Basketteur professionnel, Vincent Pourchot (2,22 m, 30 ans) est devenu en deux ans un personnage influent du réseau social TikTok. Grâce à ses vidéos drôles et une personnalité simple et généreuse, il comptabilise actuellement 1,5 million d’abonnés. Son retour à Metz (NM2), les réseaux sociaux dans le basket, l’éclosion du phénomène Victor Wembanyama… l’homme le plus grand de France se livre dans un long entretien en deux parties accordé à Basket Europe.
Pendant les fêtes, la rédaction de Basket Europe vous offre une sélection de quelques articles premium de ces dernières semaines… en clair. Un – petit – aperçu des nombreux dossiers (salaires, guide, interviews, analyses, séries) proposés au quotidien. Pour ne rien manquer en 2023, abonnez-vous ou faites-en profiter un proche !
Est-ce que cette notoriété médiatique récente a pu poser un problème aux clubs qui vous ont engagé ?
« Mon club de Metz me soutient, c’était la même chose à Tours par le passé. En tout cas, on ne m’a jamais demandé d’arrêter mon activité sur les réseaux sociaux, je suis en totale liberté. Tant que l’on ne salit mon image ou celle du club pour lequel j’évolue, tout va bien. Il y a un mois, on a tourné un reportage pour l’émission E=M6 donc des caméras sont venues filmer au club, qui profite aussi de ma notoriété pour être mis en avant, c’est du gagnant-gagnant. Quand les matches sont finis, il y a toujours beaucoup de personnes qui se ruent vers moi, qui restent pour prendre des photos. Une fois, il y a quelqu’un qui a fait quatre heures de route juste pour me voir jouer ! Tout ça me dépasse… j’ai l’impression que, pour certains, je suis Kylian Mbappé. Alors que, sportivement, je n’ai pas accompli autant de choses que d’autres stars du sport. »
Comment réagissent vos coéquipiers à vos côtés ?
« Même si j’arrive dans un nouveau club, je connais tous mes coéquipiers et ils connaissent déjà ma personnalité. Ce qui est bizarre pour certains, c’est de se faire interviewer quand des télévisions viennent à la salle. Les gars sont cools avec cela, c’est que du positif, ils apprécient ce que je fais. »
On voit de plus en plus de clubs qui investissent les réseaux sociaux, est-ce aussi dans la stratégie de communication des Canonniers ?
« Avec des moyens d’un club de NM2, Metz ne peut pas produire beaucoup de contenus. C’est un travail à plein temps et nous n’avons pas de personne spécialisée dans le digital. Le club est un peu sur Instagram, il partage mes vidéos quand je les identifie dans mes publications. Mais on n’a pas de TikTok… pour l’instant (sourires). »
« Je suis revenu à Metz pour le faire monter pour la première fois de son histoire en NM1 »
Un certain nombre de clubs professionnels investissent les réseaux sociaux, dont TikTok, sans pour autant en tirer des bénéfices, comme en Italie. Pensez-vous que ces institutions peuvent s’imposer sur cette plateforme ?
« Les grandes équipes sportives, d’Euroleague entre autres, peuvent arriver à s’imposer sur les réseaux sociaux car elles disposent d’un budget assez conséquent pour cela. Des staffs sont dédiés à la gestion des contenus sociaux. Même sur TikTok, ces équipes y arriveront avec le temps. Mais il ne faut pas oublier que TikTok est un réseau social plutôt dédié à l’humour, à des contenus drôles, rapides et pas tant informatifs. Je pense que les supporters de basket qui sont sur ce réseau social préfèrent voir des vidéos ludiques de joueurs que de s’abonner à leur équipe favorite et ne rien apprendre de nouveau, retrouver des vidéos déjà vues sur les autres médias sociaux comme Facebook qui marche très bien pour les clubs professionnels.
Basket Europe n’a pas de compte Tiktok. Si on se lançait demain, quels conseils nous donneriez-vous ?
« Bonne question ! Je vous conseillerais de faire des courtes vidéos de face à face micro avec des joueurs. Un peu comme le média “Konbini”. Et puis dans ces interviews, vous parlez de basket mais aussi des questions plus personnelles pour en apprendre davantage sur les joueurs. Ça pourrait très bien plaire ! »
Lors de ces trois dernières années, vous avez connu de longues blessures. Est-ce que votre activité de TikTokeur a aussi été un refuge durant ces périodes ?
« Bien sûr, pendant toute ma blessure aux ligaments croisés qui a duré un an, cela m’a permis de penser à autre chose et surtout de me rendre compte que je pouvais me lancer dans diverses activités, dont les domaines du loisir, de l’audiovisuel ou de l’influence. Je ne suis pas qu’un basketteur. Cela a été une aide psychologique. Je ne pouvais ni marcher, ni prendre la voiture car je n’arrivais pas à plier ma jambe. J’étais complètement éloigné des terrains de basket et du club de Tours. C’était long. Il fallait que je trouve quelque chose pour m’occuper l’esprit. »
Quel est votre meilleur souvenir sur un terrain de basket ?
« Il y en a tellement. Forcément, il y a le championnat d’Europe avec l’équipe de France U18 à Metz, où l’on décroche une médaille d’argent. Vivre une compétition pareille dans ma ville, je ne pouvais pas rêver mieux. Aussi, il y a la finale de playoffs quand j’étais en NM1 avec le CEP Lorient. Nous étions seulement six dans le groupe car trois joueurs n’avaient pas leur qualification pour jouer jusqu’à la finale. Je dirais également la montée en Pro B avec Tours en 2021. A titre personnel, il y a certainement mon record historique que j’avais réalisé en espoir Pro A. J’avais marqué 26 points, pris 25 rebonds et fait 15 contres pour un 62 d’évaluation, c’était incroyable. J’avais eu des notifications de L’Équipe Magazine, c’était un grand moment cela aussi ! »
Vous êtes avant tout un basketteur professionnel, quels sont vos objectifs avec les Canonniers de Metz cette saison ?
« Je suis revenu à Metz, dans un club où j’ai commencé le basketball à l’âge de cinq ans, pour le faire monter pour la première fois de son histoire en NM1. Le projet du club était une source de motivation. À 30 ans, si j’y arrive, ce serait un bel objectif de rempli. Personnellement, c’était aussi très important de revenir habiter proche de ma mère. J’ai perdu mon père l’année dernière donc cela à fortement penché dans la balance dans mon choix final. »
« Victor (Wembanyama) est un homme qui va révolutionner le basket. C’est une évidence qu’il va décrocher le titre de MVP de Betclic Elite. »
Que vous inspire Victor Wembanyama, qui a été mesuré dernièrement à 2,21 m ?
« Victor est un homme qui va révolutionner le basketball. C’est un joueur à part. Il va avoir une très grande carrière ! Beaucoup sous-estiment ce qu’il va se passer. Pour ce qui est de l’aspect médiatique, je pense qu’il est très bien encadré. Nous avons les mêmes agents (NDLR : Comsport), ils sont assez terre à terre pour nous orienter vers le bon chemin pour des joueurs de cette taille. Ce physique hors norme est autant une force qu’un handicap. Dans mon cas, j’ai eu de la chance d’avoir ma seule blessure à 29 ans. Quand j’étais jeune, on ne pensait pas non plus que j’allais réussir à aller aussi loin. »
Par rapport à sa taille, quelles caractéristiques de son jeu vous impressionnent le plus ?
« C’est une qualité que je n’ai pas réussi à développer : le dribble. Je n’ai jamais été éduqué à faire cela. Je suis vraiment admiratif de la façon dont il se déplace, ses skills qu’il déploie sur le terrain. »
Vous êtes peut-être un des mieux placés pour comprendre pourquoi chaque vidéo de lui devient virale sur les réseaux sociaux. Quand vous avez vu que la NBA allait diffuser les matches de Boulogne-Levallois, comment avez-vous réagi ?
« C’est dans l’intérêt aussi bien de Victor que de la France qu’il y ait autant de communications qui soient faites autour de lui. Être parti à Boulogne-Levallois se confirme comme étant un bon choix de carrière pour son projet. Il n’a qu’un match par semaine, il poursuit sa formation avec Vincent Collet, il prend le temps de se développer. En France, il n’a plus rien à prouver. Mais il peut encore prendre de la confiance sur son jeu, sur son physique, tout en faisant attention à ne pas se blesser. C’est une évidence qu’il va décrocher le titre de MVP de Betclic Elite. »
Photo : Vincent Pourchot (Instagram)