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Rétro – Alain Gilles, le mythe du XXe siècle

Notre jury fit de Alain Gilles le basketteur français numéro 1 du siècle et en janvier 2000 nous avions alors rencontré Gillou chez lui à Saint-Jean de Vedas dans l’Héraut et nous l’avions fait revenir sur les principaux moments qui ont fait de lui un mythe.

Notre jury fit de Alain Gilles le basketteur français numéro 1 du siècle et en janvier 2000 nous avions alors rencontré Gillou chez lui à Saint-Jean de Vedas dans l’Héraut et nous l’avions fait revenir sur les principaux moments qui ont fait de lui un mythe.

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«Il me reste un maillot de chaque époque»

C’est une crème de mec. Dans la salle de séjour lumineuse et autour de la piscine de sa maison de Saint-Jean de Vedas, Alain Gilles se plie aux directives du photographe avec une rare disponibilité. Il est grippé, mais heureux. Basketteur français du siècle, c’est un summum, même pour un joueur qui a gagné 8 titres de champion de France et autant de trophées de MVP de la saison. «Ça fait plaisir, c’est un honneur», dit-il de sa voix un peu rauque – un paquet de Gitanes par jour depuis presque toujours – au fort accent lyonnais. Il nous fait visiter son bureau qui lui sert de salles de trophées, et pointe le doigt en direction de la Légion d’honneur, en expliquant, en se marrant, que Guy Drut, qui le lui a remis, lui a fait le reproche de ne pas en porter l’insigne à la boutonnière. «Vous me voyez avec ça? »

«On a sorti toutes ces coupes, ses médailles il y a six mois, quand j’ai aménagé mon bureau. J’ai surtout mis en valeur ce qui m’est cher, les trophées de champion de France, de meilleur joueur Français. Le reste dort toujours au garage dans les cartons. Il n’est pas prévu de sortir tout ça pour l’instant. Peut-être dans la prochaine maison. Je vais peut-être aussi en donner à des petits clubs pour les faire gagner lors de concours de jeunes. J’ai encore un maillot de chaque époque, celui de l’équipe de France au championnat du monde de Rio-de-Janeiro, et puis un de l’ASVEL avec chaque sponsor: Petrole Hahn, Rasurel, Gimm, Palladium, Brandt, et d’équipes adverses. Ce sont finalement davantage des souvenirs pour mes enfants que pour moi- même. »

«Je pouvais manger un couscous avant un match»

La légende d’Alain Gilles s’est tout d’abord bâtie autour de sa précocité. Les clichés datés de quarante ans renvoient l’image d’un jeune homme fluet, tout en nerfs, finement musclé, au visage émacié et glabre, et au nez long comme un jour sans ballon. Gillou est né à Roanne, fut initié au basket à la Chorale, mais fut privé de son dessert favori pendant deux années. Son père, militaire, avait été muté en Algérie, alors en pleine tourmente, et y avait emmené toute sa famille. Les Gilles s’installèrent ensuite à Moulins, mais Alain retrouva Roanne, la maison de ses grands-parents et le basket. Il était si doué. Il fut retenu en équipe de France junior contre la Belgique, alors qu’il n’était que première année minime. Tout s’est ensuite enchaîné: la guerre d’Algérie appela sous les drapeaux plusieurs joueurs roannais, qui venaient d’être champions de France, et la Chorale fit monter des jeunes en équipe première. Gilles ne laissa pas filer cette chance. A 17 ans et cinq mois, il était promu en équipe de France.

«A Roanne, il n’y avait que deux entraînements par semaine, le mardi et le jeudi, qui durait 2h-2h30. On était contents d’y aller, pour s’exploser, retrouver les copains. A l’époque, les clubs n’étaient pas structurés. Certaines personnes s’occupaient de la préparation de la buvette aussi bien que de l’entraînement. André Vacheresse était joueur, entraîneur, et en plus il avait un métier difficile: il était représentant pour une grosse entreprise de bonneterie et il devait se taper dans les 60 000km de route par an. Un grand bonhomme. Je ne veux pas dire que les entraînements étaient bidons, mais bon, on n’était jamais dix… Mon premier choc, je l’ai eu au Bataillon de Joinville. On s’entraînait deux fois par jour, tous les jours. J’ai fait deux championnats du monde avec André Buffière comme entraîneur, et c’est lui qui m’a fait découvrir la musculation et la diététique. Avant, je mangeais n’importe quoi. Je pouvais dévorer un couscous avant un match ! En sortant de l’armée, j’ai signé à Villeurbanne. C’était déjà un club bien structuré avec des dirigeants pour chaque tâche. On s’entraînait tous les soirs après le boulot. A partir des années 77-78, on a fait des séances deux fois par jour, et c’est au début des années 80 que j’ai connu le vrai professionnalisme. »

«Je passais une nuit blanche et le lendemain je courais comme un lapin»

Gilles-Villeurbanne, l’association va perdurer au-delà de la carrière de joueur de Gillou. Presque un quart de siècle.

Côté terrain, le numéro 4 des verts étale ses immenses qualités de coureur, hyper-rapide en dribbles, qui sent toujours les bons coups avant tout le monde. Il peut filer au panier, ou scorer à mi-distance, ou encore faire la passe qui tue. Pour ceux qui ne l’ont jamais vu à l’œuvre, c’est simple: imaginez Antoine Rigaudeau, en moins grand mais en plus vif. Gilles avait du pif. Et ce n’est pas qu’une mauvaise allusion à son appendice. Alors que la mode des cheveux longs tombe sur le monde occidental, Gillou se fait pousser la barbe. Elle est brune et lui mange tout le visage. L’ASVEL poursuit son hégémonie sur le sol français. C’est bien d’une dynastie dont s’agit puisque le club a collectionné 15 titres nationaux de 1949 à 1981.

Côté coulisses, les Villeurbannais n’étaient pas des tristes.

Les soirées ne se terminaient pas avec le coup de sifflet de l’arbitre. Elles commençaient ! La légende veut que Gilles poursuivait ses voyages jusqu’au bout de la nuit, en étant le premier d’attaque le lendemain sur le terrain. L’homme à la barbe blanchie par les travaux guerriers confirme ces «javas» (c’est son mot) parfois épiques.

«A Villeurbanne, on ne se quittait jamais après l’entraînement sans passer par le bistrot, qui était juste à côté de la salle. C’était un peu le siège du club. Le lundi, il était fermé, alors on allait boire un coup en ville, à Villeurbanne. Que ce soit de l’eau minérale, un jus de fruit ou un demi, tout le monde trinquait. On s’est retrouvé plusieurs fois avec des rugbymen. Suite à mon passage au Bataillon, j’ai noué des liens avec Walter Spanghero, Benoît Dauga, Christian Carrère. J’allais voir des matches à La Voulte et Valence. Les troisièmes mi-temps du rugby étaient peut-être un peu plus saignantes. Mais, on a eu une période au basket où on faisait mal !
Chacun est constitué différemment. André Buffière et mes autres entraîneurs disaient: «Gilles, c’est le plus frêle d’apparence, mais en fait, c’est le plus costaud.» Je passais une nuit blanche et le lendemain je courais comme un lapin. D’autres, quand ils faisaient un excès, ça se voyait. On s’entendait vraiment très bien entre nous à Villeurbanne en dehors du terrain, et c’est cette amitié qui nous a permis de gagner autant, alors que parfois certaines équipes étaient plus fortes que nous sur le papier. Aujourd’hui, j’ai une vie pépère, mais j’aime toujours autant recevoir des copains de Lyon ou d’ailleurs. Avec quelques uns, on est comme des frères.

«Je suis resté à Villeurbanne pour mes copains»

Cette relation avec ses équipiers, cet attachement au club, ce style de vie d’une autre époque, quand le basket n’était pas pro, quand il n’y avait pas systématiquement deux matches par semaine, deux entraînements journaliers, de la muscu, de la vidéo, du sauna et des grosses siestes pour récupérer, expliquent pourquoi Alain Gilles est resté fidèle à l’ASVEL… et n’a pas gonflé son palmarès de quelques trophées internationaux supplémentaires. Trop jeune pour connaître les épopées des années cinquante, il n’aura pas non plus gagné de médailles avec l’équipe de France. Pour un tel prodige du basket, le palmarès est finalement un peu maigrichon. Gillou évoque ses contacts avec de grands clubs étrangers avec une pincée de regrets. Mais, en se souvenant de son amitié avec Bob Purkhiser, ce fils de l’Indiana, qui passa huit saisons à ses côtés à l’ASVEL avant de mourir sur une route sarthoise en 1982, il se dit que son expérience humaine vaut davantage que l’argent et la gloire qui lui ont échappé.

«J’aurais aimé connaître comme joueur le professionnalisme que j’ai connu comme entraîneur. Avec le recul, je me dis que ce fut sans doute une erreur de rester aussi long¬temps à Villeurbanne. J’aurais pu jouer en Italie, à Bologne, en Belgique, au Royal IV de Bruxelles, en Espagne, au Real Madrid. Je me souviens que le Real m’avait proposé 20 millions de Francs pour l’année, plus les primes de match. A l’époque, pour nous, c’était une fortune. J’ai conservé les lettres, les télégrammes. Le Real avait carrément écrit au club. Villeurbanne n’aurait pas pu s’opposer à mon départ. Ce qui retenait un peu les joueurs de partir, c’est qu’ils étaient liés avec les clubs qui leur avançaient un peu d’argent, pour se meubler ou acheter quelque chose. Mais en fait, c’est par timidité que je n’ai pas tenté l’aventure. Il n’y avait pas d’agent pour s’occuper de mes affaires. Et puis, je suis resté par amour du club, par amitié avec les joueurs avec lesquels je jouais. A Villeurbanne, les gars m’appréciaient. J’étais toujours marqué à la culotte et ils travaillaient beaucoup pour moi, pour que je puisse me démarquer.

Bob et moi, on s’est découvert d’abord en tant qu’hommes avant de se connaître comme joueurs. Il est resté chez moi plus de six mois. On était presque toujours ensemble. Il m’a marqué profondément. Il aimait la bonne bouffe. A Lyon, il a été gâté. Il avait appris que le Lyonnais buvait son p’tit coup de blanc le matin, alors il aimait faire ça. Dans la rue, tout le monde nous connaissait. On était connus comme le loup blanc. Et comme on discutait aussi bien avec le p’tit vieux qu’avec le mec au comptoir, on nous appréciait. Bob était un gars fantastique.

Aujourd’hui, les gens sont plus individualistes. C’est sans doute le professionnalisme qui veut ça. Nous aussi, on ne crachait pas sur le fric, mais on pensait d’abord à la victoire. Je suis resté à Villeurbanne pour mes copains. J’ai refusé des propositions à 100.000F par mois, alors qu’à l’époque à Villeurbanne, j’en gagnais peut-être 35.000 tout confondu. Si c’était à refaire, je ne le referais peut-être pas. Mais, j’étais heureux comme ça. Moi, le type qui n’a pas fait d’études, qui n’a pas été plus loin que le Brevet industriel, grâce au basket, j’ai fréquenté des hommes politiques comme Charles Hernu, des PDG comme Gomez de Thompson. C’est vrai qu’un gars comme Alain Prost a gagné beaucoup plus d’argent que moi. On se voyait souvent du temps de Villeurbanne, Alain et moi. Sa femme fréquentait beaucoup la mienne.

On s’est revus à l’occasion de la cérémonie des Trophées du Siècle. Ça faisait, pouf, dix ans peut-être qu’on ne s’était pas croisés. Alain était super content de me revoir et il m’a promis de me rappeler pour que l’on fasse quelque chose ensemble… C’est vrai que l’argent peut changer les gens et les envoyer sur une autre planète. On les laisse. Ils redescendront un jour de toutes façons.»

«C’était naturel»

Il y avait quelque chose de magique dans le jeu de Gilles. Sans doute parce que, tel Houdini, il paraissait toujours capable de dénouer les liens qui ligotaient Villeurbanne au fond de l’eau. C’était un clutch player. L’homme du panier-couperet, celui bourré d’émotion qui donne la victoire ou la mort. Un panier du milieu du terrain, en match, est un événement d’une telle rareté que vous n’en avez peut-être jamais vu de visu. Sachez que Gillou en a marqué quatre ou cinq dans la même saison.

L’un, réalisé au Mans, est passé à la postérité. A cinq secondes de la fin, le Manceau Claude Peter glissa et perdit la balle. Bob Purkhiser fit la remise en jeu à Gillou qui, du rond central, envoya un missile qui frappa le centre du carré et pénétra dans le cercle. Silence de cathédrale dans la Rotonde. Cinq mille paires d’yeux regardèrent Gilles sauter tel un cabri dans les bras de ses complices. Un hold-up! Qui osera dire après avoir vu ça que ce bonhomme vert ne vient pas d’une autre planète? Jesus Mercader, le manager (on disait comme ça, à l’époque) confiera, plus tard, que les journaux avaient titré au miracle, mais que le sur-lendemain, à l’entraînement, son pote en avait réussi 4 sur 5 du même endroit!

Gilles-I’increvable, Gilles-Zorro… Le mythe va être perpétué en 1984. Cette saison-là, il n’a joué que 11 minutes en deux matches, contre Reims et Avignon. Vient la finale de la Coupe de la Fédération à Grenoble. A l’hôtel de l’ASVEL, c’est l’entraîneur qui nous offre le pastis avec l’inséparable Mercader. Le soir, c’est le joueur qui fait sa réapparition sur le terrain contre le Stade Français de Dubuisson et des Yougos, Kicanovic et Radovanovic. 14 minutes de jeu. Pour un coup de maître: 10 points, 4 passes et 3 rebonds. Le diable est encore sorti de sa boîte. A la fin du match, il a tenu le ballon en dribblant, recroquevillé dans un coin du terrain, cerné par trois Parisiens, qu’il contourna en longeant la ligne de lancer-franc. Sa dernière victoire.

«Les paniers à la dernière seconde ne m’ont jamais trop marqué. Dans une fin de match serré, on me filait toujours le ballon. C’était naturel. Sur le terrain comme dans la vie, il y a des gens qui sont là pour prendre leurs responsabilités. Je n’avais pas peur. Je ne pensais pas aux conséquences. Ça me faisait plaisir de le mettre, ça permettait de gagner, d’être champion, c’est tout. Je m’exerçais parfois, en fin d’entraînements. Deux, trois tirs du milieu du terrain. Celui qui mettait le premier gagnait l’apéro!

La finale de 84, je m’en souviens bien. Notre Américain, Taylor, avait mis une pêche à Deganis. Mainini, qui était le meilleur arbitre français, l’avait expulsé. J’avais Alain Larrouquis et Jacques Monclar comme meneurs. Mon-clar prend trois fautes. Larrouquis quatre, et une cinquième en début de deuxième mitemps. Il insulte un peu Mainini et se retrouve dans les tribunes. J’enlève le survêtement et je vais sur le terrain. Je m’entraînais de temps en temps, quand il manquait un gars à l’entraînement. On a gagné le match dans les dernières secondes. Je me souviens d’avoir gardé le ballon. Les gars faisaient faute sur moi. J’ai mis les lancers (6 sur 6)… Je suis encore entré en jeu une fois en 86? Je ne m’en souviens pas.»

«On a fait la finale du championnat du monde des vétérans»

Le climat doit y être pour quelque chose: Jean- Paul Beugnot, René Chocat, Robert Monclar, les frères Galle, Jacques Caballé, son ancien équipier de l’ASVEL, se revoient sous le soleil de Montpellier. Pas aux matches, car Gillou est fâché avec le président Gérard Maurice. Il a retrouvé la maison qu’il avait achetée, à Saint- Jean de Vedas, du temps où il coachait le club. Sa femme est devenu propriétaire d’un tabac-journaux à fort débit. Leur fils Grégory y bosse. Alain donne un coup de main, notamment au niveau de la comptabilité. Il n’est pas à la retraite, simplement en congé sabbatique. Prêt à rebondir ici ou là. Dans le basket ou ailleurs. La page Jet Services est tournée. Le livre du joueur aussi s’est fermé. Le corps de Gillou, comme ceux de beaucoup d’autres athlètes de haut niveau, a payé un lourd tribut à la compétition.

«En 1993, j’ai découvert Roger Caille. Un personnage pas toujours marrant, mais qui avait des solutions à apporter au basket. Il avait compris qu’une entreprise pouvait avoir son propre club. Le problème, à mon avis, c’est qu’il n’a pas été entouré de gens valables. Il a été mal conseillé. Il voulait me donner le poste de general manager, et il a été vexé que je le refuse. Il m’a employé dans la communication de son groupe. Je me suis occupé essentiellement de la clientèle extérieure. Ainsi, quand on a sponsorisé Pau, nous invitions les bons clients de Jet Services, à 150 kilomètres à la ronde, afin de leur donner l’occasion d’assister à un match de haut niveau, en participant ensuite à une soirée conviviale. Il a vendu sa société, je suis parti en très bons termes avec lui. Après, j’ai préféré prendre une année tranquille. Ma femme avait cette affaire, je ne suis pas à la rue.

Je jouais encore au basket jusqu’à l’année dernière. On se retrouvait entre anciens de l’ASVEL, de l’équipe de France pour des matches de propagande et d’amusement. On a même fait les championnats du monde des vétérans au Danemark, en 93 ou 94. On a joué la finale contre les Américains. J’ai retrouvé Jean Degros. On avait les mêmes sensations trente ans après. Et puis, j’ai eu de gros problèmes de cervicales. J’ai un rétrécissement du canal rachidien entre la C3 et la C7. Parfois, je suis complètement paralysé du côté gauche. Pendant trois mois, je n’ai pas vu mon lit, je devais dormir assis dans le canapé. On m’a interdit le tennis, le golf, le basket. Je crois que c’est fini, je n’y jouerai plus.»

Gillou par les chiffres

1          Une fois meilleur marqueur français (25,5pts en 1971).

2          II porta le maillot de deux clubs. Roanne (de l’âge de 7 ans à 1965) et Villeurbanne.

4          Son numéro.

8          Titres de champion de France. Seul Richard Dacoury (9) a fait mieux.

8          Trophées de meilleur joueur français (1964, 65, 67, 68, 69, 71, 72, 75). Par comparaison, Antoine Rigaudeau en a reçu 5.

14        II est international junior à 14 ans grâce à une dérogation. Il est alors… minimes première année.

14.1     Sa moyenne de points en équipe de France pour un total de 2 503.

15        Saisons de coach. A l’ASVEL (70-73 puis 80-89) et à Montpellier (89-92). Bilan: 263 victoires, 6 nuls, 133 défaites. 3 titres de champion comme entraîneur-joueur (1971, 72, 81).

15        Les statistiques laissent apparaître qu’il marqua son premier panier en Nationale 1 (la Pro A d’aujourd’hui) le 12 février 1961, lors du match Roanne-Bagnolet. Il avait donc 15 ans 9 mois et 7 jours. Mais il était déjà entré en jeu en Coupe de France le 7 janvier précédent contre l’ASVEL.

17        Sa première sélection en équipe de France remonte au 22 novembre 1962 contre la Belgique. Il avait 17 ans et 5 mois. Le record appartient à Hervé Dubuisson, international à 16 ans et 9 mois.

25        Saisons en N1. De 1960 à 1986. En fait, Gilles ne joua pas lors de la saison 1984-85 et une seule minute la saison suivante (voir plus loin). Dubuisson a posé depuis le record à une hauteur inaccessible: 26 saisons.

32        II fait ses adieux à l’équipe nationale à 32 ans et 4 mois, à l’occasion du championnat d’Europe à Liège (1977). Son sixième.

39        L’âge auquel il remporte sa deuxième Coupe de France, en 1984. Quelques semaines après voir fêté son jubilé.

41        II entra en jeu une dernière fois en N1 à 41 ans et 5 jours pour le match Villeurbanne-Limoges, le 10 mai 1986. Un record avant que Dubuisson ne fasse encore plus fort: 41 ans, 7 mois et 10 jours.

177      Nombre de sélections en équipe de France.

187      Sa taille en centimètres.

1945    Son année de naissance. Il aura 55 ans le 5 mai prochain.

1985    L’année de sa seule finale européenne. L’ASVEL fut battue par Scavolini Pesaro à Palma de Majorque.

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«Il me reste un maillot de chaque époque»

C’est une crème de mec. Dans la salle de séjour lumineuse et autour de la piscine de sa maison de Saint-Jean de Vedas, Alain Gilles se plie aux directives du photographe avec une rare disponibilité. Il est grippé, mais heureux. Basketteur français du siècle, c’est un summum, même pour un joueur qui a gagné 8 titres de champion de France et autant de trophées de MVP de la saison. «Ça fait plaisir, c’est un honneur», dit-il de sa voix un peu rauque – un paquet de Gitanes par jour depuis presque toujours – au fort accent lyonnais. Il nous fait visiter son bureau qui lui sert de salles de trophées, et pointe le doigt en direction de la Légion d’honneur, en expliquant, en se marrant, que Guy Drut, qui le lui a remis, lui a fait le reproche de ne pas en porter l’insigne à la boutonnière. «Vous me voyez avec ça? »

«On a sorti toutes ces coupes, ses médailles il y a six mois, quand j’ai aménagé mon bureau. J’ai surtout mis en valeur ce qui m’est cher, les trophées de champion de France, de meilleur joueur Français. Le reste dort toujours au garage dans les cartons. Il n’est pas prévu de sortir tout ça pour l’instant. Peut-être dans la prochaine maison. Je vais peut-être aussi en donner à des petits clubs pour les faire gagner lors de concours de jeunes. J’ai encore un maillot de chaque époque, celui de l’équipe de France au championnat du monde de Rio-de-Janeiro, et puis un de l’ASVEL avec chaque sponsor: Petrole Hahn, Rasurel, Gimm, Palladium, Brandt, et d’équipes adverses. Ce sont finalement davantage des souvenirs pour mes enfants que pour moi- même. »

«Je pouvais manger un couscous avant un match»

La légende d’Alain Gilles s’est tout d’abord bâtie autour de sa précocité. Les clichés datés de quarante ans renvoient l’image d’un jeune homme fluet, tout en nerfs, finement musclé, au visage émacié et glabre, et au nez long comme un jour sans ballon. Gillou est né à Roanne, fut initié au basket à la Chorale, mais fut privé de son dessert favori pendant deux années. Son père, militaire, avait été muté en Algérie, alors en pleine tourmente, et y avait emmené toute sa famille.

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