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Radiographie des Bleus pour la Coupe du monde : c'est du solide ! (accès gratuit)

L'équipe de France lance officiellement sa préparation pour le Mondial (du 25 août au 10 septembre prochain) ce lundi 28 juillet à Pau. Le sélectionneur tricolore, Vincent Collet, a d'ores et déjà fourni sa liste des 12 joueurs retenus. Nous en avons fait l’analyse après l'annonce, le 28 juin dernier.

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Dans les favoris légitimes, mais...

Photo : Boris Diaw et la Coupe du Monde (Teddy Perez)

C’est dans un salon panoramique de France Télévisions et en présence de la Coupe du monde elle-même que s’est tenue mercredi soir la conférence de presse du sélectionneur Vincent Collet et du general manager Boris Diaw. Les chaînes du service public sont désormais associées à l’équipe de France. En cas de qualification, France Télévisions diffusera les matches des Bleus à partir du quart de finale. C’est bien, même si on avait tous compris dans un premier temps que les matches du tour préliminaire étaient également concernés par l’accord. France 4 retransmettra aussi les matches de préparation prévus sur le sol français. Quant à BeIN Sports, il gratifiera ses abonnés de l’ensemble.

Une trentaine de journalistes avaient répondu à l’invitation fédérale pour cette conférence de presse. Un bon chiffre, qui est en accord avec une équipe nationale qui est montée sur le podium des trois dernières compétitions et qui est placée troisième dans le premier power ranking de la FIBA pour cette Coupe du monde après le duo Etats-Unis - Espagne. L’équipe de France n’a jamais été aussi compétitive qu’à notre époque mais parfois, tout se joue sur un rien, comme par exemple un contre de Nicolas Batum au buzzer sur Klemen Prepelic aux JO de Tokyo ou deux fins de matches ahurissantes contre la Turquie et l'Italie à l'Euro de Berlin.

Vincent Collet : « Le fait de pouvoir faire partie des équipes que l’on situe dans le panel des favoris, c’est une fierté. On a aussi l’ambition d’en faire partie. On connait aussi notre sport et il y a beaucoup d’équipes qui peuvent prétendre au même statut. Ce qui m’a surtout frappé dans le passé, c’est que la meilleure équipe sur le papier n’a pas passé le 8e de finale. Je pense qu’il ne faut pas perdre ça de vue. Etre sur les trois podiums sur les trois dernières compétitions, c’est très bien, mais c’est du passé. En revanche, il y a des choses qui nous ont permis de le faire et que l’on doit réutiliser. La chance avec cette équipe, c’est que l’on a pas mal d’expérience. Si l’on se situe par rapport aux Jeux Olympiques (NDLR : Tokyo en 2021), qui était notre meilleure performance des quatre dernières années, les joueurs principaux sont encore là. Il faut que l’on soit capable maintenant d’écrire notre histoire et on espère qu’elle pourra être encore plus belle. À nous d’aller chercher les marges qui nous permettent quelque chose d’encore plus grand. Il ne faut pas dire plus que ça, ça va être difficile. Notre premier adversaire, le Canada, est déjà une équipe qui peut nous battre. Et c’est en le sachant qu’on peut peut-être le plus l’éviter. »

Le retour de De Colo et Batum

Photo : Nicolas Batum (FIBA)

Cette équipe de France 2023 porte la marque de Nando De Colo et Nicolas Batum. Ils avaient déclaré forfait pour l’Euro 2022 afin de revitaliser leurs vieilles jambes. Le combo guard de Villeurbanne vient d’avoir 36 ans, l’ailier des Los Angeles Clippers en aura 35 à la fin de l’année. Le premier affiche 185 sélections au compteur, le second 155. Ils ont tout vu, tout connu, et ce sont des créateurs. Les Bleus ont souffert de leur absence à l’Euro de l’année dernière. Ils ne sont évidemment pas éternels et les deux ont comme objectif ultime les Jeux Olympiques de Paris. Ce serait le bouquet final à leur fabuleuse carrière internationale.

Vincent Collet : « Nicolas Batum est arrivé en même temps que moi en 2009 et Nando de Colo l’année précédente, je crois (NDLR : confirmé). Ce sont des joueurs facilitateurs. Nando est plus agressif et créatif mais malgré tout, il facilite le jeu. Je pense que c’est plus facile pour Evan (Fournier) d’évoluer à leurs côtés que ce qu’il a pu se passer l’an dernier où il était beaucoup plus ciblé, identifié comme la menace ultime. Ça va rééquilibrer notre jeu. Et Nicolas Batum est par exemple notre meilleur passeur intérieur. À Tokyo, c’est par lui que souvent les ballons transitaient et Nando probablement également. Ce sont des choses qui ne sont pas forcément quantifiées car une passe intérieure n’est pas forcément décisive mais c’est très important surtout quand on a la chance comme nous d’avoir un secteur intérieur dominant. »
NomPrénomNaissanceTaillePosteSélectionsPointsClub
BATUMNicolas14/12/19882,033/41551645Los Angeles Clippers (NBA)5
DE COLONando23/06/19871,962/11852048LDLC ASVEL (BC Elite)12
FOURNIEREvan29/10/19921,992/3951088New York Knicks (NBA)10
FALLMoustapha23/02/19922,18530157Olympiakos (Grèce)93
FRANCISCOSylvain10/10/19971,791665Peristeri BC (Grèce)00
GOBERTRudy26/06/19922,16589802Minnesota Timberwolves (NBA)27
LESSORTMathias29/09/19952,064/528190Partizan Belgrade (Serbie)26
NTILIKINAFrank28/07/19981,931/222131Dallas Mavericks (NBA)1
OKOBOElie23/10/19971.912/125151AS Monaco (BC Elite)0
OUATTARAYakuba24/01/19921,92218106AS Monaco (BC Elite)24
TARPEYTerry02/03/19941,9622394Le Mans SB (BC Elite)21
YABUSELEGuerschon17/12/19952,034/525268Real Madrid (Espagne)7

8+4 et non pas 7+5

Le verdict est tombé mercredi dans l’émission de Tout le Sport sur France 3. Il y a comme toujours des surprises, des questionnements, des frustrations, d’autant que jamais un coach national a eu autant de marges de manœuvre. Le terme de « sélectionneur » est plus que jamais approprié. Vincent Collet a pris le parti de désigner d’entrée de jeu les 12 joueurs pour la compétition. Une méthode affectionnée par l’Espagne.

Vincent Collet : « Ce parti pris d’avoir sélectionné les 12 joueurs est ce que l’on avait fait à Tokyo, c’est pour un gain de temps. On sait qu’à chaque fois que l’on doit prendre les premiers jours pour véritablement terminer la sélection, on perd du temps. Là, on a plutôt moins de jours qu’auparavant pour se préparer, donc pour fonctionner, il fallait impérativement avoir des partenaires qui nous permettent de faire des entraînements solides jusqu’au moins le départ en Asie. C’était une liste difficile à composer surtout qu’elle a dû être recomposée au dernier moment puisque l’on a su tardivement pour Victor (Wembanyama). Mais même sans ce forfait, elle avait été difficile à composer. On a eu beaucoup d’éléments de discussion et de réflexion. Je pense que l’on n’a jamais fait autant de réunions avec mes assistants, des présentiels et des calls. C’est aussi le fait de choisir les 12 qui, bien sûr, rend les choses plus difficiles car il y a des arbitrages que l’on peut retarder quand on en prend 15 ou 16 alors que là, il fallait les faire en amont. Par contre, on connaît aussi les avantages que ça procure par la suite d’en prendre 12 de suite. »

Ce groupe de 12 sort de l’habituel schéma 7 extérieurs et 5 intérieurs. Le forfait en dernière minute de Victor Wembanyama n’y est pas étranger.

Vincent Collet : "On a fait trois catégories. Ce sont les meneurs-arrières. Ce sont des joueurs dont on considère qu’ils peuvent tous aider à la mène, Sylvain Francisco étant un meneur pur. On peut considérer que Frank Ntilikina pour l’instant l’a toujours été également. Mais Nando De Colo et Elie Okobo, qui sont à la base des deuxièmes arrières, ont la capacité de le faire. Il y a deux ans, aux Jeux Olympiques, Nando était notre meneur titulaire. Et en ce qui concerne Elie, très souvent cette année, Sasa Obradovic (NDLR : le coach de Monaco) l’a utilisé au relais de Mike James dans cette position. Nous avons là quatre joueurs susceptibles de pouvoir évoluer sur les deux postes, meneur de jeu et poste 2. Les 2-3, ce sont Evan Fournier et Yakuba Ouattara. On a Terry Tarpey qui est un poste 3 pur. Et Nicolas Batum qui est un poste 3-4. Habituellement, on fait une liste avec 7 joueurs extérieurs et 5 intérieurs, et en fait Nicolas Batum a quelque peu glissé dans la liste sur les cinq joueurs intérieurs sachant qu’il sera prioritairement utilisé sur le poste 3 donc avec les ailiers. Voilà pourquoi on a fait trois groupes de quatre. Guerschon Yabusele est notre poste 4 titulaire. Mathias Lessort est un poste 4-5 et Rudy Gobert et Moustapha Fall sont des postes 5. »

Cinq partenaires d’entraînement

A la liste des 12, il faut ajouter, comme c’est désormais de tradition, des partenaires d’entraînement, au nombre de cinq dont Ousmane Dieng, 39 matches en NBA cette saison avec des responsabilités réduites, qui après le Centre Fédéral avait transité par les New Zealand Breakers. Ils seront actifs dès le premier entraînement et l’un d’entre-eux sinon deux seront du voyage en Asie. Seront-ils pour autant appelés à la rescousse en cas de blessure d’un titulaire ?

Vincent Collet : « A priori, non. Ce sont vraiment des partenaires d’entraînement. Après, c’est difficile de répondre. Ça dépend à quel moment intervient la blessure et aussi ce que vont montrer les partenaires d’entraînement. Ils peuvent venir dans la course d’un éventuel remplacement s’ils sont très bons pendant dix jours. Mais ce n’est pas ce qui est prévu initialement. Cela veut dire que l’on ferait appel à des joueurs qui ne sont pas dans la liste pour l’instant mais qui sont dans la liste des 24, celle que vous ne connaissez pas mais que l’on doit fournir à la FIBA. »
NomPrénomNaissanceTaillePosteSélectionsPointsClub 2022-2023
AYAYIJoël05/03/20001,931/2--Lakeland Magic (G League)-
BENITEZHugo20/01/20011,87136Bourg-en-Bresse (BC Elite)66
DIENGOusmane21/05/20032,063--Oklahoma City Thunder (NBA)-
HOARDJaylen30/03/19992,043/4--Hapoel Tel Aviv (Israël)88
MASSABodian21/10/19972,085111SIG Strasbourg (BC Elite)13

Andrew Albicy, le « sacrifié »

Photo : FIBA

À notre sens, ce fut la plus grosse surprise de la soirée. Depuis son retour en équipe de France, Andrew Albicy a été de toutes les compétitions. On n’emploiera pas le terme de « corvéable à merci », mais comme il n’était ni en NBA ni en Euroleague, il s’est farci toutes les fameuses fenêtres hivernales. C’est son abnégation, sa capacité à rester dans les jambes du meneur en face qui a fait sa force et son manque d’impact offensif et sa petite taille sa faiblesse.

Andrew Albicy n’avait plus rien à craindre de Thomas Heurtel, indésirable depuis qu’il a cherché l’exil (doré) en Russie, pas trop de Théo Maledon, à côté de la plaque lors de la campagne estivale de 2022, ni même de Killian Hayes, qui pouvait difficilement inaugurer d’un seul coup sa première sélection en équipe de France sans transiter par une période de mise à l’essai. Ce sont Frank Ntilikina et Sylvain Francisco, aux profils très différents, qui l’ont poussé dehors. À 33 ans, peut-être définitivement.

Vincent Collet : "C’est certainement le poste pour lequel on a le plus hésité. L’émergence de Sylvain que l’on a pu constater sur les dernières fenêtres, l’ensemble de sa saison, il l’a fini fort en Grèce, son évolution, son âge, la perspective des JO de Paris... on avait vraiment envie de l’intégrer dans l’équipe de cette année. Ensuite ce sont toujours des choix de staff, de coach. On considérait le fait que d’avoir deux meneurs de petite taille était peut-être un luxe que l’on ne pouvait pas se permettre. Et donc a on a fait un autre choix avec Frank Ntilikina qui a un profil plus défensif au même titre qu’Andrew et on a beaucoup réfléchi en terme d’équilibre, de complémentarité, mais davantage autour des joueurs leaders et sur le secteur arrière, il s’agit de Nando De Colo et Evan Fournier. On a fait en sorte de leur associer des joueurs qui leur soient complémentaires et qui puissent s’associer en terme de définition de rôle dans l’équipe. »

La volte face de Victor Wembayama

Juste avant la draft NBA qui l’a amené au premier rang, Victor Wembanyama s’est épanché dans L'Equipe sur son amour du basket français, du maillot bleu, avec une ardeur jamais constatée chez un basketteur français. « Je veux un règne français, pas comme Napoléon, hein, » a-t-il lâché en s’esclaffant. « Simplement que la France soit la plus grande nation de basket au monde, durablement. Qu’on nous voit comme ça. Qu’on dépasse les USA, que ce soit eux qui se disent avant une compétition : on doit aller battre la France. Il va y avoir les Jeux à Paris, puis à Los Angeles. Un cycle ? Il est impossible de l’affirmer. Seul l’avenir le dira. »

La cause paraissait entendue. La première étape vers ses sommets était forcément la Coupe du monde 2023. D’ailleurs, du temps où il portait le maillot des Mets, Wemby n’avait pas laissé planer de doute sur le sujet. Et puis, quelques heures plus tard, pschitt… Plus question de Jakarta, Manille, de Coupe du Monde, de Marseillaise, son été sera totalement consacré aux San Antonio Spurs, à la Summer League - une seule à Las Vegas -, à sa préparation de sa saison NBA. C’est toujours dans L’Equipe que Victor Wembanyama a justifié son choix, sa volte-face. « J'ai pris la décision de consacrer cet été à préparer mon corps aux nombreuses épreuves qui l'attendent dans les années à venir. Et donc de faire l'impasse sur la Coupe du monde. Ç'a été une décision difficile, qui a nécessité l'avis de nombreuses personnes. Mais je pense sincèrement que c'est la meilleure pour l'équipe de France et moi-même. »

Photo : FIBA

Pour annoncer la (mauvaise) nouvelle, une visio-conférence a été organisée en amont avec Vincent Collet, Boris Diaw, Nicolas Batum, Rudy Gobert, et Evan Fournier. « Je leur ai expliqué. Il y a beaucoup de frustration, ce qui est normal, et un peu de déception de leur côté. Mais, pour la majorité, ils ont compris. Ils connaissent les enjeux de cet été par rapport à la suite de ma carrière en équipe de France. Il faut comprendre que la frustration est aussi de mon côté. Ma volonté a toujours été d'être avec les Bleus à chaque fois que ce serait possible. Mais ce choix est réfléchi. »

Réfléchi en quelques heures, à l’évidence. Victor Wembanyama a commis une faute de com' car il n’y a rien de pire que les affirmations et les promesses non tenues. Un péché de jeunesse. Pour le reste, ce faux bond nous ramène à un axiome : la NBA dicte sa loi, ses règles. C’est elle qui, par exemple, impose une préparation raccourcie à ses joueurs avant les compétitions internationales. Le « je dois préparer la prochaine saison », on l’a déjà entendu depuis des années sous toutes les latitudes. La dernière voix est celle du Japonais Rui Hachimura alors que son pays organise un groupe de cette Coupe du monde. Lui n’a pas pu évoquer le prétexte d’être un rookie - il a déjà quatre ans dans la ligue à son actif - mais d’être free agent.

La décision est jugée compréhensible sinon totalement logique par une partie de l’opinion biberonnée à la NBA pour qui elle est un totem. D’autres l’ont en travers de la gorge car, pour eux, le maillot national doit passer en priorité. C’est un fait que la NBA dérégule le concert international et que si chaque ligue imposait ses propres règles - c’est ce que fait en partie l’Euroleague -, il n’y aurait plus de compétitions des équipes nationales.

Victor Wembanyama doit gagner 55 millions de dollars sur ses quatre premières années en NBA et beaucoup, beaucoup plus par la suite. La loi du plus fort (riche) est toujours la meilleure.

Et pour l’anecdote, on remarque que cette défection a pris à contre-pied la FFBB elle-même qui a mis Wemby en bonne place sur ses affiches publicitaires pour la Coupe du monde !

Boris Diaw : « Tout le monde comprend, que ce soit le staff et les autres joueurs avec qui j’ai discuté. Evidemment qu’égoïstement, on aurait aimé l’avoir dans le groupe pour tout ce qu’il aurait apporté en terme basket. Mais sur le long terme, pour sa carrière, on peut comprendre que l’enchaînement des compétitions puisse être difficile. Les joueurs font aussi des choix qui pourront leur permettre d’être présents plus tard. »
Vincent Collet : « J’ai été forcément un peu surpris et déçu. C’est évident. N’importe quel coach doit avoir ses meilleurs joueurs dans n’importe quelle compétition. Je considère que Victor faisait déjà partie des joueurs importants. Après, comme l’a dit Boris, je ne suis pas sans savoir tous les enjeux. Je crois que l’on ne mesure pas ce qu’il vit en ce moment depuis qu’il a mis les pieds sur le sol américain. Ce n’est pas seulement un premier tour de draft, c’est le numéro 1, et il est annoncé comme un game changer. Il y a beaucoup, beaucoup d’attente, de choses autour de lui et qui certainement au niveau de son entourage lui ont fait craindre qu’il y ait une surchauffe. C’est comme ça que j’ai pris les choses. Après, comme on l’a souvent fait par le passé, il faut savoir basculer et se projeter avec une équipe que je trouve vraiment compétitive et qui peut nous permettre de nourrir de vraies ambitions. »

Et à un confrère qui lui a demandé s’il ne se sent pas trahi :

Vincent Collet : « Je pense que ce qu’il avait dit auparavant était tout à fait sincère. Je pense que c’est vraiment une réflexion avec son entourage qui l’a amené à cette décision. Victor est jeune, frais, enthousiaste, et il aime l’équipe de France. En aucun cas j’ai le sentiment dont vous parlez (trahison). C’est de la déception, bien sûr que je le regrette, mais pas dans les termes que vous avez employés. Bien sûr que l’on compte sur lui pour Paris 2024 avec un Victor qui aura une année de NBA derrière lui, une année de travail avec Gregg Popovich, et donc qui sera certainement encore plus fort que ce qu’il est aujourd’hui. Ça n’a pour moi absolument pas d’incidence par rapport à Paris 2024. Victor jouerait même les pick up games, il aime le jeu, il a 19 ans, ne l’oubliez pas. C’est un très grand joueur mais c’est un gamin. Et là en l’occurrence, il est je crois dans une situation dans laquelle il ne s’appartient pas totalement. C’est normal. »
Boris Diaw : « Le terme de trahison n’est pas approprié. Victor a dit qu’il voulait jouer la Coupe du monde, il n’a pas dit qu’il serait présent. Et je pense qu’il a toujours envie de la jouer. Mais il y a des enjeux, des choses extérieures, qui font qu’aujourd’hui, il ne la joue pas. Je ne pense pas qu’il ait menti, il était sincère. »

Au fait, que veut Joël Embiid ?

Puisque l’on parle d’absence et de Paris 2024, n’oublions pas d’ouvrir le chapitre Joël Embiid. C’est toujours l’Arlésienne. Mais depuis le dernier pointage, l’intérieur des Philadephia 76e a été élu MVP de la saison 2022-23 de la NBA.

Boris Diaw : « Je suis en contact avec ses représentants. Il n’y a rien de nouveau à l’heure actuelle. Il ne sait toujours pas pour quelle équipe nationale il va jouer. Rappelons les faits : il a un passeport camerounais, américain et français. »

On a fait remarquer au general manager que si Joël Embiid a entrepris les démarches nécessaires pour obtenir un passeport français alors qu’il n’a pas de filiation française, qu’il n’a jamais vécu sur le territoire, et qu’il a certainement bénéficié d’un sacré piston, ce n’est pas pour faciliter de quelconques vacances en Bretagne.

Boris Diaw : « Oui, c’était pour jouer en équipe de France. C’était aussi peut-être pour se donner la possibilité de choisir. Comme les procédures sont longues, il les a commencées bien avant. »

Bref, pour voir éventuellement à l’œuvre l’association Embiid-Wembanyama, prière de patienter jusqu’aux JO de Paris. Cette histoire pourrait mal finir comme celle de Paolo Banchero, qui a fait miroiter sa présence à la Coupe du monde à la Squadra Azzurra pendant de longs mois, et qui y sera bel et bien mais avec Team USA. C’est toujours douloureux d’être dans le rôle du cocu.

Dans quel état va-t-on retrouver Evan Fournier ?

Photo : FIBA

La NBA réserve parfois des décisions incongrues et celle-ci touche le leader offensif de l’équipe de France. Alors qu’il n’était pas descendu sous les 14 points de moyenne sur ses sept dernières saisons en NBA et qu’il est sur les bases d’un contrat de 19 millions de dollars la saison, Evan Fournier a été mis au piquet par les New York Knicks. Et ses stats globales se sont effondrées : seulement 27 apparitions pour 17 minutes de temps de jeu et 6,1 points de moyenne.

Les raisons de cette mise à l’écart n’appartiennent qu’à Tom Thibodeau et à des considérations qui échappent à la conscience européenne, sauf qu’elle a une incidence directe sur l’équipe de France et sur la trajectoire d’un joueur qui est à 30 ans dans la force de l’âge. D’où la question : dans quel état va se trouver Evan Fournier au premier entraînement des Bleus ?

Vincent Collet : « Evan se prépare, déjà. Il aimerait que la préparation commence maintenant. Il me l’a dit la semaine dernière. Il piaffe. Malgré tout, il faudra aussi le préserver. Les matches amicaux vont lui permettre de prendre du rythme. C’est comme dans toutes situations, il y a du positif et du négatif. Il est clair que les craintes qu’il manque de rythme sont justifiées mais à l’inverse, il doit déjà avoir les dents qui rayent le parquet. Comme c’est un joueur qui a toujours une grosse envie, je pense que là, elle va être décuplée. Il faut patienter pour savoir de quel côté ça va être et puis on s’adaptera. Peut-être lui fera t-on faire des choses particulières s’il est en manque de rythme. Et si ce n’est pas le cas, peut-être que le fait qu’il se soit reposé lui sera profitable. Il faut attendre. »

Yakuba Ouattara, la surprise du chef

Photo : AS Monaco

Qui avait vu venir sa sélection ? Il faut toutefois rappeler un principe de base : une équipe nationale n’est pas une All-Star Team. Autour des leaders, il faut des joueurs de rôle, des soutiers, des types qui acceptent avec enthousiasme de peu jouer, éventuellement sur certains matches de ne pas jouer du tout.

Terry Tarpey avait ce profil avant de monter en grade à l’Euro. Yakuba Ouattara, que l’on n’a vu jusqu’à présent que 18 fois en équipe de France, et qui n’a jamais fait de grandes compétitions, coche aussi toutes les cases. Et c’est ça aussi la stratégie.

Vincent Collet : « C’est lié aux notions de complémentarité, d’association de joueurs. Il est tout à fait possible que l’on commence avec Nando De Colo en meneur titulaire et il nous faudra probablement lui associer quelqu’un pour défendre le meneur en face surtout si celui-là est un joueur très dominant. On a vu encore cette année et de façon magnifique que Yakuba Ouattara faisait ce job-là dans les débuts de match avec Monaco où il cassait souvent la figure du meneur adverse pendant 6-7 minutes. Pourquoi ne pourrait-il pas le faire avec l’équipe de France ? Et comme il a toujours en plus un état d’esprit qui est exceptionnel, il nous est apparu être un élément tout à fait intéressant dans notre rotation extérieure. »

Les forces françaises de l’intérieur

Photo : Mathias Lessort (Euroleague)

Pendant des décennies, l’équipe de France, en mal de matière première, a souffert au poste de pivot. Peu de big men et encore moins de big men compétitifs. C’est aujourd’hui la profusion.

Victor Wembanyama n’est pas là - pas plus que Joël Embiid -, et pourtant Vincent Collet peut se passer des services de Vincent Poirier, Mam Jaiteh, Petr Cornelie, et encore Ismaël Kamagate, Louis Labeyrie, et Amath Mbaye pour constituer ses FFI.

Vincent Collet : « Vous vous doutez bien que les quatre joueurs intérieurs accompagnaient Victor Wembanayama avant son forfait. On aurait donc pu remettre un intérieur. On ne l’a pas fait pour deux raisons. 1- On voulait déjà avoir la possibilité d’utiliser Nicolas Batum en poste 4 pour sa qualité de passe. L’année dernière, on avait déjà une domination intérieure mais que l’on a malheureusement insuffisamment utilisée pour une raison principale qui est que l’on avait beaucoup de mal à les servir. La réintégration de Nando De Colo et Nicolas Batum devrait permettre de le faire beaucoup mieux. 2- Pourquoi ne pas avoir remis un cinquième intérieur ? Il y a des joueurs qui ont fait de grandes saisons. Moustapha Fall avec Olympiakos, Mathias Lessort avec Partizan Belgrade, qui est dans le meilleur 5 de l’Euroleague. Quand vous avez au poste 5, Rudy Gobert et Moustapha Fall, si vous n’utilisez Mathias Lessort au poste 5, ça veut dire qu’il ne va jouer qu’une fois de temps en temps. Et moi j’aimerais qu’il puisse être utilisé davantage. Donc on va avoir à faire un vrai travail de préparation, d’inventer quelque part des façons de jouer alternative avec par exemple, Mathias qui puisse être associé à Moustapha Fall. On est motivé pour le faire car ça peut être pour nous une façon de dominer nos adversaires. Donc on a préféré ne pas reprendre un autre intérieur pour vraiment donner de l’exposition à ces joueurs-là dans lesquelles j’ai beaucoup de confiance et d’espérance. »

Attention aux étiquettes !

La France, c’est la NBA d’Europe. Voici le raccourci entendu parfois. Le fait est qu’après le Canada (23 joueurs) et l’Australie (9), elle avait sur la ligne de départ le troisième plus gros contingent d’étrangers fourni à la ligue américaine.

Or, il faut constater que cette version 2023 de l’équipe de France comptabilise 4 NBAers pour 6 joueurs d’Euroleague et 2 (Terry Tarpey et Sylvain Francisco) qui n’ont disputé que leur championnat national, mais le premier va rejoindre la principale compétition européenne la saison prochaine, et le deuxième probablement aussi. Comme quoi, il faut se méfier des idées reçues.

Photo : Vincent Collet (Teddy Perez)

Sur les dernières années, la France s’est considérablement renforcée sur le front de l’Euroleague et la présence de Villeurbanne et de Monaco n’a fait qu’accroître les embauches. A l’inverse, la majorité des Français qui sont en NBA y tiennent un rôle mineur.

Vincent Collet : « Ce sont aussi les circonstances. Parmi les joueurs que l’on a en NBA, plusieurs sont très jeunes et débutent. Alors que ces joueurs d’Euroleague ont beaucoup d’expérience. Les plus jeunes joueurs sont Frank Ntilikina et Sylvain Francisco qui ont 25 ans donc c’est une équipe qui est plutôt expérimentée. C’est aussi un parti pris par rapport à la compétition qui nous attend. Bien sûr que ça n’aurait pas été le cas si Victor était venu, mais là, les choix ont été plutôt orientés par rapport à ça. On a considéré un peu plus d’expérience par rapport à la compétition précédente. »

Préparation :
31 juillet : France-Tunisie (Pau)*
2 août : France-Monténégro (Montpellier)
7 août : France-Vénézuela (Orléans)
9 août : France-Lituanie (Orléans)
11 août : Lituanie-France (Vilnius)
17 août : Japon-France (Tokyo)
20 août : France-Australie (Tokyo)

Coupe du monde :
25 août : France-Canada (Jakarta)
27 août : France-Lettonie (Jakarta)
29 août : France-Liban (Jakarta)

*Le 31 juillet sera rendu un hommage à l’équipe de France de 2013.


Photo : Nando De Colo (FIBA)

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