À 17 ans et 11 jours, Dominique Malonga est devenue le 29 novembre dernier – bien qu’elle ne soit pas entrée en jeu – la deuxième plus jeune joueuse à être sélectionnée en équipe de France A contre l’Ukraine. Un fait d’armes qui en dit long sur cette pépite du basket français (1,97 m), façonnée entre Cameroun et France, polie au Mont Valérien et à l’INSEP, douée à l’école comme sur les parquets et propulsée sur le devant de la scène à l’ASVEL. Mais qui est vraiment celle que Tony Parker compare à Victor Wembanyama ? Portrait.
Ce 26 novembre 2022 dans les couloirs de l’Arena de Saint-Chamond, l’équipe de France s’apprête à disputer dans quelques heures un match qui compte face à la Finlande. Restée en civil, Dominique Malonga se prépare, en pleine décontraction, à sa première interview télévisée pour Sport en France, avant de nous accorder quelques dizaines de minutes. Les premières sollicitations d’une probable très longue série. Elle n’a 17 ans que depuis une poignée de jours mais l’exercice ne semble pas la perturber. Elle va, trois jours plus tard, réaliser l’un de ses rêves en portant officiellement le maillot de l’équipe de France A pour le deuxième match de la fenêtre qualificative à l’EuroBasket 2023 contre l’Ukraine à Roanne, en étant tout proche du record de précocité détenu par Nicole Pierre-Sanchez en 1959 (16 ans 11 mois et 8 jours), ce qui reste mieux que Christine Galard en 1979 (17 ans et 23 jours). « Je sais que ce n’est pas anodin mais je garde les pieds sur terre. J’ai monté une marche, mais il y en a encore des centaines et des centaines d’autres à gravir. Je n’ai encore rien prouvé ! », nous glisse-t-elle, tout sourire.
Une analyse pleine de maturité, même si elle n’en est pas tout à fait à son coup d’essai. Le phénomène de la génération 2005 s’est déjà fait un nom à l’international en dominant dans sa catégorie d’âge (MVP de l’EuroChallengers U16 l’été dernier à Helsinki puis élue dans le meilleur cinq de la Coupe du monde U17 – médaillée de bronze – cet été à Debrecen). Elle avait attiré l’attention depuis plusieurs années sur les réseaux sociaux, où tournent des vidéos de ses dunks, une rareté dans le basket féminin, qu’elle passait dès l’âge de 13 ans ! L’une d’elle, qui date du 20 octobre dernier et dans laquelle elle en pose un avec une aisance déconcertante, a dépassé les trois millions de vues sur Twitter.
Cela lui a valu de nombreuses comparaisons, dont celle de son président à l’ASVEL, Tony Parker, qui ne cesse de faire le parallèle avec Sandrine Gruda pour son potentiel ou Victor Wembanyama pour sa taille (1,97 m), bien sûr, mais surtout sa polyvalence et son élégance. De quoi la propulser au rang d’étoile montante de la balle orange. C’était ainsi « une évidence » de répondre positivement à l’appel de Jean-Aimé Toupane, comme partenaire d’entraînement dans un premier temps. Une étiquette qu’elle n’avait pu honorer lors de la préparation pour le mondial australien, à cause de douleurs au genou, en août dernier. Son histoire s’écrit pourtant au travers de deux cultures indissociables : la fibre africaine de son Cameroun natal et la fierté française.
Sur les terrains de basket déjà dans le ventre de sa mère
Dominique Malonga sait mieux que quiconque ce que c’est que d’avoir le basket dans la peau. Elle est née le 16 novembre 2005 à Yaoundé, la capitale du Cameroun de deux parents basketteurs. Agathe N’Nindjem, pré-sélectionnée en équipe de France à l’époque d’Alain Jardel avant d’opter pour la sélection camerounaise – ce qui lui a valu quelques regrets -, est passée par l’Espagne, l’Allemagne, la Belgique et bien sûr la France, à Toulouse, Villeneuve d’Ascq, Chalon, Mourenx et Perpignan. Son père (2,01 m) a principalement joué en Nationale, à Gif-sur-Yvette et dans plusieurs clubs du Nord, et il est monté jusqu’en Pro B avant que ses études de médecine – il est infectiologue, aujourd’hui à l’hôpital Jacques-Monod de Flers, en Normandie – ne l’éloignent du très haut niveau, qu’il aurait pu côtoyer.