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Patrick Comninos (Directeur Général de la BCL) : « L’ensemble des équipes d’Euroleague perdent 200 millions d’euros par an. Contre 40 millions de revenus »

Au moment du Final Four de la Basketball Champions League, Patrick Comninos, son Directeur Général, a donné une interview à quelques médias. Il nous apparaît intéressant de le reproduire car il expose bien les arguments de sa compétition et ce qu’il reproche à l’Euroleague.

Au moment du Final Four de la Basketball Champions League, Patrick Comninos, son Directeur Général, a donné une interview à quelques médias. Il nous apparaît intéressant de le reproduire car il expose bien les arguments de sa compétition et ce qu’il reproche à l’Euroleague.

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Propos d’ouverture

A propos de l’organisation de ce Final Four, je tiens à rappeler que nous n’avons eu que trois semaines pour nous préparer alors qu’il faut normalement plusieurs mois pour mettre sur pied un événement de cette ampleur. Je tiens à remercier tous nos partenaires, le club de l’AEK, la ville, le gouvernement grec, tous ceux qui nous ont aidé à faire de ce Final Four une belle réussite. Pour nous à la BCL, c’est l’opportunité de montrer ce que nous savons faire. Une compétition de haut standing, une organisation de haut niveau. Tous ceux à qui j’ai parlé étaient plaisamment surpris par le travail fait sur l’Arena. On a apporté un vrai show et nous sommes contents que cela ait été apprécié.

Les audiences télé, notamment en Grèce font des demi-finales déjà un des événements les plus vus de l’année. Le fait que cela passe sur une chaîne gratuite a évidemment énormément joué. Et tout le monde a pu voir que la salle était pleine, cela sera encore le cas demain dimanche, sans doute plus encore.

Quel bilan tirer de cette deuxième saison de BCL ?

Il s’agissait d’une saison importante. Nous profitons du Final Four pour opérer un retour et des ateliers de travail avec tous les clubs que nous avons invité ici. On travaille mais les retours sont vraiment excellents. Nous sommes encore un petit bébé et il est important d’être très prudent sur les premiers pas.

Pour la saison prochaine, on va garder exactement le même format de compétition. Dès le départ, nous avions fixé un calendrier avec un premier cycle de trois ans. On fera donc un premier bilan à la fin de la saison prochaine. Je crois fortement au fait de laisser un peu de temps à une compétition de s’installer, d’être testée, éprouvée. Mais nous avons notre modèle pour la saison prochaine, on poursuit notre route.

Y-aura-t-il de nouvelles équipes pour 2018-19 ?

Bien entendu. Chaque année, nous accueillons de nouvelles équipes. Nous ne sommes pas un club fermé. Pour nous, il s’agit d’une valeur fondamentale de la BCL, son ouverture. Quand les compétitions nationales seront terminées, nous connaîtrons les équipes en BCL. C’est comme ça que le sport grandit, par la compétition sur le terrain. Si on sait déjà qui va jouer dans une compétition européenne, alors, on réduit l’aspect sportif et on réduit également l’importance des compétitons nationales, des ligues domestiques. Cette saison, 56 équipes de 32 pays ont voulu participer à la BCL. Nous avons refusé 10 équipes. Mais nous mettons en place un environnement inclusif. Et puis, 60% de nos participants étaient soit champions de leur pays, soit finalistes, sur tout le continent européen. Notre intérêt est de travailler sur la quantité des ligues et des pays représentés mais aussi sur la quantité.

Notre système de qualification est simple. Transparent. Direct. Il incite les clubs à être bons, à gagner dans leur championnat national. Les résultats de chaque club en BCL fait marquer des points à son pays. Au final, nous obtenons un ranking qui détermine le nombre de place dont dispose chaque championnat national. Nous avons une réunion le 24 juin où nous regarderons tous les résultats et les clubs intéressés pour nous rejoindre.

Pour nous le meilleur signe, c’est que tous les clubs qui ont gagné le droit de rejouer la BCL entre la saison 1 et cette saison sont revenus. A l’exception du Partizan Belgrade qui visait l’Euroleague. On reçoit quotidiennement des emails des clubs qui veulent discuter avec nous et qui attaquent les playoffs de leur ligue domestique avec la perspective de nous rejoindre la saison prochaine, c’est très important.

« On n’imposera jamais de contrainte financière. La participation à une coupe d’Europe doit être un plaisir, pas une contrainte »

Imposerez-vous des critères extra-sportifs pour participer à la BCL ?

Il n’y aura pas de limitation de budget. Il ne s’agit pas d’un bon critère. Tout ce qui compte pour nous, ce sont les résultats sur le terrain. Un club ne devrait pas être pénalisé parce qu’il a remporté son championnat, il devrait être récompensé. On demande un certain niveau d’infrastructure sur la salle, sur l’opérationnel, sur les hôtels, ce genre de chose. Mais on n’imposera jamais de contrainte financière. La participation à une coupe d’Europe doit être un plaisir, pas une contrainte. On rencontre des clubs qui ont parfois peur d’avoir à gonfler leur budget pour être compétitif une saison dans une compétition puis qui s’écroulent derrière.

Notre intérêt, c’est celui des clubs, qui à travers leurs ligues nationales sont actionnaires de la BCL. Le quotidien et le cœur de marché d’un club, c’est sa ligue nationale. L’Europe doit être un plus. Quelque chose de positif, qui permet de grandir financièrement, au niveau de sa notoriété, de sa visibilité. Cela ne doit pas être un fardeau.

Notre modèle financier répond à ça. Demain, le vainqueur de la BCL remporte un million d’euros. Ce genre de prime a un impact important sur un budget. On veut grandir mais dans un modèle raisonnable et durable sur la longueur.

Un contre-exemple. Le Fenerbahce, la saison dernière, est champion de Turquie et remporte l’Euroleague. Saison de rêve. Ils perdent 18 millions d’euros sur la saison. Que se passe-t-il le jour où ils connaissent une mauvaise saison ? Cela va à l’encontre de nos valeurs centrales. Les clubs ne devraient pas être mis en danger, pénalisés ainsi.

Quels sont les réussites et les domaines où doit encore progresser la BCL ?

Nous sommes engagés dans un marathon. Nous en sommes encore aux premiers kilomètres, mais on court, on regarde devant nous. Pour reprendre l’image de tout à l’heure, nous sommes un encore un bébé, mais nous ne pleurons plus, les dents poussent, et nous verrons bien ce que ce bébé peut mordre ou mâcher dans quelques années.

Qu’en est-il du Panathinaikos. Le club va-t-il rejoindre la BCL et à quel point cela aiderait la BCL à avancer d’avoir dans un rangs un club aussi prestigieux ?

Ici, nous sommes concentrés sur le Final Four mais je sais bien que cette question intéresse tout le monde. Ce que je peux vous dire, c’est que le Panathinaikos nous a demandé d’examiner une éventuelle participation en BCL pour la saison prochaine. C’est une initiative du club. On doit y répondre. On a eu la même demande avec Bologna et on les a rencontrés. Nous avons rencontré le propriétaire du Panathinaikos mardi soir avec Patrick Bauman, secrétaire général de la FIBA, c’était très intéressant. Nous sommes très contents d’envisager tout cela mais à la fin, il s’agit de leur décision. Ils connaissent notre offre, notre position, nos principes, notre vision. On ne fait pas de promesse, on a une structure, on s’y tient. Mais le désir d’y réfléchir est présent des deux côtés. La décision sera prise dans quelques semaines.

Pour répondre à la deuxième partie de la question, pour nous ce serait formidable. Une des plus grandes marques du basket européen, un grand club, des fans nombreux, une histoire, l’impact serait forcément très grand. Pour nous, le Panathinaikos et la famille qui le dirige depuis longtemps sont proches de la famille FIBA. Proches de nos valeurs. Ce serait une recrue de choix. Une étape très positive. Mais on discute avec beaucoup d’autres clubs en Europe.

« Le Maccabi Tel Aviv serait le meilleur club en Israël ? Milan le meilleur en Italie ? Combien de titres nationaux ont-ils gagné ces trois dernières années. 0 pour Maccabi. 1 pour Milan »

Que pensez-vous de la proposition de l’Euroleague d’accorder une place en Eurocup aux deux finalistes de la BCL ?

Je vais essayer de répondre sérieusement (sourire). On a reçu cette proposition alors que nous n’avions rien demandé. Selon les données scientifiques et précises dont on dispose, l’Eurocup n’est pas une meilleure compétition que la BCL. Les clubs qui jouent la BCL, en moyenne, étaient mieux classés dans leur ligue nationale la saison dernière que ceux qui jouent en Eurocup. En moyenne classés 4e pour nous contre 5,5 pour l’Eurocup. Sans parler de la pénétration sur les réseaux sociaux ou la prime bien supérieure qu’on offre au vainqueur. Pourquoi demander un ticket dans une compétition qui est moins bonne ? D’ailleurs, Monaco et AEK, pour ne parler que d’eux, avaient le choix la saison dernière. Ils auraient pu jouer en Eurocup. Ils ont choisi la BCL. Et même sans atteindre la finale cette saison, ils seraient acceptés en Eurocup la saison prochaine s’ils choisissaient d’y aller. Donc…

Les deux finalistes de la BCL correspondent aux deux marchés qui versent les droits télé les plus importants. Quelles conclusions en tirez-vous ? Et seconde partie de la question, quand est-ce que la BCL va générer des profits ?

Pour les droits télé, c’est vrai. Mais il faut voir aussi que la France et la Grèce sont deux pays qui envoient en BCL leurs meilleures équipes. Les quatre meilleures équipes françaises de la saison dernière étaient engagées en BCL. Pour la Grèce, si on laisse de côté le Panathinaikos et Olympiakos, les meilleures équipes derrière viennent chez nous. Donc, on a deux marchés importants en finale, évidemment, mais cela vient du fait selon moi que ces deux marchés envoient ce qu’il se fait de mieux chez eux sur le terrain.

Après pour la deuxième partie de la question, tous les indicateurs que nous avons sont à la hausse. Satisfaction des clubs. L’impact de la compétition grandit, on le mesure à la pénétration sur les réseaux sociaux. 1,5 million de fans sur Facebook, c’est presque le double de l’Euroleague. On est la plus présente des compétitions européennes sur les réseaux. Donc, nous n’en sommes encore qu’au début. On est dans une phase de start up. Dans cette phase, l’important c’est que le potentiel soit bon. Dans ce cas de figure les investisseurs suivent et on a un plan à long terme. La FIBA et les ligues donc les clubs qui partagent l’actionnariat sont engagées.

Mais je peux déjà vous dire que l’environnement autour du basket de club n’est pas facile à commercialiser. Il est saturé, l’offre est trop importante et trop incertaine. Il ne s’agit pas d’un contexte facile pour attirer des partenaires. Permettez-moi une comparaison. Les coupes d’Europe en football concernent 80 clubs et génèrent 4 milliards, pour la Champions League et l’Europa League.

En basket, le deuxième sport le plus important en Europe, les coupes concernent 104 clubs pour 40 millions de revenus seulement. Le constat est frappant. Le modèle actuel ne fonctionne pas. Notre objectif numéro, c’est de changer cela. Cela va prendre du temps mais c’est nécessaire. D’ailleurs si ça marchait, si l’argent coulait à flot, les clubs ne seraient pas mécontents, ils ne regarderaient pas ailleurs. On leur demande d’investir des millions. L’ensemble de équipes d’Euroleague perdent 200 millions d’euros par an. Contre 40 millions de revenus. Que se passent-ils quand les mécènes ou les clubs de foot qui injectent autant d’argent disparaissent ?

Ce n’est pas notre modèle. On veut que les clubs soient viables, investissent, trouvent des sponsors. Et pour ça, le sport, ce sont les résultats sur le terrain. Actuellement la perception est faussée, on vit dans une illusion. Le Maccabi Tel Aviv serait le meilleur club en Israël ? Milan le meilleur en Italie ? Combien de titres nationaux ont-ils gagné ces trois dernières années. 0 pour Maccabi. 1 pour Milan. La marque d’un club ne fait pas nécessairement sa valeur, ce ne sont pas nos valeurs. On veut que les clubs se battent en ligue nationale et nous, nous voulons leur donner une opportunité de grandir sainement.

Le modèle actuel ne marche pas. On propose autre chose. Qui va investir dans le basket polonais ou sur le marché polonais si le champion n’aura jamais l’occasion de jouer contre les meilleurs ? Il faut ouvrir l’accès aux coupes européennes et respecter les ligues nationales.

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Propos d’ouverture

A propos de l’organisation de ce Final Four, je tiens à rappeler que nous n’avons eu que trois semaines pour nous préparer alors qu’il faut normalement plusieurs mois pour mettre sur pied un événement de cette ampleur. Je tiens à remercier tous nos partenaires, le club de l’AEK, la ville, le gouvernement grec, tous ceux qui nous ont aidé à faire de ce Final Four une belle réussite. Pour nous à la BCL, c’est l’opportunité de montrer ce que nous savons faire. Une compétition de haut standing, une organisation de haut niveau. Tous ceux à qui j’ai parlé étaient plaisamment surpris par le travail fait sur l’Arena. On a apporté un vrai show et nous sommes contents que cela ait été apprécié.

Les audiences télé, notamment en Grèce font des demi-finales déjà un des événements les plus vus de l’année. Le fait que cela passe sur une chaîne gratuite a évidemment énormément joué. Et tout le monde a pu voir que la salle était pleine, cela sera encore le cas demain dimanche, sans doute plus encore.

Quel bilan tirer de cette deuxième saison de BCL ?

Il s’agissait d’une saison importante. Nous profitons du Final Four pour opérer un retour et des ateliers de travail avec tous les clubs que nous avons invité ici. On travaille mais les retours sont vraiment excellents. Nous sommes encore un petit bébé et il est important d’être très prudent sur les premiers pas.

Pour la saison prochaine, on va garder exactement le même format de compétition. Dès le départ, nous avions fixé un calendrier avec un premier cycle de trois ans. On fera donc un premier bilan à la fin de la saison prochaine. Je crois fortement au fait de laisser un peu de temps à une compétition de s’installer, d’être testée, éprouvée. Mais nous avons notre modèle pour la saison prochaine, on poursuit notre route.

Y-aura-t-il de nouvelles équipes pour 2018-19 ?

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Photo: Patrick Comninos (BCL), Zack Wright (Strasbourg, BCL), Pierre Jackson (Maccabi Tel Aviv, Euroleague)

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