Il est arrivé en France il y a deux ans après une saison en Belgique, sa première en tant que professionnel. Yunio Barrueta (1,98m, 26 ans) a signé à Nancy l’été dernier, pour deux ans, et fait aujourd’hui partie des meilleurs shooteurs de Pro B à plus de 41% de réussite derrière la ligne à trois points. Plutôt réservé, cet ailier aux tatouages religieux sur les deux épaules nous a reçu à la sortie de l’entraînement matinal.
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Débarqué aux Etats-Unis alors qu’il était très jeune, cet ailier cubain est tombé un peu par hasard dans le piège de la balle orange. Alors qu’il était enfant, beaucoup de ses amis jouaient déjà au basket et c’est tout naturellement que Yunio Barrueta a été initié. “Finalement, j’ai plutôt apprécié donc j’ai continué à jouer”. Mais loin de lui l’idée de faire le tour du monde pour jouer au basket. “Au début, c’était vraiment que pour le plaisir. C’est quand je suis arrivé au collège ou au lycée que je me suis rendu compte que je n’étais pas mauvais et qu’il y avait peut-être possibilité de devenir professionnel”.
Le shoot, son arme fatale
« Je n’ai jamais été quelqu’un de très à l’aise balle en main. Depuis que j’ai commencé le basket, tout ce que je fais c’est shooter. Je n’ai jamais réellement fait autre chose à part shooter et prendre des rebonds ».
Le décor est planté directement. N’allez pas demander à ce gaillard caribéen de partir dans des festivals de dribble pour se retrouver au cercle, il l’avoue lui-même, ce n’est pas son fort, mais si vous avez besoin d’une vraie menace de loin, c’est votre homme. Cette saison, il trouve la mire 41% des fois quand il shoote à trois points et depuis le début des playoffs, c’est 54% de réussite.
C’est naturellement, à force de travail qu’il a développé ce bras. En même temps, avec Ray Allen comme modèle… « Devenir un shooteur était quelque chose de plutôt facile pour moi parce que c’est déjà dans ce compartiment du jeu que j’étais le meilleur. Tout ce que j’ai fait c’est travailler pour devenir le meilleur possible. J’ai toujours aimé regarder shooter Ray Allen. Il a une vitesse d’exécution vraiment impressionnante. Aujourd’hui, j’aime bien Stephen Curry parce qu’il shoot vraiment de très loin, mais Ray Allen était mon gars quand j’étais plus jeune ». C’est donc à l’université qu’il a trouvé la recette magique passant de 31% à 44% de réussite entre son entrée et sa sortie de la fac quatre ans plus tard. En Belgique pour sa première aventure professionnelle, au Okapi Aalstar, l’artilleur cubain repasse légèrement sous la barre des 40% (39%), certainement la faute à la découverte du monde pro, en Europe qui plus est. Depuis, il a retrouvé son rythme de croisière, 42% de réussite à Denain et 46% lors de la quête de la Leaders Cup Pro B.
« Je ne savais même pas que le record de tirs à trois points marqués dans un match existait avant le match »
Le 7 mai dernier, le numéro 23 du SLUC – qu’il porte sans grande raison même si l’influence Michael Jordan et LeBron James est présente – a fait parler la poudre. Sa plus grosse performance en pro. Alors que Nancy accueille Quimper au Palais des Sports Jean Weille, l’ancien pensionnaire de l’université de Barry était incandescent. Face aux Bretons, il inscrit 41 points pour une évaluation de 37 dans la victoire de son équipe. Pour aller chercher une telle stat au scoring, le serial shooteur cubain a usé de ce qu’il fait le mieux : tirer de loin. Sur 22 tentatives, Barrueta a marqué 13 tirs à trois points. C’est un nouveau record en LNB qu’a réalisé l’ailier nancéien, effaçant la performance de Karvel Anderson (BCM Gravelines-Dunkerque) datant de seulement deux semaines plus tôt mais en Jeep Elite (12/22 à trois points contre Fos).
« Je ne savais même pas que ce record existait. Je suis sorti du match dans le quatrième quart-temps et nous étions déjà devant de 30 points ou quelque chose comme ça. Je me souviens que quelqu’un du staff m’a dit que j’avais déjà marqué 11 tirs et que le record était de 12. J’ai donc dit au coach que je devais retourner sur le terrain pour battre ce record (rires). Il m’a remis sur le terrain et j’ai mis deux shoots donc c’était parfait », lâche-t-il d’un timide sourire laissant échapper sa satisfaction.
La découverte de l’Europe et de la France
On entend souvent que les Américains en général ne savent pas vraiment comment ça marche en dehors de leurs frontières. Dans le basket c’est pareil et ça se vérifie une nouvelle fois ici. A 23 ans, Barrueta débarque en France avec des images de salles NBA dans la tête, loin des standards européens. « Je m’attendais à ce que ça ressemble un peu plus à la NBA… Je ne savais pas comment c’était. J’ai ensuite appris que c’était un peu différent. J’ai découvert que les infrastructures n’étaient pas si récentes… », confie-t-il d’un sourire coupable avant de louer le professionnalisme du club qui l’a accueilli en premier. « Mais le professionnalisme était là ! Mais ma première année a été géniale ! J’ai adoré jouer en Belgique, la nourriture était bonne, tout était bien, ma femme aussi a aimé. Globalement, pendant ma première saison je me suis surtout familiarisé avec l’Europe. J’ai appris des joueurs, des coachs, j’ai appris sur le basket. C’était très bien ».
C’est également lorsqu’il jouait en Belgique que Yunio Barrueta a découvert un pays éloigné de plus de 7 500 kilomètres de Cuba, la France. « J’ai visité Paris et Lille quand je jouais en Belgique. Je me suis directement dit que la France était un endroit incroyable et que j’aimerais jouer ici. J’ai de suite pensé que ça serait une très bonne opportunité pour moi de jouer en France et de faire venir ma femme ici ». Quelques mois plus tard, son souhait s’exauce et Denain lui propose un contrat d’une saison. Même si ce n’est pas une grande ville, Barrueta saisi l’opportunité et signe dans ce petit club basé une ville d’environ 20 000 habitants. « Vivre dans un pays comme la France c’est vraiment bien, il y a tellement de choses ici. Dès que j’ai reçu l’offre de Denain c’était évident pour moi d’accepter. C’est une petite ville, il n’y a pas grand-chose à faire. J’étais là pour le basket, après tout. C’était une petite ville, avec une petite communauté, mais les gens étaient extraordinaires là-bas, glisse-t-il avec sincérité. J’étais vraiment concentré sur le basket mais je n’étais pas trop loin des grandes villes. Paris était à un peu plus de deux heures et Lille à une heure ».
« Je pourrais encore rester dix ans de plus en France si c’était possible. »
Après une saison dans le Nord de la France où il a remporté la Leaders Cup Pro B face à Orléans en finale, l’ancien joueur d’Alost signe à Nancy. Un contrat de deux ans dans un club qui vise la remontée en Jeep Elite le plus vite possible. « Je me sens vraiment très bien en France. Je pourrais encore rester dix ans de plus si c’était possible. Je me sens vraiment bien. Si un jour j’étais amené à quitter la France pour une meilleure opportunité, je le ferais, mais je suis vraiment bien ici. Je suis aussi très bien à Nancy ».
Objectif Euroleague
Quatorzième meilleur shooteur de Pro B au terme de statistiques, Yunio Barrueta a soif de progression dans une division qu’il juge exceptionnelle pour son rang. « La Pro B mérite vraiment du respect. Ça pourrait être la première division de beaucoup de pays, c’est certain ! C’est un très bon niveau, les joueurs sont vraiment athlétiques et ont du talent. Particulièrement les jeunes, les jeunes français ». Pour la suite, il souhaiterait gouter à la Jeep Elite. « Ça serait cool ! J’ai regardé plusieurs matchs, notamment les playoffs. J’aime regarder ce championnat. J’essaye de comprendre les différences entre la Jeep Elite et la Pro B, c’est beaucoup autour du placement. C’est un objectif réalisable. Ce championnat est vraiment respectable, les équipes sont performantes en Champions League, en Eurocup ». Mais son rêve absolu reste l’Euroleague, sans hésiter. « Pour mon futur ? L’Euroleague ! J’adorerais jouer en Euroleague. Je sens que c’est un objectif atteignable pour moi, je pense que je pourrais servir en tant que shooteur dans cette compétition. Je sens que ça serait une incroyable opportunité. Ça serait énorme de jouer à ce niveau, de pouvoir disputer des matchs dans les plus grandes salles d’Europe ».
Toujours Cuba dans un coin de la tête
S’il a quitté Cuba à l’âge de 5 ans avec ses parents pour les Etats-Unis et plus précisément Miami, cet amoureux de sport – il adore pratiquer d’autres disciplines comme le kayak, le tennis de table ou le surf – est toujours attaché à son pays natal où se trouve une grande partie de sa famille. « Ma grand-mère et mes cousins et mes cousins sont toujours à Cuba, j’ai beaucoup de famille là-bas. Malheureusement, ils ne peuvent pas venir aux Etats-Unis ». Il regrette d’ailleurs de ne pas y avoir été depuis de longues années. « J’aimerais y aller l’été prochain pour rendre visite à ma famille ».
Non qualifiée pour la coupe du Monde, mais présente sur les événements continentaux comme la AmeriCup, l’équipe nationale de Cuba ne s’est pas encore tournée vers Yunion Barrueta. « J’aimerais jouer pour l’Equipe nationale. S’ils m’appellent ça pourrait être cool, j’y réfléchirais. Pour l’instant la fédération n’est jamais entrée en contact avec moi mais ça serait super ».
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Débarqué aux Etats-Unis alors qu’il était très jeune, cet ailier cubain est tombé un peu par hasard dans le piège de la balle orange. Alors qu’il était enfant, beaucoup de ses amis jouaient déjà au basket et c’est tout naturellement que Yunio Barrueta a été initié. “Finalement, j’ai plutôt apprécié donc j’ai continué à jouer”. Mais loin de lui l’idée de faire le tour du monde pour jouer au basket. “Au début, c’était vraiment que pour le plaisir. C’est quand je suis arrivé au collège ou au lycée que je me suis rendu compte que je n’étais pas mauvais et qu’il y avait peut-être possibilité de devenir professionnel ».
Le shoot, son arme fatale
« Je n’ai jamais été quelqu’un de très à l’aise balle en main. Depuis que j’ai commencé le basket, tout ce que je fais c’est shooter. Je n’ai jamais réellement fait autre chose à part shooter et prendre des rebonds ». Le décor est planté directement. N’allez pas demander à ce gaillard caribéen de partir dans des festivals de dribble pour se retrouver au cercle, il l’avoue lui-même, mais si vous avez besoin d’une vraie menace de loin, c’est votre homme. Cette saison, il trouve la mire 41% des fois quand il shoote à trois points et depuis le début des playoffs, c’est 54% de réussite.[/arm_restrict_content]
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Photos : SLUC Nancy