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[REDIFF] Portrait: Fabien Causeur, le meilleur joueur breton de tous les temps… Et aussi vainqueur de l’Euroleague

BasketEurope vous propose cet été de lire ou de relire les meilleurs articles PREMIUM de la saison 2017-18. Fabien Causeur (1,96m, 31 ans) a gagné l’Euroleague. S’il n’a pas été élu MVP du Final Four -c’est le Slovène Luka Doncic qui a eu droit à cet honneur-, le Brestois a été incontestablement le

BasketEurope vous propose cet été de lire ou de relire les meilleurs articles PREMIUM de la saison 2017-18.

Fabien Causeur (1,96m, 31 ans) a gagné l’Euroleague. S’il n’a pas été élu MVP du Final Four -c’est le Slovène Luka Doncic qui a eu droit à cet honneur-, le Brestois a été incontestablement le meilleur joueur de la finale remportée face à Fenerbahçe, 85-80. Ce soir du 20 mai, telle une divinité, il a marché sur l’eau, transformé les ballon en plastique en or, régalé ses supporters, écoeuré ses adversaires. A 12 secondes du buzzer, il a enfilé deux lancers-francs et sur l’action suivante contré une tentative du meneur grec du Fener Kostas Sloukas. Au total, ce sont 17 points à 3/3 à trois-points, 2 rebonds et 2 passes pour 21 d’évaluation qui sont tombés dans sa besace.

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Le néo-Madrilène a ainsi rejoint le club très fermé des Français devenus champions d’Europe ; ils sont 11 dont 8 Limougeauds de 1993 plus Antoine Rigaudeau et Nando De Colo. Point final. Aussi cela méritait les félicitations de ses équipiers tricolores lors du rassemblement à Nanterre.

« C’est surtout l’accomplissement d’une saison difficile. Il y a beaucoup de travail derrière tout ça. Avoir tous tes coéquipiers qui te félicitent, c’est génial. Une fois que c’est fait, on repart au travail ! C’est mon meilleur match et pas seulement pour les points, mais vis-à-vis de l’événement. C’était une finale d’Euroleague, le match le plus important de ma carrière. J’étais dans un bon jour. Evidemment, c’est l’apothéose. Avant le Final Four, je me disais que même si je jouais très peu et que l’on était champion, tout le reste n’était pas important. Je suis très bien rentré dans le match. Le coach m’a donné du temps de jeu. Des fautes sont tombées sur des joueurs importants de l’équipe et ça m’a donné l’opportunité de briller. »

Fabien Causeur n’est pas un joueur qui attire spécialement la lumière mais il est bon partout. Dans les drives, dans les passes, dans le shoot à trois-points, en défense… C’est un malin, un joueur au fort QI basket et de complément, oui, mais cette finale de l’Euroleague prouve qu’il peut faire beaucoup plus si on lui en donne les responsabilités. A Bamberg, il était le go to guy, MVP de la finale de la Bundesliga. Au Real, dans un effectif sur dimensionné, il lui a fallu trouver sa place à la force du jarret et des épaules qu’il a musclé pour finalement se voir accorder près de 18 minutes de temps de jeu moyen en Euroleague ; le septième du Real. Au bout de l’effort, 6,9 points avec un remarquable 58,8% de réussite aux tirs et 1,9 passe.

Au Real, tout est XXXL

Quel bond pour celui qui s’était retrouvé barré au centre de formation du Mans ! A Basket Le Mag, Phlippe Desnos, son directeur, s’est souvenu que lors de sa mise à l’essai, il avait été très bon…

« Mais je n’ai pas donné suite parce qu’on avait déjà trois joueurs sur ce poste, Nicolas Batum, Jérémy Leloup et Lamine Kante. Le dernier après-midi de test, Vincent Collet, le coach des pros, était en tribunes, je lui ai dit : je suis vraiment emmerdé, c’est un super gamin et un très bon joueur. Mais je ne regrette pas mon choix, fait en accord avec Vincent. Ensuite, son papa m’a demandé conseil et je l’ai orienté vers Le Havre. Ça n’aurait pas été correct de dégager quelqu’un pour le prendre. Et au final, ces quatre garçons sont devenus pros, Fabien a pu avoir des temps de jeu qu’il n’aurait peut-être pas eus au MSB. »

Donc c’est au Havre que le Breton fit son apprentissage avec Jean-Manuel Souza et Christian Monschau. Cholet Basket paya ensuite un transfert pour l’acquérir et Fabien y joua l’Euroleague et en 2012, il fut élu MVP français après avoir compilé 16,2 points, 3,3 rebonds et 3,7 passes en Pro A, et encore mieux, 21,8 points en six matches d’Eurocup.

C’est ainsi qu’il intéressa Vitoria. Il demeura quatre saisons au Pays Basque, devint capitaine du Baskonia, l’équipe joua le Final Four mais une blessure au dos l’écarta de l’épreuve. C’est ensuite à Bamberg où il s’est épanoui avant d’être sollicité par le Real Madrid.

Le Real, un must au basket comme au foot. Un roster sans équivalent qualitativement et quantitativement avec des seigneurs espagnols comme Sergio Llull, Rudy Fernandez et Felipe Reyes, l’Américano-Slovène Anthony Randolph, le géant du Cap-Vert Edy Tavares (2,20m) et au sommet le joyau slovène Luka Doncic. Le meneur américain Randle Chasson y était au temps de jeu le quatorzième joueur ! Tout est à l’avenant. Là où il y a deux kiné à Vitoria, il y en a le double au Real.

« Le staff médical et le temps de repos, c’est primordial aujourd’hui par rapport aux saisons que l’on a. On a énormément de matches, beaucoup de déplacements. A la fin, on n’a pas une grosse quantité d’entraînements. L’entraîneur sait très bien qu’il ne peut pas faire deux heures deux fois par jour comme on le faisait il y a quelques années. Pablo Lasso privilégie énormément la récupération. Il nous envoie souvent voir les kinés, les ostéos pour faire des révisions. »

La fameuse « pression médiatique » y est forcément plus forte qu’ailleurs. Madrid, c’est la capitale qui concentre beaucoup de médias dans un pays dingo de sport. Les sollicitations des journalistes sont constantes. De plus, au Real, il existe une chaîne de télé, le Real Madrid TV, qui suit en permanence ses basketteurs. Là aussi, c’est unique.

« Quand j’en parle avec Thomas (Heurtel) qui est au Barça, on compare les deux clubs et ça n’a rien à voir. Il y a un engouement énorme vis-à-vis du Real Madrid. La télé nous suit pour tous les déplacements, elle est là à tous les entraînements pour faire des interviewes. On est constamment filmé, décortiqué. C’est ce qui m’a surpris le plus, que l’on soit médiatiquement aussi exposé mais on réussit à s’y habituer. Derrière, il faut réussir à garder la tête froide, ne pas se déconcentrer parce qu’il y a la télé qui nous regarde. »

Le club entretient aussi des rapports entre les deux sections, celle du foot et du basket. Les deux centres d’entraînement son proches, des repas communs sont organisés, les basketteurs ont un espace VIP au Stade Santiago-Bernabeu où ils peuvent emmener famille et amis. Fabien en profite quand son agenda lui donne des ouvertures.

« Le président vient voir tous nos matches à domicile. Il vient nous serrer la main après les victoires, évidemment. C’est quelque chose de très important pour un joueur d’avoir le soutien d’un président comme Florentino Perez. »

Les rendez-vous manqués avec l’équipe de France

Avant cette fenêtre internationale, Fabien Causeur comptait 29 sélections en équipe de France. C’est maigre. La dernière remontait aux Jeux de Londres, il y a déjà six ans. Son bâton de maréchal avec le championnat du Monde en Turquie en 2010. A Londres, Fabien, le MVP français de la Pro A, n’eut droit qu’à 18 minutes réparties en 3 matches et loupa ses cinq shoots. C’est ce qui s’appelle être discret. L’équipe de France, c’est une série de rendez-vous manqués essentiellement à cause de pépins physiques. Au point que l’on peut se demander s’il n’a pas été marabouté.

« Beaucoup de gens me l’ont dit, mais je n’y ai pas cru. Il y a eu de la frustration à chaque fois qu’il y a eu une blessure même s’il faut l’accepter quand on est sportif de haut niveau. C’était des blessures qui n’étaient pas basket, pas de sport. J’ai eu une infection à un œil, un petit doigt de pied cassé car j’avais tapé dans un meuble en me levant le matin. C’était vraiment des trucs bêtes. Là, je suis vraiment content d’être de retour, d’être en bonne santé et je suis vraiment content de sentir que je peux apporter quelque chose à ce groupe. Chose que je n’avais pu faire sur les dernières campagnes. Je pense être dans la meilleure forme de ma carrière et avoir encore beaucoup à donner à ce groupe. Toutes ces campagnes je les ai vu à la télé. J’étais super content pour mes copains quand ils ont gagné une médaille mais j’aurais préféré être là pour soulever ces trophées avec l’équipe de France. Je suis persuadé que j’aurai d’autres opportunités. L’équipe de France dans les prochaines années gagnera quelque chose. »

Fabien insiste sur deux points, sur les talents, nombreux, de l’équipe présente en Bosnie et en Russie et sur le lien entre les joueurs :

« Il y a une super alchimie entre ces générations. On s’entend vraiment très bien dans le groupe. On n’est pas le genre à juste s’entraîner. Derrière on est en chambre ensemble, on est toujours en train de rigoler, on passe du bon temps ensemble. C’est très important pour derrière retrouver ça sur le terrain. Il faut remercier ceux qui sont venus donner un coup de main en équipe de France pour les premières fenêtres. C’est génial d’avoir eu les quatre premières victoires. Maintenant, c’est à nous de continuer le travail sur cette fenêtre là et engendrer petit à petit cette qualification. »

A Tuzla, l’équipe de France a été si dominante (+50) que l’on se gardera de décortiquer les prestations individuelles. Précisons seulement que Fabien a joué 16 minutes en marquant 7 points. En sortant du banc. Contrairement à la grande majorité de ses équipiers qui composent le Team France, il a l’habitude d’être utilisé parfois beaucoup et sur certains autres matches nettement moins.

« Quand on me demande à quoi j’aspire en équipe de France, je réponds que je suis dans le même état d’esprit qu’en club. On a une équipe en club qui a 16-17 joueurs de très haut niveau. Il faut accepter qu’il y ait des matches où l’on joue moins. Quand un joueur de l’équipe joue très bien, il n’y a pas de raisons de le changer. En équipe de France, je pense que c’est la même chose. On a des joueurs de qualité, c’est super pour nous, il faut être prêt à chaque moment où Vincent (Collet) m’appellera comme lorsque Pablo Laso m’appelle en club. C’est vraiment ça que j’ai appris cette année. »

La concurrence est féroce. Vincent Collet ne l’a pas retenu pour le match contre la Russie ce soir à Krasnodar, lui préférant Edwin Jackson qui avait été mis en réserve face à la Bosnie.

Au fait, que s’est-il passé dans les minutes qui ont suivi la finale de l’Euroleague lorsque les caméras de télévision ont changé de cadrage ?

« Je me suis tourné vers Lucia, ma fiancée, qui m’épaule chaque jour, » a-t-il répondu à Ouest France. » Puis j’ai célébré avec mes coéquipiers. Ensuite, j’ai appelé la famille, qui était devant la télé, et qui a aussi bien célébré ! C’est exceptionnel pour un fils d’avoir ses parents qui crient de joie au téléphone, avec mes soeurs, les amis… Je suis fier de les rendre fiers ! »

Et fier aussi de son appartenance à la Bretagne. Qu’est-ce que ça lui fait d’être le meilleur basketteur breton de tous les temps ?

« C’est déjà le cas depuis quelques années ! » nous a-t-il répondu en riant.

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Le néo-Madrilène a ainsi rejoint le club très fermé des Français devenus champions d’Europe ; ils sont 11 dont 8 Limougeauds de 1993 plus Antoine Rigaudeau et Nando De Colo. Point final. Aussi cela méritait les félicitations de ses équipiers tricolores lors du rassemblement à Nanterre.

« C’est surtout l’accomplissement d’une saison difficile. Il y a beaucoup de travail derrière tout ça. Avoir tous tes coéquipiers qui te félicitent, c’est génial. Une fois que c’est fait, on repart au travail ! C’est mon meilleur match et pas seulement pour les points, mais vis-à-vis de l’événement. C’était une finale d’Euroleague, le match le plus important de ma carrière. J’étais dans un bon jour. Evidemment, c’est l’apothéose. Avant le Final Four, je me disais que même si je jouais très peu et que l’on était champion, tout le reste n’était pas important. Je suis très bien rentré dans le match. Le coach m’a donné du temps de jeu. Des fautes sont tombées sur des joueurs importants de l’équipe et ça m’a donné l’opportunité de briller. »

Fabien Causeur n’est pas un joueur qui attire spécialement la lumière mais il est bon partout. Dans les drives, dans les passes, dans le shoot à trois-points, en défense…

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Photos: Euroleague, Real Madrid et FFBB

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