En septembre 2000 débarque à Pau-Orthez l’international espagnol Roger Esteller, alias El Tigre de Sants, un arrière-ailier pas très grand (1,91m) mais à la fois hyper puissant (101 kgs) et rapide. Avec l’Elan Béarnais de Boris Diaw et des frères Pietrus, il sera champion de France la première année et MVP étranger la seconde. BasketEurope revient avec lui sur cette époque dorée et il nous explique sa reconversion. L’interview est en deux parties.
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Quinze ans après votre titre de meilleur joueur de Pro A, que devenez-vous ?
Je viens de lancer ma propre entreprise, Roger Esteller Full Court. Il s’agit d’être consultant pour des entreprises de différents secteurs. Je travaille également sur certains domaines du sport mais cela dépend des demandes. Je fais aussi des conférences, des workshops et toutes les choses qui ont à voir avec la formation, la motivation en entreprise.
C’est quelque chose que vous aviez déjà en tête à la fin de votre carrière ?
Cela a fait partie d’un processus de changement de ma mentalité. J’ai d’abord fait une formation en business management parce que mon rêve était de gérer des entreprises -j’ai réussi ce challenge avec notamment mon ancien poste chez Novaelite Sports Performance Innovation qui fut une très belle expérience- et je sentais qu’il me manquait quelque chose. Et cette chose c’était d’avoir ma propre entreprise, de travailler pour moi donc cela a été un changement dans ma vie, j’ai quitté mon travail, j’ai divorcé. Je pensais que c’était le bon moment pour faire ce dernier pas, créer ma propre entreprise, mon propre projet. Je suis à la tête d’une équipe de professionnels, de psychologues, de consultants, d’informaticiens, de community managers. Je me suis entouré de personnes qui veulent vraiment travailler à 100%.
Cette entreprise a-t-elle un rapport avec le basket ?
J’ai créé un outil de diagnostic motivationnel qui s’appelle « la balance motivationnelle». C’est comme une balance parce que c’est basé d’une part, sur les satisfactions qu’on a dans la vie et qui ont une incidence sur notre motivation mais qui ne dépend pas de nous-même à 100%, et d’autre part sur la motivation qui dépend seulement de nous-même. J’ai créé un test avec des questions qui montrent quel est le degré de motivation de chaque patron ou de l’entreprise au niveau global. On peut voir avec ce test les points forts et les points faibles d’une entreprise et selon ce rapport on établit le plan d’action. Mais cet outil que j’ai créé fonctionne aussi avec le sport professionnel, pour la formation des Espoirs mais malheureusement quand tu essayes de rentrer dans le monde sportif, en tout cas ici en Espagne, c’est très dur parce qu’on ne te comprend pas.
« J’étais énervé contre mon club non pas parce que je ne voulais pas de la France et de Pau qui était une super équipe mais parce que j’avais l’offre de l’Olympiakos qui me proposait quatre ans de contrat »
Petit aparté, vous parlez très bien français… Vous l’avez appris rapidement ? (NDLR : L’entretien qui a tout d’abord commencé en anglais a finalement été dans sa quasi-totalité mené en français.)
Après cinq ou six mois à Pau. J’ai réussi tout seul, sans professeur. En regardant la télévision, en parlant et en écoutant les coéquipiers… En plus, je parle catalan et c’est très similaire au français
Retour en 2000 désormais, comment une pointure comme vous est arrivée à Pau ?
C’était un prêt de deux ans. J’ai passé de très bons moments à Pau, je crois que cela fait partie des deux meilleures années de ma vie de sportif. Au début j’étais en conflit avec mon ancien club, Tau Vitoria, parce que j’avais une offre de l’Olympiakos et le coach grec disait qu’il me voulait mais après mon club me disait que c’était faux et c’était un peu le bordel. Moi je voulais juste jouer, j’avais 27 ans, j’étais au meilleur moment de ma carrière et c’est clair que je ne voulais pas être au milieu de problèmes, je voulais juste avoir une solution pour jouer.
On se souvient que vous étiez un joueur majeur en Espagne, et vous rejoignez pourtant la France…
J’avais des offres très importantes en Espagne, par exemple de Madrid. Mais j’avais aussi cette offre de l’Olympiakos et je voulais y aller. Au final Vitoria m’a fait attendre tout l’été et m’a dit après qu’ils avaient une proposition d’un club –pas l’Olympiakos, je ne sais pas pourquoi, surement pour l’argent- qui est Pau-Orthez. A l’époque je jouais avec Laurent Foirest –un de mes meilleurs amis- et j’étais énervé contre mon club non pas parce que je ne voulais pas de la France et de Pau qui était une super équipe mais parce que j’avais l’offre de l’Olympiakos qui me proposait quatre ans de contrat donc j’avais forcément plus envie d’aller chez eux que dans une autre équipe. Mais finalement ils m’ont convaincu, Lolo m’a super bien parlé du club.
Comment s’est passé la vie en France ?
Ma femme qui était enceinte a failli accoucher à Pau puisque dix jours après la naissance de ma fille, elles sont toutes les deux venues me rejoindre en France. Ma fille a donc passé les deux premières années de sa vie à Pau. J’étais dans une période où je voulais changer de championnat pour pouvoir travailler dur et retrouver le succès et finalement à Pau c’était vraiment super. Dès que je suis arrivé, j’ai vu que nous avions une équipe unique. Il y avait des jeunes avec un talent extraordinaire comme Mickaël Pietrus, Boris Diaw ou Artur Drozdov. Il y avait aussi des vétérans comme (Didier) Gadou et j’ai passé un très bon moment là-bas avec mes coéquipiers, avec Monsieur Seillant, Claude Bergeaud, Gérard Bouscarel. Avec tout le monde dans le club c’était merveilleux. Je garde de très bons souvenirs de ce temps-là. « Je reviens à Pau tous les deux ou trois ans parce que j’ai vraiment de très bons souvenirs »
A vous écouter, Pau n’était donc pas une priorité…
Au début c’est vrai que c’était un peu dur comme j’avais une offre de l’Olympiakos et c’est clair que c’était un club fait pour gagner l’Euroleague. Avec le Barça on était tous les ans au Final Four avec une vraie chance de gagner l’Euroleague donc c’est sûr que si tu compares Pau à l’Olympiakos, tous les joueurs choisissent l’Olympiakos mais quand j’ai vu que finalement c’était impossible, pour moi Pau était une très bonne option. C’était un très bon choix pour prendre un nouveau départ dans ma carrière et je n’ai jamais plus pensé à l’Olympiakos en venant à Pau.
Et finalement au bout de deux ans, vous devenez carrément le meilleur joueur du championnat !
J’étais très heureux en France. A chaque fois que tu changes de championnat c’est forcément un peu dur au début mais mon adaptation s’est passée très vite et très bien. C’était une très belle récompense pour moi d’être la première année le meilleur étranger et la deuxième année être le MVP total du championnat ça montre que j’ai fait du bon boulot, j’étais super-motivé. Nos jeunes étaient tellement talentueux et athlétiques que c’était clair que nous ne pourrions pas les retenir mais si nous avions pu retenir les frères Pietrus et Boris Diaw trois ou quatre ans de plus je crois qu’on aurait eu nos chances pour aller au Final Four d’Euroleague. Nous avions une équipe qui a quand même été capable de gagner contre le CSKA, Fortitudo Bologne, le Real ou encore le Panathinaïkos.
Avez-vous encore des relations avec certains équipiers de Pau de l’époque ?
Avec Laurent Foirest, oui, et Fred Fauthoux aussi qui est un très bon ami. Fred quand il vient à Barcelone il m’appelle et on passe du temps ensemble et c’est extraordinaire de le retrouver. Je reviens à Pau tous les deux ou trois ans parce que j’ai vraiment de très bons souvenirs, j’ai des très bons amis là-bas. Mais ce qui est dommage c’est qu’avec Flo je n’ai parlé que quelques fois et les joueurs NBA qui sont Boris ou Mickaël ça fait très longtemps que je ne leur ai pas parlé. Je les ai dans mon cœur et je sais que je suis dans le leur mais je n’ai pas trop de nouvelles. Mais ça me ferait vraiment, vraiment, vraiment plaisir de les retrouver.
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Quinze ans après votre titre de meilleur joueur de Pro A, que devenez-vous ? Je viens de lancer ma propre entreprise, Roger Esteller Full Court. Il s’agit d’être consultant pour des entreprises de différents secteurs. Je travaille également sur certains domaines du sport mais cela dépend des demandes. Je fais aussi des conférences, des workshops et toutes les choses qui ont à voir avec la formation, la motivation en entreprise.
C’est quelque chose que vous aviez déjà en tête à la fin de votre carrière ? Cela a fait partie d’un processus de changement de ma mentalité. J’ai d’abord fait une formation en business management parce que mon rêve était de gérer des entreprises -j’ai réussi ce challenge avec notamment mon ancien poste chez Novaelite Sports Performance Innovation qui fut une très belle expérience- et je sentais qu’il me manquait quelque chose. Et cette chose c’était d’avoir ma propre entreprise, de travailler pour moi donc cela a été un changement dans ma vie, j’ai quitté mon travail, j’ai divorcé. Je pensais que c’était le bon moment pour faire ce dernier pas, créer ma propre entreprise, mon propre projet. Je suis à la tête d’une équipe de professionnels, de psychologues, de consultants, d’informaticiens, de community managers. Je me suis entouré de personnes qui veulent vraiment travailler à 100%.[/arm_restrict_content]
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