas, j’ai fait quelques matchs mais pas la saison complète. Je suis rentré en France car j’avais un contrat. Ensuite j’ai fait l’Italie à Rosetto et puis l’Allemagne avec Ulm. Ce sont des expériences enrichissantes car là-bas tu es vraiment considéré comme un étranger. J’étais Bosman, j’ai perdu mon statut de JFL pendant quelques années (sourire). Forcément, ils attendent beaucoup plus de toi. Dans l’équipe de Ulm, je crois qu’il n’y avait qu’un Allemand. Le reste c’était Américains, Espagnol, Italien, Français, des Serbes, un Danois aussi. C’était vraiment multiculturel. C’était la première année des Bosman. Je voulais voir ce qu’était l’étranger, être le premier ça m’intéressait, et puis voir mon niveau de jeu par rapport à des championnats qui étaient compétitifs. Ce n’était pas dans les mœurs, j’étais un peu le précurseur de tout ça. En Allemagne, je n’avais signé qu’un an pour voir comment ça allait se passer et j’ai été élu MVP Bosman. Ils m’ont fait re-signer deux ans de plus. Je n’ai fait qu’un an car la deuxième année, ils ont déposé le bilan. C’était un club avec le foot, le basket et le volley féminin en première division et le foot a laissé pas mal de casseroles et c’est le club tout entier qui en a pâti. Je suis rentré en France et c’est l’année où Hervé Beddeleem est promu président du BCM et il m’a demandé de venir pour être un peu son homme de confiance. J’ai fait ma dernière année à Gravelines là où j’ai commencé.
Ces expériences à l’étranger vous ont-elles été profitables en tant que coach et aujourd’hui en tant que directeur sportif ?
Ça l’a été sur plusieurs points. Déjà à mon égard parce que on est beaucoup plus exigeant avec un étranger qu’un autochtone. Il faut gagner sa place. C’était nouveau à l’époque et on arrive sur la pointe des pieds et surtout il faut être bon car sinon, on est comme un Américain, notre statut peut être changé en quelques mois. En France, les Français de par leur statut sont protégés et c’est quand même plus facile de couper un Américain qu’un Français. C’est pareil à l’étranger envers les Bosman. On n’a plus cette sécurité de l’emploi quasiment assurée. C’était aussi important que ma famille notamment mes enfants voient une autre culture. Lorsqu’on est reparti d’Allemagne, j’étais un peu le bonnet d’âne de la famille car je ne parlais pas allemand ou si peu alors que mes gosses qui allaient à l’école allemande et ma femme parlaient allemand couramment. Ce sont de très belles expériences. J’ai gardé des contacts en Italie et en Allemagne et si je recrute des joueurs en Allemagne, c’est que je travaille avec des personnes de confiance qui me donnent des infos intéressantes.
« Je suis sûr que si à Boulogne je me fais arrêter par un policier portelois, il va me dégonfler les pneus ! Alors que le sympathisant boulonnais va me dire « alors, M. Bourgain, comment ça va ? Il va falloir gagner samedi ! »
Vous avez fini votre carrière de joueur au SOM Boulogne et vous avez pris ensuite l’équipe de la N3 à la N1. C’est votre club de presque toujours ou votre père était dirigeant ?
Ce n’est pas mon club de toujours puisque de poussin à junior, j’ai joué au PLB, le Patronage Laïque Boulonnais. Mais mon père est encore dirigeant au SOMB et mon fils y est kiné.
A l’époque du SOMB, vous pouviez vous promener tranquille dans les rues du Portel ?
J’ai joué au Portel !
Alors pouviez-vous aussi vous promener tranquillement dans les rues de Boulogne quand vous étiez au Portel ?
Oui. La ferveur du basket est vraiment porteloise. A Boulogne, c’est quand même la grande ville alors qu’au Portel, c’est 10 000 habitants. Le basket a une importance pour les Portelois qui n’est pas vraie à Boulogne. Même si en passant de la Pré Nat à la Pro A en huit ans -la Ligue de Basket nous avait dit que même Nanterre avait mis deux ans de plus-, on a eu une ascension vertigineuse avec le SOMB. Donc on a eu une ferveur suite à cette montée et les titres de champion de France mais il faut reconnaître qu’au Portel, c’est une petite ville, c’est enclavé, et la pression y est plus présente. Pour répondre à la question : aujourd’hui, je peux encore me balader au Portel mais il faut que ce soit pendant le Carnaval du Portel et que je sois déguisé ! (Rires).
Cette forte rivalité entre Boulogne et Le Portel est du même niveau que celle qui existe entre Limoges et Pau ?
Ce n’est pas pareil parce qu’il y a plus de 400 km d’écart entre Limoges et Pau alors que Le Portel et Boulogne se touchent. Donc c’est encore plus palpable. Dans les cafés notamment à Boulogne, ce sont des repères de sympathisants de l’ESSM où nous on allait aussi. Dans le même café, il y a 50% de Boulonnais et 50% de Portelois. On croise dans les rues de Boulogne des Portelois alors qu’on ne croise pas de Palois dans les rues de Limoges ni des Limougeauds à Pau ou uniquement le jour du match.
Ils se chambrent entre Portelois et Boulonnais ?
Ca va même plus loin. Même au commissariat de Boulogne, il y a des pros Boulonnais et des pros Portelois. Il y a une vraie rivalité, on la sent ! Je suis sûr que si à Boulogne je me fais arrêter par un policier portelois, il va me dégonfler les pneus ! Alors que le sympathisant boulonnais va me dire « alors, M. Bourgain, comment ça va ? Il va falloir gagner samedi ! » Au niveau des partenaires, c’est pareil. Il y a très peu d’industries au Portel. Je lance un chiffre comme ça : 80% des partenaires au Portel sont boulonnais. A Boulogne, il y a des gens qui préfèrent aller au Portel et d’autres à Boulogne.
« Oui, Kyle Milling est marqué après les matchs parce qu’il sait qu’ici, gagner ou perdre, ce n’est pas pareil »
Fort de cette rivalité que vous connaissiez entre Boulogne et Le Portel et même si vous étiez au courant notamment par Frédéric Forte, avez-vous été surpris par la pression populaire et médiatique qui existe à Limoges et qui ressemble à l’environnement d’un club de foot comme celui de Saint-Etienne ?
Surpris, oui, bien évidemment. Beaublanc, c’est une salle de basket paranormale. Il n’y a pas deux Beaublanc en France. Il y a des fantômes ici qui dédient leur vie au basket. Quand on va à l’entraînement au mois d’août ouvert au public et qu’il y a 2 500 personnes et qu’on est obligé de mettre de la sécurité, les joueurs et moi-même, on a vite compris là où on a mis les pieds. Et ce que l’on a pensé au mois d’août, c’était réel mais multiplié par dix. Ce sont des gens qui vivent pour leur club et pour leur histoire qu’ils te racontent. Ça fait partie du patrimoine de Limoges au même titre que la gare et la porcelaine. Le maire est un abonné du club. Il y a quatre clubs de supporters, il y a quasiment 6 000 personnes à chaque match, on a fait des sold out à tours de bras. Alors en plus quand la saison va du bon côté et que tu te rends chez le boucher après une victoire et que tu veux juste quatre steack hachés, tu repars en plus avec des côtes de bœuf et des ris de veau gratuitement ! Par contre, quand tu perds, tu repars avec trois steaks hachés alors que tu en as payé quatre. Le basket à Limoges a une incidence sur le point de vue économique de la ville et sur les humeurs des gens. Ce sont des passionnés, des ultras, des gens pour qui gagner ou perdre ça a une incidence dans leur quotidien.
Et pour votre travail, cela a une incidence cette pression, ces rumeurs qui n’existent à ce point qu’à Limoges ? Les gens en ville sont très friands de petites informations qui filtrent du club. C’est difficile à vivre ?
J’ai joué à Limoges et je sais combien la passion peut être importante et parfois destructrice mais c’est à nous dans le recrutement de faire attention d’y mettre des gens qui sont supposés dealer avec cette pression et qu’elle ne devienne pas un handicap mais plutôt une aide. Mam Jaiteh, je trouve qu’au fil de la saison, il s’est endurci et qu’il fait face à cet environnement. La plupart des gens savent qu’ici au premier match amical, ils peuvent être sifflés. Et ça c’est unique en France. Mais par contre, ce que les gens à Limoges veulent c’est que les joueurs juste se mettent les genoux à terre sur les ballons et s’arrachent les coudes. Ils veulent des joueurs de talent, ce sont des connaisseurs, mais avant tout des joueurs qui respectent leur maillot, l’histoire du club.
Et les joueurs étrangers, vous les briefez en leur distant qu’ici ce n’est pas tout à fait comme ailleurs ?
Tu es obligé de leur faire prendre conscience de ça. Quand tu leur parles, ils sont en général aux Etats-Unis et ça ne leur parle pas mais ils se renseignent vite. Par exemple, Kenny Hayes est très proche de Jamar Smith et avant de signer ici, il l’a appelé en lui demandant de raconter Limoges. Je pense que les mots de Jamar Smith ont été plus importants que les miens ou ceux du coach ou de l’agent car c’est un compatriote qui a vécu une saison ici. Il lui a expliqué à quel point le public est fou d’excitation et d’amour.
Kyle Milling est extrêmement marqué à la fin des matchs. C’est sa personnalité ou c’est le fait d’être coach de Limoges qui renforce ça ?
Je trouve déjà que Kyle Milling a énormément progressé depuis le début de saison. On ne passe pas du HTV -avec tout le respect que je dois à ce club- où il y a 1 000 personnes dont 800 invités, à une salle de 6 000. C’était un pari pour lui d’accepter Limoges, pour moi de l’avoir choisi. Et je trouve que le pari a été largement gagnant. Oui, Kyle Milling est marqué après les matchs parce qu’il sait qu’ici, gagner ou perdre, ce n’est pas pareil. Il y a une pression qu’il n’y a pas ailleurs. Après deux saisons sportivement ratées, on avait une chape de plomb au-dessus de la tête. En plus, on avait dix nouveaux joueurs, trois nouveaux coachs, un nouveau manager, aussi on avait vraiment la pression. Je n’ai jamais vécu de match aussi fort en intensité que depuis que je suis à Limoges. Je suis directeur sportif donc responsable du recrutement et quand la saison est mauvaise, c’est de ma responsabilité. Kyle est mon coach donc on la partage tous les deux et quand on est dirigeants à Limoges, on vieillit plus vite, c’est une certitude.
Comment s’est déroulé le recrutement durant l’été 2017. Déjà qui a choisi Kyle Milling ? Vous ? Frédéric Forte ? Tous les deux ?
Avec Frédéric, on échangeait sur beaucoup de choses et à un moment donné, il m’a demandé de me fixer officiellement sur mon coach et j’ai dit « Kyle Milling ». Il m’a dit, « je te suis. » Ce n’était pas facile quand on voit les coaches qui ont débarqué à Limoges, c’était en général de grands noms du basket français ou européens. Kyle n’avait pas encore un nom, aujourd’hui il en a un car pour sa première année, il est déjà top 4 de la saison régulière et demi-finaliste des playoffs. Son pari lui aussi a été gagné. Mais pour revenir à la question initiale, évidemment qu’il est marqué après les matchs, comme tout le monde. C’est une personne humaine, qui ressent aussi la pression et qui a envie de bien faire. Il connaît l’importance de l’enjeu.
Cela fait longtemps que vous vous occupez de recrutement. Celui de Zachery Peacock à Boulogne, c’est celui dont vous êtes le plus fier ?
Oh non ! Si on prend par le début, après Gravelines, j’accepte de prendre le challenge de Jean-Pierre Desgardin qui est le président du SOMB. Il rêvait d’avoir une équipe de Pro B alors qu’il était en Pré-Nationale. Et ensemble en huit ans, on est parvenu à la Pro A. J’étais coach au démarrage et après j’ai laissé la main à Germain Castano, qui a pris l’équipe en NM1 et l’a montée en Pro A. Ca j’en suis fier. Après, il y a eu tellement de grands joueurs à Boulogne. Zachery Peacock, c’est la figure de proue mais il y a eu Ken Horton, qui est aujourd’hui à Pau et qui a fait son année rookie à Boulogne, Landon Milbourne, qui est pris en Italie et Israël, Chris McCray. Et en Français, Valentin Bigote, Jo Rousselle, Nando Raposo, Mam Jaiteh, Abdoulaye Loum. Sans parler de ceux de N2 et de N3. Il y a eu des battants. Pierre-Joseph, qui était la figure de proue du Portel qui passait à Boulogne. Fayçal Sarhaoui qui a été mon bras armé pendant des années et qui est aujourd’hui à La Rochelle. Merveilleux joueur, merveilleuse mentalité.
Zachery Peacock est quand même MVP de la Jeep Elite de la saison et on sait qu’il est passé par Boulogne ?
Oui. C’était sa première année en France et évidemment qu’on en est fier mais je n’ai pas envie de dire Zach et pas les autres. Ça serait injuste.
Le métier de directeur sportif est un métier relativement récent en France et qui maintenant est généralisé en Jeep Elite. En quoi consiste-t-il au CSP ?
Je pense qu’il y en a un par club en Jeep Elite mais il y a dix-huit métiers différents. Chaque président décide de ce qu’il veut que son directeur sportif fasse. 90% de mon temps est consacré au scouting, au recrutement et à la gestion au quotidien de l’équipe pro. Les conflits, les problèmes, les déplacements.
A suivre.
*Olivier Bourgain avait scoré 35 points à 7/10 à 3-points, 12/14 aux lancers-francs, 2 rebonds et 3 passes en 32’. Le BCM avait gagné le match 114-104.
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Commençons en revenant sur deux faits importants vous concernant. Vous êtes devenu célèbre à une époque où les matchs de Pro A étaient diffusés sur Antenne 2 suite à un duel avec Antoine Rigaudeau qui jouait à Cholet alors que vous, vous portiez le maillot de Gravelines. Il avait marqué 47 points et vous 35. C’était en janvier 1993. Le match avait donné lieu à deux prolongations… et la diffusion du match avait été interrompue avant la fin. Un scandale. Vous en avez certainement conservé quelques souvenirs* ?
Comme j’étais scoreur, j’avais fait quelques cartons, 20, 30 points. C’était un match de fous mais s’il n’est pas télévisé, il n’y a pas autant d’ampleur. C’était sur le service public et il y a beaucoup de gens qui ont vu ça de leurs yeux. En plus, c’est un match de grande qualité avec un finish extraordinaire. C’est le premier élément déclencheur à ma carrière. Derrière, les gens m’ont regardé différemment, ça a contribué à faire de moi un autre joueur. Pour la petite anecdote, il y avait dans les tribunes Albert Denvers qui était le président du BCM et le maire de Gravelines. Et il y avait son fils Alain, qui était le directeur de l’information (NDLR : de A2 et FR3). J’ai regardé la K7 VHF pour voir la totalité du match, et ce qui a été coupé pour mettre Les Simpson à l’antenne. Les journalistes, Patrick Chêne et Bernard Père, je crois, disent « les gars, ils ont coupé le match ! ». Et Chêne dit : « vite appelez Alain Denvers ! ». Et on voit Alain Denvers quitter son siège pour faire le tour et constater que le match a été coupé. Et en voyant ça, il est mort ! (sourire).
Il faut savoir aussi que vous avez été un des pionniers en jouant à l’étranger, en A2 italienne, en Allemagne, à une époque où ça ne se faisait pas, juste après l’arrête Bosman, et que vous avez failli être le premier Français à jouer en CBA, qui était l’équivalent de la G-League d’aujourd’hui ?
J’ai été pris pour faire l’équipe des Yakima Sun Kings. C’était la première fois qu’un Français faisait ça et d’ailleurs j’ai fait la Une de L’Equipe. Ce qui s’est passé c’est que je sortais d’une très grosse saison en France, j’étais en équipe de France et je me suis retrouvé au chômage parce qu’on demandait beaucoup d’argent par rapport à ma saison et mon nouveau statut et au mois d’août, je n’avais pas signé. J’avais Paco Belasen comme agent qui habitait Phoenix. Il m’a dit « c’est un scandale, tu n’as qu’à venir aux Etats-Unis. » Avec l’aide de Ernie Signars (ex-joueur et coach de Pro A), il m’a trouvé un camp avec une centaine de personnes et ils en prenaient quatre pour faire le veteran camp des Yakima Sun Kings. J’ai été plutôt bon puisque j’ai fait le veteran camp. Je fais ensuite l’équipe. Paco Belasen voulait que je fasse les entraînements avec les Phoenix Suns. Je suis resté un mois là-bas, j’ai fait quelques matchs mais pas la saison complète. Je suis entré en France car j’avais un contrat. Ensuite j’ai fait l’Italie à Rosetto et puis l’Allemagne avec Ulm. Ce sont des expériences enrichissantes car là-bas tu es vraiment considéré comme un étranger. J’étais Bosman, j’ai perdu mon statut de JFL pendant quelques années (sourire). Forcément, ils attendent beaucoup plus de toi. Dans l’équipe de Ulm, je crois qu’il n’y avait qu’un Allemand. Le reste c’était Américains, Espagnol, Italien, Français, des Serbes, un Danois aussi. C’était vraiment multiculturel. C’était la première année des Bosman. Je voulais voir ce qu’était l’étranger, être le premier ça m’intéressait, et puis voir mon niveau de jeu par rapport à des championnats qui étaient compétitifs. Ce n’était pas dans les mœurs, j’étais un peu le précurseur de tout ça. En Allemagne, je n’avais signé qu’un an pour voir comment ça allait se passer et j’ai été élu MVP Bosman. Ils m’ont fait re-signer deux ans de plus. Je n’ai fait qu’un an car la deuxième année, ils ont déposé le bilan. C’était un club avec le foot, le basket et le volley féminin en première division et le foot a laissé pas mal de casseroles et c’est le club tout entier qui en a pâti. Je suis rentré en France et c’est l’année où Hervé Beddeleem est promu président du BCM et il m’a demandé de venir pour être un peu son homme de confiance. J’ai fait ma dernière année à Gravelines là où j’ai commencé.
Ces expériences à l’étranger vous ont-elles été très profitables en tant que coach et aujourd’hui en tant que directeur sportif ?
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Photos: Olivier Bourgain et Kyle Milling (Olivier Grasset); SOM Boulogne