Ce n’est pas un mince exploit qu’a réalisé le Rouen Métropole Basket en sortant Orléans des quarts de finale des Playoffs d’accession hier soir après un match d’appui aussi épique que les deux matchs précédents (85-86). A la tête du plus jeune effectif de la division et d’un groupe porté par les deux meilleurs marqueurs de la saison régulière, (K)Obi Emegano et Amin Stevens, Alexandre Ménard a fait preuve d’une grande humilité en conférence de presse d’après-match. En ayant une pensée pour son club, ses joueurs, mais aussi pour l’adversaire.
« Il y a beaucoup de sentiments qui se mêlent, a déclaré l’ancien coach du MSB. Il y a de la fierté par rapport aux garçons. On joue à 8 quand même. Je pense à Carl Ponsar qui n’est pas avec nous, à Desmond Williams qui s’est blessé au premier match, qui a fait le second comme il a pu et qui est devenu le X Factor sur ce 3e match. C’est ce qui fait un peu la particularité de cette équipe là. Autant on peut dire que ça a été Obi (Emegano) sur le premier match même si malheureusement on l’a perdu. Sur le deuxième match, on peut dire qu’Amin (Stevens) a été le facteur X. Et là c’est Desmond qui sort un match qui nous fait du bien. Sur leur passage en zone il claque deux tirs à trois points assez vite et c’est vrai que ça fait du bien de pouvoir se reposer sur d’autres personnes que sur nos deux soi-disant stars. C’est une fierté pour le club aussi parce que malgré la faible masse salariale, le fait de réussir ça, c’est quand même un exploit. Je ne peux pas m’empêcher d’avoir un mot pour le staff et toute l’équipe d’Orléans parce que ce sont des gens que j’adore très sincèrement. J’aime beaucoup ce qu’ils font, comment ils travaillent, ce sont de belles personnes. Je ne vais pas aller leur dire que je m’excuse, mais ça a été très serré ça aurait pu tomber d’un côté comme de l’autre. Sur les trois matchs, ça se joue à chaque fois a rien dans le money-time. Et on a bien vu qu’il n’aurait pas fallu qu’on parte en prolongation, parce que là je crois qu’on n’avait plus d’essence du tout. Ce que je veux dire aussi c’est que je crois qu’on les a pris au bon moment, sans vouloir dénigrer ni Ferdinand Prénom ni Keydren Clark. Je pense que si cette équipe là avait conservé Alex Abreu et Miralem Halilovic, ça aurait été encore plus dur parce terme de cohésion et d’organisation collective. Évidemment, ça a été un plus pour nous et on a su en tirer un avantage même si Ferdinand Prénom nous a fait beaucoup beaucoup de mal ».
Le coach rouennais est ensuite revenu sur la fin de la saison régulière, la qualification du RMB en Playoffs en toute fin de parcours et de la façon dont l’équipe a abordé ces phases finales… sans pression ?
« À chaque fois que vous allez me parler de pression, je vais vous répondre la même chose. La pression, on l’a dans les pneus ou dans le verre. La pression, on ne connaît pas nous. On a un petit mur avec des valeurs et un slogan qui dit « Donne ton maximum et on s’en fout du reste ». Et nous on ne fait que ça. Quelle autre pression on peut se mettre? On fait le maximum et après si on tombe contre plus fort tant pis. Et puis si on arrive à remporter le match c’est qu’on aura tout donné. Sur les dix derniers matchs, on a quand même été à plus de 100 d’évaluation collective, quasiment 22 passes de moyenne… On a perdu plusieurs matchs de peu. On restait quand même sur une bonne dynamique même si on a eu du mal à conclure à la fin. A Saint-Chamond et à Roanne ou on perd de peu. Donc cette équipe là, a vraiment cette spécificité là, de ne jamais rien lâcher. Et ça pour un coach, c’est vraiment super parce qu’on sait qu’il peut tout se passer, tout le temps. Et en début d’année, rappelez-vous combien de match on a gagné au buzzer, à Charleville, à Vichy, à Quimper… Tous ces match là où à cette époque on était dans l’optique de se maintenir. Maintenant je sens que les garçons ont progressé en tant que l’équipe, Parce que maintenant, il nétait plus question de se maintenir mais de se qualifier pour une demi-finale. Et aller en demi-finale dans une carrière pour un coach ou pour un joueur, en plus dans une équipe qui est très jeune, je leur tire mon chapeau ».
Au sujet de la fin de match et du retour fulgurant d’Orléans après avoir accusé 19 points de retard pour finalement repasser devant dans le money-time.
« On s’est dit, surtout pas de panique. Dans ce cas-là, un match c’est très très long. Dans le vestiaire, on voulait être la « scrappy team » pendant 40 minutes. C’est-à-dire que tout ce qui traîne, ça doit être pour nous. Orléans, c’est une belle équipe très bien organisée, très bien coachée. Et ce n’est pas facile de les contenir. Ce n’est pas la meilleure attaque du championnat pour rien non plus. Pour nous, la clé c’était vraiment la défense. Dans le 3e et 4e quart-temps, on a vraiment eu beaucoup de mal. Je crois que la différence s’est effectivement faite sur le deuxième quart-temps, où l’on part à la pause avec 13 points d’avance. Ça nous a rassuré dans ce qu’on voulait faire. Même si après, ça n’a pas été simple quand même. Franchement, ça aurait pu tomber de l’autre côté, exactement pareil ».
Sur la dernière action, sur une remise en jeu, dans un contexte quasi-simlaire à la fin du match précédent conclue par Amin Stevens, Alexandre Ménard a dû innover. Avec un système différent, mais le même résultat, un panier victorieux de son pivot américain à quelques secondes de la fin.
« Je vais vous raconter une histoire. Je ne sais pas si ça vous va vous faire rire mais ce matin, j’ai dit aux gars à la fin du shooting, et je vous jure que c’est vrai : « Tiens, tous les matchs se sont joués sur des touches, fond ou côté ». Et à chaque fois, il a fallu qu’on en réinvite une parce que comme ils travaillent très bien et scoutent très bien, il fallait à chaque fois essayer de les surprendre. Ce matin, j’ai dit à mon adjoint : « Je pense à une touche, il faut qu’on fasse une touche, si jamais on en a besoin à la fin ». Je vous jure que c’est une vraie histoire. Je le dis aux gars, je le montre, si jamais on en a besoin on l’appellera 5 flash. Faut pas que je le dise pour Fos, maintenant ils le savent. Et c’est celle qu’on a utilisé en fait à la fin. Je ne sais pas si c’est du pif… Il y a aussi une préparation à ces moments là. Avant d’entamer cette série, on a revu toutes nos touches un peu spéciales : de fin de possession, de money time. Après je ne vais pas vous mentir, je ne suis pas un Brad Stevens non plus. A un moment donné ça marche, ça marche pas, ça prend, ça prend pas. Là ça a plutôt bien marché, tant mieux. »
Le panier de la gagne signé Amin Stevens
Prochaine étape pour Rouen, Fos-sur-Mer samedi soir pour le premier match des demi-finales.