Ervin Walker se faisait bâcher par Livio Jean-Charles vraiment excellent depuis son retour sous le maillot vert. Il restait encore sept secondes. Temps-mort de Vincent Collet, balle à la SIG. Shoot de l’aile gauche d’AJ Slaughter. Une marée humaine au rebond. Paul Lacombe récupérait la balle et tentait un floater puis Mam Jaiteh une claquette. Quand ça ne veut pas… Quand on est maudit, peut-être… Strasbourg s’inclinait une deuxième fois au Rhénus dans cette demi-finale remake des trois derniers matches de la finale de la saison dernière (73-74).
On a rarement vu un match de Pro A d’une telle intensité animé par une SIG bien décidée à se faire respecter à demeure. Les Alsaciens firent un écart de quatorze points dans le deuxième quart (44-30) avec leur trio d’Américains à la finition, le meneur Erving Walker (13 points, 4 passes), leur ailier-shooteur A.J. Slaughter, toujours aussi élégant (13 points) et leur intérieur Romeo Travis jamais meilleur que dans les grandes occasions (14 points, 9 rebonds).
Chacun -les Strasbourgeois les premiers- savaient que les Villeurbannais reviendraient des vestiaires avec la rage au ventre. De fait… Ce n’était en rien l’équipe de saison régulière parfois complètement amorphe mais bien le champion de France en titre que l’on voyait à l’oeuvre en cette deuxième mi-temps. Longtemps l’ASVEL a tenu grâce à DeMarcus Nelson au four et au moulin (18 points, 6 rebonds) et à un exceptionnel Charles Kahudi d’intensité (17 points, 5 rebonds). Là, c’est toute l’équipe qui s’y mettait aux dépends d’Alsaciens tout simplement dominés dans l’agressivité.
« Je cherche encore la réponse… On est devant, à plus 14, on savait qu’ils reviendraient avec plus d’agressivité. On aurait dû avoir l’envie d’en mettre 20 et de plier le match plus tôt. Souvent, cette saison, les équipes sont revenues et on ne l’a pas payé. Ce soir, on le paie », constatait Jeremy Leloup en conférence de presse.
Sur la route d’un 19e titre, mais…
La nuit a dû être courte et agitée pour le coach Vincent Collet qui a vu revenir les vieux fantômes.
« Je ne suis pas tout à fait surpris. Toute l’année, on a travaillé pour résoudre des problèmes. Mais on ne change pas totalement l’ADN d’une équipe et des gens qui la composent. Mais ce soir, c’est presque cruel ».
A l’inverse, J.D. Jackson ne pouvait que se féliciter de la métamorphose de son équipe qui a hier soir gagné son huitième match de rang à l’extérieur.
« C’est formidable de mener 2 à 0 vu la situation. Mardi, c’était de l’exécution de sang-froid à la fin, mais ce soir, les dieux du basket nous ont aidés. On le mérite largement sur notre deuxième mi-temps et la défense du dernier quart. En première mi-temps, il y avait une équipe d’espoirs sur le terrain… Tous les ballons par terre étaient pour eux. Ils en voulaient plus que nous. Il fallait ramener de l’intensité et on a eu de la chance de revenir… J’ai tenu le discours qu’il fallait à la mi-temps, en mettant des tactiques plus agressives, mais c’était aux joueurs de mettre l’intensité. On prend les victoires à l’extérieur, peu importe la manière. »
La série est-elle terminée pour autant. L’ASVEL, qui bizarrement peine à l’Astroballe, va t-elle s’imposer dès le Match 3? Faudra t-il quatre matches? Ou même revenir au Rhénus? Peut-on retrouver ses esprits, son envie, la confiance en soi quand on est victime d’un tel braquage? Vincent Collet noyé dans un brouillard de déception imaginait tous les scénarios:
« Difficile de savoir comment on va se remettre. Il y a deux lectures dans ce qui s’est passé mardi et ce soir. L’équilibre des débats nous permettrait de penser qu’on puisse totalement inverser la tendance… De l’autre, le coup de sort peut faire penser qu’on va lâcher. On verra… »
Aujourd’hui, on se demande en fait qui pourra empêcher l’ASVEL de récidiver, de remporter un 19e titre de champion de France. Mais cette ASVEL, il y a un an, a elle même démontré que tout était possible jusqu’à la dernière seconde du dernier round.
Photo: DeMarcus Nelson (FIBA Europe)