Une allure de prophète, un physique de guerrier, un talent hors normes poli au fil de sa longue carrière et d’une gentillesse sans égal, Alain Gilles, parti le 14 novembre 2014 à l’âge de 69 ans, a marqué l’histoire du basket français. Né le 5 mai 1945 à Roanne où il a débuté sa carrière (de 1962 à 1965), c’est à l’Asvel que la première star du basket tricolore, a acquis le surnom « Monsieur Basket ».
En près de 25 ans à partir de 1965 en tant que joueur, d’entraîneur-joueur et enfin d’entraîneur tout court (jusqu’en 1989, avant de finir par trois saisons à Montpellier), l’arrière villeurbannais (160 sélections en Bleu) a soulevé 8 fois le trophée de champion de France (1966, 1968, 1969, 1971, 1972, 1975, 1977, 1981) et a été élu 8 fois meilleur joueur de la saison (1964, 1965, 1967, 1968, 1969, 1971, 1972 et 1975). Invités par Radio Pluriel, plusieurs de ses anciens coéquipiers et amis ont été amenés à s’exprimer et remémorer leurs meilleurs souvenirs de celui qui a été élu meilleur basketteur français du 20e siècle : Alain Vincent, international français et collègue de chambre d’Alain Gilles pendant sept saisons à l’Asvel, Michel Leray, ancien international aujourd’hui président de l’association des anciens joueurs de l’Asvel et Michel Scaringella, ancien joueur à la Chorale de Roanne qui a rapidement intégré la direction de l’Asvel dans les années 70 et a été directeur général de l’Asvel au début des années 90.
Alain Gilles, par Alain Vincent, Michel Leray et Michel Scaringella
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Michel Scaringella : « les nouvelles générations ont du mal à imaginer l’impact qu’a pu laisser Gillou »
Pour BasketEurope, Michel Scaringella, récent fondateur de l’entité « Asvel Mémoire » et qui rédige actuellement un livre d’or sur Alain Gilles comportant de nombreux témoignages d’anciennes gloires du sport français, des copains d’enfance et de grands basketteurs, est revenu sur l’immense joueur qu’était Alain Gilles.
Michel Scaringella, que vous évoque votre relation avec Alain Gilles ?
Le hasard de la vie est extraordinaire. On est né à quelques heures d’intervalle à Roanne, on est inscrit sur la même page d’état civil, on se connaissait depuis l’âge de 6 ans, et toute notre vie, on n’a pas arrêté de se croiser. On a été voisins par accident, nos fils ont disputé la finale des championnats de France minimes en 1983, un Asvel-Chorale avec les deux papas dans les tribunes, que des choses comme ça. Alain Gilles était un monument. Ce n’est pas pour rien s’il a été élu joueur du siècle. Je crois que les nouvelles générations ont du mal à imaginer l’impact qu’a pu laisser Gillou.
Peut-on dire qu’Alain Gilles a été la première star du basket français ?
Je ne sais pas si le mot star convient. Pour Alain Gilles, je préfère employer celui de légende. Il y a eu de grands messieurs du basket avant lui. Henri Grange et André Buffière notamment, qui étaient le basket, qui vivaient basket à cette époque. J’ai eu la chance de jouer de nombreuses années avec Henri Grange qui est un garçon exceptionnel, ce sont des légendes du basket selon moi. Ce sont plus que des stars, et d’ailleurs Alain Gilles était l’anti star par définition. Comme je l’ai dit dans l’émission, combien de fois je l’ai vu dans la rue discuter avec les passants, être d’une telle simplicité, d’une telle humilité ? C’était ahurissant. C’est aussi l’époque qui veut ça. A celle d’Alain Gilles, la télévision était naissante, les gens se ruaient sur les journaux, l’Equipe, le Progrès… Mais dans la rue, il a laissé un impact… Les Villeurbannais et les Lyonnais ont d’abord été marqués par l’homme. Il a fait rêver et il fait encore rêver, je le vois encore aujourd’hui.
Disons qu’il a été le premier symbole du basket en France ?
C’est ça, car quand je pense à André Buffière ou Robert Busnel, Maxime Dorigo ou Jean Degros, c’était des personnalités, des joueurs extraordinaires mais qui restaient dans le monde du basket et effectivement. Alain Gilles est le premier qui a dépassé ça. D’abord, il y a eu sa barbe qui faisait que tout le monde le reconnaissait partout. Il y a aussi eu le début de la télé, et ensuite, je dirais sa longévité. De commencer au top niveau à 15 ans et de finir à 41 alors qu’il mettait encore 20 points à 37 ans, c’est spécial. Et puis la gentillesse, la simplicité, les gens l’ont senti et ils ne se sont pas trompés là-dessus
Trouvez-vous que le basket français met suffisamment à l’honneur ses anciens ?
Malheureusement non, mais ça ne concerne pas que le basket. Ils sont pris par d’autres obligations, notamment des impératifs économiques et financiers, mais c’est la vie, c’est comme ça. Je connais de nombreux dirigeants à la Fédération et ceux de l’Asvel, je dirais que ce n’est pas leur immédiate priorité, et c’est normal. Ils sont pris au quotidien par d’autres obligations. J’en ai conscience et je reconnais que ce n’est pas simple pour eux. Il revient donc à des personnes comme moi ou de grands joueurs comme Michel Leray ou d’autres à ne pas hésiter et prendre le taureau par les cornes pour lancer le mouvement. Ce n’est pas simple, c’est un travail au quotidien avec d’énormes responsabilités. Il faut contacter les gens qui ont fait l’histoire du club, rassembler, copier, numériser, et répertorier tous les documents avant de les exploiter. Je vois d’autres clubs aller dans le même sens, comme à Berck qui prépare un recueil sur son épopée dans les années 70 et c’est tout à fait normal. L’ASVEL est une Institution, une Institution qui évolue depuis bientôt 70 ans et sans interruption au plus haut niveau, c’est une grande fierté, et il nous revient impérativement de parler des anciens et rappeler ceux qui ont construit la légende villeurbannaise.
Pour revenir sur l’émission hommage à Alain Gilles en compagnie d’Alain Vincent et de Michel Leray, il y a cette anecdote sur sa rencontre avec Bob Cousy, légende des Boston Celtics, à l’âge de 15 ans et demi à Saint-Etienne. Vous pensez qu’elle a été déterminante pour la suite de sa carrière ?
Totalement. Il avait 15 ans et demi, c’était vraiment ses débuts au plus haut niveau. Quand il est revenu, c’était un autre garçon. Il était déjà en avance sur ses talents de basketteur de manière naturelle, mais on l’a tout de suite vu travailler, bosser comme un malade. Et quelques mois après, il avait cette qualité de dribble et de passe exceptionnels qu’il a gardés toute sa vie. Ça a été un basculement net, comme s’il avait tout compris. Il avait eu en face de lui le numéro un mondial de l’époque, c’est pas mal. C’est comme en foot si un gamin de 15 ans faisait un un-contre-un avec Ronaldo ou Messi, il a compris ce qui lui restait à faire. Et il l’a fait.
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Michel Scaringella : « les nouvelles générations ont du mal à imaginer l’impact qu’a pu laisser Gillou »
Pour BasketEurope, Michel Scaringella, récent fondateur de l’entité « Asvel Mémoire » et qui rédige actuellement un livre d’or sur Alain Gilles comportant de nombreux témoignages d’anciennes gloires du sport français, des copains d’enfance et de grands basketteurs, est revenu sur l’immense joueur qu’était Alain Gilles.
Michel Scaringella, que vous évoque votre relation avec Alain Gilles ?
Le hasard de la vie est extraordinaire. On est né à quelques heures d’intervalle à Roanne, on est inscrit sur la même page d’état civil, on se connaissait depuis l’âge de 6 ans, et toute notre vie, on n’a pas arrêté de se croiser. On a été voisins par accident, nos fils ont disputé la finale des championnats de France minimes en 1983, un Asvel-Chorale avec les deux papas dans les tribunes, que des choses comme ça. Alain Gilles était un monument. Ce n’est pas pour rien s’il a été élu joueur du siècle. Je crois que les nouvelles générations ont du mal à imaginer l’impact qu’a pu laisser Gillou.[/arm_restrict_content]
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