Les similitudes sont nombreuses entre Stéphane Lauvergne, 50 ans, et son fils, Joffrey, 26 ans, intérieur international français évoluant cette saison aux Spurs de San Antonio. Les traits du visage bien sûr, mais aussi les traits de caractère, tout comme cette passion commune pour le sport en général et le basket en particulier, socle de leur relation quasi-fusionnelle. Au niveau de la trajectoire de carrière en revanche, force est de constater que l’élève a déjà largement dépassé le maître.
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Stéphane Lauvergne a pourtant connu une brillante carrière au sein du championnat de France en tant qu’ailier. Une aventure débutée à Clermont-Ferrand (sa ville natale) en N2 en 1985 et qui l’a ensuite rapidement mené en première division, à l’ABC Nantes (1986-1989), Cholet Basket (89-90),
Mulhouse Basket Club (90-92), Paris Basket Racing (92-94), Levallois SC Basket (94-97), Toulouse Spacer’s (97-99) pour terminer au sommet avec l’Asvel où il échouera à un match du sacre de champion de France. Cette belle épopée de plus de 15 ans a notamment été marquée par une participation à l’Euro 1989 avec l’Equipe de France aux côtés des meilleurs de sa génération et par des joutes européennes inoubliables en club, avec Mulhouse notamment, où Joffrey est né.
Comme son père, Joffrey a multiplié les disciplines avant de faire le bon choix et de se lancer à fond dans le basket. Et comme celui que l’on surnommait « Le boulanger » (un genre de multiplicateur de pains à la sauce auvergnate), la relève a bâti sa carrière autour de valeurs aussi simples qu’indispensables : le dévouement pour l’équipe, le goût de l’effort, l’épanouissement dans le travail, la dureté, la défense…
Le parcours de Joffrey Lauvergne n’a jamais été tout tracé pour autant. Avant son véritable envol en pro, au Partizan Belgrade (2012-2014), il y a d’abord eu les gros pépins de santé durant son adolescence et son premier gros clash en 2012 à Chalon, d’où il est parti en claquant la porte à 21 ans, estimant qu’on ne le faisait pas assez bosser. Son abnégation et son éthique de travail l’on pourtant mené là où il est aujourd’hui, aux Spurs de San Antonio, au sein de l’une des meilleures franchises de la plus grande ligue du monde, dans laquelle il évolue depuis trois ans. Pour autant, l’intérieur texan (4,3pts, 3,3 rbds en moyenne cette saison) n’est pas encore « arrivé », et peut compter chaque jour sur son père, régulièrement présent à ses côtés aux Etats-Unis, pour le lui rappeler.
Retrouvez la première partie de cet entretien consacré à Stéphane Lauvergne dans le cadre de notre série dédiée aux « Papas de basketteurs ».
Stéphane Lauvergne, dans quel contexte votre fils Joffrey est né ?
J’étais joueur à Mulhouse, au MBC. Joffrey est né là-bas en 1991 (le 30 septembre). Au niveau sportif, j’y ai passé de très belles années. Il y avait des moyens conséquents, le club avait constitué une équipe sympa avec des internationaux comme Philip Szanyiel, Frédéric Monetti et des joueurs US de premier choix (dont Curtis Kitchen mais aussi Joe Bryant, papa de Kobe). On avait une belle équipe et pour ne rien gâcher, on était en Alsace qui est une région fantastique. Malheureusement, ça a pas mal changé depuis cette époque. Ça fait quelques années que c’est très dur pour le club qui a beaucoup de soucis. Ce n’est pas la première fois qu’il est menacé de déposer le bilan, c’est bien malheureux.
Photo du Mulhouse Basket Club saison 90-91. Stéphane Lauvergne pose avec le n°13 devant son coach, Jean-Luc Monschau
Parlez-nous de son enfance, c’était quel genre de petit ?
Comme vous l’imaginez, avec les traits de caractère qu’on lui connaît maintenant, c’était plutôt un gamin hyperactif. Avec déjà beaucoup de volonté, un caractère bien trempé. Ça bougeait en permanence à la maison. Pas forcément à Mulhouse où il était encore tout petit, disons un peu plus tard quand je suis allé au Paris Basket Racing puis à Levallois. Là encore, de belles années avec Laurent Sciarra, Yann Bonato et bien d’autres.
A quel moment a-t-il commencé le basket, et vous avez commencé à jouer avec lui ?
On n’a jamais trop joué au basket tous les deux. On vivait en appartement à Paris et on connaît les problématiques de salles et de structures qu’il peut y avoir en France. On a échangé quelques ballons de temps en temps avant ou après mes entraînements mais pas plus que ça. Mais Joffrey n’a pas commencé par le basket même s’il prenait goût à voir son papa jouer. Contrairement à beaucoup d’autres fils qui ont souvent baigné dedans très tôt, il a essayé pas mal d’autres disciplines. Il avait pris une licence de judo à Levallois, il a fait du hockey-sur-glace ensuite. Et puis il a arrêté, et il s’est vraiment mis dans le basket à fond lorsque j’ai arrêté ma carrière et que nous sommes rentrés à Clermont-Ferrand, au début des années 2000.
Avez-vous une anecdote au sujet de son enfance et de ses premiers pas dans le basket ?
Il y en a une qui est fabuleuse, lorsque je jouais à l’Asvel. C’était en 2000 en finale du championnat contre Limoges. On perd le premier match à la maison, on va gagner le second là-bas avec la belle à la maison. Et Limoges vient nous taper chez nous. Et, dixit sa maman, Joffrey avait fini le match en larmes dans les tribunes et répétait « Salop Bonato ». Yann Bonato qui était mon ami ! Et il savait qu’on avait joué ensemble à Paris. D’ailleurs il avait fait une super série et de gros playoffs. C’était l’année du triplé, il y avait une très belle équipe.
Quel regard portait-il sur votre métier, sur votre parcours de basketteur professionnel ? Il s’y intéressait beaucoup, s’en inspirait-il pour se motiver ?
Je dirais qu’au final, il s’en est inspiré, mais sur le tard… Pour rentrer brièvement dans la partie psychologique de la chose, je dois dire que le basket ne me rendait pas particulièrement heureux à cette époque. Je n’ai pas toujours bien vécu le joueur que j’étais. Tout le monde connaissait Stéphane Lauvergne avec ses qualités et ses défauts. Et j’avais tendance à beaucoup voir mes défauts. De ce côté là j’ai un lien avec ma fille, Joanne, car je manquais de confiance en moi. Dans ces cas là, c’est peut-être plus difficile. Voilà pourquoi je dirais qu’il y est venu sur le tard entre guillemets. Et quand je disais que les enfants de sportifs pratiquent en général tôt la discipline de leurs parents, lui y est venu à tâtons, notamment par rapport à ça. Avec le recul, je me dis que j’ai été le roi des cons et je me rends compte que la vie de basketteur et de sportif professionnel, c’est assez fantastique quand même. Mais c’était comme ça.
A partir de quel âge vous avez pensé que votre fils pourrait faire une carrière pro ?
Honnêtement pour le coup, je dirais relativement tôt. Lorsqu’il s’est mis au basket de façon régulière et qu’il a décidé que ce serait sa voie. Il a toujours été le même vous savez, à partir du moment où il sait où il veut aller, il se donne les moyens pour y arriver. J’ai très vite vu qu’il était devenu mordu et qu’il mettait l’investissement qu’il fallait. Il avait aussi des prédispositions. La taille déjà, et des qualités intrinsèques de basketteur. Mais tout n’a pas été facile. Il a eu une péritonite assez sévère à 14 ans qui l’a laissé six mois sur le carreau. On n’est pas passé loin de la catastrophe. Les médecins lui avaient diagnostiqué une gastro alors que c’était bien plus grave. Mais même sur son lit d’hôpital, il me demandait de lui promettre de l’entraîner quand il irait mieux. Ensuite à son entrée à l’Insep, il a traîné une blessure pendant un an et demi qui était tout simplement une fracture de fatigue au niveau du pied. Il avait dû subir une opération qui s’appelle l’arthrodèse, je m’en souviens encore. Les chirurgiens disaient que c’est une opération que subissent souvent les danseurs. On en rigole aujourd’hui. Mais son parcours a été très tumultueux. Même s’il n’est pas encore fini. C’est le discours que je lui tiens aujourd’hui : tu n’es pas arrivé où tu devrais être. Ce n’est pas fini.
A quel point l’avez-vous accompagné dans son développement ?
C’est relativement simple. Lorsque les saisons se terminaient, c’était entraînement tout l’été. Ça a commencé à 14-15 ans après sa péritonite et ça n’a jamais cessé jusqu’à aujourd’hui. Au départ, c’était gentillet. Et lorsque Joffrey est devenu un homme, les séances ont duré bien plus longtemps, trop je dirais même aujourd’hui. On faisait trois heures le matin, trois heures l’après-midi. On est une famille de sportifs, donc on a aussi un préparateur physique dans la famille, David Martin, qui s’occupe régulièrement de lui aujourd’hui encore.
Quel genre de papa étiez-vous au bord du terrain et dans la gestion de la carrière de votre fils ?
Plutôt introverti, c’est mon trait de caractère. Après, en terme d’échanges, je ne lui donnais pas toujours raison. Ça me paraît évident. Quand il merdait et même encore aujourd’hui, je fais en sorte de lui dire. C’était plus simple à 15 ans qu’aujourd’hui à 25, forcément, le caractère s’est affirmé. On n’est pas toujours d’accord et je me dois de lui dire ce que je pense. Aujourd’hui, je suis presque devenu un papa poule. J’ai toujours organisé ma vie afin de pouvoir être dispo pour mes enfants.
A partir de quand on reconnaissait plus votre fils que vous-même ?
Très rapidement. Honnêtement, entre les deux joueurs, il n’y a pas photo ! Aux yeux des gens, je dirais sans doute lorsqu’il a connu ses premières sélections en équipe de France.
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Stéphane Lauvergne a pourtant connu une brillante carrière au sein du championnat de France en tant qu’ailier. Une aventure débutée à Clermont-Ferrand (sa ville natale) en N2 en 1985 et qui l’a ensuite rapidement mené en première division, à l’ABC Nantes (1986-1989), Cholet Basket (89-90),
Mulhouse Basket Club (90-92), Paris Basket Racing (92-94), Levallois SC Basket (94-97), Toulouse Spacer’s (97-99) pour terminer au sommet avec l’Asvel où il échouera à un match du sacre de champion de France. Cette belle épopée de plus de 15 ans a notamment été marquée par une participation à l’Euro 1989 avec l’Equipe de France aux côtés des meilleurs de sa génération et par des joutes européennes inoubliables en club, avec Mulhouse notamment, où Joffrey est né.
Comme son père, Joffrey a multiplié les disciplines avant de faire le bon choix et de se lancer à fond dans le basket. Et comme celui que l’on surnommait « Le boulanger » (un genre de multiplicateur de pains à la sauce auvergnate), la relève a bâti sa carrière autour de valeurs aussi simples qu’indispensables : le dévouement pour l’équipe, le goût de l’effort, l’épanouissement dans le travail, la dureté, la défense…
Le parcours de Joffrey Lauvergne n’a jamais été tout tracé pour autant. Avant son son véritable envol en pro, au Partizan Belgrade (2012-2014), il y a d’abord eu les gros pépins de santé durant son adolescence et son premier gros clash en 2012 à Chalon, d’où il est parti en claquant la porte à 21 ans, estimant qu’on ne le faisait pas assez bosser. Son abnégation et son éthique de travail l’on pourtant mené là où il est aujourd’hui, aux Spurs de San Antonio, au sein de l’une des meilleures franchises de la plus grande ligue du monde, dans laquelle il évolue depuis trois ans. Pour autant, l’intérieur texan (4,3pts, 3,3 rbds en moyenne cette saison) n’est pas encore « arrivé », et peut compter chaque jour sur son père, régulièrement présent à ses côtés aux Etats-Unis, pour le lui rappeler.
Retrouvez la première partie de cet entretien consacré à Stéphane Lauvergne dans le cadre de notre série dédiée aux « Papas de basketteurs ».
Stéphane Lauvergne, dans quel contexte votre fils Joffrey est né ?
J’étais joueur à Mulhouse, au MBC. Joffrey est né là-bas en 1991 (le 30 septembre). Au niveau sportif, j’y ai passé de très belles années. Il y avait des moyens conséquents, le club avait constitué une équipe sympa avec des internationaux comme Philip Szanyiel, Frédéric Monetti et des joueurs US de premier choix (dont Curtis Kitchen mais aussi Joe Bryant, papa de Kobe). On avait une belle équipe et pour ne rien gâcher, on était en Alsace qui est une région fantastique. Malheureusement, ça a pas mal changé depuis cette époque. Ça fait quelques années que c’est très dur pour le club qui a beaucoup de soucis. Ce n’est pas la première fois qu’il est menacé de déposer le bilan, c’est bien malheureux.[/arm_restrict_content]
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La suite de l’entretien demain avec le retour sur la carrière en pro de Joffrey Lauvergne, de Chalon à San Antonio en passant par Valence, Belgrade et Moscou…