Nanterre s’est imposé samedi soir à Gravelines, un adversaire à statut comparable. Le coach Pascal Donnadieu nous parle des conséquences de l’absence de Miralem Halilovic, de tout le bien qu’il pense de Rion Brown et de l’état d’esprit de son équipe.
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Votre analyse de ce match contre Gravelines ?
Je pense que c’est une équipe qui donne au public l’envie de la soutenir, qui donne envie de la coacher. L’analyse du match est assez simple. A la mi-temps, j’ai tenu un discours pour les responsabiliser. C’est bien que l’on parle de Rion Brown car c’est un garçon qui a un gros potentiel car il sait tout faire. A la mi-temps, de mémoire, il était à trois points et trois rebonds et je l’ai pris en exemple dans le vestiaire car c’est un garçon très complet et il faut, surtout en l’absence de (Miralem) Halilovic donner encore plus et je pense que c’est ce que l’on a fait en deuxième mi-temps. En première mi-temps, notre investissement personnel et collectif n’était pas suffisant avec un peu trop d’impatience en attaque. C’est pour cela que je suis très satisfait de la deuxième mi-temps. Après, pour être complet dans l’analyse, il est clair que l’on ne peut pas aller en prolongation ! Cela veut dire qu’il faut que l’on soit extrêmement vigilant. On fait une très grosse erreur sur le dernier tir de (Romuald) Morency alors que les consignes sont très simples. Contre Roanne, même si on fait un basket enlevé et qui me convient, on s’est fait peur en perdant deux balles dans la dernière minute. On doit plier le match et ce soir, on ne doit absolument pas aller en prolongation. Au-delà d’un lancer-franc raté de Rion (NDLR : sur l’attaque précédente), on ne doit pas prendre ce trois-points. Il aurait été contesté, mais là il est complètement ouvert. On a une faute à donner. C’est le point noir de la soirée, même si après on s’est rattrapé. C’est Keith Hornsby qui a oublié de switcher alors que ce soir, il met 29 points et fait 30 d’évaluation. On peut perdre ce match sur une grosse erreur.
C’était un match important dans la perspective de la suite du championnat, dans le sens que ce sont deux équipes du ventre mou, qui avaient trois victoires et trois défaites et cette victoire permet de mieux s’orienter vers le top 8 ?
Oui. Après le match de ce soir, on est un peu moins dans le ventre mou. Il leur manquait (JaJuan) Johnson, aussi pour moi c’est égal car les deux joueurs ont à peu près le même impact. (Miralem) Halilovic peut-être encore un peu plus car il était tellement dominant. Mais pour les avoir bien scoutés, Johnson occupe un rôle important. Chaque match que l’on peut prendre sans Miralem, c’est important surtout que le marché étant extrêmement compliqué pour ne pas dire plus, on n’est pas sûr de trouver un pigiste médical pour le remplacer de sitôt. On a un match au Portel avant la trêve internationale. On va essayer de tout donner pour l’emporter et si on avait le bonheur d’être à 5-3 et d’être dans la première partie du tableau, ça serait vraiment intéressant.
Il y a tellement de blessures dorénavant dans une saison que cela donne l’impression d’être devenu un paramètre décisif ?
Sans être méchant, il y a des joueurs de rotation, tu peux gérer, t’adapter mais Halilovic, c’est le meilleur passeur, rebondeur et à l’évaluation de l’équipe. Et en plus, la philosophie de jeu était axée avec Micky tellement il était fort dans le short roll pour un joueur intérieur. Il était quasiment à six passes par match. Ça n’existe pas ça ! C’est là où Hans (Vanwijn) a raison quand il dit que les joueurs sont très à l’écoute. On doit trouver des solutions. On aurait eu Halilovic, on aurait peut-être pris Dijon… Ou pas. Mais c’est sûr que pour nous, c’est un gros, gros handicap et pour scruter le marché depuis dix jours pour un joueur en pige pour deux mois, il n’y a pas grand-chose. Et je ne veux pas mettre n’importe qui. On m’a proposé des joueurs dont l’état d’esprit ne me paraît pas adapté pour venir deux mois. Et puis, si c’est un joueur très limité, même si ça fait un de plus au niveau du nombre, Hamady Ndiaye est parfait dans son rôle de backup. Ce soir, il a été particulièrement décisif. Je n’ai pas besoin d’un backup du backup. Il faut avoir un joueur qui apporte quand même une plus-value et qui ne casse pas l’harmonie du groupe. Aujourd’hui, le marché ce sont ou des joueurs pas terribles ou des joueurs dont on me dit que l’état d’esprit est déplorable. Je préfère encore que l’on fasse avec ce que l’on a.
« Il y a des joueurs qui se prennent pour d’autres, qui se prennent plus forts qu’ils ne le sont, à qui il faut dire se calmer un peu, et d’autres comme Hans et Rion qu’il faut pousser gentiment »
Des joueurs trop chers, il y en a, ou même pas ?
Franchement, si on voulait donner 15 000 euros par mois à un joueur, ce qui est quand même pas mal, ça ne serait pas pour ça que l’on en aurait un demain matin. Et justement, on ne va pas donner à un joueur un salaire qu’il ne mérite pas. C’est mon point de vue et ma stratégie. Je préfère ce que l’on a fait ce soir, compter sur la solidarité des joueurs. On a un groupe qui vit tellement bien que je n’ai pas envie de casser cette harmonie. Pour l’instant, on essaye de trouver des solutions en interne. Peut-être qu’à un moment on sera obligé de dire stop et de faire appel à un pigiste, même s’il ne nous satisfait pas complètement.
Miralem Halilovic en a pour deux mois ?
Oui. On va dire que jusqu’à Noël, il est out. Mais comme vous le dites, c’est exactement ça : toutes les équipes qui sont appelées à jouer entre les playoffs et la deuxième partie de tableau, au grès des blessures, leur saison peut être modifiée. C’est pour cela que je suis d’autant plus satisfait de la victoire de ce soir. Même s’il leur manquait un joueur, on a fait un match de haute tenue, JD (Jackson) et moi, on partage le même point de vue. C’était un match enlevé, qui s’est déroulé dans un très bon état d’esprit avec un niveau de jeu très intéressant. Depuis le début de saison, on est dernier au rebond défensif et de très loin. J’avais sensibilisé les joueurs pour que l’on soit plus solidaires. Ils ont pris 14 rebonds off mais malgré tout c’est quand même mieux. J’avais parlé de solidarité et même s’il a joué 4, Rion Brown a pris 14 rebonds. C’est un domaine dans lequel il faut encore que l’on progresse car on a encore eu trois ou quatre situations où la balle nous a échappé et ça aurait pu être plus lourd de conséquences. Il faut encore mieux verrouiller le rebond défensif.
Pour revenir à Rion Brown, quel type de joueur est-ce exactement ?
David Lighty est un garçon qui fait une carrière extraordinaire. Je ne les compare pas, mais quand j’avais David Lighty, ce n’est pas que parfois il s’endormait un peu, mais… Rion, c’est un peu ça, il sait tout faire sur un terrain, on l’a vu en deuxième mi-temps. Il peut driver, passer, shooter, prendre des rebonds, défendre très, très bien. Et de temps en temps, il est un peu sur la retenue. Je lui ai dit que pour moi c’est un des gros leaders de l’équipe et il faut qu’il joue comme il a joué en deuxième mi-temps. Il est polyvalent. Il peut défendre sur un 2, un 3, il peut jouer 4. Il peut jouer partout. En moins bien, c’est un joueur qui s’avère très complet comme David, même si je ne suis pas en train de vous dire qu’il a son niveau. Mais parfois il peut laisser le jeu un peu filer comme ça. Par contre, quand il est impactant et qu’il veut se donner les moyens, sa deuxième mi-temps pour moi est énorme. C’est pour ça que j’aime bien cette équipe, on a beaucoup de joueurs qui respectent le collectif. Mais respecter le collectif c’est une chose et être dans la capacité de se sublimer, c’est autre chose. C’est pour ça que Rion, comme pour Hans après son année en Espagne, c’est plus un problème de confiance, mais ces garçons-là sont très complets et de beaux basketteurs. Quand on dit « beaux basketteurs », c’est aussi être en capacité d’être efficaces, d’être impactants par rapport à l’équipe.
Pour vous, à quoi était dû l’année médiocre de Hans Vanwijn en Espagne ? A un jeu qui lui convenait moins bien ? A un niveau tout simplement supérieur ?
Je ne pense pas que c’est le niveau car pour moi c’est un très bon joueur. Saragosse est une équipe qui a galéré toute la saison. C’est ce qu’il m’a expliqué. Ils ont changé trois fois de coach. Après, il y a des garçons -c’est pour ça que j’étais content de le récupérer- qui marchent à la confiance. Il a besoin de beaucoup de confiance. Je n’étais pas à Saragosse, mais je pense qu’il peut vite perdre confiance si justement on ne lui montre pas beaucoup de confiance. C’était le deal que j’avais avec lui. Je pense qu’il peut encore fait plus. Il y a des joueurs qui se prennent pour d’autres, qui se prennent plus forts qu’ils ne le sont, à qui il faut dire se calmer un peu, et d’autres comme Hans et Rion qu’il faut pousser gentiment. C’est pareil, Hans peut jouer un peu partout. Au championnat d’Europe, il était au poste 3, ils l’ont mais dans le corner, ce n’est pas son jeu. La preuve, ils nous dépannent en 5, ce qui n’est pas facile.
Il est massif ?
Oui, mais c’est plus un 4-3. C’est aussi pour ça que je ne veux pas prendre un gars pour prendre un gars. Hans est aussi dans la philosophie de ce que l’on veut mettre en place. Il peut faire des choses qu’Halilovic faisait notamment sur des situations de short roll pour attirer un peu la défense. Donc, si je prends un 5 qui ne comprend rien, ça ne va pas nous aider pour jouer correctement collectivement.
Quel est votre relais sur le terrain ? Hamady Ndiaye par exemple ?
Hamady connaît très bien Justin Bibbins et il a une très bonne relation avec lui. J’ai tenu compte aussi des deux dernières années pour avoir un grand frère dans le vestiaire qui est un mec sage, qui sait pourquoi il est là, qui rassure les joueurs, qui est capable aussi d’hausser le ton quand il sent que les mecs ne sont pas suffisamment prêts. Par rapport à mon discours à la mi-temps, il est intervenu sobrement pour dire que le coach a raison et qu’il faut faire un peu plus. C’est bien d’avoir des relais comme ça dans les vestiaires, c’est même capital. C’est ce qui fait que l’on peut faire une bonne saison.
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Votre analyse de ce match contre Gravelines ?
Je pense que c’est une équipe qui donne au public l’envie de la soutenir, qui donne envie de la coacher. L’analyse du match est assez simple. A la mi-temps, j’ai tenu un discours pour les responsabiliser. C’est bien que l’on parle de Rion Brown car c’est un garçon qui a un gros potentiel car il sait tout faire. A la mi-temps, de mémoire, il était à trois points et trois rebonds et je l’ai pris en exemple dans le vestiaire car c’est un garçon très complet et il faut, surtout en l’absence de (Miralem) Halilovic donner encore plus et je pense que c’est ce que l’on a fait en deuxième mi-temps. En première mi-temps, notre investissement personnel et collectif n’était pas suffisant avec un peu trop d’impatience en attaque. C’est pour cela que je suis très satisfait de la deuxième mi-temps. Après, pour être complet dans l’analyse, il est clair que l’on ne peut pas aller en prolongation ! Cela veut dire qu’il faut que l’on soit extrêmement vigilant. On fait une très grosse erreur sur le dernier tir de (Romuald) Morency alors que les consignes sont très simples. Contre Roanne, même si on fait un basket enlevé et qui me convient, on s’est fait peur en perdant deux balles dans la dernière minute. On doit plier le match et ce soir, on ne doit absolument pas aller en prolongation. Au-delà d’un lancer-franc raté de Rion (NDLR : sur l’attaque précédente), on ne doit pas prendre ce trois-points. Il aurait été contesté, mais là il est complètement ouvert. On a une faute à donner. C’est le point noir de la soirée, même si après on s’est rattrapé. C’est Keith Hornsby qui a oublié de switcher alors que ce soir, il met 29 points et fait 30 d’évaluation. On peut perdre ce match sur une grosse erreur.
C’était un match important dans la perspective de la suite du championnat, dans le sens que ce sont deux équipes du ventre mou, qui avaient trois victoires et trois défaites et cette victoire permet de mieux s’orienter vers le top 8 ?
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Photo d’ouverture : Pascal Donnadieu (Thomas Savoja)