Les Bleues se regroupent pour un mini stage à Charleville. Deux matches sont au menu ensuite, l’un en Roumanie samedi puis un autre dans les Ardennes face à la Slovénie, le mercredi de la semaine prochaine. Objectif affiché : gagner les deux et récupérer le point average face aux Slovènes après le faux-pays de l’aller (62-68). Ainsi la qualification à l’Euro 2019, en Lettonie et Serbie, serait automatique et la France deviendrait tête de série lors du tirage au sort. C’est précieux.
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L’évènement, c’est la présence parmi les quinze pré-sélectionnées d’un visage inconnu. La joueuse n’a aucune sélection en équipe de France, y compris en jeune, et n’a jamais joué sur le territoire français. Bria Nicole Hartley, 1,73m, 26 ans, par ailleurs maman d’un petit garçon, est l’été la meneuse de jeu titulaire du New York Liberty en WNBA et elle joue le reste de l’année en Turquie. Après Mersin, elle porte le maillot du Fenerbahçe Istanbul.
Un début de polémique est née à l’annonce de son souhait d’intégrer l’équipe de France, certains la suspectant de vouloir être « naturalisée » sachant que l’Europe du basket principalement sur son flanc Est a été le cadre d’une invasion de joueurs/joueuses américain(e)s qui ont rejoint diverses sélections nationales en bénéficiant de passeports de complaisance. La FFBB n’était-elle pas complice d’une quelconque magouille, elle qui s’insurge habituellement d’une telle pratique? Cela pouvait remettre à jour une période peu glorieuse du basket français -il y a 30-40 ans- lorsque plusieurs joueurs américains ont obtenu le passeport bleu via des naturalisations et des mariages blancs. Une procédure frauduleuse devenue quasi impossible tant la loi et les contrôles se sont durcis depuis.
Répétons-le : Bria Hartley n’est pas une naturalisée. Bien que née dans l’Etat de New-York à North Babylon et possédant par ailleurs la nationalité américaine, elle est française par filiation, par son sang, comme la grande majorité de ses compatriotes. De par sa grand-mère maternelle (1).
Bria a évoqué la possibilité de candidater pour les Bleues à l’époque de l’université quand elle était une surdouée. Son agent a débuté des démarches mais la procédure en reconnaissance de filiation est parfois parsemée d’embuches administratives lorsque vous êtes né à l’étranger. La coach des Bleues Valérie Garnier a été alertée de son souhait il y a un an, la fédération a pris le dossier en main, le ministère a donné un coup de pouce, et pourtant Bria n’a obtenu gain de cause qu’après la Coupe du monde alors que l’objectif était qu’elle rejoigne le groupe à l’issue de la saison régulière de WNBA.
Sa motivation est de rendre la branche maternelle de se famille fière de la voir en bleu. Dans une interview au magazine Buzzer sur RMC Sport 2, elle a dit vouloir aider l’équipe de France à gagner.
« J’ai toujours regardé la France jouer. Je suis beaucoup les joueuses même si elles ne me connaissent pas forcément. Elles sont très talentueuses et j’espère les aider à rendre l’équipe encore meilleure. »
Sur twitter, Bria Hartley suit la FFBB, la LFB, les clubs de Lattes-Montpellier, Villeneuve d’Ascq, Helena Ciak, Marine Johannes et encore Olivia Epoupa. Plein d’autres comptes français.
Pourquoi douter de sa démarche, même si -à l’évidence- sa préférence initiale allait naturellement à l’équipe nationale américaine? Elle a d’ailleurs porté le maillot étoilé avec brio dans des différentes compétitions en jeune et en 3×3 (2). Le règlement international lui aurait interdit de rejoindre l’équipe de France si elle avait continué à l’âge adulte.
Une valeur sportive indéniable
Personne ne met en doute la valeur de sportive de Bria Hartley. Réputée pour sa polyvalence, la Newyorkaise a fait des débuts en fanfare en WNBA avant qu’une fracture de fatigue et la naissance de son enfant ralentissent quelque peu sa montée en puissance. Elle a été 44 fois -en 68 matches- meneuse titulaire du Liberty sur les deux dernières saisons. Rappel : alors qu’il y a 30 franchises en NBA, il n’y en a que 12 en WNBA. C’est vous dire son calibre. Ni Céline Dumerc et pas même Edwige Lawson ont pu approcher son rendement statistique dans la ligue américaine. L’été dernier c’était 8,5 points -soit la troisième marqueuse de l’équipe sachant que l’internationale américaine Tina Charles en met 19,7- et 3,6 passes -deuxième de l’équipe. Son expérience européenne l’a conduit à être la meilleure marqueuse du championnat turc la saison dernière avec Mersin et la quatrième de l’Eurocup (17,6 points) et elle a donc été recrutée par le Fenerbahçe. Si elle ne participe pas actuellement à l’Euroleague, c’est que le club compte quatre joueuses d’origine américaine -dont la championne du monde Kelsey Plum- et il a dû faire un choix (Kiah Stokes est également sur la touche pour les matches européens). Mais rassurez-vous, Bria est bien titulaire en championnat et tient parfaitement sa place.
« C’est une joueuse agressive balle en main, qui aime créer pour elle et pour les autres. C’est un poste 1-2. Elle joue ici au Fener sur les deux. Ce n’est pas une meneuse de jeu classique dans l’organisation mais c’est quelqu’un qui aime créer beaucoup de jeu et qui met beaucoup d’intensité dans la course vers l’avant, la volonté du jeu rapide », a disséqué Valérie Garnier pour Buzzer.
Il demeure que nous avons lu quelques réactions de rejet à son égard, par exemple de l’ancienne internationale Cathy Malfois ou du blogueur Dominique B. Pour avoir sondé deux joueuses de l’équipe nationale, disons qu’elles sont pour le moins réservées sur sa venue.
https://www.facebook.com/nyliberty/videos/10155515161662918/
On est Français(e) à 100%, jamais à moitié
Mais venons-en à la question fondamentale : à partir du moment où sa qualité de française ne découle pas d’une tricherie, pour quel motif Bria Hartley ne serait pas sélectionnée en équipe de France ?
A l’inverse par exemple de la Lituanie, la double nationalité est permise en France et nous pouvons rappeler le cas de joueurs qui ont porté le maillot bleu en jeune et d’autres pays en senior. Pape-Philippe Amagou en est l’un des meilleurs exemples. International en cadets, juniors et U20, deux fois élu Meilleur Espoir de la Pro A, il est devenu international ivoirien chez les adultes à défaut d’avoir eu la possibilité de l’être en France. Il y a même eu le cas de Vasco Evtimov, international A en France… et en Bulgarie. Si on a bien compris, ce passe-droit a été obtenu grâce au pouvoir discrétionnaire du secrétaire-général de la FIBA (oui, ça c’est scandaleux car la Fédération Internationale bafoue à la carte ses propres règlements)(3).
Le fait qu’elle n’a jamais joué en France, qu’elle ne soit pas passée par la filière fédérale ?… Ce serait une voie sacrée? C’est sérieux comme argument ? Il faudrait être français ET Joueur/Joueuse Formé(e) Localement pour être accepté(e) en équipe nationale ? Le moindre juriste vous démonterait l’iniquité d’un tel règlement en deux effets de manche. Et au passage, Joakim Noah n’aurait alors jamais dû revêtir le même maillot que son père.
Bria ne parle pas français ? Ou si peu. Ce n’est pas un motif d’interdiction. Ceci dit, Valérie Garnier a bien compris le danger. On n’a aucune statistique à disposition, mais on imagine que très peu d’internationaux/nales toutes disciplines confondues se sont retrouvé(e)s dans ce cas de figure, et la voir s’exprimer en anglais/américain à la télévision, surtout qu’elle va être l’object d’une curiosité légitime, ne sera pas du meilleur effet. Alors, la coach des Bleues et du Fener lui a trouvé un prof à Istanbul pour que sa joueuse prenne des cours. Ceci dit, ce n’est pas en un claquement de doigt que Bria va employer l’imparfait du subjonctif, avoir la richesse de vocabulaire de Jean D’Ormesson et la rapidité d’élocution d’Antoine De Caunes (par contre elle pourra être envoyée en première ligne au conférences d’après match en anglais de la FIBA !). Et la coach nationale a prévenu : le français restera la langue de l’équipe. Surtout au temps-mort. Dans les coulisses, pas de problème, toutes les joueuses savent s’exprimer en anglais.
Donc, je résume: on est toujours français à 100%. Pas à moitié, ou que pour ceci et pas pour cela. C’est la loi.
Sportivement, Valérie Garnier est la maîtresse d’œuvre. C’est elle qui a choisi de pré-sélectionner Bria Hartley. En toute connaissance de cause puisqu’elle l’a sous la main au Fener. La faiblesse des Bleues à la Coupe du monde a éclaté au grand jour. Personne n’a pu enfiler les baskets de Céline Dumerc. Trop grandes. Olivia Epoupa est très douée mais atypique. Pas une vraie meneuse. Romane Bernies n’est pas de la même trempe. Alix Duchet est encore très jeune. Bria Hartley peut à la fois bonifier ce poste de meneuse et doubler Marine Johannès comme shooting guard. Alors pourquoi se priver de cette joueuse française tombée du ciel ?
Finalement, nous n’avons qu’une interrogation : qui est Bria Hartley, la femme ? Est-elle humble ou hautaine ? Ouverte aux autres ou enfermée dans ses certitudes ? (loin de moi de penser que tous les Américains ressemblent à leur président actuel!). Compatible au groupe France ? Ou pas ?
« J’espère que les gens m’accepteront… Je veux en savoir davantage sur la France, apprendre la culture, la langue pour apprécier le plus possible mes séjours en France », a-t-elle déclaré à Buzzer ajoutant qu’elle avait demandé conseil cet été avec Endy Miyem lorsque celle-ci jouait pour le Minnesota Lynx.
C’est en fait de son adaptabilité à la France, ses mœurs et à des joueuses inconnues -qui elles à l’inverse se connaissent pour certaines depuis l’adolescence-, de sa personnalité, que dépend son intégration. La Newyorkaise va numériquement prendre la place de Romane Bernies ou d’Alix Duchet et ça fait grincer quelques dents en interne, surtout quand on sait que celles-ci sont Montpelliéraines comme trois autres internationales. Sans parler du fait que le public de Charleville aurait préféré que ce soit l’icône locale Amel Bouderra qui soit retenue.
On reste persuadé que si tout le monde y met du sien, la greffe va prendre parfaitement. En ce qui nous concerne, on lui dit du fond du cœur, « Bria, bienvenue chez toi ! »(4).
(1) Un enfant (qu’il soit né en France ou à l’étranger) est français de naissance, c’est-à-dire par filiation, si au moins l’un de ses parents est français. Dans le cas de Bria, elle a pu prouver sa nationalité française car sa mère Simone, née elle-même aux Etats-Unis, est française via sa propre mère, Christiane Beyer, née à Paris le 12 mars 1939, et qui a quitté la France pour vivre aux Etats-Unis avec son mari, un soldat américain.
(2) Son palmarès: New York Miss Basketball (2010). Ce trophée honore la meilleure joueuse de lycée de l’Etat de New York. Sue Bird, Tina Charles et Breanna Stewart sont également au palmarès. Big East Rookie of the Year (2011). 2 fois championne NCAA avec Connecticut (2013 et 2014), WNBA All-Rookie Team avec les Washington Mystics (2014). Médaille d’or aux Jeux Mondiaux Universitaires (2013), au championnat du monde de 3×3 (2012), au championnat du monde U19 (2011) et au championnat des Amériques U18 (2010). Au championnat du monde U19, elle fut la deuxième marqueuse des Etats-Unis (11,1 points) juste derrière Breanna Stewart (11,2).
(3) Les joueurs/joueuses né(e)s à l’étranger, et ayant un lien de sang avec le pays qu’ils veulent représenter, doivent prouver leur nationalité légale par le biais d’un passeport obtenu avant l’âge de 16 ans. Les joueurs/joueuses qui ont obtenu leur passeport par la suite -c’est le cas de Bria Hartley- peuvent toujours jouer, mais ils/elles seront considéré(e)s comme des joueurs/joueuses « naturalisé(e)s » par la FIBA. La FIBA permet à un seul(e) joueur/joueuse naturalisé(e) de figurer dans l’effectif d’une équipe nationale par match.
(4) De la famille française de Bria sera présente au match face à la Slovénie à Charleville. « Ils seront si heureux de la voir surtout les enfants », nous dit sa mère, Simone.
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L’évènement, c’est la présence parmi les quinze pré-sélectionnées d’un visage inconnu. La joueuse n’a aucune sélection en équipe de France, y compris en jeune, et n’a jamais joué sur le territoire français. Bria Nicole Hartley, 1,73m, 26 ans, par ailleurs maman d’un petit garçon, est l’été la meneuse de jeu titulaire du New York Liberty en WNBA et elle joue le reste de l’année en Turquie. Après Mersin, elle porte le maillot du Fenerbahçe Istanbul.
Un début de polémique est née à l’annonce de son souhait d’intégrer l’équipe de France, certains la suspectant de vouloir être « naturalisée » sachant que l’Europe du basket principalement sur son flanc Est a été le cadre d’une invasion de joueurs/joueuses américain(e)s qui ont rejoint diverses sélections nationales en bénéficiant de passeports de complaisance. La FFBB n’était-elle pas complice d’une quelconque magouille, elle qui s’insurge habituellement d’une telle pratique? Cela pouvait remettre à jour une période peu glorieuse du basket français -il y a 30-40 ans- lorsque plusieurs joueurs américains ont obtenu le passeport bleu via des naturalisations et des mariages blancs. Une procédure frauduleuse devenue quasi impossible tant la loi et les contrôles se sont durcis depuis.
Répétons-le : Bria Hartley n’est pas une naturalisée. Bien que née dans l’Etat de New-York à North Babylon et possédant par ailleurs la nationalité américaine, elle est française par filiation, par son sang, comme la grande majorité de ses compatriotes. De par sa grand-mère maternelle (1).
Bria a évoqué la possibilité de candidater pour les Bleues à l’époque de l’université quand elle était une surdouée. Son agent a débuté des démarches mais la procédure en reconnaissance de filiation est parfois parsemée d’embuches administratives lorsque vous êtes né à l’étranger. La coach des Bleues Valérie Garnier a été alertée de son souhait il y a un an, la fédération a pris le dossier en main, le ministère a donné un coup de pouce, et pourtant Bria n’a obtenu gain de cause qu’après la Coupe du monde alors que l’objectif était qu’elle rejoigne le groupe à l’issue de la saison régulière de WNBA.
Sa motivation est de rendre la branche maternelle de se famille fière de la voir en bleu. Dans une interview au magazine Buzzer sur RMC Sport 2, elle a dit vouloir aider l’équipe de France à gagner.
« J’ai toujours regardé la France jouer.
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Photos: New York Liberty et Uconn. Bria est la n°14.