Nando De Colo est homme le plus heureux du monde. Alicia, sa deuxième fille, est née le 13 mai et six jours plus tard il a été sacré champion d’Europe avec son club prenant soin de prendre dans ses bras son aînée Lola sur l’estrade à l’heure des récompenses et de lui faire lever les deux doigts pour symboliser les deux Euroleague remportées par papa. Il s’agit du huitième titre européen du CSKA Moscou. Probablement le dernier du trio Dimitris Itoudis, Kyle Hines, Nando De Colo.
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« C’est la meilleure semaine de ma vie », a déclaré le Nordiste joueur et homme comblé. Sur les cinq dernières saisons, Nando De Colo est le meilleur marqueur de l’Euroleague avec 16,7 points en moyenne et à L’Equipe, l’Américain Joe Arlauckas, lui-même vainqueur avec le Real Madrid en 1995, faisait remarquer que « quand il marque 18 points, Nando De Colo cause souvent plus de dommage à l’adversaire qu’un joueur à 30 points. Il dérègle les défenses en provoquant les fautes. »
Statistiquement, le Français a été en légère baisse cette saison mais à la lecture de ses chiffres, on s’aperçoit que c’est tout relatif : 14,5 points, 42,6% à trois-points, 94,6% aux lancers-francs et 3,4 passes en 24 minutes en moyenne. Et quand il a senti l’odeur du sang, il a retrouvé toutes ses sensations avec 55 points en deux matches au Pabellon de Vitoria pour sortir l’équipe de Vincent Poirier en quart-de-finale. En demi-finale, c’est son ultra-précision aux lancers-francs qui a fait une fois de plus merveille : 13/14. Comme l’ancienne star de la NBA, George Gervin, il mérite le surnom de l’homme de glace. En cinq saisons d’Euroleague, son taux de réussite a été compris entre 90,8 et 95,9% ! En finale, avec quelques fautes personnelles handicapantes sur le dos, c’est lui qui a donné le coup d’accélérateur décisif en compilant sept points en deux coups de cuillère à pot pour un total de 15 points, 4 rebonds et 4 passes en 21’. Ses fondamentaux sont un régal de sobriété et d’efficacité. Il est là où il faut, quand il faut. Au millimètre, au dixième de seconde près.
Nando De Colo a ainsi rejoint Antoine Rigaudeau au palmarès franco-français avec deux trophées d’Euroleague. Mais il y a déjà un certain temps qu’il a dépassé l’impact du Roi en Europe. A quoi mesure t-on la valeur d’un joueur à travers les générations ? Aux performances et trophées individuels sur la durée. Et encore plus aux titres collectifs et à l’influence du joueur pour les obtenir. La collection personnelles de trophées de Nando De Colo est un musée à elle seule. On peut en extraire outre ses deux Euroleague, une Eurocup (avec Valence) plus une finale et une autre d’EuroChallenge avec Cholet et Rodrigue Beaubois, cinq VTB League -et sans doute bientôt une sixième-, trois médailles à l’Euro avec l’équipe de France de chacun des métaux, un trophée de MVP de la saison d’Euroleague et de son Final Four, etc.
Le leader d’une génération en or en Euroleague
On disait les Français étaient formatés pour la NBA en raison de leurs qualités athlétiques supérieures. Sous-entendu, courir, sauter, dunker, ça ils savaient, mais en ce qui concerne le jeu international supposé plus cérébral, c’était une autre paire de manches. Tony Parker a définitivement renvoyé ce genre de détracteurs à leurs caricatures en prouvant avec l’équipe de France en complément de ses titres NBA qu’il est le meilleur meneur de jeu du continent de tous les temps. Quant à Boris Diaw, son QI Basket supérieur à 200 a converti même les plus sceptiques. On se souvient aussi des fulgurances de Nicolas Batum avec le SLUC Nancy en Euroleague.
Longtemps, le basket français a été le parent pauvre du basket continental. Qui placer aux premiers rangs des basketteurs européens d’élite ? Les Berckois du début des années soixante-dix deux fois classés dans le carré d’as ? Honnêtement, non. Alain Gilles et Bob Purkhiser -un Américain naturalisé- à l’époque où l’ASVEL était également dans le top 4 de la poule finale de la Coupe des Champions ? Sans doute mais ce fut éphémère. Et puis l’équipe nationale prenait à cette époque gamelle sur gamelle et c’est elle l’étalon or. Les Limougeauds de 1993, Richard Dacoury et Jim Bilba en tête ? En fait, c’est la force collective qui se dégageait du groupe qui était impressionnante davantage que ses individualités sinon l’Américain Michael Young voire le Slovène Jurij Zdovc. C’est en fait en s’exportant dans les plus grands clubs européens que les joueurs français se sont affirmés comme des caïds du milieu, à commencer par Antoine Rigaudeau, Laurent Foiest et Stéphane Risacher. La génération des vice-champions olympiques de 2000. Mais les contemporains sont encore plus impressionnants. Chaque semaine BasketEurope vous conte leurs exploits et ceux de Vincent Poirier à Vitoria ne sont pas les moins impressionnants.
Il y avait cinq Français qualifiés pour la Final Four sachant que Joffrey Lauvergne, blessé, est demeuré sur la touche. Si Adrien Moerman et Rodrigue Beaubois sont restés en-dedans de leurs performances habituelles, Fabien Causeur a prouvé en demi-finale (18 points en 15’) et encore lors de la finale pour la 3e place -superfétatoire au demeurant- (13 points) que son exploit de l’an passé n’était pas un one shot. Le Breton est le parfait joueur sortant du banc, le micro-onde qui n’a pas besoin de chauffer pendant dix minutes pour être brûlant, d’une équipe riche en individualités, comme le Real Madrid et… l’équipe de France.
Derrière Tony Parker et Boris Diaw
Il y a encore quelques petites années avec leur irrésistible montée en puissance, on s’imaginait à tort que les joueurs de NBA investiraient totalement l’équipe de France. Le niveau sportif de l’Euroleague étant croissant comme la place qu’y occupent nos meilleurs joueurs -avec des règles communes à celles des compétitions FIBA- ceux-ci partagent globalement les mêmes responsabilités en bleu que les NBAers avec une pincée éventuellement de joueurs d’Eurocup (Andrew Albicy, Moustapha Fall…) et de Jeep Elite (Charles Kahudi, Paul Lacombe…). Qui peut prétendre que Frank Ntilikina ou Elie Okobo, sous prétexte qu’ils ont toute l’année un habit de lumière, sont plus efficaces que Fabien Causeur et Andrew Albicy habitués aux matches à la vie, à la mort ? D’ailleurs Vincent Collet va avoir un double challenge difficile à mener : premièrement, sélectionner les bons joueurs pour former la meilleure équipe et pas une All-Star Team, deuxièmement, les faire bien jouer ensemble. La complémentarité du trio Thomas Heurtel, Nando De Colo, Evan Fournier n’avait pas été évidente il y a deux ans à l’Euro. Il n’y a qu’un seul ballon, comme on dit.
L’équipe de France. Nando De Colo a été champion d’Europe en 2013 mais ne fut pas de l’aventure en Coupe du monde l’année suivante et de la médaille de bronze en raison d’une fracture à la main. Si l’édition en Chine se traduit cet été par des résultats positifs sur le plan collectif et individuel, qui osera s’insurger sur le fait que le Nordiste soit placé définitivement en numéro 3 dans la hiérarchie des meilleurs basketteurs français de tous les temps derrière Tony Parker et Boris Diaw ? C’est déjà le cas sans attendre à notre humble avis. Sa non réussite en NBA (119 matches à 3,8 points en moyenne) n’a finalement que peu d’emprise dans notre jugement.
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« C’est la meilleure semaine de ma vie », a déclaré le Nordiste joueur et homme comblé. Sur les cinq dernières saisons, Nando De Colo est le meilleur marqueur de l’Euroleague avec 16,7 points en moyenne et à L’Equipe, l’Américain Joe Arlauckas, lui-même vainqueur avec le Real Madrid en 1995, faisait remarquer que « quand il marque 18 points, Nando De Colo cause souvent plus de dommage à l’adversaire qu’un joueur à 30 points. Il dérègle les défenses en provoquant les fautes. »
Statistiquement, le Français a été en légère baisse cette saison mais à la lecture de ses chiffres, on s’aperçoit que c’est tout relatif : 14,5 points, 42,6% à trois-points, 94,6% aux lancers-francs et 3,4 passes en 24 minutes en moyenne. Et quand il a senti l’odeur du sang, il a retrouvé toutes ses sensations avec 55 points en deux matches au Pabellon de Vitoria pour sortir l’équipe de Vincent Poirier en quart-de-finale. En demi-finale, c’est son ultra-précision aux lancers-francs qui a fait une fois de plus merveille : 13/14. Comme l’ancienne star de la NBA, George Gervin, il mérite le surnom de l’homme de glace. En cinq saisons d’Euroleague, son taux de réussite a été compris entre 90,8 et 95,9% ! En finale, avec quelques fautes personnelles handicapantes sur le dos, c’est lui qui a donné le coup d’accélérateur décisif en compilant sept points en deux coups de cuillère à pot pour un total de 15 points, 4 rebonds et 4 passes en 21’. Ses fondamentaux sont un régal de sobriété et d’efficacité. Il est là où il faut, quand il faut. Au millimètre, au dixième de seconde près.
Nando De Colo a ainsi rejoint Antoine Rigaudeau au palmarès franco-français avec deux trophées d’Euroleague. Mais il y a déjà un certain temps qu’il a dépassé l’impact du Roi en Europe.
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Photos: Euroleague et FIBA