Alors que le maintien de la Chorale, reléguée sportivement en Pro B après son départ, reste suspendu à celui du Limoges CSP, son ancien coach est revenu sur son éviction dans une conférence de presse dont ont fait écho Le Pays Roannais et Le Progrès. « Je ne suis pas là pour déboîter qui que ce soit, mais pour rétablir quelques vérités, car j’ai été meurtri et touché par ce qui avait été dit dans les journaux », a justifié Jean-Denys Choulet. Deux mois plus tard, le coach emblématique du club (2000-2011 et 2020-2024) reste amer. Voici quelques passages :
Son éviction
« J’ai été évincé alors que nous avions deux matches en retard et trois matches à domicile… Je venais de recruter Sekou Doumbouya avec qui on a perdu à Strasbourg après un bon match et en menant 36 minutes. J’avais dit ouvertement que je pensais qu’avec l’apport de Sekou, on allait se maintenir. J’en suis encore convaincu. D’autant plus qu’après ce match à Strasbourg, j’avais ciblé un très fort joueur américain arrière-ailier (Sek Henry, passé par Pau, Gravelines, Dijon). Tout était OK. J’étais sûr qu’avec lui et Sekou, on allait faire plus que se maintenir. Le jour de mon éviction, j’ai reçu un coup de téléphone de M. Brochot à 10 heures me disant : “Vas-y fonce” ; et à 15 h 15, on me disait : “On arrête tout” dans les couloirs. C’est factuel. Si quelqu’un dit le contraire, je l’attaque. (...) On avait deux rencontres en retard à ce moment. Tu me dis : “Il y a trois matches. Il faut que tu en prennes deux. Si tu le fais, tu restes. Sinon, tu pars”. Là, j’aurais tapé dans la main et j’aurais accepté. Parce que je suis un homme de défi. (...) Monsieur Brochot a dit que les raisons sont extra-sportives. Mais on ne peut pas dire ça comme ça. Qu’on explique, qu’on développe ! J’ai fait quoi ? J’ai violé les secrétaires ? J’ai agressé physiquement les salariés ? C’est n’importe quoi. Comme quand le président a déclaré devant les partenaires du club qu’il m’avait convoqué à deux reprises pour me rappeler à l’ordre. Alors, je le jure sur mes filles, ma femme, mes chiens, tout ce que vous voulez, jamais de ma vie, je n’ai été convoqué par le président Brochot, c’est un mensonge grave… Le seul qui convoquait à la Chorale de Roanne, c’était moi ! »
Les erreurs de casting
« Je suis le premier à le reconnaître, Dunn-Martin était un pari… Il y en a des gagnants, d’autres non… La plupart du temps, ils ont été gagnants et la liste est longue. Ce n’était pas le joueur prévu qui avait signé en NBA au dernier moment. Je savais qu’il y avait un risque, c’était une crevette. Ça, c’est mon erreur. (...) L’autre fait qui a tout déclenché derrière, c’est la double rupture du tendon d’Achille de Maxime Roos… Il était, comme Yannis Morin, un joueur titulaire avec un joueur US ou Cotonou en rotation, d’où le recrutement de Sullivan. Une fois Maxime out, cela ne pouvait plus marcher. Donc recherche d’un poste 4 et des atermoiements… Un qui faisait 1,92 m au lieu d’1,98 m, Omot qui voulait jouer 35 minutes, Anosike qui était plus un bûcheron qu’un joueur de basket, etc. Jusqu’à Jalen Jones qui faisait l’affaire, mais se blesse. L’équipe n’a jamais pu progresser collectivement, car on changeait des joueurs chaque mois. (...) Je rappelle qu’au début tout le monde disait que Grady était une pépite… Qui pouvait prédire qu’il allait tomber en dépression et je passe le reste qui ne regarde que lui et les médecins. (...) Parlons de (Jordan) Tucker. J’en ai entendu sur lui… Déjà qui touche la vie privée de ma fille. C’est un shooteur et certainement un des meilleurs à trois points de la Ligue. Ce n’est pas un défenseur, on le savait. J’entends : “Tucker, c’est incroyable, faut le virer”. Tucker avec moi, c’était 12,8 de moyenne… Mais que dire de Wayne Selden (recruté fin mars, après son départ), qui tournait à deux points de moyenne et qui était payé bien plus grassement ? Tucker est passé à 3,2 points après mon départ en étant sur le banc. Il ne jouait pas, faut être sérieux ! Selden, j’ai su qu’il avait eu cinq opérations aux genoux, je pense que la personne qui l’a fait venir ne le savait pas… »
La vision de la Chorale
« J’apprends que le club va engager un directeur sportif, un préparateur physique, très bien. Pourquoi on ne l’a pas fait avant ? On vous dit : “Choulet veut tout faire”. On me disait : “Tu en fais trop, délègue”. Mais à qui ? Concernant les agents, personne ne les connaît… Personne ne parle anglais dans le club… Sur la musculation, je délègue à qui ? Sur la connaissance du basket, je délègue à qui ? Quand on me dit qu’il faut mettre tout l’argent de la masse salariale sur les joueurs… Si vous prenez un préparateur physique, un directeur sportif, etc. Cela fait ça de moins sur le sportif. (...) Quand on me téléphonait à trois ou quatre heures du matin, j’étais présent. Quand il fallait être là à 7 heures, j’étais présent, j’étais tout le temps là. (...) À la Chorale de Roanne, y’a pas un dirigeant qui connaît le basket… M. Brochot est issu du vélo, Nicolas Reveret est issu du patinage artistique et M. Rodamel s’est découvert une passion pour le padel récemment. C’est juste factuel (...). Pendant toutes ces années, je n’ai jamais vu Emmanuel Brochot au club, sauf pour les matches. Pour des rencontres aussi importantes qu’à Blois ou, après mon départ, à Gravelines, aucun dirigeant n’a fait le déplacement pour soutenir le groupe, comme c’était le cas le plus souvent. (...) On me reproche également que les changements de joueurs ont coûté X euros. Je cite un agent qui m’a envoyé un message suite à mon éviction qui disait : “Est-ce que tu peux poser la question à tes dirigeants de combien coûte un titre de champion de France, une Semaine des As et 12 années de maintien ? »