Ancestralement, les Sarthois n’aiment pas venir à Antares en semaine, surtout à 19h. Ça bouscule leur routine. Si bien que pour un match de playoffs, ils n’étaient que quatre petits milliers alors que la saison a été marquée par un net regain populaire dû à une équipe spectaculaire et d’excellents résultats. Pourtant les playoffs, ils connaissent la formule puisque c’est la 21e participation de leur équipe en 22 ans. En plus, ceux qui se sont déplacés sont longtemps restés d’une passivité qui attire régulièrement les moqueries des Limougeauds qui eux enflamment Beaublanc en toutes circosntances.
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« Effectivement ça fait un peu drôle, » ne pouvait que constater le coach Eric Bartecheky. « C’est la première chose que j’ai dit à Antoine et Dounia (NDLR : Mathieu et Issa, ses adjoints). Quand on est rentré, il y avait une salle beaucoup plus vide par rapport à d’habitude. Après j’ai un peu moins vu car on est pris par les actions. C’est sûr que ça n’aide pas non plus l’équipe mais que le public soit là ou pas pour nous pousser, on doit se dynamiser pour ne pas faire ce type de début de match. D’ailleurs, il y a eu des salles qui étaient pleines cette année et on a eu des entames catastrophiques. C’est plus dans l’ADN de l’équipe, dans sa nature d’être à réaction. Ce n’est pas la première fois qu’on n’arrive pas à entrer avec intensité. Il faut prendre une gifle pour réagir mais après c’est difficile. »
Comble de l’absurde, quelques sifflets sont même tombés des gradins lorsque le MSB était au creux de la vague.
« C’est un peu dur par rapport à la saison que l’équipe fait et dans la situation dans laquelle on se retrouve mais il y a eu vraiment des manquement des joueurs et de l’équipe et de nous tous et c’est sûr que c’est difficile à vivre pour la salle. On a une part de responsabilités. »
L’apport de Justin Gamble, l’absence de Youssoupha Fall
Tout ça pour dire que le contexte n’était pas favorable aux Manceaux et que le fameux « avantage du terrain » n’a pas été perçu hier soir au Mans. Ce n’est pas la seule explication au démarrage catastrophique du MSB mais c’est quand même un facteur à prendre en considération. Car le premier quart-temps du MSB fut indigne de son statut, de sa saison, d’un match à quitte ou double ou presque. Pour être précis, cela a donné comme temps de passage : 2-9 en 2’11, 5-14 en 3’10, 7-20 en 4’45, 12-27 en 8’37 et 15-27 après 10’. Et encore 15-32 en 11’20 et un pic monumental mais si éphémère à 15-34 en 12’25. Là, on s’est dit : et si on passait directement au Match 2 pour nous éviter un spectacle aussi pitoyable ?
« C’est ça qui est le plus décevant, encore une fois. Il faut que je trouve un moyen de faire comprendre à l’équipe qu’il faut commencer les matchs différemment. 27 points à la fin du premier quart-temps, c’est impossible ! C’est incompréhensible ! (…) Il y a un manque d’engagement, de concentration, de respect des consignes. C’est vraiment dommage de donner autant de confort et de points à l’adversaire. »
Romeo Travis ne pouvait faire que le même constat que son coach:
« On a été trop soft. Le coach nous a pourtant bien préparés. C’est nous qui n’avons pas obéi aux consignes. On connaît les playoffs mais c’est une question de maturité, de manque d’auto-discipline. »
D’un côté les balles roulaient ou buttaient sur le cercle, s’égaraient où il ne fallait pas. Pas de ressorts donc pas de réussite. Très vilain. De l’autre, les Villeurbannais étaient très agressifs, avec une bonne circulation de balle et une finition parfaite. 11/15 aux shoots. On observait déjà à la manœuvre la paire Justin Harper-Julian Gamble, qui a totalisé 31 points et 14 rebonds sur l’ensemble du match faisant d’eux les principaux bourreaux avec l’arrière américano-polonais AJ Slaughter (18 points à 7/10 aux tirs).
L’hyper tatoué Julian Gamble (2,06m, 28 ans) débarqué dans le Rhône sitôt sa saison achevée avec les Allemands de Bonn, quatre entraînements au compteur, s’est fondu dans le collectif villeurbannais comme s’il était là depuis août dernier.
« C’est un peu ça qui nous manquait dans notre jeu. Avoir un grand qui puisse poster. Dès qu’on a eu l’opportunité pour l’avoir, un joueur comme ça, ça ne se refuse pas. Surtout qu’en poste 5, on a Alpha (Kaba), ce n’est pas le même style, ce n’est pas un joueur post up. Il a vraiment une présence, une force qui nous aide. Un joueur intelligent, il prend les informations, il imprime vite, ça aide beaucoup », apprécie le coach TJ Parker.
Quant à Justin Harper, sa capacité à s’éloigner de la peinture est un vrai casse-tête pour les Manceaux qui en avaient déjà bavé ici même lors du match retour de saison régulière où ils avaient été mené un moment de dix-huit points. Harper avait scoré 18 points et obtenu 17 d’évaluation.
Il faut dire qu’un événement majeur est survenu après seulement 2’13 de jeu qui a grandement facilité la tâche de Gamble et Harper. Eric Bartecheky a retiré du terrain les 2,21m Youssoupha Fall qui est resté sur le banc jusqu’au bout du match. Motif : douleurs au genou. Or, le Franco-Sénégalais, c’est 11,2 points et 6,9 rebonds par match et une force de dissuasion unique.
« C’est vrai que toute l’année, il les a beaucoup porté, c’était un point d’ancrage. Au bout de deux minutes, il est sorti. A partir de là, ils ont dû s’ajuster. Sur les pick and roll, il avait du mal à se déplacer, on a insisté là-dessus. On a pris du rythme comme ça », a commenté Charles Kahudi.
Autre élément très perturbateur pour les Manceaux, jusqu’à quelques heures du match, ils ne savaient pas si leur Américain Romeo Travis pourrait être aligné ou pas. Le pote de lycée de LeBron James a écopé d’un match de suspension pour propos injurieux envers le corps arbitral et le club avait fait appel. Travis a finalement obtenu une sorte de sursis mais la préparation ne s’est pas déroulée en amont dans la sérénité la plus parfaite. D’ailleurs, depuis quelque temps le MSB est un peu à côté de ses pompes et il a des circonstances atténuantes à présenter :
« Bien sûr que l’on est déçu notamment par rapport à l’entame mais on est quand même dans une situation qui est difficile pour l’équipe », explique Eric Bartecheky. « Il faut mettre en avant les mérites d’une équipe qui se bat, qui ne lâche pas mais qui est vraiment en difficulté dans son équilibre. La perte de Terry (Tarpey) dans la ligne arrière est énorme. On est quand même obligé de commencer les matchs avec deux meneurs de jeu, Antoine (Eito) et Justin (Cobbs). Ce n’est pas tout à fait l’équilibre que l’on a eu sur l’ensemble de la saison qui nous a permis de gagner des matchs. Et je ne vous parle pas de l’absence de Youssoupha Fall. Ce ne sont pas forcément les deux meilleurs joueurs mais ils avaient un impact énorme dans notre équilibre et notre réussite pendant la saison. Alors qu’à l’inverse, c’est une équipe qui apporte du sang neuf avec Gamble alors qu’elle a déjà une quantité et une qualité de joueurs impressionnantes. »
TJ Parker félicite Alpha Kaba
Alors qu’il était au fond du trou, le MSB a quand même eu une forte réaction. Piqués dans leur orgueil, les coéquipiers d’Antoine Eito ont monté leur intensité défensive, le public s’est mis enfin à les soutenir correctement, les Villeurbannais sont devenus moins précis dans leurs gestes et l’écart s’est dégonflé. Il n’était plus que de dix points (33-43) à la mi-temps et l’ASVEL s’est retrouvée dans l’orage à la reprise avec les trois fautes coup sur coup de John Roberson et Charles Kahudi. Sur un and one de Will Yeguete -plein de jus mais d’une maladresse pathologique aux lancers-, Le Mans est revenu une première fois à trois points (40-43) puis une deuxième (53-56).
Seulement l’ASVEL, qui n’a pu compter de son côté sur David Lighty que sept minutes, sûre de sa force, ne s’est jamais affolée. Et elle est repartie de l’avant. Un trois-points de AJ Slaughter l’a définitivement mis à l’abri à quatre minutes du buzzer (74-59). Les Manceaux ne mettaient plus leurs shoots à cause peut-être de l’énergie dépensée pour revenir précédemment au score.
« 68 points contre Le Mans, c’est ça qui me plait le plus car c’est une équipe qui a beaucoup de talent offensif. On a été vraiment présent en défense et surtout avec l’entrée de Alpha Kaba. On ne le voit pas sur les stats, il a -1 d’éval, mais il défend parfaitement sur les picks and roll. C’est là où on a décollé dans le quatrième quart-temps. C’est son premier match depuis deux mois, je trouve que défensivement il a été excellent. C’est un super passeur, il ne pense pas qu’à lui. Voilà le personnage », s’est félicité TJ Parker.
Dans ses commentaires, Charles Kahudi est allé dans le même sens que son coach :
« On avait un socle défensif quand même présent, à part au troisième quart-temps où ils mettent beaucoup de points. Ils reviennent avec beaucoup plus d’envie. C’est un peu notre péché mignon, le troisième quart-temps, quand on est un peu en dedans. On était quand même solide mentalement et on a compensé sur nos principes pour ne pas s’affoler. »
Le MSB atteint dans son orgueil… mais aussi dans sa chair
Et maintenant ? Les quarts de finale sont en Jeep Elite de faux playoffs dans le sens qu’il n’y a pas cinq manches possibles mais seulement trois. Et quand on perd le Match 1 à domicile, il n’y a pas trente-six façons de sauver sa peau. Il faut gagner les deux matchs suivants. Bien sûr, TJ Parker et Charles Kahudi n’allaient pas dire que c’était « in the pocket ». Ils ont insisté sur le fait que le billet pour la demi-finale n’était pas encore composté. C’est ce que l’on fait toujours dans ce genre de circonstances.
« Il n’y a pas de recette, on savait qu’il fallait faire un match costaud ici. Mais le plus dur reste à faire. Gagner le premier match et puis perdre à domicile, ça ne reste à rien. Le prochain match va être important. On a battu une équipe du Mans qui a fait une super saison et on sait que ça peut changer à domicile si on n’est pas prêt », a ainsi déclaré le coach.
Même le fait d’avoir gagné les trois rencontres face au MSB cette saison n’est pas suffisant, selon Charles Kahudi, pour crier victoire. Il se méfie d’ailleurs autant de l’adversaire que des mauvaises manières de son équipe.
« Ça ne veut rien dire du tout. Ce sont les playoffs et tous ces joueurs ont connu les playoffs avant. Ils ont beaucoup d’orgueil, ils ont envie de rebondir et montrer autre chose chez nous. Et nous on est parfois imprévisibles. C’est plus dur parfois de confirmer. Ça peut aller tellement vite en playoffs, il suffit d’un momentum un peu différent. Il faut être prêt vendredi car ils le seront certainement et revanchards. »
Eric Bartecheky estime pour sa part que ses joueurs sont des compétiteurs et qu’ils vont -selon la formule consacrée- tout donner vendredi. Mais il ajoute aussitôt quand la question lui est posée des conséquences d’une possible suspension confirmée de Romeo Travis dont le dossier doit passer en chambre d’appel aujourd’hui :
« S’il n’est pas là et que Yous ne peut pas jouer, ça va devenir très compliqué. »
La belle saison du Mans pourrait alors faire pschitt tout d’un coup. C’est ça les playoffs. On peut tout y gagner ou tout y perdre en quelques jours.
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« Effectivement ça fait un peu drôle, » ne pouvait que constater le coach Eric Bartecheky. « C’est la première chose que j’ai dit à Antoine et Dounia (NDLR : Mathieu et Issa, ses adjoints). Quand on est rentré, il y avait une salle beaucoup plus vide par rapport à d’habitude. Après j’ai un peu moins vu car on est pris par les actions. C’est sûr que ça n’aide pas non plus l’équipe mais que le public soit là ou pas pour nous pousser, on doit se dynamiser pour ne pas faire ce type de début de match. D’ailleurs, il y a eu des salles qui étaient pleines cette année et on a eu des entames catastrophiques. C’est plus dans l’ADN de l’équipe, dans sa nature d’être à réaction. Ce n’est pas la première fois qu’on n’arrive pas à entrer avec intensité. Il faut prendre une gifle pour réagir mais après c’est difficile. »
Comble de l’absurde, quelques sifflets sont même tombés des gradins lorsque le MSB était au creux de la vague.
« C’est un peu dur par rapport à la saison que l’équipe fait et dans la situation dans laquelle on se retrouve mais il y a eu vraiment des manquement des joueurs et de l’équipe et de nous tous et c’est sûr que c’est difficile à vivre pour la salle. On a une part de responsabilités. »
L’apport de Justin Gamble, l’absence de Youssoupha Fall
Tout ça pour dire que le contexte n’était pas favorable aux Manceaux et que le fameux « avantage du terrain » n’a pas été perçu hier soir au Mans. Ce n’est pas la seule explication au démarrage catastrophique du MSB mais c’est quand même un facteur à prendre en considération.
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Photo: Justin Harper (ASVEL/Eurocup)