À la sortie du derby perdu face au Paris Basketball, le coach de Nanterre, Pascal Donnadieu, a fait un point de la situation de son équipe, toujours en course pour décrocher une place en playoffs.
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Quelle analyse faites-vous de cette courte défaite en prolongations face à Paris ?
On a un vrai problème sur les entames de matches. Ce n’est pas la première fois que ça nous arrive. Déjà à Roanne, on a pris 60 points en première mi-temps dont 32 dans le premier quart-temps. Ce soir, on en prend 28 au premier quart-temps. C’est quasiment pour nous, malheureusement, une constante. On prend énormément de points au premier quart-temps, on n’est pas dans la contestation, on subit complètement, ce n’est pas possible ! Après, on peut faire tous les efforts du monde pour pouvoir revenir, mais c’est usant. On ne peut pas entamer les matches comme ça, encore moins à domicile. (Il répète deux fois) Ce n’est pas possible !
Comment régler ça ?
Bien sûr, on insiste beaucoup sur les entames de match. Comment régler ? C’est ce que je viens de leur dire : changer les joueurs du cinq. Je pense que c’est aussi mental. On ne peut pas engager les matches de cette façon-là. Ce n’est pas histoire de dire que l’on marque ou pas, c’est que l’on ne défend pas. Aucune contestation, aucune opposition. Et après, on fait les efforts en deuxième mi-temps. Mais après, on n’est pas à l’abri d’un Begarin en feu, d’une faute à la fin. On jette la pièce en l’air. On aurait pu gagner, mais je pense que si on avait été plus sérieux sur l’entame de match, le match aurait été complètement différent. On donne le bâton pour se faire battre, et la victoire de Paris n’est pas imméritée sur l’ensemble du match.
Le forfait de Bastien Pinault a été préjudiciable surtout quand on sait à quel niveau il joue depuis deux semaines ?
Je ne vais pas ouvrir le parapluie en disant que Bastien n’était pas là. Il leur manquait (Axel) Toupane. On aurait dû faire un autre match, même sans Bastien. Ça serait trop facile de dire aujourd’hui que s’il avait été là, cela aurait changé la donne. On avait les moyens de faire beaucoup mieux sans Bastien. On fait un match avec 24 passes décisives, en attaque, comme d’habitude c’est cohérent, mais on laisse 18 rebonds offensifs à l’adversaire, c’est pareil, c’est beaucoup trop. C’est encore dû à l’agressivité. En première mi-temps, on perd tous les duels. C’est compliqué ainsi de gagner des matches, ça veut dire qu’il faut tout mettre. Leurs taux de pourcentage sont élevés, mais les nôtres sont tout à fait corrects. Mais ça ne suffit pas, la preuve.
L’équipe de Paris est spéciale. C’est une équipe de bas de tableau mais avec beaucoup de jeunes talents. Est-elle difficile à appréhender ?
Ils ont battu Villeurbanne, Boulogne, Bourg-en-Bresse, ils ont, je crois, cette faculté à se transcender quand ce sont de gros matches. Et là, c’en était un médiatiquement car c’est un derby. On a gagné le premier match contre eux, mais ça aurait pu être l’inverse. Celui-là, ça aurait pu être le contraire. Ce sont deux matches qui se sont disputés avec beaucoup de passion, une qualité de basket, mais nous, on est obligé de regarder ce que l’on aurait dû faire pour pouvoir l’emporter. Il faut vraiment que l’on règle ce problème-là. Quand vous permettez à tout le monde de scorer, ils prennent confiance, c’est valable pour toutes les équipes. À Roanne, on finit par un 15-0 et le petit meneur (Loren Jackson), comme l’a dit Jean-Denys (Choulet) jette quelques ballons, mais on avait pris 60 points en première mi-temps ! On prend quasiment toujours 50 points en première mi-temps, et 35 en deuxième, sans changer stratégiquement beaucoup de choses. On ne peut pas avoir d’ambitions si on reste dans les mêmes dispositions.
« Le jeu est de plus en plus athlétique, de plus en plus vite, et il y a peu d’équipes qui sont épargnées par les blessures »
Comment vont Lucas Dussoulier, qui était sur la feuille de match, et Bastien Pinault, qui, lui, n’était pas présent pour ce match contre Paris ?
Bastien était fiévreux, pas bien. Visiblement, ce n’est pas le Covid, mais à 39 de fièvre, on ne peut pas faire jouer un joueur. Lucas, c’était une fracture (NDLR : à la main). On a fait des radios de contrôle et sa fracture est consolidée. Il a eu le feu vert pour reprendre. On a vu ce soir qu’il manquait un peu de rythme, mais après deux mois d’absence, c’est tout à fait normal. C’est un joueur qui est sous contrat l’année prochaine, comme Benjamin Sene, qui est de mieux en mieux, qui a fait un très bon match ce soir. Et même si ce soir on ne l’a pas trop vu, Lucas est un joueur d’équipe, qui lui permet de jouer correctement. Il a un vrai QI Basket, aussi je compte beaucoup sur lui pour la fin de saison. Je vais lui donner beaucoup de temps de jeu. En deux ans, c’est son 13e match ce soir (sourire… jaune). J’aimerais bien qu’il puisse enchaîner les matches. Au mois de janvier, il était à 13 d’évaluation. Il n’est peut-être pas du profil de (Adam) Mokoka et Juhann (Begarin), mais c’est un très bon joueur, qui pour l’instant a eu la poisse la première année avec son genou, et là, il y a sa fracture alors qu’il était en pleine bourre. On croise les doigts pour le remettre sur pied. On va continuer de travailler. On a un groupe attachant. Mon objectif est de continuer à développer des garçons comme Benjamin (Sene) et Lucas, et si on peut accrocher le top 8, on ne se gênera pas, et sinon la terre ne s’arrêtera pas de tourner. On va batailler, je pense, avec Limoges, Bourg qui va revenir très fort. Quand on arrive à récupérer Norris Cole, c’est une grosse plus-value. On va se battre, à commencer mardi au Portel.
Thomas Wimbush semble parfois un peu en-dedans ?
Par rapport à la première partie de saison, et même à travers un match, je trouve Thomas très irrégulier. Il a des absences, et au début du troisième quart-temps, il a été très impactant. Même s’il fait une saison tout à fait correcte, il montre des signes d’irrégularité. Lucas est intéressant par son sens du jeu, son jeu au large, c’est le type de joueurs que j’aime bien, il bonifie l’équipe, sans que ça se voit forcément en terme de scoring.
Limoges, l’un de vos principaux concurrents pour la qualification aux playoffs, a joué et perdu à Cholet alors que l’équipe comptabilisait plusieurs cas de Covid. Cela impacte toujours le championnat, mais pensez-vous qu’en plus, il y a encore plus de blessés dans la saison qu’il y a cinq ou six ans ?
Effectivement, les pauvres équipes, comme Limoges, qui ont la malchance d’être décimées – alors qu’ils viennent de faire un exploit monumental contre Boulogne, c’est à mettre à leur crédit -, ne peuvent pas évidemment défendre leurs chances à fond. Ça fausse un peu le championnat car certaines équipes ne vont peut-être pas être touchées. Nous, dans notre malheur, on a eu la chance de l’avoir tous en même temps, comme ça les matches ont été reportés en décembre. Aussi, quelque part, on n’a pas payé un lourd tribut au Covid.
Vous l’avez eu combien de fois personnellement ?
Deux fois. Il y a au moins un classement où je suis en tête (rires). Effectivement, il y a beaucoup de blessures. Est-ce que c’est lié aux gens qui ont le Covid ? C’est vrai que le jeu est de plus en plus athlétique, de plus en plus vite, et il y a peu d’équipes qui sont épargnées par les blessures. Nous, on essaye de faire très attention avec le préparateur physique, échauffement, tout ce qui est prévention, pour justement minimiser ce genre de blessure. On serait douze, ça ne serait pas un luxe, mais c’est un problème financier pour toutes les équipes, sauf si on s’appelle Monaco ou Villeurbanne. Au-delà des matches quand il y a un ou deux blessés – cela a été le cas lorsque (Jeremy) Senglin et (Nick) Johnson étaient blessés -, il y a eu des semaines où pour s’entraîner, on n’était que sept ou huit. Toute la semaine tu perds en qualité, en rythme, c’est compliqué. Ce n’est pas juste le jour du match qu’il faut avoir dix joueurs.
Et ceux qui ont 12 joueurs disputent une coupe d’Europe avec un nombre de matches très conséquent en Eurocup ?
C’est vrai que je n’ai pas tout compris en Eurocup de faire 18 matches pour en qualifier 8 sur 10. Je sais que c’est pour multiplier les matches, mais leur format habituel était très bien.
Qu’avez-vous pensé, en tant que coach adjoint de l’équipe de France, de la polémique qui a agité le monde du basket, à savoir que le Hall 6 de la Porte de Versailles était prévue pour la première phase des Jeux Olympiques de Paris 2024, et que finalement, ça ne sera pas le cas ?
Beaucoup de joueurs se sont exprimés. A un moment donné, le basket ne peut pas être le parent pauvre de tout. Ça va être en France, je n’ai pas peut-être votre expertise, mais le basket aux Jeux Olympiques, ça parle, notamment par rapport aux Etats-Unis, à l’aspect médiatique. C’est très important. On a la chance d’avoir une équipe de France qui marche du feu de Dieu. Ça va être un évènement. Donc, au moins que l’on puisse jouer dans de bonnes conditions. J’espère que l’on va trouver une bonne solution. Je trouve que parfois pour le basket, c’est difficile médiatiquement. On le voit à travers notre ligue. C’est dur d’avoir un espace médiatique important, alors si en plus on ne nous donne pas les moyens de jouer dans de bonnes conditions, c’est la double peine. Notre championnat est de qualité, mais on n’a pas toujours la couverture médiatique qu’on mérite. Alors, si en plus on a des coups bas comme ça, c’est encore plus dur.
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Quelle analyse faites-vous de cette courte défaite en prolongations face à Paris ?
On a un vrai problème sur les entames de matches. Ce n’est pas la première fois que ça nous arrive. Déjà à Roanne, on a pris 60 points en première mi-temps dont 32 dans le premier quart-temps. Ce soir, on en prend 28 au premier quart-temps. C’est quasiment pour nous, malheureusement, une constance. On prend énormément de points au premier quart-temps, on n’est pas dans la contestation, on subit complètement, ce n’est pas possible ! Après, on peut faire tous les efforts du monde pour pouvoir revenir, mais c’est usant. On ne peut pas entamer les matches comme ça, encore moins à domicile. (Il répète deux fois) Ce n’est pas possible !
Comment régler ça ?
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Photo d’ouverture : Adam Mokoka (Thomas Savoja)