Cette finale des Playoffs d’accession de Pro B entre Roanne et Fos Provence Basket a forcément une saveur particulière pour Raphaël Desroses, tout juste retraité d’une carrière de 20 ans au plus haut-niveau français. C’est en effet à la Chorale (de retour en 2014-2015 après une saison 2004-2005 en première division) puis en Provence (2015-2017) que l’ancien capitaine limougeaud a terminé son parcours. Et c’est désormais en tant que consultant qu’il excelle sur SFR Sport. La fameuse neutralité exigée par l’exercice l’oblige à ne pas prendre partie. C’est donc en toute objectivité que le double champion de Pro B (2012 avec Limoges, 2013 avec Antibes) s’est livré à l’analyse de cette série, alors que les Fosséens ont arraché la victoire à Roanne lundi soir au match aller (68-72) et que le match retour se joue ce soir à la Halle Parsemain (20h45).
L’entretien est en deux parties.
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Raphaël Desroses, qu’avez-vous pensé de ce match aller de la finale des Playoffs de Pro B entre Roanne et Fos-sur-Mer ?
Comme prévu ça a été un match disputé. Quand on a vu la bonne entame de Roanne, on s’est dit que ça allait être compliqué pour les Fosséens. Mais ils ont réussi à rester soudés, dans le match, à ne jamais vraiment décrocher en restant toujours à l’affût, autour des 10 points d’écart. Et quand ils ont recollé, forcément la pression a changé de camp, et Roanne s’est retrouvé en difficulté dans sa salle. On voit encore que l’avantage du terrain, sur une série aussi courte, peut vite se retourner contre l’équipe qui reçoit en premier. J’ai trouvé Roanne un peu crispé à la fin. Ils ont raté des tirs ouverts, ils en ont eu pas mal et comme Fos avait fermé la raquette, c’est vite devenu assez compliqué pour eux. Et finalement l’outsider a pris le premier match.
Peut-on parler de hold-up ? Fos-sur-Mer était mené de 13 points en début de 3e quart-temps…
Non, un hold-up ça aurait été s’ils avaient eu 13 point de retard à l’entame du dernier quart-temps par exemple. Là, ils ont rapidement recollé en début de deuxième. Donc je ne dirais pas un hold-up mais en tout cas ils ont fait un beau coup, ça c’est sûr.
Un mot sur Pierre Pelos, le facteur X de ce premier match (18pts à 8/8 au tir) ?
Il a été bon dans les bons moments. Il a mis des points rapidement dans le match, puis le secteur intérieur de Fos s’est rapidement retrouvé pénalisé par les fautes, et il en faisait partie. Mais c’est vrai qu’en deuxième mi-temps, il a aidé à remettre Fos sur les bons rails, même si c’est Édouard Choquet qui a mis le couvercle à la fin. Mais lui et Mam Dia ont mis de l’impact sur ce poste 5. Je n’oublie pas la prestation de Mam Dia qui lui aussi a mis des paniers importants.
Meilleur espoir de N1 avec Tarbes-Lourdes, une saison d’adaptation en Pro B à Saint-Chamond puis Champion de France avec Bourg l’an dernier et en grande forme sur cette fin de saison, son parcours est plutôt impressionnant…
C’est vrai que c’est impressionnant. Lorsque j’ai vu son arrivée à Fos-sur-Mer, je n’ai pas vraiment été surpris. De par son profil, parce que c’est vraiment le « Mamadou Dia blanc » j’ai envie de dire. Un peu comme lui, il a cette capacité à être rentable sur de courtes séquences. Dès qu’il rentre, qu’il joue 10,15, ou 20 minutes, il peut vite marquer des paniers parce qu’il a de très bonnes mains un un bon toucher aussi à l’extérieur à trois points. Il fait partie de ces joueurs qui avec leurs physiques sont passés par des chemins un peu déviés. On se dit « Est-ce qu’ils sont assez rapides ? Est-ce qu’ils sont assez athlétiques ? Est-ce qu’ils ne sont pas un peu lents ? ». Et puis finalement, ils montrent qu’avec un beau bagage technique, ils peuvent s’en sortir au haut-niveau.
Qu’est ce que ça vous fait de retrouver Roanne et Fos-sur-Mer en finale, vos deux dernières équipes en pro ?
Franchement ça a été un kiff. Après, c’est dur aussi de commenter quand on connaît autant de monde des deux côtés. On essaie d’être neutre avant tout, et forcément je le suis puisque j’ai des amis dans les deux camps. Je n’étais ni plus pour l’un que pour l’autre. C’est vrai qu’à Fos au niveau des joueurs c’était un peu plus frais, il y avait forcément plus d’anecdotes, des choses comme ça. Ça peut être aussi compliqué parfois parce que ça peut donner des réactions un peu incontrôlées. Alors que d’habitude sur la Jeep ELITE, j’ai un peu plus de recul. C’était quand même un kiff. Mon dernier club ça compte toujours, et à Roanne aussi lors de mon dernier passage, ça c’était très bien passé humainement, aussi bien sur le terrain qu’en coulisses. Il y avait beaucoup d’affect pour ces deux équipes. Je suis allé voir le dernier match de la saison à Fos contre Blois et dès le début des Playoffs j’avais un peu annoncé que je voyais bien Fos-Roanne en finale et que ça me ferait plaisir de la commenter. J’avais dit à David Cozette, qui met en place les dispositifs pour les commentateurs « Si un petit Roanne-Fos se présente et si tu as besoin de quelqu’un, n’hésite pas à me mettre dessus ! ». À la fin du match par contre, c’était compliqué parce que je croisais à la fois des supporters fosséens super heureux à côté d’un groupe de supporters roannais avec les larmes aux yeux. C’était compliqué, même si j’étais dans la meilleure position, parce que dans tous les cas je ne pouvais pas perdre sur ce match. C’est ça aussi qui est bien dans le rôle de consultant, on ne perd jamais. On est là pour commenter et pour que le meilleur gagne. On supporte souvent un peu plus l’équipe derrière au score parce qu’on veut voir des matchs serrés. Si on est pour quelque chose, c’est juste pour ça, du beau jeu et des scores serrés à la fin et ce sera déjà très bien
Quels souvenirs gardez-vous de vos passages dans ces deux équipes ?
Mes souvenirs les plus marquants sont plus des déceptions en fait. À Fos, c’est vraiment la demi-finale contre Le Portel que je retiens (Playoffs 2016). Ça avait été un crève-cœur et avec le scénario, très dur à encaisser. Roanne, c’est pareil. On a fait une saison où on était premier à la base avant d’être attaqué par les blessures et de perdre trois titulaires pendant deux mois. Ça avait été vachement compliqué. Ce sont ces deux sentiments de déception qui m’ont le plus marqué. Sinon au niveau positif, c’était quand même deux belles années à Fos, les deux meilleures saisons du club historiquement, même s’ils ont surenchéri cette année. Quant à Roanne, c’était plus général, il n’y a pas un moment précis. Mais tous les membres de l’équipe étaient très proches, on avait un super groupe et l’aspect humain de cette saison, aussi bien avec les entraîneurs les dirigeants, et des joueurs sur le terrain m’a aussi marqué. Il reste quand même un goût d’inachevé pour ces deux clubs. Je suis un compétiteur et c’est vrai que j’aurais voulu finir sur une montée.
Avec Roanne vous terminez votre saison dès le premier tour des Playoffs face à Boulazac alors menée par un certain David Jackson, meilleur marqueur de Roanne cette saison (14,5pts par match)…
C’est lui qui avait mis le panier de la gagne au match aller. Il avait fait coast-to-coast, tout terrain. Son panier avait scellé le match. Quand je me suis mis à analyser les deux équipes et leur parcours avant la rencontre j’ai trouvé ça ressemblait un peu à ce qu’a fait Roanne contre Fos-sur-Mer. A savoir que nous, on avait battu Boulazac toute l’année, en pré-saison, même en Coupe de France je crois, et deux fois en championnat. Mais on perd le premier match de Playoffs à l’arrachée et on se fait sortir en deux matchs. Roanne, pour l’instant, c’est un peu ça. Ils avaient mis une raclée de 30 points à Fos-sur-Mer et ils avaient aussi gagné le match aller à Parsemain. Mais finalement, le match le plus important, ils perdent. Mais ça n’est jamais évident de jouer une équipe contre qui on n’a jamais perdu. On va voir comment ils vont rebondir sur ce deuxième match.
A Fos-sur-Mer ensuite avec deux saisons consécutives terminées sur le dernier match des demi-finales, qu’est ce qu’il a manqué selon vous ?
La première année, on avait eu Luca Vébobe qui avait manqué les deux premiers matchs de Playoffs contre Lille en quarts de finale. Il revenait tout juste pour la série contre Le Portel. Et c’est vrai qu’on avait pas mal tiré sur les organismes sur les deux matchs précédents et en fin de saison. Il nous avait manqué un peu de fraîcheur sur la belle. Mam (Dia) s’était pris un coup et avait fini blessé, ça s’était joué sur des détails. Il y avait une très bonne équipe du Portel en face, c’était à 50-50. J’ai regretté 2-3 coups de sifflet des arbitres à la fin qui pour moi avaient fait pencher un peu le match, même si je ne dis pas qu’on l’aurait gagné. Après sur la deuxième année, on a tellement joué la première place qu’on est arrivé sur une mauvaise dynamique en Playoffs. On se fait surprendre par Nantes, qui était sur le papier peut-être moins fort que nous, et sans dire qu’on les a pris de haut, peut-être qu’il y avait des match-ups qui ne nous correspondaient pas. J’ai presque moins de regrets sur celle-là parce j’ai le sentiment qu’on avait vraiment perdu sur le terrain, qu’ils avaient été meilleurs que nous et puis c’est tout. C’était totalement différent. La deuxième année, on est sans doute arrivé un peu usé mentalement, il a fallu encaisser le fait d’avoir manqué la montée directe.
Au vécu de l’effectif qui n’a pas trop bougé pendant vos deux années à Fos, est-ce que vous trouvez cette équipe fosséenne version 2017-2018 meilleure ?
Je ne sais pas si l’équipe est meilleure… Il y a quand même de la profondeur de banc. Pour moi, c’est une très belle équipe de Pro B, qui faisait partie des candidats à la montée. Après, de là à dire qu’elle est meilleure, il faudrait demander à Rémi qui le vit plus de l’intérieur que moi. Je ne les ai vus que deux fois cette saison, le dernier du championnat face à Blois et le premier de la finale… Et puis mon orgueil me pousse à dire qu’ils ne sont pas meilleurs que nous ! (rires) Mais forcément s’ils montent, c’est qu’ils l’auront été. Sur le papier, ça me semble équivalent. Ils ont une belle profondeur de banc, et ils n’ont pas volé leur place en finale en tout cas. Il y avait de belles équipes dans le tableau final, ils sont quand même allés taper Nancy qu’ils ont sortis en deux manches, même si Nancy n’était pas très fort cette année. Et ce qu’ils ont fait à Roanne, il fallait le faire. Pour l’instant, ils nous prouvent qu’ils ont été meilleure que nous ! (rires). Même si j’aurais forcément du mal à le dire
Quelle est la clé de ce deuxième match ce soir ?
À mon sens, il ne faut pas que Fos refasse le même début de match qu’à Roanne. Là, ils ont réussi à faire douter Roanne, qui va arriver entre guillemets sans confiance… En manque de confiance en tout cas, car j’ai quand même vu des têtes basse des joueurs après le match aller. Mais il ne faut pas croire que tout va se faire tout seul et laisser Roanne entrer dans ce match. La défense va être la clé pour empêcher Roanne de prendre confiance. C’est aussi vrai pour Roanne que pour Fos. L’attaque suivra pour l’équipe qui arrivera à cadenasser sa défense.
A suivre.
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Raphaël Desroses, qu’avez-vous pensé de ce match aller de la finale des Playoffs de Pro B entre Roanne et Fos-sur-Mer ?
Comme prévu ça a été un match disputé. Quand on a vu la bonne entame de Roanne, on s’est dit que ça allait être compliqué pour les Fosséens. Mais ils ont réussi à rester soudés, dans le match, à ne jamais vraiment décrocher en restant toujours à l’affût, autour des 10 points d’écart. Et quand ils ont recollé, forcément la pression a changé de camp, et Roanne s’est retrouvé en difficulté dans sa salle. On voit encore que l’avantage du terrain, sur une série aussi courte, peut vite se retourner contre l’équipe qui reçoit en premier. J’ai trouvé Roanne un peu crispé à la fin. Ils ont raté des tirs ouverts, ils en ont eu pas mal et comme Fos avait fermé la raquette, c’est vite devenu assez compliqué pour eux. Et finalement l’outsider a pris le premier match.
Peut-on parler de hold-up ? Fos-sur-Mer était mené de 13 points en début de 3e quart-temps…
Non, un hold-up ça aurait été s’ils avaient eu 13 point de retard à l’entame du dernier quart-temps par exemple. Là, ils ont rapidement recollé en début de deuxième. Donc je ne dirais pas un hold-up mais en tout cas ils ont fait un beau coup, ça c’est sûr.
Un mot sur Pierre Pelos, le facteur X de ce premier match (18pts à 8/8 au tir) ?
Il a été bon dans les bons moments. Il a mis des points rapidement dans le match, puis le secteur intérieur de Fos s’est rapidement retrouvé pénalisé par les fautes, et il en faisait partie. Mais c’est vrai qu’en deuxième mi-temps, il a aidé à remettre Fos sur les bons rails, même si c’est Édouard Choquet qui a mis le couvercle à la fin. Mais lui et Mam Dia ont mis de l’impact sur ce poste 5. Je n’oublie pas la prestation de Mam Dia qui lui aussi a mis des paniers importants.
Meilleur espoir de N1 avec Tarbes-Lourdes, une saison d’adaptation en Pro B à Saint-Chamond puis Champion de France avec Bourg l’an dernier et en grande forme sur cette fin de saison, son parcours est plutôt impressionnant…
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Photo Robert Visnelda