Beaucoup d’experts conviennent que le Serbe Nikola Milutinov (2,12m, 26 ans) est actuellement le meilleur joueur européen qui n’a pas encore posé ses baskets en NBA. Pour le bonheur du CSKA Moscou où il servait d’aspirateur à rebond. Mais hier on a appris que le Serbe aura très probablement besoin d’une opération à l’épaule droite qui va le contraindre à une rééducation pour le reste de la saison.
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Il est des moments qui s’écrivent pour l’Histoire. Le 30 décembre à Milan, Nikola Milutinov a capté 16 rebonds sous le panneau italien, un record de l’Euroleague doublé d’un second, celui du nombre de rebonds offensifs pour son équipe, 30. Jusque-là, Cuadre-Michael Lollis (Ulker Istanbul en novembre 2001), Gregor Fuchka (FC Barcelone, février 2005) et Travis Watson (Fortitudo Bologne, février 2006) n’avaient pas fait mieux que 11 prises offensives.
Evidemment, sur la saison, il est dominateur dans l’exercice avec une moyenne de 4,41 rebonds offensifs contre 3,30 au pivot du Real Madrid, Walter Tavares, tout en étant le numéro 1 en incluant les rebonds défensifs avec 8,59 prises. « J’aime avoir des rebonds, je me sens bien et cela me motive. J’essaye de me mettre dans la bonne position, pour voir où ira le ballon. Parfois j’ai raison, parfois pas, mais pour l’instant ça se passe bien, » commente-t-il en toute simplicité.
Sa constance dans la performance (12,3 points à 66,0%, 12,5 rebonds et seulement un total de 3 balles perdues sur le mois) lui a permis d’être élu MVP de l’Euroleague en décembre, d’autant que le CSKA Moscou a gagné ses 6 matches. Le Serbe paraît aussi à l’aise face à des centres petits et rapides comme Kyles Hines de Milan et Hassan Martin de l’Olympiakos, que contre un big man comme Moustapha Fall de l’ASVEL ou le roi des contres, Bryant Dunston d’Anadolu Efes.
Boudé par les San Antonio Spurs
Mais qui est ce joueur qui était un peu noyé dans l’équipe nationale de Serbie (14’ de temps de jeu moyen pour 7,0 points à… 77,8% de réussite, et seulement 2,3 rebonds) lors de la Coupe du Monde 2019 ? Savez-vous qu’il a un point commun avec Tim Duncan qui s’était engagé avec succès dans la natation jusqu’à ce que la seule piscine des Iles Vierges soit détruite par un ouragan ? Faire de la natation fut pour Nikola Milutinov, alors âgé de sept ans, le choix de ses parents, qui estimaient que les cours en piscine développeraient ses muscles et qu’il pourrait jouer au football, au basket et à d’autres sports dans la rue pendant ses temps libres. Sa brève carrière de nageur s’est interrompue lorsque des copains ont voulu pousser le jeune garçon dans le bassin, mais qu’il a glissé sur le rebord, se cassant la mâchoire et perdant connaissance. Ses parents l’ont alors inscrit judicieusement dans la section basket de la Kader Novi Sad Academy. « J’ai commencé à jouer au basketball à l’âge de 7 ou 8 ans. Je suis tombé amoureux du basket. J’étais au Partizan, à Belgrade, c’était le plus grand club de Serbie et cela signifiait beaucoup pour moi de jouer pour cette équipe. C’était un grand pas quand j’ai commencé à jouer en Euroleague, c’était une super expérience et j’ai aimé ça. »
Dès l’enfance, Nikola était toujours en compagnie de son frère cadet, Branislav, avec qui il a joué à l’académie de basket-ball. Leur père, Miroslav, les a toujours exhortés à s’inquiéter pour leurs études et à réfléchir à ce qu’ils aimeraient faire dans la vie en plus du basket-ball. Nikola pensait que, comme son grand-père, il serait associé à la construction de bâtiments et que Branislav serait engagé dans l’architecture, ce qui leur permettrait de travailler ensemble. Cependant, il n’a jamais emprunté cette voie, son succès au niveau des jeunes a convaincu ses parents qu’il pouvait gagner sa vie grâce au basket-ball. Il a été notamment vice-champion du monde U19 en 2013 avec Nikola Jokic comme équipier, de quoi alerter les scouts de la NBA d’autant que l’adversaire victorieux était les Etats-Unis.
« La productivité du centre prometteur repose en grande partie sur ses outils physiques impressionnants à ce stade. Véritable 7 pieds (2,13m) avec une belle longueur et une mobilité formidable, le natif de Novi Sad ressemble sans aucun doute à un big man de la NBA », écrivait ainsi le site spécialisé Draft Express. Et pourtant ses rapports avec les Etats-Unis ont toujours été, disons troubles. Deux ans plus tard, il souhaitait s’y rendre pour effectuer des workouts mais suite à une erreur du système informatique de l’ambassade américaine, Milu ne put obtenir le document requis et fut contraint de rester en Serbie. « Probablement que cela se produit une fois tous les 100 ans. Et cela m’est arrivé pendant l’année de la draft ! J’étais incroyablement bouleversé de ne pas pouvoir aller aux États-Unis. »
Malgré tout, après avoir étudié de près le jeu du Serbe et découvert son énorme potentiel, les scouts des San Antonio Spurs, qui s’étaient rendus en Serbie, l’ont chaudement recommandé aux décideurs de la franchise texane et Milutinov a été sélectionné comme 26e choix. « Après la draft, je n’ai pas regretté d’être resté en Serbie. J’ai eu la chance d’assister à la cérémonie en famille et entre amis, ce fut un moment très émouvant. Quand j’ai vu mes parents pleurer, j’ai réalisé à quel point c’était important pour eux. Ensuite, je me suis senti comme une personne encore plus heureuse. »
Que s’est-il passé depuis ? Pas grand-chose. Celui qui rêve de la ligue américaine depuis que, gamin, il voyait son idole Vlade Divac rayonner sous le maillot des Sacramento Kings, est laissé à l’abandon dans son coin. « Pour aller en NBA, vous devez recevoir une invitation. Je n’ai pas reçu une seule proposition officielle, il y a seulement eu des conversations. Les Spurs ne montraient aucun intérêt sérieux pour moi. Je ne peux pas y aller moi-même, ils doivent montrer le désir de me voir, et depuis toutes ces années ils ne l’ont jamais fait. Mais je ne le regrette pas car j’ai passé cinq excellentes années à Athènes. » Et comme il a signé cet été pour trois saisons au CSKA Moscou, il faudra au moins attendre 2023 pour le voir, éventuellement, sous une tunique NBA.
Le 3e salaire d’Euroleague
Si à 26 ans, Nikola Milutinov cumule déjà 181 matches d’Euroleague, c’est qu’il y a joué deux saisons avec le Partizan Belgrade puis cinq autres avec Olympiakos avant de débarquer à Moscou. « J’ai passé cinq belles années à l’Olympiakos, j’ai encore beaucoup d’amis dans l’équipe, j’ai de bons souvenirs de Grèce et Athènes sera toujours ma ville et j’adorerai toujours revenir, » déclare t-il. « J’ai beaucoup appris de joueurs comme Spanoulis et Printezis, j’ai appris tous les jours, je les ai écoutés et ils m’ont façonné. Ils m’ont aidé, ils m’ont mis sur la carte, ils m’ont donné une chance de jouer au plus haut niveau en Euroleague, ils ont cru en moi dès le premier jour. Je leur en suis reconnaissant et je serai toujours à leurs côtés. C’était difficile de partir et de quitter Athènes. Je n’ai pas eu de mal à décider où je voulais aller, mais c’était difficile de quitter la ville et tous mes amis. »
Aller au CSKA était pour lui une évidence. « Jusqu’à présent dans ma carrière, toutes les décisions ont été plus ou moins difficiles, mais pas ça. Un club avec de grandes traditions, un président qui vit pour l’équipe, un entraîneur primé, une excellente organisation, un Moscou fort et beau. C’est un honneur pour moi d’être un joueur du CSKA, je connais la responsabilité et les objectifs que porte ce nom célèbre. »
Les Russes accueillent toujours chaleureusement les Serbes, l’équipe de l’armée est le club frère du Partizan, dans lequel Milutinov a passé trois ans. Le CSKA est l’un des deux principaux prétendants à la victoire en Euroleague avec Barcelone, le centre a rapidement trouvé un langage commun avec Dimitris Itoudis, qui parle couramment le serbe, et il a également retrouvé de vieilles connaissances en Daniel Hackett et Janis Strelnieks, avec lesquels il a joué à l’Olympiakos. Milutinov possède déjà une belle collection de trophées mais il lui manque celui de l’Euroleague. « Le CSKA a toujours des objectifs élevés. Je veux gagner, je veux gagner l’Euroleague, ce que je n’ai pas encore fait, donc ça me motive. Je veux travailler plus dur pour atteindre cet objectif. Le stress est quelque chose auquel nous sommes tous habitués dans nos vies. Où que vous soyez, il y a de la pression. »
Pour le séduire définitivement, le CSKA a déroulé le tapis rouge. Dans un contexte sanitaire et économique anxiogène, il est l’un des rares joueurs en Europe dont le salaire a considérablement augmenté : +150% vis-à-vis de celui qu’il percevait à Olympiakos. L’équipe de l’armée a mis sur la table un contrat de 2,5 millions de dollars par an, ce qui en fait avec Mike James le troisième en Europe après ceux de Nikola Mirotić au Barça et Shane Larkin à Anadolu Efes.
Nikola Milutinov est un centre à l’ancienne, qui ne s’aventure pas au-delà de la peinture, au point qu’il a n’a pris que trois tirs à trois-points de toute sa carrière en Euroleague pour en marquer un seul. Mais pour l’ancien coach des Cleveland Cavalier et d’Olympiakos, David Blatt, pas de doute : « C’est une belle signature pour le CSKA. Milutinov, à mon avis, est le meilleur centre d’Europe, il peut tout faire sur le terrain. Il est encore jeune, il ne fait que commencer son voyage. Nico est génial maintenant, mais a le potentiel pour devenir encore plus fort. Il possède un fort caractère, et en même temps, il est bon en tant que coéquipier, » déclarait-il en apprenant son arrivée dans la capitale russe.
Le Serbe s’est très vite acclimaté à la vie moscovite. Il a assisté au principal match de football du pays, le derby entre le CSKA et le Spartak, et il est allé soutenir l’équipe de hockey-sur-glace de l’Armée. Il adore le tennis, bien sûr la natation, et comme n’importe qui de sa génération, jouer à la console et il prétend avoir bien maîtrisé FIFA sur Playstation. Un passe-temps adapté aux longs hivers russes.
Chou blanc avec l’équipe nationale
Le tableau serait parfait si Milutinov n’avait pas multiplié les rendez-vous ratés avec son équipe nationale. Il n’a pas participé au Tournoi de Qualification Olympique en 2016, préférant jouer dans la ligue d’été de la NBA. Au bout du compte, ce n’est pas pour ça qu’il s’est lié avec les Spurs. Un an plus tard, re-belote. Nikola Milutinov et Nemanja Dangubic se sont rendus sur les sites de San Antonio pour préparer la nouvelle saison pendant que leur équipe disputait l’EuroBasket. Bilan : la Serbie a perdu en finale contre la Slovénie et Milutinov s’est retrouvé sans médaille d’argent au Championnat d’Europe. Jusqu’ici, il n’a pas participé qu’à un seul Euro, celui de 2015 quand il avait 20 ans et qu’il était le 12e homme de l’équipe.
Et pourtant, à l’entendre, l’équipe nationale et lui sont régis par une relation amoureuse. « Cela signifie beaucoup pour moi quand je suis dans l’équipe de la Serbie, c’est vraiment un sentiment spécial, » déclarait-il avant la Coupe du monde en Chine. « Surtout quand je vois quel genre de concurrence il y a dans l’équipe et à mon poste. Cette année c’est une très bonne équipe et c’est incroyable quand tu te réveilles et que tu réalises que tu fais partie de quelque chose d’aussi grand. »
La Serbie attend qu’il fasse preuve avec l’équipe nationale des qualités hors du commun affichées en Euroleague. Mais en raison de sa blessure à l’épaule, son retour avec les Bleus est remis à une date ultérieure.
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Il est des moments qui s’écrivent pour l’Histoire. Le 30 décembre à Milan, Nikola Milutinov a capté 16 rebonds sous le panneau italien, un record de l’Euroleague doublé d’un second, celui du nombre de rebonds offensifs pour son équipe, 30. Jusque-là, Cuadre-Michael Lollis (Ulker Istanbul en novembre 2001), Gregor Fuchka (FC Barcelone, février 2005) et Travis Watson (Fortitudo Bologne, février 2006) n’avaient pas fait mieux que 11 prises offensives.
Evidemment, sur la saison, il est dominateur dans l’exercice avec une moyenne de 4,41 rebonds offensifs contre 3,30 au pivot du Real Madrid, Walter Tavares, tout en étant le numéro 1 en incluant les rebonds défensifs avec 8,59 prises. « J’aime avoir des rebonds, je me sens bien et cela me motive. J’essaye de me mettre dans la bonne position, pour voir où ira le ballon. Parfois j’ai raison, parfois pas, mais pour l’instant ça se passe bien, » commente-t-il en toute simplicité.
Sa constance dans la performance (12,3 points à 66,0%, 12,5 rebonds et seulement un total de 3 balles perdues sur le mois) lui a permis d’être élu MVP de l’Euroleague en décembre, d’autant que le CSKA Moscou a gagné ses 6 matches. Le Serbe paraît aussi à l’aise face à des centres petits et rapides comme Kyles Hines de Milan et Hassan Martin de l’Olympiakos, que contre un big man comme Moustapha Fall de l’ASVEL ou le roi des contres, Bryant Dunston d’Anadolu Efes.
Boudé par les San Antonio Spurs
Mais qui est ce joueur qui était un peu noyé dans l’équipe nationale de Serbie (14’ de temps de jeu moyen pour 7,0 points à… 77,8% de réussite, et seulement 2,3 rebonds) lors de la Coupe du Monde 2019 ? Savez-vous qu’il a un point commun avec Tim Duncan qui s’était engagé avec succès dans
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